3 assistances pour moi, 3 victoires pour lui… Sachant que le 3 est mon chiffre porte bonheur, ça ne pouvait que bien se passer !
La genèse
On ne va pas se mentir, cet Ultra 01 était et pour Alex et pour moi une façon de répéter l’UTMB qui va très vite arriver. Lorsqu’il a su qu’il était qualifié suite à sa superbe victoire face à un cheval et un chevalier casqué s’est très vite posé la question de notre organisation. Je lui avais déjà dit que s’il repartait, j’était partante pour y retourner, à condition qu’on anticipe les choses un peu mieux. Le côté « brief à l’arrache en jetant tous les sachets et les tupperwares sur le lit de ma chambre d’hôtel 2h avant le départ »… Comment vous dire… On a eu une chance de fou que tout se passe aussi bien. Bon, on va déjà spoiler, y a encore du boulot !
Le plan de bataille s’est donc mis en place : Ultra 01 pour reprendre nos marques et voir ce qu’on pouvait améliorer, UT4M pour confirmer les choix et l’UTMB en bouquet final avec un Top10 à l’arrivée ! Oui, bon ok, là je m’emballe un peu et l’idée vient de moi, pas de lui. Allez, on part sur un Top15, c’est mon dernier mot Jean Pierre ! 😁 Voilà, vous avez les bases du programme. Bien entendu, rien ne va se passer comme prévu… Alex arrive légèrement crevé, avec cette idée aussi d’enchaîner les off avec Monsieur Loïc, certes charmant garçon mais qui est aussi barré que son copain à casquette, ce qui n’arrange rien à l’affaire. Et moi pour pleins de raisons que je n’évoquerais certainement pas ici puisqu’elles sont d’ordre purement privées, on va dire que j’ai connu assistance plus sereine.
L’avant course
Je récupère Alex vendredi matin dans le gite où il a dormi pour l’emmener chercher son dossard et faire quelques courses au supermarché du coin pour les derniers achats. Vous nous auriez vu dans les allées d’Intermarché avec notre petit panier à roulettes… Franchement j’en rigole encore ! Déjeuner dans l’autre gite où il terminera son séjour qui est d’un calme hallucinant. On prépare les affaires, il part faire semblant de faire une sieste et j’en profite pour charger la voiture et commencer à organiser mon coffre.






Note pour l’UTMB : tout ça devra être fait la veille au soir, le vendredi devra être entièrement consacré au repos !
Lors de notre débrief de notre balade commune en août dernier, il a évoqué le fait que le riz qu’il s’était préparé avant la course était vraiment bien passé mais qu’il trouvait qu’évidemment au bout d’un moment le riz froid… sans la mayo, l’œuf dur et la boite de thon… c’était moyen. Je lui ai donc proposé de m’organiser de façon à faire du riz pendant la course et de prévoir un thermos pour le garder au chaud le plus longtemps possible. J’ai à la maison un petit réchaud à gaz que je n’ai jamais utilisé, et mon réchaud à pastilles que j’emmène dans le désert avec moi. Quand je demande à mon mari ce qu’il pense de l’idée de faire cuire du riz dans la voiture avec un réchaud à gaz… comment vous dire… Il ne semble pas emballer par l’aventure. Il me somme donc de filer chez D4 pour acheter une petite table de camping. Entre la table, la popote, le réchaud à gaz, en fait je vais demander à Quechua de nous sponsoriser la prochaine fois !








On file à Oyonnax pour le départ et devinez quoi ? Il me demande si je peux lui trouver du cellophane pour emballer son téléphone… à 40min à peine du départ. Ok défi relevé ! La supérette du coin n’a rien du comprendre lorsqu’ils ont vu débouler une blonde hystérique qui avait un besoin urgent de cellophane !!! Le stress commence à monter sérieusement pour moi parce que pour la première fois je fais une assistance sur une course que je ne connais pas. Enfin si un peu mais je ne l’ai jamais couru et la seule fois où je suis venue, c’était dans le cadre de mon boulot et j’avais un chauffeur en la personne d’Alex l’organisateur (oui ils s’appellent tous Alex… c’est d’un pratique !). Je ne sais donc pas vraiment où je vais et là j’avoue, j’aurais du m’organiser un peu mieux, ça m’aurait évité des coups de stress terribles. Autant l’UTMB je ne sors même plus le GPS, j’ai quasiment ma place gardée sur les parkings, tellement je suis chez moi, autant là… Je papote avec deux charmantes assistantes (merci les filles de m’avoir un peu alertée !) qui évoquent le fait qu’elles ont imprimé des cartes pour trouver les ravitos plus facilement et là je réalise que la nuit risque d’être un peu rock’n roll pour moi aussi.
