Run : Ultra X Scotland, « hâte-toi lentement » (proverbe écossais 1683)

Comment me suis-je retrouvée en Ecosse à courir 125 bornes autour du lac du Loch Ness un week-end de mai ? J’espère que vous avez un peu de temps devant vous parce que ça va être long cette histoire… Déjà que je suis bavarde pour 60 bornes à Madère alors imaginez le double sur les terres de Sean Connery ! Je vais vous faire plusieurs articles d’ailleurs en commençant évidemment sur le récit à proprement parlé, puis un débrief vis-à-vis de la course en elle-même et surtout du périple autour de tout ça puisque j’ai décidé de tester le concept de « slow travel », à savoir le train de bout en bout et rien que ça, ça valait 10 running stones de bonus croyez-moi !

Le pourquoi de l’Ecosse

L’année dernière, certains s’en souviennent peut-être, je suis partie avec 3 amis à l’aventure en Auvergne sur les traces du long format de la VVX. L’idée était de renouveler l’expérience sur une destination européenne peut-être mais rien n’était arrêté. Octobre alors que tous mes copains sortent du désert marocain totalement cramés, je découvre via la page FB d’une copine de dune l’existence d’une course du même format en Jordanie. Comme toujours, j’ai la curiosité d’aller voir le site de l’organisation et là premier choc : le prix… Je vais faire simple, on est presque à deux fois moins que le MDS pour une presta supérieure. Inutile de vous dire que mon sac à dos commence à frissonner… Je découvre aussi d’autres formats dont un très original 2 jours en Ecosse, région du monde que je ne connais pas, là aussi pour un tarif franchement abordable par rapport à ce qu’on trouve sur le marché. J’appelle les copains, mais question agenda ça coince un peu. Ok, pas grave, je décide de partir seule, l’idée étant de tester l’organisation sur un premier événement court et proche avant de me lancer dans le désert avec eux, même si les retours très positifs de Jason Schlarb (croisé en Thaïlande en décembre) m’ont conforté dans mon choix, Ecosse me voilà !

Comme je l’ai évoqué dans mon intro, je décide de rajouter une touche nouvelle dans mon aventure, en mode « réveille le Xavier Thevenard qui sommeille en toi » pour tenter le « tout train ». Je vais vous faire un retour complet dans un autre article mais pour faire court on peut dire que c’est bien gentil d’avoir la fibre écolo mais faut vraiment n’avoir que ça à foutre de ses journées… Voilà c’est dit. Il m’a fallu 24h pour arriver sur zone, 3 trains dont un de nuit pour un tarif que j’ai veillé à tenir le plus bas possible, mais clairement économiquement parlant ça n’avait absolument aucun sens. Bref pour vous la faire courte, j’arrive à Inverness vendredi matin, charmante petite ville écossaise où je dois dans un premier temps récupérer mon dossard. J’ai été trop lente pour réserver mon hôtel, et je rate les dernières chambres de celui situé juste à côté. Je ne me plains pas, j’ai dû me rabattre sur le Mercure où en tant que grande voyageuse avec la carte Accor qui va bien (si vous voulez me sponsoriser les gars, c’est quand vous voulez !), je bénéficie d’une chambre très confortable et surtout suffisamment grande pour que je puisse déballer tout mon bordel et boucler les derniers préparatifs.

Je passe la journée entre balades, shopping et rangement des sacs puisque je vais devoir déjà présenter mon matos obligatoire le soir même pour récupérer mon dossard, puis le lendemain confier un sac qui ne doit pas faire plus de 6kg et qui me rejoindra sur le camp. La zone de départ est située en périphérie de la ville sur le stade. 30 min de marche pour moi mais ça me permet de repérer le trajet pour le lendemain matin. J’ai relu 20 fois la liste du matos obligatoire (le premier qui me redit qu’il n’y a qu’en France qu’on nous emme… avec ça, je lui fais bouffer toutes les listes que j’ai pu pointer dans le monde !) et un truc m’étonne : on y parle de sac de survie et pas de couverture de survie. En bonne française que je suis, je décide que ça ira bien comme ça et que je vais partir avec ce que j’ai.

