Vu mon grand âge et mes petits soucis de santé, je n’ai plus trop le choix, je suis un peu obligée de vivre dorénavant les ultras sur le bas côté mais j’ai quand même pris un dossard sur la petite distance, parce que l’important ne l’oublions pas, c’est de participer !
C’est toujours quelque chose de très étrange pour moi de suivre une course où je ne suis pas. Mais là un 187km… Comment vous dire que ça ne s’improvise pas et qu’on ne s’inscrit pas la veille pour y aller au talent. Je me suis donc retrouvée à Métabief, l’une des trois stations connues du coin un vendredi en début d’après-midi pour un suivi presque aussi épuisant que la course elle-même ! Coup de chance la météo est au rendez-vous, ce qui n’était pas gagné d’avance. L’idée est assez simple : aller au maximum à la rencontre des premiers aux ravitaillements ou aux bases de vie. L’avantage d’un suivi organisé c’est que je n’ai qu’à m’installer dans la voiture et à me laisser guider.
Nous commençons par le Manon où force est de constater que ça va vite… Très vite même puisque Live Trail se plante allègrement de 30 minutes dans les estimations. Les premiers hommes sont là en avance et je vous le donne en mille Claire Bannswarth qu’on ne présente plus déboule elle aussi. Les bénévoles sont au taquet et déjà les paris vont bon train : Claire sera-t-elle sur le podium au scratch ? That’s the question qui animera les débats jusqu’à la ligne d’arrivée, mais je ne vais tout spoiler ! Nous repartons pour les Rousses, première base de vie où pendant que nous attendons les coureurs les enfants du club de saut à ski s’envolent tels des Louis Blériot traversant la Manche. C’est là que je découvre un élément que j’avais zappé : les coureurs ont le droit à un pacer qui peut les accompagner jusqu’à la ligne d’arrivée, à savoir 110km plus loin… Comment vous dire que je tombe immédiatement en amour pour Ben, alias Benjamin HALL, australien vivant aux Houches qui a accepté d’accompagner son tout nouvel ami Johan Fernandez vers la victoire même si à ce moment là de l’histoire ils ne le savent pas encore.
Sur le bas côté…
Accepter de courir aussi longtemps sans que son nom n’apparaissent sur aucune liste, sans qu’on te donne le moindre point, en toute amitié pour quelqu’un que tu connais depuis quelques mois à peine… Moi qui cherchais depuis des années l’Esprit Trail, je crois que je l’ai enfin trouvé ! Les écarts commencent à sérieusement se creuser entre les coureurs rendant le suivi d’autant plus compliqué. Après un arrêt diner tapas à Métabief et un passage à un autre ravitaillement, nous décidons de rejoindre Jougne et sa base de vie où nous avons prévu de passer la nuit. Enfin la nuit, c’est vite dit… Un petit bout de nuit serait plus conforme à la réalité mais mes quelques heures dans mon petit lit de pensionnat sera toujours plus agréable que celle passée dehors par les coureurs. C’est pendant notre petit déjeuner que le premier arrive, suivi assez rapidement du deuxième qui nous offre un ravitaillement boite en carton ultra bien organisée qui me scotche sur place. Le troisième est un anglais Oliver Webb qui clairement a envie de papoter. Je m’installe donc à table avec lui terminant presque mes tartines pendant qu’il dévore son assiette de riz bolognaise.



Claire débarque, je la sens fatiguée mais bon c’est pas comme si elle enchaînait les ultras comme certains candidats à la présidentielle enchainent des promesses électorales qu’ils ne tiendront pas… Elle aussi avale son assiette de riz bolo qu’elle noie avec de la St Yorre avant de vider un paquet de cookies dans sa ceinture de ravito et roulez jeunesse, elle est déjà repartie. Pac Man est lancé à la poursuite du podium… Les paris sont relancés, va-t-elle y arriver ? En attendant de savoir si je vais rentabiliser mon week-end grâce à mes gains, arrive le dossard n°7 qui semble souffrir et surtout avoir besoin qu’on le bichonne un peu. Il a très mal aux jambes (non sans déconner ? sur un ultra roulant où il faut relancer tout le temps, difficile d’être étonné !) et il n’a pas d’assistance à proprement parlé. Il n’y a pas non plus de kiné qui apparemment si j’ai bien compris vont arriver plus tard, pour aider la « masse » mais pour les premiers c’est zoubi la mouche, t’as qu’à apprendre à t’automasser.



Le voir dans cet état me fait basculer immédiatement en super maman assistante au taquet ! Je me mets à la recherche de quelque chose pour le soulager, et je réussis à emprunter à des gentils « assistants » qui attendaient leur coureur à l’extérieur un peu de Synthol. Je me retrouve alors à masser les jambes d’un inconnu… Le truc que je ne fais jamais mais je n’ai pas envie qu’il abandonne ici. Il s’allonge pour dormir un peu et très vite les petits mouvements que son corps fait régulièrement ne trompent pas, il vient de plonger profondément. Et moi je dois repartir, tellement désolée de pouvoir m’assurer qu’il repart bien après nos bons traitements (il n’est pas reparti finalement… Je savais que j’aurais du rester quitte à rentrer en stop à Métabief !). Je me jure un truc pour les prochaines fois, journaliste ou pas, je ne pars plus sans mon kit de la parfaite assistante juste au cas où. Retour à Métabief pour l’arrivée et là force est de constater que les derniers kilomètres vont faire mal… Très mal même avec des écarts hallucinants entre les finishers, l’abandon du 2ème qui pourtant nous semblait très en forme et la très belle 4ème place de Claire au scratch qui me fait perdre mon pari mais je ne suis pas rancunière 😉. Je passe quelques heures à voir arriver les coureurs dont le désormais ultra célèbre Casquette Verte qui gagne le 77km, course préparatoire pour sa prochaine Diagonale des Fous. Et je décide de rentrer à ma chambre d’hôtes pour me coucher tôt, il parait que je cours le lendemain et j’ai besoin d’un peu de repos.
Suite au prochain épisode ici ! Et le site de la course est là.