Run : UT4M, ça devait arriver un jour…


On sait en signant le contrat moral d’une assistance qu’il y a la possibilité que ça se termine par un abandon. On le sait mais évidemment, on fait l’autruche, on fait comme si cela n’était pas une option. Comme vous le savez je n’aime pas parler à la place des autres, donc aujourd’hui je vous livre ma version et je laisserai Alexandre alias Casquette Verte vous livrer la sienne lors de son traditionnel débrief sur Twitch, les habitués connaissent le chemin pour y aller.

Dans mon esprit, cet UT4M devait être une mise au point finale avant l’UTMB fin août pour corriger quelques erreurs commises sur l’Ultra 01 (si vous l’avez raté mon débrief est là). Même si la victoire fut belle, et l’issue positive comme vous le savez, nous avons conscience tous les deux qu’il y avait encore quelques trucs à corriger. Déjà l’organisation de mes trajets… J’avais eu quelques frayeurs en juin dernier, je ne voulais pas revivre ça (spoil alert : ben ça encore été bien compliqué). Je me suis donc organisée pour avoir tous les points GPS mais aussi pour faire le point avec Claude, qui fait partie de l’organisation (merci Claude !!!!). L’idée, c’est de pouvoir être là un maximum puisque comme l’ultra 01, l’assistance est autorisée partout, mais très vite j’apprends qu’en réalité plusieurs sont tout bonnement inaccessibles pour moi. Pas de souci, il suffit de le savoir en amont pour préparer les sacs en fonction de cette info. Mais clairement en regardant les temps prévus, les trajets entre chaque, je comprends surtout qu’il va être très compliqué de réellement pouvoir dormir, parce que sur le papier, ça va être un peu la course pour moi aussi.

Je profite d’ailleurs du début de mon article pour remercier toutes les personnes qui m’ont contacté en amont pour me proposer de l’aide, je ne m’attendais pas à autant de bienveillance à mon égard j’avoue. Merci, merci, merci !!! Vendredi matin après une nuit moyenne mais bon j’ai l’habitude je ne dors bien que dans mon lit, un petit déj de championne (100% protéines parce que je ne sais pas quand je vais pouvoir manger), nous filons au départ. Surprise totale, nous trouvons une place sur le parking le plus proche du parc, comme si elle nous attendait. Du coup pas la peine d’aller rejoindre la place qu’une adorable personne m’avait réservé chez elle pour que je ne galère pas à tourner pour me garer. Quand je vous dis que les gens sont formidables !!! Nous ne sommes pas si en avance que ça, Alex part s’échauffer, moi je m’installe pour filmer le départ. 3…2…1… Partez ! Et moi je file à St Nizier, premier stop pour moi.

Cela va être difficile de faire un classement de mes ravitos préférés… Celui là sera forcément dans mon top 5 grâce à la présence juste en face de la petite cour où les bénévoles installent les tables en attendant l’arrivée des premiers de la garderie du village. Au bout de 3 minutes à papoter avec les bout ’choux je sais tout de leur vie et ils connaissent le prénom de ma mère et celui de son chien ! Alex arrive, ravito express évidemment nous ne sommes qu’à 11km, il file et moi aussi. Régis son poursuivant arrive très peu de temps derrière, je ne le sais pas encore mais il sera l’homme de la course.

Direction St Paul de Varces, où je sais que j’aurais un peu de temps pour me poser. Gros regret de ma part, avoir prévu un déjeuner alors qu’il y avait une super caravane qui servait des galettes de sarrasin ! La bretonne que je suis était furieuse après elle de ne pas avoir pensé à me renseigner là-dessus avant. L’organisation sur place est joyeusement chaotique, beaucoup de monde, finalement pas vraiment de place allouée aux assistances, avec le gentil assistant de Régis, nous bougeons deux chaises pour nous rendre plus accessibles et plus visibles pour nos champions du jour. Ils arrivent tous les deux à quelques fractions de seconde, je comprends que la course va se jouer entre eux maintenant. En quelques secondes ils sont repartis et nous aussi !