C’était sans compter le côté titilleux des Anglais, doublé d’un minimum d’organisation puisqu’ils en ont justement en stock pour les têtes en l’air que je suis qui me permet d’en acheter un sur place. Je découvre donc ce nouvel accessoire qui est évidemment loin d’être une mauvaise idée pour une course organisée dans un pays où il n’est pas rare d’avoir les 4 saisons en une journée, où il neigeait quelques jours auparavant et surtout où la pluie semble s’inviter un peu trop souvent. Pour résumer leur bag, c’est un sac de couchage en plastique quoi, qui a le défaut de peser une tonne. Mais bon pas le choix, je plie le bordel et je le glisse dans mon sac de course. Je vais bien trimbaler une frontale alors que je vais toujours courir de jour, je peux bien trimbaler mon sac mortuaire !

« Tu ferais bien de garder ton souffle pour refroidir ton porridge »

proverbe écossais

Diner dans ma chambre, derniers préparatifs, je suis prête ! Pas du tout stressée, vous vous en doutez. Ben oui, prendre le départ d’un ultra sans aucune autre prépa qu’une sortie rando de 60 bornes 15 jours auparavant à Madère, c’est largement suffisant évidemment. Je crois que je pousse un peu trop loin le concept de « courir moins pour courir mieux » de Seb Cornette là… Nuit courte et agitée, un crétin a décidé de taper à toutes les portes pour en trouver une qui accepte de lui ouvrir. J’avais déjà mes bâtons en main prête à lui éclater la gueule à ce connard quand enfin quelqu’un a semblé avoir pitié de lui et m’a permis de redormir une petite heure. Douche rapide (la dernière avant… trop longtemps) et c’est parti.

Ultra X Scotland 125

Etape 1 – 75 km

Je ne sais pas ce qui m’a pris de vouloir économiser le taxi mais les 30 minutes de marche avec ma valise, mon sac de camp et mon sac à dos, j’ai fait plus intelligent dans ma vie. Dans ma tête je voulais m’arrêter prendre un truc sur le chemin pour le petit déjeuner mais finalement je fonce au stade et c’était plutôt une bonne idée : pesée du sac de camp, pipi de la peur… ça aurait été limite question timing si j’avais rajouté la pause thé. Une barre Naak café fera l’affaire. Je ne suis pas certaine de ce que j’avance mais je crois pouvoir dire que je suis la seule française présente sur la ligne de départ. Bon ben on est parti pour un stage intensif de « where is my umbrella »… En parlant d’umbrella justement, il fait beau mais un peu frais, suffisamment pour me faire garder ma veste compressport #placementproduit #pourquoiilssonttousentshirtilcaille pour le moment.

Autre riche idée de ma part, je dois valider mon 5km connecté pour mon pack 20k de Paris connecté. Bon c’est con parce qu’à ce moment là je ne sais pas encore qu’ils ont prolongé le truc mais en bonne élève, je lance mes 2 gps au départ pour être certaine d’avoir un bon relevé et le faire valider en rentrant. Si les deux premiers kilomètres sont roulants histoire de nous faire quitter la ville, très vite ça commence à grimper et je me marre toute seule en imaginant mon nom à la fin du classement en mode « nan mais la nana elle n’avait pas compris que c’était une course et pas une randonnée pour les mémés » ! En parlant de rythme de mémé, très vite je me retrouve comme prévu dans les dernières du troupeau. Pas grave, je n’ai aucun égo quand il s’agit de dossard et je sais que question tempo, je peux rester régulière longtemps, très longtemps. Et puis j’adore avoir les chemins pour moi toute seule surtout !

Premier ravito où je comprends ce qu’ils entendaient par semi-autonomie et pourquoi ils exigeaient un nombre de calories minimum au départ qu’ils ont contrôlé surtout : ils ne te donnent que de l’eau, comme sur les courses type MDS. Ok… Bon, là j’ai officiellement fait une connerie. La chaleur commence à monter doucement, pas follement mais doucement et je n’ai pas pris d’« electrolytes » à rajouter dans mon eau. C’est pas comme si j’en avais plein ma « boite à bordel ultra » à la maison…

Heureusement au deuxième ravito, un des volontaires m’en proposent. J’accepte sa petite pastille magique sans évidemment regarder ni la marque ni le goût mais je préfère la jouer prudente en ne restant pas à 100% sur de l’eau plate. C’est bête à dire mais je ne vais pas vous mentir, j’imaginais l’Ecosse légèrement plus plate que ça et surtout avec plus de chemins de randonnée carrossables. Là pour le moment c’est plutôt « fais splash splash avec tes pieds » et « amuse-toi à comprendre comment cette saloperie de barrière s’ouvre ».

