Run : Rencontre avec Robin Fournier, l’ultra tatoué…

J’ai rencontré Robin en Jordanie, un comble quand on sait qu’il vit en Suisse, dans le Valais plus précisément où je cours souvent et qu’il était à Chamonix fin août comme moi évidemment… Comble de l’ironie, j’y étais pour remplir les flasques de qui vous savez alors qu’il finissait la PTL et que dans le désert on s’est retrouvé dans cette même configuration ! J’ai voulu en savoir un peu plus sur lui mais surtout qu’il me parle de ces deux courses totalement différentes mais que l’on compare pourtant souvent : un ultra non-stop et un ultra en étapes.

Du GR5 au Wadi Rum…

Je m’appelle Robin Fournier, j’ai 27 ans, je suis donc suisse du Valais où je travaille dans un magasin de sport de montagne tout en préparant un diplôme en marketing. A côté de ça, j’essaie de m’entraîner tout en continuant à voir ma famille, mes ami(e)s… Autant dire que mes journées sont parfois un peu chargées ! Je suis tombée dans le trail un peu par hasard en 2019 après avoir vu une émission qui parlait du GR5. Je me suis dit que j’aimerais bien faire ce truc un jour mais pas en deux mois à l’agonie… Plutôt en mode un peu sportif et en me renseignant j’ai découvert qu’on pouvait le faire en 15 jours avec un niveau en trail correct. Et voilà comment j’ai commencé à courir. Et finalement je l’ai bouclé en 8 jours (de Saint-Gingolph sur les bords du lac Léman à Nice, 565 km en 8 jours et 16 heures pour être précis). Pour un ancien footballeur, c’était plutôt une bonne surprise et la naissance d’une nouvelle passion qui m’a mené à Chamonix fin août 2022.

Pourquoi la PTL ? Parce que le GR5 en 8 jours tiens ! Je souffrais quand même pas mal du syndrome de l’imposteur à ce moment là et j’avais besoin de savoir si c’était juste un coup de chance. J’ai choisi cette course plutôt qu’une Swiss Peaks ou que le Tor des Géants pour ne pas être seul justement, au cas où ça partirait en galère. Ça me rassurait pas mal de partir avec des camarades de jeu ! Mes coéquipiers avaient pris le départ en 2020 sans réussir à aller au bout, ils voulaient prendre leur revanche en quelque sorte. Le plus fou dans l’histoire, c’est qu’ils devaient être 3 mais le 3ème justement, pas assez prêt s’est désisté et nous a mis en relation. On ne se connaissait donc ni d’Eve ni d’Adam quelques semaines avant le départ. On s’est contenté d’un week-end choc pour voir si ça matchait bien entre nous et c’est tout ! La seconde fois qu’on s’est vu, c’est sur la place de l’Eglise à Chamonix…

On n’avait rien défini avant le départ dans la « répartition des tâches », ce qui arrive souvent dans les équipes en fonction des qualités de chacun. Ils avaient clairement une plus grande expérience que moi en ultra mais j’avais celle de l’autonomie en montagne avec mon GR5 et un peu aussi celle de la vitesse. Jonathan avait vraiment l’expérience du long. Yvan gérait le routage avec sa montre à merveille il faut bien le dire. Le seul moment où on a sorti le GPS dans le cirque du Fer à Cheval à Sixt, on n’avait pas de réseau, donc ça n’a servi finalement à rien.

La PTL pour terrasser le syndrome de l’imposteur

La prépa ? Avant la PTL je suis allé au Québec sur le Québec Mega Trail pour lequel j’étais gentiment invité par l’organisation où je finis 5ème au scratch derrière notre Sangé Sherpa qu’on ne présente plus ! C’était mon premier 100 miles d’ailleurs. Après ? Beaucoup de week-ends choc pour faire du volume et de la rando course. J’ai aussi travaillé le sommeil en m’entraînant sur la fatigue et j’ai fait pas mal de sorties avec tout l’équipement pour apprendre à gérer le poids du sac, qui est quand même conséquent quand on connait la liste du matériel obligatoire. Pas de repérage du parcours, mais là c’était une volonté de notre équipe pour le découvrir ensemble et garder l’effet de surprise.

Des conseils ? Préparer ses pieds à cet effort ! Sur ce type de courses on n’est absolument pas sur du beau sentier tout propre et les pieds morflent vraiment beaucoup. On est toujours en devers, avec des zones de frottement pas classiques et ça se paye cash quand tu n’es pas préparé. Apprendre à se servir de sa montre parfaitement te permet de gagner un temps précieux également, surtout que comme je le précise plus haut, on ne peut pas compter sur le GPS qui va dépendre du réseau, réseau qui est souvent absent…

PTL ou Ultra X Jordan

Montagne ou désert ? Non stop ou étapes ?

