Savoir rebondir… Savoir tirer du positif de ce qui pourrait être considérer par beaucoup à tort comme du négatif, voilà ce que je retiens de mon petit week-end megèvan.
Premier dossard depuis… Ben depuis janvier je crois, Hong Kong, ses marches par milliers, ses plages et son humidité. Ce foutu virus a tout emporté, mon programme de dingue que je m’étais planifié pour fêter dignement ma cinquantième année mais surtout ma motivation. Impossible de courir pendant le confinement, pas vraiment envie depuis sa sortie… Ma vie pro est à un croisement des chemins avec pleins de nouveaux projets, et c’est comme si ma vie sportive l’était aussi.
Mais quand j’ai compris que le Megève Nature Trail était maintenu, j’y ai vu un signe. Comme si les dieux du Trail me disaient : « bon allez bichette, on le fait chez toi là, alors bouges-toi ! ». Le truc c’est que forcément je me suis emballée… Vous me connaissez… En mode « bon ben faut rentabiliser le déplacement, y a deux courses, t’as qu’à faire les deux ». C’était juste zapper un point important : entraînement nul… travail du dénivelé encore plus nul… Forcément avec ce combo gagnant, ça ne pouvait pas bien se passer.

Nadine, le masque on l’enlève avec le petit doigt levé ou pas ?
Enfin le premier jour je vous rassure les 16 km, ça, quand même j’ai géré. A la cool évidemment, surtout que la chaleur était carrément au rendez-vous. Si la première boucle qui nous a emmené du côté du célèbre calvaire et du Mont D’Arbois cher à la famille des Rothschild (Nadine n’était pas là pour nous rappeler comment porter le masque avec chic et élégance, j’étais presque déçue), la deuxième à l’attaque du Jaillet, comment te dire… Fin de matinée, le soleil est bien sorti, pas d’arbre pour espérer un peu d’ombre. Très vite j’ai compris qu’il faudrait prendre son mal en patience. Dieu merci, un gentil petit restaurant d’altitude (La Petite Ravine, adresse à absolument noter dans vos tablettes la vue est dingue !) a eu la riche idée de nous mettre un tuyau d’arrosage à disposition. Même si nous étions à un kilomètre du ravito officiel, la douche m’a sauvée !


Retour à Megève à fond les ballons en regardant bien où je mettais les pieds parce que la forêt c’est bien gentil mais les racines n’y sont pas tes amies, passage envieux devant la luge d’été (ils auraient pu nous la proposer dans le package, une idée pour l’année prochaine ?) et j’étais rentrée à la maison. Je récupère ma lunch box réalisée par le chef du Four Season, le truc juste parfait, frais et délicieux, une douche, une mini sieste et on repart randonner (nous logions aux Loges Blanches, idéalement situé pour le départ, pas trop loin mais pas trop près non plus pour profiter du calme de la station). Si la journée se termine parfaitement avec un dîner peut être légèrement trop arrosé, je sens déjà que la deuxième étape sera compliquée pour moi… Le corps mais surtout l’esprit n’y est pas.

L’esprit n’y est tellement pas que quelques minutes après avoir quitté notre hôtel, mon homme me dit « tu as bien ta puce ? ». Bon il est tellement en retard de plusieurs années qu’il pensait qu’on accrochait encore des puces à nos chaussures, c’est dire s’il m’accompagne souvent 😂 mais il avait raison sur un point, j’avais juste oublié mon dossard… Retour à la chambre en mode sprint avec en tête une seule pensée : « ça s’annonce mal cette histoire »… Comme si mon cerveau refusait que je bascule de nouveau en mode course.