Direction Vif pour la première base de vie. Il fait une chaleur écrasante… A chaque fois les parkings sont en plein soleil, pas le choix, je ne peux pas rester dans ma voiture à l’attendre, je file me mettre à l’ombre dans la superbe salle polyvalente aménagée pour accueillir tous les coureurs. A peine arrivée on me propose un Mister Freeze qui tombe à point nommé ! Là encore le ravito se fait à la vitesse de la lumière et déjà il faut repartir. Nous partons à Laffrey où je décide qu’il serait grand temps pour moi de manger un peu, je me prépare des nouilles que je mangerai tranquillement après le ravito. J’ai aussi prévu de faire cuire un peu de riz pour Alex, parce que ça commence à faire long cette histoire et il est grand temps de se commencer à manger un peu solide.

Le lieu est assez incroyable, un peu en retrait de la fameuse route Napoléon à deux pas de la fameuse statue qui orne la prairie de la rencontre. A mon grand regret je n’ai pas eu le temps d’y aller d’ailleurs, il faut que je revienne en mode touriste. Là encore pas vraiment d’espace prévu pour les assistances, du coup je sors la chaise de camping pour moi et je prête ma table à l’assistant de Régis. Ce n’est pas l’idéal mais c’est toujours mieux que rien. Plus de 50km au compteur, ils sont toujours dans un mouchoir de poche… Vous dire que l’ambiance semble être à la rigolade serait vous mentir… A tel point que j’en viens à dire à son assistant « je te préviens, eux ils se bagarrent peut-être sur le chemin mais nous on reste copain hein ? ».

Direction la Morte… Sérieux ??? Mais qui a donné les noms des villages dans le coin ??? Je profite d’un passage devant un Intermarché pour faire le plein (je commence à stresser devant la jauge et comme je n’ai aucune idée de ce que je vais trouver en route…) et surtout pour aller acheter un sac glacière que je bourre de sac de glaçons histoire de tenir au frais le fameux Ice tea. Note pour l’UTMB : prévoir un vrai truc pour réfrigérer de façon un peu plus organisée, sait-on jamais ! Alex débarque en mode croc top, avale son ice tea plus vite que la lumière et c’est reparti. Régis est toujours dans ses pas, le regard est froid… Je commence à sentir que quelque chose ne va pas.

Lac de Poursollet me voilà ! Alors là dans le genre ravito unique en son genre, il se pose là ! Bon déjà il se mérite, la route enchaîne les virages serrés, je suis Sébastien Loeb sur le rallye de Monte-Carlo ! Ambiance top « avé l’accent », une gentille bénévole fait des croque-monsieur, on papote gentiment en attendant nos supers héros. Ils ont un souvenir fou d’Alex l’année dernière qui très en avance sur le chrono, et surtout seul en tête, avait pris le temps de s’arrêter en pleine nuit (horaire de départ différent en 2022). Il arrive le regard tout aussi fermé et pour la première fois il évoque un problème avec des ampoules. Inutile de préciser que malgré ma proposition de le soigner ou tout du moins de tenter quelque chose, il repart devant le regard des bénévoles un peu dépités qui sont déçus de ne pas avoir retrouvé leur Alex festif de la précédente édition.
Je repars en embarquant dans ma super Golf 2 coureurs du Challenge qui ont abandonné. Un spectateur qui était venu encourager des copains et qui apprenant qu’Alex arrivait était resté fait de même. Cela permet à nos naufragés de ne pas avoir à attendre trop longtemps la navette. C’est déjà assez dur comme ça pour eux, autant les aider à retrouver Grenoble au plus vite. Bon j’avoue que lorsque je demande à mon voisin pourquoi il a arrêté et qu’il me parle de ses vomissements à répétition, je panique un peu et lui fait promettre de crier pour que je m’arrête si l’envie lui reprenait ! Dans ma précipitation, je pars en oubliant le tupperware où sont rangées toutes les batteries de secours d’Alex. Pourquoi l’ai-je sorti là ? Mystère… Puisqu’il fait jour et que ce sera encore le cas au ravito suivant… Heureusement mon coéquipier de sauvetage me suit en voiture et finit par me rattraper à Rioupéroux pour me le redonner. Encore merci !!!! Je n’aurais réalisé qu’au ravito du Pré Long l’oubli, ça aurait pu être catastrophique !