Pour la Jordanie, c’est l’envie du désert qui primait, histoire de changer d’environnement et en faisant mes premières recherches j’étais tombé sur Racing the Planet, qui faisait une course en Atacama qui me plaisait bien mais qui coûte super cher, sans parler du voyage super long lui aussi. En creusant un peu je suis tombé sur cette course, la Ultra X Jordan, qui était nettement plus proche pour moi et surtout nettement moins chère ! Je me suis inscrit après la PTL et j’ai embarqué un copain qui n’avait lui carrément jamais fait d’ultra. Son seul dossard il l’avait accroché à Sierre Zinal, ce qui n’est pas vraiment une prépa idéale pour une course dans le désert. Mais il m’a suivi et franchement il a super bien géré puisqu’il est lui aussi finisher (Vous pouvez le retrouver ici d’ailleurs 😉).

Question préparation, j’ai considéré qu’avec tout ce que j’avais fait pour la PTL qui n’était qu’un mois avant cette course, je me pouvais me contenter du minimum sachant que les 15 jours qui précèdent j’étais à 80km par semaine avec un peu d’intensité pour reprendre de la vitesse et garder les jambes actives. Question difficulté, j’ai vraiment souffert de la chaleur en Jordanie, ce qui n’est pas vraiment une surprise pour une course dans le désert me direz-vous, alors que sur la PTL c’est la faim qui a été ma principale faiblesse. J’avais totalement sous-estimé mes besoins nutritionnels et j’ai vraiment tenu compte de ça pour préparer mon sac. L’avantage avec le X Trail Jordan c’est que tu n’as à transporter sur ton dos que la nourriture dont tu as besoin pour la journée, et j’en ai clairement bien profité en partant avec un maximum de nourriture. Avec un CP tous les 8km où tu n’as que de l’eau, il faut bien prévoir également ce que tu vas manger entre chaque pour compenser les pertes hydriques évidemment mais aussi tout le reste parce que c’est toujours une question de qualité du carburant si tu veux aller le plus vite possible sans risquer le coup de la panne. J’ai commis l’erreur de vouloir alterner boissons glucidiques et électrolytes, alors que j’aurais du uniquement privilégier ces dernières, ce que j’ai d’ailleurs très vite fait sur le terrain.

Après reste le souci de la chaleur et de sa gestion… Les deux premiers jours j’ai bien galéré avec des coups de chaud (vomissements du petit déj entre autres) et j’ai très vite compris que je devais rafraichir la nuque pour maintenir ma température corporelle dans une zone acceptable. C’est aussi l’intérêt de cette organisation qui ne rationne pas l’eau pendant la course, on peut donc soit partir avec une flasque qui ne sert qu’à s’arroser, soit mouiller buff et t-shirt généreusement à chaque CP pour pouvoir repartir un peu plus frais. C’est vraiment loin d’être un détail croyez-moi et pour une première expérience dans le désert ça peut vraiment faire la différence !

Ce serait difficile de comparer les deux courses parce qu’elles sont fondamentalement différentes. Sur la PTL, finalement il n’y a pas vraiment de concurrence entre les équipes, alors que sur la Jordanie, la journée forcément on est là en mode compétition. Mais évidemment dès qu’on est au camp, on retrouve l’esprit familial et ultra convivial qui fait aussi tout le sel de ce type de courses en étapes où on passe une semaine tous ensemble sur un camp à partager la même tente. En Jordanie, évidemment le côté logistique est nettement plus facile à gérer, surtout la nourriture puisque tu as tout amené avec toi. Sur la PTL, c’est nettement plus aléatoire et va dépendre de ce que tu trouves sur le parcours, il n’y a que très peu de bases vie où tu peux manger de façon certaine avec ton coupon repas. Cette année le parcours ne passait que très peu au fond des vallées pour se ravitailler facilement, ça nous a rajouté une difficulté supplémentaire. Aucun doute, et ça n’a rien de prétentieux de dire ça mais la PTL est vraiment la plus dure, parce que bon… on n’a dormi que 12h dans la semaine (ils ont bouclé l’aventure en 133h) ! Mais j’ai adoré les deux expériences qui étaient finalement incroyables à vivre parce qu’elles permettent d’explorer le large spectre que l’ultra trail nous offre. C’est rare un sport qui permet ça je crois.

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