Note pour l’UT4M : préparer un road book ultra précis avant la course avec idéalement les points GPS de tous les ravitos.
On rentre dans le vif du sujet…
Le départ est donné, je file tout de suite à Nantua, avant tout bien décidée à profiter aussi des bords du lac, superbes à cette saison là. Je branche le GPS « lac de Nantua » et c’est parti mon kiki ! C’est quand je me retrouve sur le bord du lac mais de l’autre côté de là où j’aurais du aller que je comprends que la nuit va vraiment mais alors vraiment être longue. Je sors l’Ipad qui à la base était destiné à mater le 3ème épisode de la saison 3 des Kardashian en l’attendant et je charge le roadbook complet de la course. Sur mon téléphone, ça n’aurait pas suffit, j’ai plus de 50 ans, les petits écrans ne suffisent plus à mon âge😂. Je m’étais contentée d’imprimer et de plastifier les horaires de passage de l’année dernière et les noms des ravitos. Clairement, ça ne va pas suffire… Je file du bon côté, je me gare, attrape mes sacs et je file au ravito qui n’est pas encore vraiment installé. C’est bon, je suis large ! Enfin large… Pas tant que ça finalement. J’ai à peine le temps de prendre les canards en photo qu’il débarque en mode « crop top » (j’aurais l’explication plus tard…), ravito express avec un gros cafouillage autour de la frontale, il est déjà reparti, je n’ai rien compris ! Ok… Bon ben tu sens qu’on ne va pas profiter de la nuit pour nous raconter nos vies.



Note pour l’UT4M : regarder vraiment comment son foutu sac Salomon est organisé pour ne pas me planter de poches comme cette fois.
Je remballe tout, un autre coureur juste derrière lui a un gros souci de balise qui ne fonctionne pas, l’orga l’a arrêté et on peut dire à juste titre qu’il est très énervé… Je file sans plus attendre puisque de toute façon je ne peux rien faire pour l’aider et je dois trouver le prochain ravito. Vu mon brillant succès pour le premier, j’avoue que j’appréhende un peu. Surtout que je réalise que les petites routes avec virages et chicanes en tous genres vont être à mon programme pour toute la nuit… J’aime pas les chicanes… Le centre du village est fermé, je trouve une place sur un petit parking à l’extérieur, sacs récupérés je file m’installer. Je tenais à remercier ici publiquement tous les supers bénévoles du ravito qui ont été adorables avec moi ! Comme j’ai un peu de temps et qu’il commence à se faire tard, j’ai prévu de diner sachant que j’ai juste des nouilles chinoises. Il me faut de l’eau chaude et très gentiment on met en marche la bouilloire pour moi. Et oui j’avoue, je pique une tranche de cake sur la table du ravito pour le dessert…
Alex arrive déjà, et clairement le gamin est encore en forme ! Les bénévoles auront le droit à une champagne shower à la Rozana, il est déjà parti, je remballe mes petites affaires, ultra déçue d’avoir oublié de prendre de l’argent avec moi, c’est la fête au village, il y a un stand de saucisses et autres brochettes grillées, ça aurait été plus sympathique que mes nouilles pour le diner, sans oublier l’orchestre qui met de l’ambiance. Le ravito suivant va être légèrement plus rock’n roll lui aussi. Déjà il est dans un tout petit village et comme je suis aussi dans les premières, j’arrive en plein fin de diner des bénévoles. Mais le plus gros problème c’est la météo… Comment vous dire qu’il pleut… Mais il pleut… Et clairement on ne va pas se mentir, ce ravito est en réalité fait pour le beau temps. Mais l’ambiance y est excellente, les bénévoles forcément adorables, le co-gagnant de la Trace des Maquisards est là lui aussi et la musique est bonne, que demande le peuple !



