C’est une belle soirée de juin et mon avion s’apprête à atterrir à Podgorica, la capitale du Monténégro. Par le hublot j’ai pu admirer tout à tour un panorama sur les montagnes de la Biodgraska Gora puis un coucher de soleil sur le grand lac Skadar.
Je viens d’en prendre plein les yeux, et ce n’est que le début.
Après un long imbroglio au contrôle des tests PCR, où je passe à deux doigts de devoir rentrer en France contraint forcé, je retrouve mon vélo dans sa housse, en train de tourner seul sur le tourniquet des bagages. Comme moi, il a fait le voyage en avion.
Contrairement à Albin, le pote avec qui je vais rouler pendant ces 10 jours. Albin est parti en mars d’Aix-en-Provence et a pédalé jusqu’au Montenegro, en passant par l’Espagne, l’Italie et la Croatie. Une machine.
On se retrouve dans le centre de Podgorica. La ville est surtout connue pour ne pas être une destination touristique. Ca nous va bien. On dîne royalement et pour pas cher dans un resto local, on goûte une pinte ou deux de Niksisco, la grande bière monténégrine, et on va se coucher. Pas de folies, on a du pain sur la planche demain.
Etape 1 : de Podgorica à Kotor, un tour des plus beaux points de vue du pays, 100 km et 2120 m D+
Le Strava : https://www.strava.com/activities/5413358011/
On se réveille vers 8h, et on part. Enfin, partir, c’est un grand mot. Le temps d’abord de prendre une douche, puis de faire regonfler les pneus dans une boutique vélo fort sympathique et enfin d’aller prendre un petit-déjeuner dans une Pekara, l’équivalent de nos boulangeries. Le boulanger est lui-même passionné de vélo, mais de BMX, et nous montre son compte instagram sur lequel on le voit réaliser des figures en ville. Sympa !
Au menu de ce petit-dej, un burek. Vous allez souvent m’entendre en parler. Le burek constitue un élément de cohésion culinaire dans cette région fragmentée politiquement. Il va aussi devenir l’un des éléments de base de notre alimentation pendant ces 10 jours. Concrètement, il s’agit d’une pâtisserie salée à base de pâte feuilletée, disponible en trois déclinaisons : fourrée au chèvre, à la viande ou aux légumes. Suffisamment de variété pour ne jamais se lasser. Des calories pour continuer à avancer. Bref, le burek ne déçoit jamais le cyclotouriste.
On termine de manger et on décolle vers 11h. 25°C, la température est idéale. Les quelques nuages que l’on voit passer au-dessus de nos têtes sont annonciateurs de beau temps.
Après 15 premiers kilomètres pas super fun sur un grand axe pour sortir de Podgorica, on bifurque sur une petite route de campagne. Le contraste est saisissant : une nature luxuriante nous entoure de toute part, une forme de jungle impénétrable d’un vert profond.
Premier arrêt au point de vue de Pavlova Strana, réputé l’un des plus beaux du pays. Une rivière serpente au creux de gorges escarpées et se jette au sud dans le lac Skadar. On aperçoit au loin des formations rocheuses étonnantes, presque des pains de sucre qui s’élèvent au-dessus du lac. Au nord, des massifs montagneux se dressent et on y devine aisément les 1600 mètres verticaux qu’il nous reste à franchir.
L’ascension se divise en deux parties. On attaque la première jusqu’à l’ancienne bourgade royale de Cetinje. 14km à 5% s’offrent à nous sur une route pour 4×4, tantôt goudronnée tantôt empierrée. Nous n’y croisons personne et la végétation touffue, quelque fois interrompue par des vignobles en terrasse, nous offre une ombre bienvenue.
Après une pause-déjeuner à Cetinje, nous nous mettons à l’ouvrage sur la deuxième partie de la montée, une vingtaine de kilomètres qui oscillent entre 4 et 5%. On croise Bojan, un VTTiste qui habite dans le coin. On discute, en italien un peu, avec les mains surtout. On finit par se dire au revoir et se souhaiter bonne route.