« Ces Highlands d’Ecosse sont une sorte de monde sauvage, rempli de rochers, de cavernes, de bois, de lacs, de rivières, de montagnes si élevées que les ailes du diable lui-même seraient fatiguées s’il voulait voler jusqu’en haut. »

Sir Walter Scott

Quelque chose que j’ignorais totalement, c’est qu’en Ecosse il n’y a pas de notion de terrain privé comme chez nous. Non seulement tu peux traverser tous les champs du monde si l’envie t’en dit mais tu peux aussi y dormir une nuit sans avoir à demander la moindre autorisation au propriétaire. C’est bête à dire mais quand j’ai vu le nombre de barrières que j’ai dû ouvrir et fermer, je m’étais tout naturellement dit « bordel nan mais le nombre d’autorisations qu’ils ont dû demander ». Bon n’allez pas imaginer qu’ils vous facilitent la tache non plus. C’est bien simple, je crois avoir fait le tour de tous les différents systèmes de fermeture de barrière qui existent au monde : entre les « je te pousse sur le côté », « je te pousse vers le haut », « j’essaie de te pincer avec mon gros ressort rouillé »… J’ai tout eu ! Et comme en plus j’étais seule à la fin du troupeau, je ne pouvais pas compter sur un preux chevalier blanc prêt à tout pour me secourir.

ça c’est bon je connais le principe, j’ai les mêmes à la maison !

Tiens, en parlant de preux chevalier, les paysages j’ai oublié de vous en parler ! Pour ceux qui ont vu « The Crown », c’est bien simple, à tout moment je m’attendais à voir débouler Lilibeth avec son carré Hermès sur la tête au volant de son Land Rover vert anglais, partie à la recherche de son Philip de mari de chasseur prêt à dégommer toutes les grouses qui passeraient à proximité de sa carabine. Comme j’écoutais une compil des meilleures musiques de films, inutile de vous dire que lorsque Skyfall s’est lancé, j’étais aux anges, prête à m’offrir au premier Daniel Craig qui se pointerait ! En attendant il est presque midi, ça fait 5 heures que je me balade en mode « Outlander » et on nous fait redescendre vers Nessie Land. Petit village hautement touristique, je le traverse en trottinant et surtout avec l’esprit pratique divaguant.

L’orga nous demandait d’avoir un peu d’argent liquide sur soi au cas où. Evidemment je n’ai rien pris sinon ça ne serait pas drôle mais je pense alors que j’ai ma carte bleue enregistrée sur mon Iphone 13 dernier cri #placementproduit #jaibesoindunipadpropourbosserdansletrain. Et si je m’arrêtais quelque part m’acheter un truc ? J’aperçois une supérette de l’autre côté du rond-point, mais le parking est rempli et je me vois mal perdre autant de temps pour une cannette. Et là miracle à 500m j’aperçois le logo d’une station-service Esso #placementproduit (sait on jamais si un mec de la compagnie passait par là et m’offrait 2 ou 3 pleins d’essence pour ma 205 Roland Garros… au prix où on nous la vend en ce moment…). Je me dis qu’avec un peu de chance il y aura une petite boutique où me ravitailler. Bingo ! J’attrape un truc improbable dans le frigo, une boisson ananas pamplemousse qui me fait envie et il faut toujours écouter ses envies m’a-t-on appris et un sneaker. Alors qu’une cliente à la caisse est en train de ranger ses achats, j’explique à la gentille dame à la caisse que je ne me suis jamais servie de ma carte bleue sur mon téléphone mais que je n’ai que ça de toute façon. Je suis les instructions, pas du tout prête à renoncer à mes achats mais totalement incapable d’envisager de partir vite fait en courant, je n’ai pas la force… Même avec un déambulateur la caissière me rattraperait de toute façon. Et là miracle, le ticket apparait, achat validé ! Je sors de la station toute guillerette pour tomber sur la dame qui me précédait. Elle attendait de voir si j’avais réussi à payer, parce qu’elle m’aurait de toute façon payé ma cannette si ça n’avait pas été le cas ! Elle me souhaite bonne route et bonne chance #sororité.