Note pour l’UT4M : toujours avoir de l’argent sur soi au cas où, pour l’UTMB je le fais déjà pour le cappuccino de Courmayeur et les frites de Vallorcine.
Ah j’ai oublié de vous dire ! Cette histoire de croc top… J’ai appris grâce à un des cameramans qui suivaient Alex qu’en réalité ce n’était pas une façon pour lui de la jouer « nombril du monde » mais tout simplement d’éviter les brulures que provoquent sur sa peau le tissu. J’ai donc en tête de lui faire poser son sac pour lui faire enfiler un t-shirt propre, voir soyons fous, un t-shirt manches longues pour protéger sa peau. Spoil, mais vous vous en doutez, je ne vais jamais y arriver. C’est con, j’avais préparé un super présentoir à fringues de sport pour enfin tout trouver en quelques secondes. Sur l’UTMB, j’avais eu le droit à un sac en mode « gros bordel » pour ses vêtements de rechange. J’avais donc décidé de professionnaliser un peu le truc, oubliant un léger détail : Monsieur n’a pas de porte dossard… Je vous jure que c’est vrai ! Et comme en plus il doit porter comme à la Diag le t-shirt de la course au départ et à l’arrivée, je risque d’avoir du mal à gérer le truc.
Note pour l’UTMB : lui acheter un porte dossard sacrebleu !!!
Même si l’ambiance est bonne, j’avoue être ravie de quitter le Replat pour retrouver le confort et la chaleur de ma petite voiture. Et c’est parti pour Valserhone que j’ai autant de mal à écrire sur mon GPS qu’à prononcer… Le souci c’est que là clairement l’info ne suffit pas. Mon GPS m’emmène devant une gare, je panique un peu et décide de sortir la carte joker très rapidement pour éviter de trop m’énerver en sortant l’option « appel à un ami », l’ami étant carrément l’organisateur qui m’envoie le point GPS précis. J’étais en réalité à quelques centaines de mètres de là où j’aurais du me trouver, il suffisait juste que je continue un peu plus sur la route, ça m’apprendra à paniquer. Info qui a son importance également, Alex m’a annoncé discrètement au ravito précédent qu’il s’était surement fait une entorse mais que l’option abandon n’était pas encore enclenché. Mais encore plus drôle, il me demande si je peux lui trouver un cachet de Doliprane… en pleine nuit dans l’Ain… t’as raison gamin ! Tu ne veux pas plutôt un bisou magique et que je souffle sur ta cheville ? Déjà, ça serait tout aussi efficace qu’un gramme de paracétamol vu la taille du truc mais surtout ça serait plus facile à trouver. J’ai bien entendu retourner la voiture, mon sac à main mais rien de rien… C’est que moi je n’ai plus besoin de ces trucs là, je suis en pré ménopause et donc les douleurs de mon endométriose qui faisaient que je ne circulais jamais sans un peu de nurofen et une bouillotte dans le sac de voyage ne sont plus mon quotidien. J’ai une bombe de froid achetée à l’arrache à ma pharmacie (mauvais jeu de mots j’avoue !) la veille mais inutile de préciser qu’il va me falloir plusieurs ravitos pour enfin qu’il l’envisage. Tête de mule va ! La bagarre pour le podium est encore terrible mais je vois bien sur son visage que la douleur est vraiment compliquée à gérer. Il utilise les bâtons en descente ce qui lui arrive jamais. J’avoue que je suis un peu inquiète de le voir comme ça mais que voulez-vous on ne le refait pas.
Note pour l’UT4M et l’UTMB : faire une formation strap express de la cheville au cas où, pour la trachéo avec un canif et un stylo Bic, c’est bon je sais faire, j’ai regardé toutes les saisons d' »Urgences » et de « Grey’s Anatomy », je suis au taquet !