Rioupéroux est une base de vie et l’arrivée du challenge. C’est du coup la première fois que j’arrive sur un ravito où il y a autant de monde puisqu’il y a les derniers de l’étape du jour qui attendent leur navette ou qui arrivent tout court. L’épouse de Régis et ses enfants viennent rejoindre mon coéquipier de la journée. Nous nous installons de façon un peu chaotique dans la cour de récrée et c’est parti en mode suricate ! Et c’est Régis qui débarque en premier… Quand il repart, Alex arrive, ils se croisent, Alex lui fait un check et me rejoint.

Je retrouve son visage fermé qui m’inquiète de plus en plus… Inutile de préciser qu’il refuse qu’on s’occupe de ses pieds, mais là sincèrement je commence à me demander comment cela va finir. Je suis tellement en stress que je fais n’importe quoi avec cette foutue frontale de merde (Désolée Petzl vous n’y êtes pour rien !), c’est juste que je comprendrai plus tard que mon erreur vient du fait que j’ai toujours cru, allez savoir pourquoi que nous avions la même Nao alors qu’il a la + et qu’elle n’est pas foutue comme la mienne. Bref, tout ça pour dire qu’il repart et qu’on se donne rendez-vous à l’Arselle. Là encore je ne sais pas encore mais c’est le début des emmerdes… qui comme souvent volent en escadrille.

J’ai bien un point GPS pour le ravitaillement et après avoir traversé Chamrousse, il me mène tout droit vers une grosse résidence en plein dans un sens interdit… J’hésite, et puis je finis par me dire que ça doit être juste à côté puisque le petit point clignote là sur mon écran. Je m’engage à 2km/h, le point a l’air d’être juste là, après le virage. Sauf que ce foutu point m’emmène entre 2 immeubles sans aucun ravito à l’horizon. Je sors de la voiture, pars en exploration en espérant apercevoir une lueur mais rien. Ok, demi-tour, je reviens sur mes pas pour aller me garer devant un restaurant pour demander de l’aide. J’explique ma situation… Le patron me dit « oh là mais c’est pas par-là » … son épouse (enfin je suppose !) arrive et me dit « oh là mais c’est pas par-là » … Des clients quittent leur table pour venir me dire « oh là mais c’est pas par-là », bref tout le monde me confirme que je ne suis pas du tout là où je devrais être mais que surtout c’est loin d’être simple. Tentative d’explication mais devant mon regard perdu, le client me dit « mettez la Salinière sur votre GPS, c’est un resto et c’est juste à côté ».

Je ressors et je découvre dépitée qu’évidemment à cet endroit précis, je n’ai pas de réseau. Retour dans la station de Chamrousse, je tape la Salinière et roule ma poule. Et devinez quoi ? Le GPS me ramène pile poil devant mon panneau sens interdit… Ok là plus le choix, je passe un coup de fil à Claude qui est un méga super bénévole mais bien entendu, ça capte mal. Là je comprends que ce ravito est foutu, Alex a du déjà le passer et il devient stupide de s’acharner. J’hésite à lui envoyer un message mais normalement il ne décroche jamais, mieux il est en mode avion donc à quoi bon perdre mon temps. Je file au suivant, il a gagné cette course l’année dernière sans assistance, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il se débrouillera comme un grand. Je sais que les deux prochains ravitos ne sont pas accessibles pour nous. Celui de la Croix Chamrousse l’est via les œufs dans la station mais bien entendu en pleine nuit, ça ne fonctionne pas. Je n’ai pas le choix, je dois filer au Pré Long directement. On ne va pas refaire l’histoire mais si j’avais réussi à rejoindre ce ravito, peut-être qu’Alex aurait finalement changé de chaussures à ce moment-là… Peut-être qu’il n’était pas encore trop tard pour soigner ses ampoules… Bref refaire le match ne sert à rien.

Je rentre mon point GPS suivant, et roulez jeunesse ! Plus j’avance, plus la route devient petite… Bon on est en pleine nuit, donc peu de chance de croiser du monde mais là, ça devient quand même vraiment petit cette histoire. Et tout d’un coup, plus de route, juste un chemin à 4×4 moyennement carrossable. Seulement moi j’ai une Golf… pas un Porsche cayenne hein ? Il y a des balises de la course partout, donc je sais que je suis forcément sur une bonne piste mais ce que j’espérais être 500m dure… dure… Je me marre intérieurement pour deux trucs : j’hésite à filmer pour envoyer les images à mon mari mais j’ai peur qu’il me confisque les clés en rentrant ! Et je me dis que je vais finir par arriver derrière les coureurs qui vont se demander ce que je fous là. Enfin des lumières ! Enfin un ravito… Sincèrement je commençais vraiment à me demander si j’allais finir par en trouver un.