10 minutes plus tard, je suis victime d’une crevaison de la roue arrière. Ni Albin et ni moi ne sommes des as de la mécanique. Pour être honnêtes, on était bien partis pour mettre 30 minutes à enlever le pneu, changer la chambre, remettre le pneu et regonfler le tout. Heureusement, Bojan, qui est revenu à notre hauteur, nous propose son aide. En 2 minutes chrono, sans même utiliser de démonte-pneu, l’opération est réalisée. On remercie chaleureusement notre sauveur. Quand il repart, on décide de lui laisser un peu d’avance pour ne pas lui faire l’affront de le doubler à nouveau. Il faut aussi dire qu’on est un peu cramés, et que la pause nous fait du bien.
On recroise Bojan au sommet, à la terrasse d’un chalet-restaurant. Grand prince, il nous fait signe de le rejoindre et nous offre une bière. On discute une bonne heure dans un italien qui ni lui ni nous ne parlons vraiment. Et pourtant, on se comprend à peu près. Juste avant de se dire au revoir, Bojan nous montre cette vidéo hallucinante où on le voit capturer un serpent dans son jardin, qui finit par mordre le téléphone qui le filme. Très fort.
Vient le temps de la redescente, d’abord sur une large route récente, avant de bifurquer sur le « serpentin de Kotor », une route à lacets – 16 épingles à cheveux – avec des points de vue à couper le souffle sur la fjord en contrebas.
Nous arrivons à Kotor à la nuit tombée. Emoussés, nous ne ferons pas long feu. Une promenade digestive dans la vieille ville médiévale et au dodo !
Etape 2 : de Kotor à Virpazar, de fjords en lacs, 103 km et 1800 m D+
Strava : https://www.strava.com/activities/5419467172/overview
On ne se refait pas. Comme hier, on se met en route à 11h après avoir dégusté un burek, au bord du port.
La route côtière, toute plate, longe la baie vers le nord et l’embouchure du fjord de Kotor. On traverse des jolis villages anciens surplombés d’à-pic.
Après avoir atteint l’embouchure du fjord, nous redescendons vers Tivat et sa marina, dans laquelle mouillent d’immenses yachts russes et anglais. Une petite pause le temps de rêver, et nous voilà repartis en pleine nature, sur des routes de gravier. Notre chemin longe une côte sauvage. Ses anses nous font de l’oeil, et on s’arrête pour manger un bout : ce seront des cevapi au menu, une spécialité de viande grillée au barbecue. Il est 16h quand on renfourche nos montures. Il nous reste un peu plus de la moitié du chemin, et près de deux-tiers du denivelé total. Ca va, on est laaaaarge (ou pas).
Le soleil donne et la surchauffe nous guette. Heureusement, c’est le moment où on arrive à Sveti Stefan, une petite île-village reliée à la côte par un pont de pierre. Une pause s’impose, et on va piquer une tête dans l’Adriatique histoire de refroidir le moteur.
Nous en ressortons frais comme des gardons, prêts à avaler les 50 derniers kilomètres plutôt verticaux. Au programme, un bon col de 8 km à 7% nous attend pour passer de l’autre côté de la chaîne de montagne qui sépare la côte du lac Skadar. On atteint son sommet au coucher du soleil.
Après une bonne descente, nous voilà sur les rives du Skadar. La route remonte alors gentiment. Le crépuscule qui tombe peu à peu pare le lac et les collines environnantes de teintes rosées.
Nous arrivons à bon port à la nuit tombée. Une dernière descente gravel à la torche de smartphone, et nous sommez chez notre hôte. Viticulteur, il se montré généreux sur la boisson de récupération en nous offrant une carafe d’un excellent vin blanc. Le dîner est copieux et excellent : tout ce qu’il faut pour refaire les réserves et bien dormir avant de repartir pour de nouvelles aventures demain.
La suite très vite…
Retrouvez la trace complète ici : https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1jE3dLthI-c2hn_0MlnLnXAjJ1T-W6Sbh&usp=sharing
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