Une course de boue dans la campagne londonienne, quoi de plus original pour passer un week-end décalé et bucolique à souhait… Après avoir admiré les plates bandes du Prince Charles, cette petite séance de jardinage me réjouissait.Enfin ça c’était avant d’avoir à ramper et escalader… Et si j’ai choisi cette photo pour faire la une de l’article ce n’est pas un hasard.
Que je vous raconte mon week-end ! Et comme je suis dans le genre « je ne cache rien », je vous épargnerai aucun détail même les plus croustillants… Avant l’été, l’attachée de presse de Merrell me propose de rejoindre la team presse française qui se rendra à Londres, enfin au sud de Londres pour participer à une édition de la Tough Mudder, une spécialité locale : une course à obstacles façon britannique avec tout ce que cela implique. Enfin course je me comprends… Il faut bien mettre un nom à ces trucs là mais nous sommes d’accord, ce n’est pas une course au sens où on l’entend puisque l’on n’est même pas obligé de courir. Petite présentation : vous prenez des obstacles façon parcours du combattant pour certains, façon « punaise faut qu’il consulte le mec qui a imaginé un truc pareil », vous réunissez des milliers personnes sur un week-end qui se lanceront par vague de taille tout à fait raisonnable pour qu’on n’attende quasiment jamais à aucun obstacle, vous rajoutez l’absence de classement d’aucune sorte, aucun chronométrage et vous avez la Tough Mudder. C’est d’ailleurs ce dernier point qui m’a convaincu de m’engager. Je ne suis pas une enragée de ce type d’événements mais je ne m’en suis jamais cachée, je n’accroche pas du tout avec l’esprit Spartan Race. Le côté militaire et un mec qui te gueule dessus de faire des pompes dans la boue… Bof… En fait pour être parfaitement honnête avec vous, j’ai justement trop de respect pour notre armée pour vouloir « jouer » à tenter de les imiter. C’est d’ailleurs pour ça que finalement je n’avais pas fait la D-Day. Sur le principe, je trouvais l’idée d’attaquer la course par un saut d’un bateau avant de rejoindre la plage rigolo mais très vite je me suis sentie beaucoup trop mal à l’aise avec le fait de faire semblant d’être un soldat sur le lieu même où tant avaient laissé leur vie pour nous rendre notre liberté.
Ok quand j’ai regardé les photos, j’ai un peu paniqué quand même…
J’ai fait la première édition de la Fisher strongman Run et j’avais un souvenir de m’être finalement bien amusée à escalader des bottes de foin, et ramper dans la boue. Bon le côté début novembre dans les Vosges, question température ambiante, j’ai connu mieux… J’ai ensuite emmené mes ados faire la So Mad et là franchement grosse partie de rigolade à sauter sur des châteaux gonflables. Les enfants avaient adoré. Depuis plus rien… Question sensations fortes je me contentais de la descente de la Cabane d’Orny sur le trail Verbier saint bernardle trail Verbier saint bernard, et question boue, la descente de la Montagne Pelée sur le Raid des Alizés fut pas mal aussi dans le style. Mais l’occasion faisant le larron, je me voyais mal refuser la proposition. Et quitte à tester la nouvelle chaussure conçue spécialement pour ce type d’événement, autant donner de sa petite personne. Point qui a quand même vraiment son importance : la fameuse équipe. Nous étions 7 au départ, 6 journalistes et notre gentille attachée de presse qui a montré une grande conscience professionnelle en plongeant avec nous tête la première dans les piscines d’eau saumâtre. J’ai eu beaucoup de chance sur ce coup-là parce que j’ai retrouvé des personnes que je connaissais et celles que je ne connaissais pas se sont révélées super sympas et ayant le même état d’esprit que moi. Qu’on le veuille ou non, pour ce type d’épreuves où la solidarité est primordiale c’est quand même super important.