Je file au ravito suivant, j’ai nommé la charmante bourgade de Chézery Forens, où je compte me poser un peu pour faire cuire le riz qui sera comme ça chaud pour le reste de la nuit. J’arrive dans le village, je cherche désespérément la lumière qui m’indiquerait que le ravito est là mais zoubi la mouche, en dehors d’une bande de gamins légèrement éméchés, il n’y a personne. Je pose la voiture, pour partir à la recherche du bénévole perdu en espérant secrètement qu’il y aura un fumeur parce que tout en conduisant et en réfléchissant à ma future organisation j’ai réalisé un truc : comment je l’allume mon réchaud sans allumettes moi ??? Nan mais sérieux quoi… Tu t’imaginais quoi ? Prendre 2 silex et attendre l’étincelle salvatrice… J’en suis à regretter que le gamin ait arrêté de fumer, ça m’aurait permis de lui piquer son briquet dans son sac d’arrivée que j’ai sur la banquette arrière !
Je finis par les trouver, ils sont encore au chaud dans leur voiture, attendant un peu que le petit groupe bien agité aille se coucher. J’en profite pour m’enquérir d’un briquet, un des bénévoles me dis « une étincelle ça vous suffira ? J’ai un vieux briquet quasiment vide ». Bon ben va pour l’étincelle ! Reste l’autre grosse problématique et non des moindres : faire cuire sur riz sous des trombes d’eau…
Il faut se rendre à l’évidence, l’option camping n’est pas envisageable. Et je finis par installer la petite table sur le fauteuil avant de la golf. J’arrive à démarrer le bruleur avec ma fameuse étincelle et c’est parti pour l’opération « un bol de riz pour Alex ». Je me marre toute seule si vous saviez ! C’est clairement du grand mais alors du très grand n’importe quoi. Ma gamelle est remplie, je pars rejoindre les bénévoles au ravito qui s’est monté pendant que je cuisinais. J’installe mon petit bordel, ça papote allègrement avec les relayeurs parce que j’ai oublié de vous dire qu’à chaque fois, nous avons bien entendu plusieurs équipes avec nous qui n’engendrent pas trop la mélancolie. Et j’ai mes copines Team Suricate bien entendu qui attendent elles aussi leurs hommes qui font la course en tête jusqu’au dernier ravitaillement où notre trio éclatera vraiment. C’est quelque chose dont je parle peu mais qui compte beaucoup dans ce type d’expérience, la solidarité entre nous les personnes de l’ombre sur ce type de courses. Je l’ai déjà vécu sur l’UTMB avec Charline, je le revis ici avec Charlotte et Peggy. Nous sommes toutes embarquées dans la même galère et ça fait du bien quand tout se passe bien justement. Cela peut paraître d’ailleurs assez paradoxale parce qu’en coulisse alors que les coureurs parfois bataillent entre eux pour une place sur le podium, nous faisons tout pour nous rendre service puisque c’est grâce à Charlotte qu’Alex va avoir son Doliprane placebo.
Ravito ok, je repars pour Lélex, et oh joie, oh bonheur, il fait enfin jour ! Je peux moi aussi lâcher ma frontale. Grande naïve que je suis j’espère trouver une boulangerie ouverte sur le parcours, histoire de moi aussi me ravitailler, mais que nenni… je suis partie pour du jeun intermittent à ce rythme là, et moi je déteste zapper le petit déjeuner. Bref… On s’occupera de moi plus tard ! En arrivant la première au ravito les gentils bénévoles nous disent que normalement on doit rester à l’extérieur, la salle étant réservée aux seuls coureurs. Je négocie pour que le trio de super assistantes obtiennent une dérogation, nos champions sont vraiment dans les premiers, nous serons reparties avant l’arrivée de la masse et personne ne sera gêné. Pour Sébastien qui joue la gagne contre Alex, le problème ne se pose pas, il a une assistance nettement plus organisée en mode formule 1 qui monte une tente à l’extérieur à chaque ravito, c’est totalement dingo ! Ils sont plus d’une dizaine à le bichonner au sens propre comme au figuré. Il a aussi ses propres pacers, mais surtout il semble totalement maîtrisé son sujet, à tel point que je ne vais pas vous mentir, tous nous en étions persuadés, le gagnant cette année ce serait lui et Alex serait second… A mi-parcours c’était écrit.