Déjà un ravito qui t’accueille comme ça…

Je fais la connaissance de Claire et de son colloc qui ont la lourde tache d’assurer toute la nuit et plus si affinité au milieu de la forêt. Après une présentation en règle et un petit papotage, je comprends que j’ai un peu de temps devant moi et je décide d’aller dormir un peu sur ma banquette arrière. Les balises nous jouent des tours, Live Trail est par moment un peu à la traîne. Estimer leur heure d’arrivée est assez compliquée. Je pars donc pour 45 min de sommeil bien mérité. Et sincèrement je pense que j’ai vraiment dormi. Réveil, retour auprès de Claire, pour vivre le moment le plus « what the fuck » de ma folle nuit ! Sont arrivés les ouvreurs, chargés comme leur nom le dit si bien d’ouvrir la route mais surtout de vérifier que le balisage est toujours en place. Alors que nous papotons et que je raconte je ne sais encore quelle bêtise, l’adorable féminine du trio me dit « ah mais vous êtes Cécile ! Ma marraine m’a offert vos livres dédicacés. Vous savez le garage Huguet à St Menoux ? ».

Petite minute historique et patrimoine (Stéphane Bern accroche toi à ton micro je pourrais bien venir te piquer ta place !). Saint Menoux, qui tire son nom de l’évêque breton du même nom, mais sans le X qui n’attendra pas Elon Musk pour faire son apparition, est une charmante bourgade située à quelques kilomètres de chez moi. On y trouve une superbe église romane, classée au titre des Monuments historiques mais aussi la célèbre débredinoire, qui aurait, selon la légende, le pouvoir de guérir les simples d’esprits, les « bredins » en bourbonnais. On peut aussi y soigner les dépressions dit-on. On se raconte que Madame de Montespan aurait mis au monde l’un de ses « batards » du roi en route vers Bourbon l’Archambault, pour y prendre les eaux (après les avoir perdues donc…) mais rien n’est certain. J’y ai aussi mon vétérinaire préféré et le garagiste qui entretient les voitures de ma belle famille depuis des années. Lors d’une de mes visites, Madame Huguet donc m’avait fait la surprise de me demander si je pouvais dédicacer 2 de mes livres pour sa filleule qui courait comme moi, l’occasion pour moi de découvrir qu’elle savait ce que je faisais de mes loisirs. Bref tout ça pour dire que la probabilité que je la croise en vrai des mois plus tard en pleine nuit au ravito de Pré Long était totalement hallucinante ! Fin de la parenthèse « what the fuck ».

Y a pas la télé… du coup je m’occupe comme je peux !

Après une mise à jour de Live Trail, nous apprenons que Regis a clairement pris le lead de la course et c’est donc sans surprise que nous le voyons arriver en mode speedy gonzales. Il ne s’arrête pas, nous avons à peine le temps de le voir qu’il file déjà dans la forêt. Commence alors l’attente… Qui devient suffisamment longue pour que tous nous finissions par nous inquiéter. La balise d’Alex ne bouge pas ou si peu qu’on finit par se demander s’il ne lui serait tout simplement pas arriver quelque chose. Un des ouvreurs resté à nos côtés pour l’accueillir propose de partir à sa rencontre. Mais il suffit qu’il commence à se préparer pour qu’enfin la frontale surgisse dans la nuit noire. Il marche, demande même une chaise pour s’asseoir. Je l’ai déjà vu mal mais là je comprends en voyant le temps qu’il va prendre pour discuter, manger qu’il a lâché le truc et que l’idée à ce moment précis c’est juste d’être finisher, même si on est d’accord le 3ème n’est encore même pas arrivé et qu’il reste 50 bornes où tout pourrait encore changer.