Je n’ai pas fait 100m que surgit un volontaire avec son gilet bleu qui vient à ma rencontre. Pour la discrétion, on repassera ! Je lui demande si j’avais le droit, il me répond qu’il n’a lu nulle part qu’on ne pouvait pas acheter une boisson sur la route et de toute façon le lendemain certains coureurs du 50 auront même une assistance donc pas de souci. Je m’installe au ravito pour déguster mon sneaker pendant qu’ils remplissent mes flasques. Petit break bien mérité parce que je ne sais pas du tout où je vais foutre les pieds… Je peux vous dire que je n’ai pas regretté mon achat, loin de là ! On part à l’assaut du plus haut sommet de la balade, un truc qui ne va jamais en finir, spongieux à souhait dans lequel je vais m’enfoncer parfois jusqu’au genou, y laissant ma chaussure heureusement retenue par ma guêtre !

Ok la vue est superbe là-haut mais quel chantier ! Et je ne vous parle pas de la descente… Je voudrais bien le voir courir dans ce bordel Kilian tiens… A la rigueur Fanfounet avec ses grandes pattes en mode échassier du trail, ça doit le faire mais Kiki, un moment d’inattention et paf dans la boue jusqu’au cou… Il ferait moins le malin tiens, le cabri catalan. Je regarde tellement le sol pour éviter de m’embourber que parfois je rate un petit drapeau, histoire de rallonger encore un peu plus le temps que je vais passer à redescendre. Mais je m’accroche, je ne lâche rien et enfin je vois le bout de ces 16km, les plus longs sans ravito. Je fais le calcul, à vue de nez, je dois pouvoir être au camp sans avoir à farfouiller dans mon sac pour y retrouver l’une de mes frontales (dans le doute j’en ai pris deux). Dès que je peux trottiner je relance, ça continue en mode montagnes russes (on a encore le droit de les appeler comme ça ou c’est interdit comme le caviar du même pays ?) mais un peu moins violentes et surtout un peu moins spongieuses ! Km après km, je ne vis qu’aux vibrations de ma coros qui m’annoncent que je me rapproche de la ligne d’arrivée. J’ai aperçu le camp avant de plonger dans la forêt, pitié arrêtez de nous balader, je veux mon duvet !

Bordel je l’ai fait ! 75km d’une traite et de jour en plus. Je file sans demander mon reste sous ma grande tente où j’arrive dans les dernières mais la première. Je jette mon sac, sors mon duvet, ma gamelle et je file sous la tente d’arrivée où tu as à dispo de l’eau chaude. L’idée est de faire réhydrater mes pâtes pendant que je me change. Bon là je réalise que mon idée de peut être aller faire trempette dans le lac pour une séance de nettoyage cryothérapie est totalement hors sujet. Peut être en arrivant en milieu d’après-midi pour les premiers mais pour les derniers dont je fais partie, ce serait juste de la folie. Je réalise alors à quel point je suis épuisée, et pas en état de m’organiser comme je le fais d’habitude sur les courses en étapes. Avec le recul, au moment où j’écris ces mots, je réalise que j’aurais pu aller rechercher de l’eau, faire un semblant de toilette, nous n’étions pas du tout rationnés en plus mais mon cerveau ne connecte pas. Je n’ai qu’une envie : enfiler une tenue pour dormir, manger ce que je peux et dormir justement. A 22h30, je dors, tellement profondément que je ne vais même pas entendre arriver mes colocataires que je ne vais découvrir qu’à 5h30 du mat quand je vais rouvrir les yeux « ah tiens y a des gens », avant de les refermer pour une petite heure supplémentaire.