Je vous passe les détails qui ont précédé le jour J, l’instant T mais pour faire court, à chaque fois que je me présentais à une personne du staff Merrell, français ou britannique j’entendais quasiment toujours la même phrase : « oh c’est vous la folle aux sandales ? ». Donc mon histoire de Liwa Challenge couru en terran lattice est bien remonté jusqu’à Londres ! Pourtant les anglais ont l’habitude des trucs un peu fou non ? Ils courent bien comme des malades après un fromage qui roule d’une colline et ils s’amusent à jeter des troncs d’arbre en jupe… Franchement on peut bien courir 100 bornes en sandales ! Samedi matin nous rejoignons le lieu de nos futurs exploits en bus et force est de constater que les anglais savent tenir la bière mais aussi organiser des événements boueux. Le village a fière allure et des dizaines de personnes se préparent dans le calme tout relatif de la sono ambiante. Important à noter : la présence de toilettes en nombre qui me rappellent les courses américaines avec, tenez-vous bien des toilettes pour personne handicapée ! Oui vous avez bien lu ! Un truc de fous pour nous français mais une réalité pour eux qui font tout pour que nos amis en fauteuil puissent participer aussi à cet événement hors norme. Sous la tente VIP (ouais je suis VIP, j’ai le bracelet qui va bien au poignet) on se prépare, façon peinture de guerre, on finit son petit déjeuner en regardant les boissons qu’ils ont eu l’idée folle d’inventer… Je dois être allée 3 fois aux toilettes en 30 minutes, la routine quoi… A côté de nous les suédois à l’inverse de leur style d’aménagement d’intérieur, blanc, pin et gris, semblent bien décider à faire la course en robe multicolore ou short panthère façon minimaliste… Evidemment nous avons quelques kilts mais dans l’ensemble tout le monde porte le t-shirt de la marque pour être facilement identifiable par les photographes embauchés pour nous offrir de charmants souvenirs. D’ailleurs à noter, quelques déguisements mais nettement moins que sur certaines courses.
Des ravitaillements étranges… mais des toilettes à perte de vue !
Alors que nous partons tous en groupe pour rejoindre la ligne de départ, force est de constater que les anglais ont vraiment une notion très particulière de l’échauffement collectif… Ce fut une espère de mix délirant entre le style de Rihanna et celui de Zaza dans la Cage aux folles. Pas sûre d’être super bien échauffée, mais je me suis bien marrée ! Avant de lâcher les fauves nous avons le droit à une prestation de serment, genou à terre, nous jurons de respecter les 10 commandements de la course. Ouais bon ok y en a moins mais on ne va pas chipoter. J’adore déjà l’esprit de cette folie ! Et nous voilà enfin partis à la découverte du parc du château. Parce que j’ai oublié un détail qui tue et qui so british, la course se déroule dans le parc d’une propriété immense dont nous apercevons le château du maître des lieux qui surplombe l’ensemble. J’imagine tellement Lady Ashley prenant le thé dans le service à thé en porcelaine héritée de sa mère Lady Sarah avec Lord Harold qui rentre à peine de sa visite aux écuries et au chenil pour voir si la meute est en forme ce matin, sur la terrasse du domaine, l’air un peu dépité mais il faut bien chauffer ces vieilles demeures. La chasse à courre n’étant plus autorisée, ce ne sont plus des troupeaux de sangliers qui dévastent les pelouses mais des suédois en robe arc en ciel…
J’ai bien fait de ne pas boire la boisson énergétique au concombre moi…
Quand on voit l’effet sur les suédois…
