Run : la PTL vue par Jules Henri Gabioud – le debrief

J’ai rencontré Jules Henri Gabioud dans son environnement naturel, à savoir ses montagnes du côté de Verbier. Son truc à lui ce sont les ultras au dénivelé vertigineux et ultra longs puisqu’il a fini premier ex aequo le Tor des Glaciers l’année passée, après avoir terminé premier à la PTL quelques jours auparavant, excusez du peu ! J’ai voulu en savoir un peu plus sur sa prépa et celle de son frère Candide puisque ne l’oublions pas la PTL a la particularité de se courir en équipe.

Repérage indispensable ou pas ?

C’est très utile surtout quand tu as une idée de bien finir, voir même dans notre cas de finir premier. Mais forcément pour nous c’est plus facile, puisqu’on vit à deux pas de Chamonix et cette année, comble de joie, le parcours passait carrément dans notre jardin ou presque ! En janvier l’organisation nous fournit une carte 3D peu lisible avec uniquement les bases de vie. Cela te donne déjà une idée approximative du parcours, tu sais que tu vas passer du côté des Aravis ou de Verbier, mais ça reste vraiment très grossier. Le 15 juillet, là on reçoit tous la trace GPS mais qui n’est pas la trace finale. En effet l’organisation va l’affiner tout au long de l’été et c’est la montagne qui dictera la trace finale qu’on découvre au dernier moment. Mais on peut dire que cette trace correspond à 90% à celle que nous aurons vraiment à faire. Et c’est donc sur celle-là qu’on base nos recos.

C’est d’ailleurs grâce à ça que cette année on a décidé de partir avec beaucoup plus de nourriture que d’habitude quand on a constaté qu’on passerait vraiment rarement dans le fond de vallée, à proximité de magasins d’alimentations ou autres superettes pour se ravitailler. Cette édition était très particulière, ce fut la première avec aussi peu de refuges sur la trace. Il faut savoir que la PTL s’articule autour de refuges partenaires où là, quelque soit l’heure où tu arrives tu peux manger et te reposer, en plus des deux bases de vie où là tu retrouves ton sac (Morgex et Trient cette année). A Champex et Les Contamines, tu avais un ravitaillement complet et chaud mais ton sac n’était pas là. Concrètement ça fait peu sur un parcours aussi long et cette année je n’ai pas hésité à transporter en plus des canettes de soda ou à demander aux refuges qu’on nous prépare des sandwichs à emporter. Tu ne peux pas toujours maîtriser tes horaires de passage et quand nous sommes arrivés par exemple au Refuge Robert Blanc, nous avons trouvé portes closes. Autre constat pendant la reco, la moitié des points d’eau normalement existant étaient à sec, donc là aussi tu comprends vite qu’il faudra embarquer non pas un litre d’eau mais deux pour jouer la sécurité. Aux Contamines, les fontaines d’eau étaient fermées là aussi à cause des restrictions…

Qu’est ce qui est le plus dur à gérer ?

En plus des éléments cités plus hauts, il faut avoir l’habitude de l’autonomie parce qu’on peut vraiment passer une journée entière sans jamais voir personne. C’est même assez impressionnant à vivre quand on y pense. Et puis il y a le sommeil évidemment. C’est le terrain qui dicte et parfois on s’arrangeait pour arriver au bon horaire à un refuge pour pouvoir y dormir au chaud et repartir de jour. A l’entrainement tu dois avant tout apprendre à gérer le routage de nuit. Pour te donner une idée de notre prépa, on a fait le GR20 en 3 jours, on arrivait à 19h au refuge, diner, quelques heures de sommeil et on repartait à 1h du mat. Le terrain ultra technique est parfait pour se préparer à celui de la PTL, qui sort quand même bien des sentiers battus justement.

Il faut aussi apprendre à gérer l’autonomie et apprendre à être prévoyant. Quand tu quittes une base de vie en ne prenant pas un pull alors que tu vas passer ensuite deux jours sans pouvoir le récupérer, ce détail, cet oubli peut totalement gâcher ta progression et parfois amener à l’abandon. Il faut donc parfois accepter d’être trop prudent, de se charger un peu plus et être très vigilant parce que la fatigue évidemment n’aide pas dans ces moments-là.

Pourquoi la PTL encore et encore ?

C’est vraiment un esprit particulier, ce n’est pas une légende… Moi ça me rappelle mes premiers UTMB où nous étions là entre montagnards amoureux de notre territoire. Ce qui que trouve incroyable avec cette course c’est que chaque année, l’organisation arrive encore à nous surprendre mon frère et moi, alors qu’on est quand même du coin. Ils nous font passer à des endroits que l’on connait de nom mais sans imaginer une seule seconde que ce soit possible justement. Et rien que pour ça, il est déjà prévu qu’on soit de retour en 2023. Je crois que je suis devenu addict à la PTL avec mon frère !
Mais j’ai aussi en tête d’aller sur la 360 Gran Canaria, la 360 Swiss Peaks est sur ma « To do list » mais il faudrait qu’ils changent la date pour que ce soit possible (à croire que l’organisation nous a entendu, quelques heures après notre échange, elle lançait un sondage pour proposer une autre date justement !). Je rêve aussi de la Hardrock 100 mais les conditions d’inscriptions sont tellement compliquées…

Sur la PTL, on n’avance pas on progresse !

Le mot de la fin…

Le site de Jules Henri est ici, son insta est ici et pour info il organise des stages de trail avec son agence AlpsXperience à découvrir ici.

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Crédit photos : organisation UTMB