Ultra X Scotland 125

Etape 2 – 50km

OK… 50 bornes à faire… Petit check up rapide de l’étendue des dégâts, force est de constater que ça pourrait être pire. J’ai forcément les jambes un peu lourdes mais rien de bien surprenant non plus. J’ai le haut du dos en vrac, mixte du poids du sac que je n’ai plus l’habitude de porter aussi longtemps et du mouvement avec les bâtons que je n’ai quasiment jamais lâchés. Pour le petit déjeuner, je réalise qu’en réalité je n’ai qu’un plat de riz mais qui finalement va très bien passer avec une bonne rasade de thé. Ne me demandez pas pourquoi ce choix, je cherche encore… J’étais totalement à l’ouest dans mes préparatifs, y a pas à dire. Je range mes petites affaires, j’enfile une tenue propre sur mon corps sale (on dirait le couplet d’une chanson réaliste…), un dernier pipi et c’est parti ! Là l’orga a sorti les grands moyens avec une cornemuse pour donner le départ. Pas le temps de vérifier en passant si oui ou non la légende est vraie, j’ai une navette à prendre moi et un train à attraper !

« En Ecosse, un homme a été arrêté pour attentat à la pudeur… parce qu’il s’épongeait le front avec son kilt. »

Coluche

Je sais que le dénivelé est moindre que la veille, c’est déjà ça mais contrairement à la veille justement, j’ai 75 bornes dans les pattes quand même. J’essaie de trottiner un maximum dès que je peux, j’ai un rythme assez lamentable j’avoue mais dans l’ensemble, j’avance, CP après CP, j’avance. Jusqu’à commencer à me faire doubler par le deuxième groupe, ceux qui ne font que le 50 et qui clairement ont eux en tête d’être à l’heure pour le brunch dominical. Mais force est de constater que pas un ou presque ne va me doubler sans un petit mot gentil ou des encouragements. Pas en mode « Tu es sûre que ça va ? Tu veux que j’appelle les secours ? », non juste un petit mot gentil.

J’ai pris très peu de photos je l’avoue de cette étape, parce que déjà dans un premier temps j’étais vraiment focus sur le chrono mais aussi et surtout, n’ayons pas peur des mots, parce qu’elle est un peu moins whaou que la première. Hormis une grimpette incroyable qui t’emmène sur un sommet avec une vue à tomber, c’est plus de la campagne « classique » serais-je tentée de dire. Clairement ceux qui ne font que cette partie-là peuvent être un peu frustrés je pense et je n’ai aucun regret d’avoir maintenu mon inscription sur le format total malgré mon absence totale de prépa spécifique.

J’ai déjà en tête de m’offrir ma pause « boisson sneaker » dès que l’occasion peut se présenter et miracle, alors que nous sortons du trail de l’Ecureuil, une balade bien connue si j’en crois le nombre de personnes présentes, je tombe sur un charmant petit bar avec une terrasse. Je redégaine mon téléphone, click click sur le côté, j’enlève mes lunettes de mouche pour m’identifier et zou mon déj express est acheté. Je me paye même le luxe de m’asseoir en terrasse le temps de manger, au milieu des badauds certainement effrayés par l’odeur. Je reprends ma route, toute requinquée, ça m’a fait du bien cette petite pause limonade en terrasse.

Par rapport à la veille, je vis une course totalement différente. Déjà parce que contrairement à la veille, je ne suis pas toute seule. Bon on se calme, ce n’est pas la foule des grands jours non plus hein ? Mais j’ai toujours un coureur en vue devant, un autre derrière et il arrive très souvent que j’en double en montée pour qu’ils me redoublent en descente. Du coup pour la première fois, je peux papoter un peu et j’apprends grâce à un de mes collocs de course qu’il existe une orga anglaise, Maverick qui fait des supers courses à tester absolument. Je le note ! Vous remarquerez que même sans le vouloir je suis très Top Gun en ce moment 😊.

Je ne lâche toujours pas mon chrono des yeux et sauf drame de dernière minute, ça devrait le faire. Ça tombe bien mon chrono finit par indiquer 49km ! Bon évidemment on va avoir le droit à un peu de rab mais je passe la ligne d’arrivée plantée en plein champ à 17h40 ! Le temps de récupérer ma médaille, papoter deux minutes avec les organisateurs et surtout le gentil membre de la team qui parle français et qui m’a bien aidé sur ce coup-là et me voilà avec ma valise à roulette tenter de traverser le champ. Devant ma détresse en mode Britney Jones Episode 3, ce n’est pas Docteur Mamour qui se précipite pour m’aider mais un monsieur très chic lui aussi qui me propose de porter ma valise jusqu’au bus. Saint Homme qu’il soit béni !