Il repart, moi aussi et dieu merci pour une fois j’ai une route sous mes roues !!! Mais une vraie route avec du goudron tout ça tout ça !!! J’arrive au ravito suivant qui est un amour de ravito sous une tonnelle, juste à côté d’un musée. Régis est passé depuis belle lurette quand j’arrive. Je prends le petit café qu’on m’offre très gentiment. Et j’attends… Et là surprise ce n’est pas Alex qui arrive mais Valentin qui fut pendant toute la course en 3ème position avec suffisamment d’écart pour que jamais je ne le croise. Il nous dit qu’il a doublé Alex, qu’il marche doucement dans la descente. Je comprends que là ça va devenir vraiment compliqué, quand je vois arriver, je comprends que je ne me suis pas trompée.

Enfin il accepte de me montrer ses pieds. L’idée c’est de changer de chaussettes et de chaussures pour peut être retrouver un peu de confort. Les talons ne sont en réalité que deux ampoules géantes percées, ce qui rend impossible l’injection d’éosine pour tenter de soulager un peu. Il y a deux ou trois ampoules au niveau des orteils mais rien de très inquiétant. Je me retrouve dans une position très compliquée à gérer j’avoue. Je sais soigner ce genre de choses même si je ne suis pas doc. Enfin soigner… Vous m’avez compris ! J’ai suffisamment vu Isabelle Paucot, notre Isange, la reine des pieds tous pourris d’ultra traileurs en goguette dans le désert pour savoir quoi faire. Mais autant c’est facile de faire sur moi et d’assumer les conséquences de mes décisions, autant le faire sur quelqu’un d’autre, c’est quand même très compliqué. Je le rassure, lui dit que de toute façon à St Nazaire il y aura des podologues et que cela vaudrait peut-être la peine qu’il se fasse soigner correctement pour finir dans des conditions acceptables. Les 8km qui séparent les deux ravitaillements sont plats, sans aucune difficulté. Ils ne servent qu’à faire la transition entre Belledonne et la Chartreuse. Je lui promets de lui faire à manger pour qu’il recharge bien les batteries avant de finir. Et il repart…

Je file au ravito suivant me garer, lancer la cuisson du riz et m’informer sur les forces médicales en présence. Hélas l’info de la présence des podo n’est pas bonne, ils ne sont tout simplement pas encore arrivés. Je me dis à ce moment-là que, content ou pas, je vais lui faire des pansements pour tenter de le soulager. Mon minuteur est enclenché depuis quelques minutes que ma montre vibre. Je pense que c’est pour m’annoncer que le riz est cuit mais en sortant mon iphone de ma poche pour l’arrêter, je vois le nom d’Alex s’afficher. On s’était toujours dit qu’on ne s’appelait pas pendant une course, que s’il déballait son téléphone de la tonne de cellophane qui le protège c’était pour me dire qu’il était mort. Je comprends vite en décrochant qu’il n’y aura pas de ligne d’arrivée aujourd’hui. Il m’annonce que tout cela n’a aucun sens, qu’il souffre trop et qu’il va abandonner. Il me demande juste si je peux venir le chercher.

Je remballe tout, et file au point GPS qu’il m’a envoyé. Je le trouve là, assis sur un trottoir. Je lui demande avant même de descendre de la voiture s’il est sûr de lui, mais il me répond qu’il a déjà annoncé au PC course qu’il renonçait. Voilà l’UT4M c’est terminé, maintenant il va falloir l’encaisser et digérer mais on va déjà commencer par aller prendre un petit déjeuner parce qu’on l’a tous les deux bien mérités. Ce petit déjeuner nous le prendrons à Chamrousse la station maudite parce que Chouchou engagée elle aussi sur l’ultra abandonne et que je veux lui éviter le retour en navette. Nous avons donc foncé la retrouver pour que je puisse ensuite ramener ma petite troupe à Grenoble en sécurité.

La conclusion de cette aventure ? Forcément un goût doux amer parce qu’on ne prend pas le départ d’une course pour abandonner. Je savais bien en m’engageant à ses côtés que cela pourrait arriver un jour mais voilà, j’avais presque oublié que ce n’était pas un surhomme. Il m’a tellement impressionnée avec son mental en béton armé que j’avais mis de côté cette hypothèse qui ne semblait ne jamais vouloir arriver. Mais sincèrement je suis très fière de lui d’avoir eu le courage de dire stop parce que bon, l’objectif premier de l’été, c’est quand même bien l’UTMB 😊 Hâte en tout cas de renfiler ma robe verte et ma casquette cela va sans dire avec, je l’avoue, une légère pointe de fierté !

Crédit photo ouverture : organisation – P. Pichon

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