Je ne vais pas vous décrire obstacle par obstacle, cela n’a que peu d’intérêt et si vraiment vous avez envie de voir concrètement à quoi cela ressemble il suffit de regarder les vidéos. Une chose est certaine, la notion d’entraide n’est pas seulement une réalité, elle est une nécessité. Il faut souvent compter sur une main qui se tend pour réussir à franchir une palissade beaucoup trop haute pour y arriver seul(e). L’effet groupe joue aussi un grand rôle pour te motiver à te dépasser. Sincèrement je faisais la même course seule, je pense que j’aurais zappé quelques obstacles de peur de me blesser mais surtout de ne pas y arriver. Moi qui n’ai aucune force dans les bras, j’ai compensé comme j’ai pu avec les jambes. Les garçons ont toujours été présents pour nous filer un coup de main après que nous les ayons propulsés au sommet. Mais souvent ils bénéficiaient également de l’aide d’autres participants comme nous aidions aussi dès que nous le pouvions. L’absence totale de classement et de chrono rendent la chose possible et ça change réellement la donne, rendant le truc vraiment ultra sympathique. Bon tout ne fut pas un long fleuve tranquille… Je vous passe les passages où la boue ou l’eau froide nous arrivait largement au-dessus de la taille. Le pire obstacle que j’ai eu à franchir fut la piscine de glaçons dans laquelle nous plongions directement par un toboggan et où il fallait passer tête sous l’eau sous une poutre pour s’en extraire. Très sincèrement je ne sais pas pourquoi je l’ai fait mais je m’en suis sacrément voulue sur le coup. J’ai mis un temps relativement long pour réussir à ne serait-ce que respirer de nouveau. Je ne pensais pas vivre un truc aussi violent en fait. Après que les choses soient parfaitement claires entre nous : personne ne m’a forcé, personne ne m’a encouragé, aucune personne du staff présente sur place pour encadrer ne te crie dessus pour que tu y ailles et certains membres de notre équipe ne l’ont pas faite sans que personne ne jette des cailloux sur personne. Je ne sais juste pas ce qui m’a pris de plonger comme ça sans vraiment réfléchir. Bon après, j’ai séché, continué ma balade sans conséquence réelle et aujourd’hui je ne suis toujours pas malade !
Mon moment préféré ? Enfin surtout le plus cocasse… Lorsque nous nous sommes retrouvées à nous regarder sur un truc qui s’appelait « Hero Carry ». Il fallait porter un coéquipier sur une bonne centaine de mètres avant de changer… Certes… les garçons sont partis ensemble, ce qui était logique parce que bon porter un gabarit façon Gaëtan, comment vous dire… Alors qu’il y avait un moment de flottement entre Domitille et moi, deux charmants jeunes hommes nous proposent de nous emmener. Ni une ni deux, je grimpe sur le dos de mon cavalier du moment et au lieu de partir en marchant, il part en courant ! Nous voilà en train de doubler mes coéquipières morte de rire accrochée à mon superman (toujours flatter l’égo du mâle, ça marche à tous les coups) qui ne me proposera pas de changer et m’emmènera jusqu’à l’arrivée de l’épreuve. Heureusement aucune photo n’est venue mémorisée pour l’infini et l’au-delà, ce qui se passe à Londres reste à Londres. J’ai zappé seulement un obstacle qui me semblait un peu risqué pour moi qui participe quand même dans 10 jours à la grande course de mon année 2016. Après coup je le regrette un peu mais bon c’est comme ça, rien de grave et nous avons été 3 dans ce cas. J’avais peur de mal me réceptionner et de me blesser. Je me suis vraiment donnée et je crois que mes coéquipiers ne réalisent pas vraiment à quel point je me suis déjà dépassée pour suivre le groupe. Ce qui était top c’est que les derniers obstacles ne nécessitaient pas de replonger dans la boue ou l’eau froide. Et comme en plus la météo était en notre faveur, pouvoir prendre le temps de déguster une bouteille de cidre (ah ben je vous l’ai dit, sont bizarres ces anglais mais pour le coup j’étais super contente, moi qui ne bois pas de bière !), de faire des photos du groupe avant de rejoindre les vestiaires pour se changer, c’était super sympa.
Alors les conclusions de mon expérience :
Les plus :
– Ambiance ultra festive, ultra conviviale et ultra solidaire. Que demander de plus !
– Des obstacles qui ressemblent à des vrais bons obstacles mais finalement plus accessibles qu’on ne le pense, si on prend le temps d’analyser le truc. Je me suis surprise à pouvoir escaler une palissade avec deux bouts de bois dans les mains. Franchement je ne pensais pas en voyant ce truc-là à la télé ou sur youtube d’en être capable.
– Sur 12 miles on court quand même pas mal, ce qui permet surtout de se réchauffer et c’est loin d’être anecdotique. Aucune obligation de le faire mais nous étions tous runners dans le groupe alors pourquoi se gêner ?