Bus, Inverness, sa gare et le lounge de la compagnie que j’emprunte pour le retour. J’avais aperçu à l’aller qu’il y avait des douches dispo pour les voyageurs mais un peu comme pour l’avion, forcément réservées là aussi aux personnes de la business, les cabines individuelles quoi ! Mais lorsque j’ai déboulé avec ma valise à roulette, mon sac à dos, mon sac de course, mes bâtons et ma médaille autour du cou, en demandant « s’il vous plait monsieur je peux prendre une douche avant de partir parce que là j’ai couru 125 bornes et je n’ai pas vu l’ombre d’un robinet depuis plus de 48h », non seulement il a accepté de m’ouvrir la porte mais il s’est précipité me chercher des serviettes !

« L’Ecosse, c’est l’Angleterre en pire. »

Samuel Johnson

Je ne vous dis pas le bonheur quand je me suis glissée sous la douche… Je ne vous dis pas l’horreur quand j’ai découvert l’état de mes pieds et mes deux petits orteils recouverts de deux grosses ampoules sanguinolentes… Je n’avais qu’une paire de tongs de base pour le camp avec moi mais je peux vous dire qu’après avoir percé le bordel, avec la giclé de sang qui va bien sur le mur de la salle de douche, j’ai accroché mes baskets à la valise et j’ai filé pieds nus dans mes tongs de plage au Burger King du coin. Parce que comble de bonheur absolu, j’ai trouvé le moyen d’avoir le temps de manger un truc avant de grimper dans mon train.

J’ai la nuit pour ranger ce bordel !

Voilà, l’épopée écossaise est terminée ! Petit bilan express, sachant qu’un débrief sur tous les aspects techniques autour de la course arrivera prochainement. Déjà commençons par le point le plus important la santé parce que je sais que je vais avoir pleins de questions. Evidemment si j’ai été capable d’enchaîner les deux étapes dans un temps assez pitoyable et à des années-lumière de ce que je vaux vraiment, c’est parce que ma sciatique n’est pas revenue en force après mon expérience à Madère. La douleur n’est pas partie totalement, elle revient de temps à autre mais c’est surtout le cul sur une chaise que ça me pose toujours un vrai problème. Debout, j’ai juste mes douleurs lombaires classiques à gérer donc ça je connais. A ma grande surprise, j’ai vraiment dormi profondément la nuit sur le camp, un truc qui ne m’arrive jamais. Surement le résultat à la fois d’un retard de sommeil accumulé et de mon corps qui ne comprenait pas ce qui me prenait de repartir aussi fort et aussi vite mais en tout cas, prendre le départ de la seconde étape à peu près lucide ça a forcément aidé. On a eu aussi une chance de dingue que même les Écossais ne comprenaient pas, à savoir une météo parfaite sans une goutte de pluie, du soleil tout le temps, pendant 48h d’affilée. Cela semble exceptionnel à cette saison selon les dires de tous les locaux croisés. Quelques jours avant mon arrivée il neigeait encore ! D’ailleurs il en restait visible sur plusieurs sommets autour de nous. Cela a eu un impact direct sur ces saloperies de moustiques qui n’avaient pas encore eu le temps de sortir et qui n’ont ainsi pas pourri ma nuit. Alors est-ce que je suis fière de moi ? Eh bien oui, franchement, même si le chrono n’est évidemment pas au rendez-vous, je croise les doigts pour que l’IRM que je passe toujours cette semaine ne révèle pas un truc merdique qui annoncerait une retraite anticipée parce que là pour 2022, j’avoue j’ai encore deux ou trois projets sympas que j’aimerais vraiment boucler, alors on y croit !

PS : pour ceux qui sont sur insta, j’ai mis dans une story à la une pleins d’autres photos et des vidéos sur mon compte perso ici.

Le site de l’organisation est ici si ça vous dit ! Ils organisent des courses dans plusieurs pays si vous avez envie d’aller ailleurs qu’en Ecosse 😉

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