Alex arrive, clairement il est dans le dur, tellement qu’il accepte enfin que je bombarde sa cheville de froid pour tenter de le soulager. Je ne sais pas ce qu’il dira de son côté mais dans son regard, je sens que lui aussi se dit qu’il a joué mais que Seb ce jour-là est vraiment trop fort et que la victoire va lui revenir. D’ailleurs il l’évoque même avec Ludo qui est là pour Canal + lorsqu’il lui tend le micro. Il repart, je repars, direction Giron pour le dernier ravito. Enfin c’est ce que je pensais à ce moment là de l’histoire… Les écarts de temps ne sont pas monstrueux mais les écarts de forme visible le sont. Sébastien semble très zen, très à son aise, Alex est blanc comme un linge et limite fébrile. J’apprendrai plus tard qu’il enchaîne les hypoglycémies…



J’ai un vague souvenir du dernier ravito lors de ma dernière venue. L’avantage c’est que là, selon le suivi et selon ses temps de passage de l’année dernière j’ai normalement un peu de temps pour dormir. Mais avant il faut me nourrir et miracle sur la route dans un village j’aperçois enfin une boulangerie ouverte ! Virage limite au frein à main, je déboule dans le magasin en mode « alors je prends ça, ça, ça et encore ça ». J’ai en tête une phrase qu’il m’avait dite l’année dernière sur l’UTMB quand je lui ai dit en rigolant que j’avais eu le temps de manger une petite brioche avant de le retrouver et il m’avait dit qu’il regrettait que je n’ai pas pensé à en acheter une pour lui. Je me dis que pour lui remonter le moral (et le sucre dans le sang) ça pourrait être une bonne idée.
Je me gare, je sors le duvet, je regarde le live, apparemment il est prévu pour midi, j’ai quasiment le temps d’une grasse mat ! Je sors le duvet, je me mets en boule sur la banquette arrière et je programme le réveil pour 45 min plus tard. Et je crois que je dors vraiment ! J’émerge, je me dis qu’il serait top d’aller me laver les dents. Je rejoins la salle polyvalente avec ma brosse et mon ipad dans le sac pour mater le dernier épisode des Kardashian en l’attendant et là je tombe sur mes super suricates qui me demandent ce que je fous, qu’ils sont sensés arrivés dans 15 min max. Comment ça 15 min max ??? Ok donc le live déconne total… Elles se demandaient où j’étais puisque j’étais toujours la première en place et avaient même commencé à en déduire qu’Alex avait abandonné et que j’étais partie le récupérer.
J’installe tout en cata, je fonce vraiment me laver les dents et là paf, Sébastien arrive, hyper serein toujours hyper encadré. Je me marre en le voyant s’installer sur sa chaise pour se faire masser. Je dis à mes copines que j’avais dit à Alex quand on avait parlé de notre collab « je fais tout mais je ne masse pas », ce qui j’avoue sorti de son contexte peut légèrement prêter à confusion ! De nouveau, les alentours du ravito s’agitent et je comprends qu’Alex est en train d’arriver. Et surtout je comprends en voyant son regard qu’on vient de basculer dans autre chose. Il n’a pas besoin de me le dire, j’ai compris qu’il allait aller chercher Sébastien. Je panique tellement que je lui demande quelle cheville est souffrante… Comme si je ne voyais pas l’énorme œuf qui s’est formé… Un coup de bombe sans lui demander son avis, il repart, mais clairement il n’a pas assez mangé. Seulement là, il lui reste 23km… Alors que normalement je devais rentrer à Oyonnax pour rejoindre le plateau de Canal+ pour papoter et raconter la course d’Alex, je décide que la télé attendra bien. Nous n’avions pas prévu de se voir aux points d’eau mais je décide puisque je suis autorisé à le faire de filer au dernier pour lui donner une flasque ultra boostée avec ¾ du jus de grenade qu’il avait acheté au supermarché et un ¼ d’eau pour le changer de sa boisson thé à la pèche et sait-on jamais une compote et un gel. Comme il n’a pas touché les viennoiseries, je les offre à mes suricates, qui n’ont pas vu la boulangerie et qui commencent elles aussi à être au bord de l’hypoglycémie.
