Run : Le Dacia UTMB Mont Blanc 2023 de Blandine l’Hirondelle

Pour Blandine ce Dacia UTMB Mont Blanc était, après les mondiaux de trail le deuxième objectif de l’année, mais surtout sa première expérience dans le grand bain de l’Ultra Trail, celui où tu pars pour une nuit complète dehors, une vraie nouveauté pour notre championne.

Une première expérience

Aux Mondiaux de trail à Innsbruck en juin dernier, je ne m’en suis jamais cachée, j’y allais pour une médaille individuelle et/ou en équipe. Alors forcément, cette sortie sur blessure m’a un peu chamboulée, mais cela n’a rien changé à ma façon d’aborder cet UTMB : je visais de finir, le classement n’était pas du tout au centre de mon projet. C’était quand même mon premier ultra trail ! Je n’avais jamais couru une nuit complète depuis que je cours, j’appréhendais donc vraiment. Je sais, ça semble toujours surprendre quand je dis ça, mais à part la CCC où j’ai couru un peu plus de 10h et le 80km en Thaïlande aux Championnats du monde de 2022, je n’ai jamais eu besoin de courir aussi longtemps. Ça pouvait m’arriver quand je vivais à la Réunion mais ce n’était pas du tout dans le cadre d’une compétition au niveau élite où je suis actuellement.

Et d’ailleurs, c’est, je pense, ce qui m’a permis de vivre plutôt sereinement mon oubli aux Contamines. Je suis repartie sans mes gants, ce que j’ai réalisé à la sortie de la célèbre station de ski. J’ai fait demi-tour pour retourner retrouver Mathieu mon compagnon qui était en charge de mon assistance. Nous avions prévu de faire des arrêts plutôt longs par rapport à la « concurrence » mais là encore, c’était avant tout pour me rassurer dans ce grand plongeon vers l’inconnu. Alors oui, j’ai pour beaucoup perdu 10 à 15 minutes mais l’idée c’était pour nous d’apprendre et d’emmagasiner de l’expérience pour plus tard. J’ai bien tenté de rattraper Manon (Bohard qui hélas abandonnera plus tard suite à une chute) qui était devant moi mais il est resté 4 minutes, impossible pour moi à rattraper sans me mettre dans le rouge, ce qui n’était pas envisageable si tôt dans la course. Oui, forcément j’ai ruminé cet oubli… Mais jamais je ne me suis dit que j’avais foutu ma course en l’air. Je me suis ressaisie et j’ai accueilli cet incident comme une leçon à retenir pour plus tard. On n’était clairement pas préparé pour gérer de façon ultra rapide les ravitaillements mais je ne savais pas où j’allais. Est-ce que j’aurais froid ? Qu’est-ce que j’aurais envie de manger ? Je ne savais même pas combien de temps mes batteries de frontale duraient, je ne les avais jamais testées dans de telles conditions et sur autant de temps !

Basculer dans l’inconnu…

La première fois que j’ai regardé ma montre j’étais au 101ème kilomètre… C’est amusant d’ailleurs parce que j’appréhendais d’aller au-delà de 100km, la distance maximale que j’avais déjà faite et là, paf, fait exprès c’est pile ce moment que je choisis pour me replonger dans la réalité. Et bien entendu c’est pile le moment que j’ai choisi pour commencer à souffrir physiquement et mentalement. Le ravitaillement de Champex-lac fut vraiment un moment compliqué. Le chemin pour l’atteindre semble interminable… Et j’arrive bien entamée. Mais jamais à aucun moment j’ai envisagé d’abandonner puisque de toute façon quelque soit le classement final, l’idée était vraiment uniquement d’engranger de l’expérience. Trient, je commence à aller un peu mieux, Vallorcine, j’arrive clairement plus en forme.

Et surtout tu commences à vraiment avoir de plus en plus de spectateurs qui t’encouragent et te tiennent au courant de ton classement. Ils me disaient que la 3ème devant était attaquable… « elle n’est pas loin, tu peux l’avoir » « elle marchait là où tu cours » … Mais je n’étais même pas encore en mode compétition. C’est limite si je n’ai pas engueulé ma team qui me donnait les écarts au col des Montets ! Mais tout d’un coup je l’ai vu, Fuzhao Xiang marchait devant moi. Et là le switch s’est fait dans mon cerveau… Plus de douleur, plus de doute, je suis passée en mode Pac Man en amorçant une montée d’enfer toute relative bien entendu après 22h quand même. Mais je venais de réaliser en la voyant de mes propres yeux que le podium était accessible. Avant tout cela n’était que virtuel avec les infos qui se contredisaient, un coup elle était à 30 secondes, un coup elle était à 5 minutes… Personne n’était d’accord. J’étais dans le même doute qui agite tout traileur à qui le gentil bénévole vient de dire « le ravito est à 500m ! ». Mais quand je l’ai passée, je n’ai plus lâché. Je me suis sentie fraiche comme jamais, ce qui est totalement surréaliste parce que ce sentiment je ne l’avais jamais connu. Evidemment je ne gagne pas la course mais cette arrivée dans les rues de Chamonix, on dira ce qu’on voudra, elle est totalement unique en son genre. Avec celle de l’OCC et de la CCC, elle a vraiment une place à part dans mes souvenirs. J’imagine que le fait que je sois française joue forcément un peu dans l’enthousiasme que les spectateurs dégagent à mon passage mais quand on est émotive comme je peux l’être, il devient difficile de retenir ses larmes. Et tu te retrouves là devant un micro avec l’envie d’exprimer tout ce flot d’émotions sans trouver tes mots parce que bon… Tu as quand même couru 170km et tu es juste crevée ! Surtout que dans mon cas, j’avais aussi à gérer mon engagement auprès de l’association « Baskets aux pieds » qui œuvre pour donner un peu d’espoir aux enfants atteints de cancer pédiatrique en les équipant de casques à réalité virtuelle dans leur chambre d’hôpital mais pas seulement. Jules 17 ans en rémission d’un long combat de plusieurs années contre la leucémie a suivi toute ma course, embarqué avec l’équipe Kiprun qui assurait mon suivi. Le voir à tous les ravitaillements et sur la ligne d’arrivée, ça m’a vraiment portée pendant toute cette aventure.

Rendez-vous est pris pour les Templiers !

Les projets ? Déjà les Templiers fin octobre. Pour ce qui est d’un prochain 100 Miles je vais d’abord attendre de me remettre pleinement physiquement et mentalement. Cela m’amuse parce que, comme pour un accouchement, (Blandine est gynécologue pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, je vous remets le lien vers le portrait que je lui ai consacré il y a quelques temps déjà), je n’ai retenu que le positif de cette première expérience mais j’ai aussi compris que tu avais vraiment intérêt à être « solide » pour en venir à bout. L’avenir le dira, mais c’est certain on me reverra prochainement sur cette distance.

Crédit photos : Dacia UTMB Mont Blanc et Kiprun

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