Je retrouve la ligne de départ, mon sas, le même que celui de la veille, je remets mon masque et force est de constater que rien n’y fait, même le discours galvanisant de notre ami Ludo me laisse de marbre. C’est parti, direction Rochebrune et je comprends que le corps lui aussi n’est pas au rendez-vous. Les jambes sont ultra lourdes, mon cardio est à son max comme si je fractionnais alors que je marche dans les montées, du grand n’importe quoi ! Mon dos râle déjà alors que je n’ai pas fait 3 km. Et surtout j’entends en boucle dans ma tête « mais bordel qu’est-ce que je fous là ? »…

Au bout d’une bonne heure, je fais mes calculs, à cette vitesse de lamantin à l’agonie, je peux passer la barrière horaire mais franchement si c’est pour marcher pendant 30 bornes, ça n’a strictement aucun intérêt. Si je suis là pour randonner, autant carrément partir randonner. En quelques secondes ma décision est prise, je préviens mon homme, appelle l’orga pour les prévenir que je décroche mais que tout va très bien pour moi et au lieu de partir à gauche sur le chemin balisé, j’attaque à droite, « drè dans le pentu » mais dans la forêt cette fois et je pars en balade.
Je branche mes écouteurs, choisis mon podcast et je profite enfin de l’instant présent, de la montagne qui m’entoure, de la chance dingue que j’ai d’être là au milieu d’une nature superbe. J’arrive au milieu d’un champ où broutent tranquille un troupeau de chevaux qui me laissent passer gentiment. Je suis tranquillement les panneaux de rando, en partant du principe que je vais m’arranger pour être rentrée pour le déjeuner.

Alors que j’attaque gentiment une jolie descente caillouteuse, un avion à réaction me double. Merde il vient d’où celui- là ? Oh punaise le premier ! Je n’avais pas vraiment étudié le parcours et je ne sais pas pourquoi je ne les voyais pas passer par ce chemin précis. Le deuxième arrive dans sa foulée et je réalise tout d’un coup que j’ai encore mon dossard accroché ! Oh bordel, faudrait pas qu’ils s’imaginent que je cherche à tricher ! Vite je m’arrête, je remballe le tout dans mon sac et je repars. Mais surtout je cherche à très vite quitter le parcours parce que ça n’a pas loupé, un petit groupe de spectateurs attend en bas de la descente et m’accueille en mode « oh super vous êtes la première féminine ».
Evidemment je corrige tout de suite l’info et surtout je leur demande s’ils ont une idée pour que je trouve un plan B pour ne pas porter un peu plus à confusion. Ouf, à gauche on peut s’enfoncer dans la forêt, je retrouve enfin ma tranquillité ! Comme prévu je termine ma balade vers midi, douche, déjeuner rapide, petit café avec les amis et surtout dîner à la Ferme de Victorine que j’avais découvert lors de mon séjour du côté du Val d’Arly que j’avais adoré.

Je voudrais bien vous dire que je suis très déçue de ne pas avoir fini ce petit challenge mais ce serait vous mentir. J’ai très vite compris que vouloir trop en faire pour une reprise était une grosse erreur. Avec la moyenne horaire que je tenais je pouvais passer puisque j’ai vu le temps de la dernière et nous aurions pu tout à fait passer la ligne d’arrivée ensemble mais voilà, ce jour-là, ça ne passait pas. La notion de plaisir est pour moi capital dans ma pratique sportive. Je voudrais bien avoir la notion de compétition mais je n’ai pas le niveau ou je n’ai plus le niveau si tant est que je l’ai eu un jour. Là je n’avais pas la préparation pour que le plaisir domine alors à quoi bon s’acharner ? Entre ma balade du samedi avec mon dossard et celle du dimanche en mode randonnée, j’ai adoré mon week-end à la montagne et ça vaut bien tous les classements du monde. Je vais laisser passer l’été et je repartirai en septembre vers de nouveaux projets, surement différents parce qu’il est temps d’accepter que les choses ont changé. J’ai de nouveaux défis professionnels à relever, de quoi largement m’occuper les mois à venir, j’ai de nouvelles envies sportives qui j’espère pourront voir le jour dès qu’on nous rendra un peu de liberté. La vie est belle, je compte bien en profiter !