Garée, je file me mettre sur zone. Un des caméramans qui va suivre Alex jusqu’à l’arrivée est là aussi, je lui demande de bien vouloir se mettre un peu plus bas pour le prévenir que je suis finalement là et qu’il peut préparer un changement de flasque. Et là surprise… il arrive en tête… Enfin surprise, vous me comprenez ! Il est surtout blanc comme un linge, avec un regard de tueur. Changement de flasque, coup d’œil à son sac, il a ce qu’il faut pour manger, il boit de l’eau gazeuse et il repart. Désolée Alex, mais si le caméraman a été un peu envahissant c’est que je lui avais dit avant « je te le confie, tu ne déconnes pas, tu me le ramènes entier à Oyonnax ! ». Je repars pour l’arrivée et je croise le pacer de Seb qui crie à son staff « il est cuit, il demande du coca ». Je sais, c’est mal mais j’ai souri 😉.
Je file à Oyonnax, je me douche (le bonheur d’une douche chaude après une nuit pareille, vous n’imaginez pas !), je me change même pour passer à la télé mais pas le courage pour sortir l’anti cernes, tant pis ça ira bien comme ça !

Enfin il est là, et très gentiment même si j’étais super gênée, la bénévole en charge des médailles me dit « il faut que vous alliez lui passer autour du cou, c’est à vous que ça revient ». C’est super bizarre de faire ça mais c’est super émouvant aussi. Autre moment super émouvant, quand un gentil monsieur qui se présente comme un des membres de la team de Seb vient me saluer pour me dire que le match fut beau et que c’était top de vivre ça tous ensemble. Voilà, c’est fini… Je vais boire un verre avec un ami, même si Stéphane tu le sais j’aurais adoré ne pas te voir sur la ligne d’arrivée 😉, pendant qu’Alex refait le match pour Canal et je quitte discrètement Oyonnax pour rentrer chez moi et reprendre une vie normale, non sans avoir fait un drive au Mc Do.


Le bilan de tout cela ? Bon clairement on a des trucs à améliorer mais c’est le but des répétitions justement, on va mettre en place 2 ou 3 trucs sur l’UT4M pour voir si ça marche. Merci à tous les bénévoles, vu les conditions de la nuit, vous avez grave assuré ! Je tenais d’ailleurs à remercier plus particulièrement toutes les personnes qui gentiment nous ont filmés à chaque ravito. Ce n’était pas uniquement dans le but de partager sur insta, même si je sais que les gens adorent ça, c’était avant tout pour garder en mémoire tout ça et pouvoir ensuite analyser les images, parce que clairement quand tu es dans le feu de l’action, tu ne te rappelles pas de tout. Là on a une super base de travail pour améliorer les prochaines assistances et ça débrief à mort depuis dimanche soir ! Merci à mes suricates du jour pour ces moments de partage, c’était vraiment top de vous avoir à mes côtés. Bravo à tous les coureurs, franchement les conditions la nuit avec la pluie… Chapeau tout le monde ! Et à titre perso, merci à mon homme qui m’a encouragée à rester malgré tout ce qui se passait dans notre famille, et surtout mon fils Thomas qui a assuré comme un adulte qu’il est devenu, pour que je puisse rester sur place, je vous suis vraiment infiniment reconnaissante.
Si vous voulez revoir toutes les vidéos elles sont sur Insta 😉
Crédit photo ouverture : Gilles Reboisson
Fun fact : ce qui est bien avec moi c’est qu’il m’arrive toujours des trucs totalement dingues… mais alors là j’avoue que j’en rigole encore ! Alors que je suis en train de repartir à ma voiture, un coureur m’interpèle et me dit « tu me reconnais ? Bon avec tous les gens que tu croises ça ne doit pas être évident ». Je mets quelques secondes à reconnecter les fils (je suis fatiguée hein ? Je n’ai dormi que 45 min en 48h) et là je reconnais Ludovic, un coureur dont j’ai croisé le chemin sur l’UTMJ lorsque je faisais le suivi du long format (le numéro 7 de mon récit ici, c’est lui !). Il me dit « tu te souviens, tu m’avais massé les jambes super longtemps pour me permettre de repartir »… alors que je venais de dire au micro en rigolant que bon j’étais bien gentille mais masser, ça jamais… et vous voulez le plus drôle de l’histoire ? Une heure après ce moment totalement improbable où je m’étais transformée en assistante improvisée pour sauver coute que coute le soldat Ludo, au fin fond du Jura en septembre 2021, j’ai croisé un mec assis par terre sur un parking qui fumait une clope avec une casquette verte sur la tête… La suite de l’histoire vous la connaissez !
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