– Logistique, encadrement aux petits soins avec nombreux ravitos (4 dans mes souvenirs) réduits à de l’eau et des barres de céréales mais largement suffisant pour ce qu’on avait à faire. Nombreuses toilettes sur le parcours aussi au niveau des ravitaillements.
– Pour être allée traîner du côté des vestiaires grand public et des douches, il faut bien reconnaître que là aussi on a eu de la chance avec le temps… Des tuyaux forte pression pour décaper la boue avec une eau froide certes mais pas trop non plus. Vestiaires à proximité. Bon si tu ne veux pas voir de mecs en slip kangourou, évite cette course, elle n’est pas pour toi.
– Sur plusieurs obstacles on proposait deux niveaux, pour expérimentés et pour débutants, ça m’a vachement rassuré et du coup des choses qui m’auraient clairement fait peur s’il y avait eu une seule possibilité sont passées plus facilement que je ne le pensais.
Les moins :
– J’ai été déçue de ne pas avoir de médaille à l’arrivée. Pas pour moi évidemment, j’en ai des tonnes mais je me suis dit que pour marquer ce genre de truc qui demande un vrai engagement de la part des participants, ça manquait un peu. On a bien un t-shirt finisher mais bon, une belle médaille qu’on porte fièrement ça aurait plus de gueule.
– L’inconscience de certaines personnes… Je vais surement me fâcher avec pas mal de monde en écrivant ça mais je m’en fous, je dis toujours ce que je pense et ce n’est pas prêt de changer. Je comprends le côté défi sur soi-même, mais quand tu es par exemple en réel surpoids (je n’ai pas dit 3 kg de trop avant l’été pour le maillot hein ? J’ai dit surpoids), c’est juste dangereux. J’ai pu assisté à des chutes d’une telle violence qu’elles ont engendré l’arrêt définitif de la personne concernée qui à mon avis remettra un certain temps avant de reposer deux pieds par terre et pouvoir même remarcher normalement. L’organisation n’y est pour rien, elle prévient, te fait signer une décharge avec des dizaines de lignes qui détaillent tout ce qui peut t’arriver et tu reconnais que tu en as pris connaissance mais combien les lisent vraiment ? Sans parler de l’impact sur l’estime de soi… Alors que ce type de truc est sensé à la base aider des personnes à se dépasser et montrer qu’elles en sont capables à leur entourage et mais surtout vis-à-vis d’elles même, ne pas réussir des obstacles que les autres plus entraînés surmontent facilement, ne doit pas être super agréable à vivre non plus et doit aboutir à l’inverse de l’objectif espéré. Que ce soit sur une course normale ou à obstacles, abandonner ça n’est jamais agréable, j’en sais quelque chose. Bref même si c’est soi-disant accessible à tous, c’est quand même à réserver à des personnes qui font du sport régulièrement. Enfin c’est mon avis ! Et à mon avis également celui des chirurgiens ortho qui vont voir débarquer dans leur salle d’attente deux ou trois personnes qu’ils n’auraient jamais dû voir.
– Evidemment certains diraient le prix mais là franchement quand on voit l’organisation, les installations que ce genre d’événements engendrent, cela a forcément un coût. Oui je sais ce n’est pas la Croix Rouge non plus mais bon il faut reconnaître dans le cas de cette course à proprement parlé la qualité de la prestation offerte.
La question qui tue : tu y retourneras un jour ? Il y a de grandes chances en effet parce que je me suis bien amusée ! Mais uniquement dans les mêmes conditions, à savoir un groupe super sympa, pas de classement, pas de chrono, juste pour le fun et pour se dépasser quand même un peu parce qu’aujourd’hui je peux vous dire que j’ai des courbatures à des endroits où je n’imaginais même pas avoir des muscles ! Il faut prendre ça pour ce que c’est, à savoir un truc un peu délirant à faire entre copains, rien de plus, rien de moins. Pour le retour sur les fameuses chaussures, je fais un article indépendant, parce qu’il y a beaucoup à dire.