Parce qu’il y a eu la version officielle avec l’article publié dans Running pour ELLES que vous pouvez lire ici, il est toujours plus rigolo d’avoir une version off, avec détails croustillants et débrief matériel.
Avant tout, petite présentation des troupes en présence ! Il se trouve que par le plus grand des hasards, je connais déjà quatre des coureurs présents : Kriss, Thimo, David et Tun, venant du monde entier et que j’ai un jour croisés sur une piste… Tun un peu plus que les autres puisque nous avons partagé mon premier MDS et notre tente pendant 7 jours. Ce qui expliquera qu’au moment de choisir mon coloc de tente je le choisirais pour une raison capitale et totalement indiscutable : il ne ronfle pas !!! Et croyez-moi, c’est tout bonnement indispensable et en fait la seule qualité qu’un coureur d’ultra en étapes doit avoir. Et tant qu’on en est à parler de lui, il a une autre qualité que je vais découvrir dès le premier soir : un stock de Stilnox planqué dans son sac… Oui je sais je ne prends jamais de médoc pendant une course ou tout du moins j’évite au maximum. Pour le MDS, j’ai fini sous antibio mais bon l’idée de finir avec un pied en moins suite à une amputation pour gangrène, forcément ça motive un peu. Là, dès le premier soir, il me file une paire de boules Quiès, un Stilnox en me disant « allez prends ça » et il se couche. Et je lui obéis… Et pour une fois je vais dormir… mais dormir… Jamais dormi comme ça alors que je suis sans tapis, directement sur le sol dur et caillouteux de la brousse africaine. Avec le recul, je ne sais pas comment je dois prendre le fait qu’il m’assommait tous les soirs à coup d’« endormisseur » mais je ne vais pas râler, c’était top de dormir et de pouvoir forcément récupérer. Un soir, par contre, je l’ai pris un peu tôt et encore maintenant, je suis incapable de me rappeler si je me suis bien lavé les dents avant de me coucher… Maintenant si l’on ajoute ça à l’odeur pestilentielle de nos fringues trempées de sueur, l’haleine pas fraîche, je comprends mieux pourquoi les bêtes sauvages ne sont jamais venues nous rendre visite ! Ah oui je sentais aussi la citronnelle à plein nez à cause de mon bracelet au super pouvoir anti-moustiques… Je t’en foutrais, oui… J’ai eu les jambes comme une calculette à cause des piqûres !
Ah avant que j’oublie et pour ceux que ce genre de considérations purement techniques intéressent : qui dit course en autonomie alimentaire dit sac à dos. J’ai préparé le mien… Comment dire… à l’arrache ! Oui je sais comme d’habitude mais là tout de même on atteint des sommets. Seul point en nette amélioration : j’ai pensé à commander mes plats chez Lyophilises.fr suffisamment de temps à l’avance pour ne pas avoir à aller supplier La Poste de faire un miracle. Seulement avec mon marathon de NY (non je ne cherche pas à me faire plaindre je vous rassure !) et la préparation de mon départ ça frise la folie furieuse à la maison. J’ai en plus le mariage de Philippe, notre célèbre PinkRunner en région parisienne entre deux. Bref tout ça pour dire que samedi matin, à bout de nerfs, j’attrape deux sacs de course Carrefour, je jette tout mon bordel dedans, je m’assois sur ma valise pour la fermer et je saute dans ma voiture pour tenter d’arriver en temps et en heure à Fontenay-Sous-Bois. Je vais me changer dans les toilettes de la station Leclerc sur l’autoroute, genre Superman dans sa cabine de téléphone et je repars. Je vais arriver pile pour entendre les vœux. Bonjour l’arrivée discrète au moment où comme dans les films il y a la phrase « si quelqu’un s’oppose au mariage, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais ». Ben là ils ont vu débouler une blonde décoiffée et de rose pink de chez pink vêtue débouler ! Ce bordel en tout cas change toute mon organisation parce qu’il faut se rendre à l’évidence : je ne peux pas partir à Ouagadougou comme ça. Déjà je suis en surplus de bagages… Donc dimanche matin, en lieu et place de la grasse mat’ et du déjeuner avec les copains, je me lève tôt et j’attaque la prépa sérieusement en priant le bon Dieu (qui n’en a rien à foutre heureusement) pour que je puisse trouver ce qui me manque à la supérette du coin. Si vous aviez vu le bordel que j’ai mis dans l’appartement parisien de Guillaume… Je t’ai refait la déco à coups de lyophilisés et autres sachets de congélation. Mais bon au bout de trois heures de bataille, ma valise ferme, c’est déjà ça. Je n’ai aucune idée du poids de mon sac, de toute façon je n’ai même pas essayé de tout mettre dedans. Ça, je le ferai sur place… Je suis organisée mais bon faut pas pousser mémé !
Pour continuer sur des considérations bassement matérielles, j’ai décidé de la jouer originale en partant avec une paire de Merrell Glove. Quésaco ? Des trails minimalistes que bien entendu je n’ai jamais testées avant de partir sinon ce n’est pas drôle. Et quand je dis vraiment jamais testées, croyez-le ou pas (mais avec moi vous savez qu’hélas ça doit être vrai !) j’ai coupé les étiquettes et enlevé les formes en carton dedans sur place pour aller au contrôle technique de mon sac. Cela vous donne surtout une idée de ma façon d’envisager cette course. En fait, j’avais l’intention de randonner, voir même de faire quelques kilomètres chaque jour et de débaliser le reste de la journée. Avec mes problèmes de thyroïde, je savais de toute façon que je prenais un risque donc je comptais en rester au strict minimum syndical pour pouvoir écrire un article sur l’ambiance. Donc pour randonner, cette paire me semblait parfaite. Pour la petite histoire, j’ai donc fini par jouer le podium après avoir visé le top 5 (on était 5 !) et j’ai couru beaucoup plus que prévu. Et ô miracle je n’ai pas eu d’ampoule ou alors une petite histoire de montrer une fois mes pieds à Isabelle, pour qu’elle ne soit pas venue pour rien quand même. Incompréhensible… aucun souci d’adaptation, aucune courbature aux mollets… rien de chez rien… Je n’en suis toujours pas revenue moi-même. Ah oui tiens, mon sac faisait au départ 5 kg sans l’eau, donc un des plus légers. J’assure ! J’avais viré ma tenue de nuit chaude, ça aide aussi. Il faut dire que question température le T-shirt manches longues spécial grand froid… Ben à part m’en servir d’oreiller il n’aurait été d’aucune utilité. Mais j’avais quand même ma robe de campement pour être la plus belle pour aller danser… enfin pioncer plutôt et une tenue complète de rechange à mi-parcours.
Lundi matin direction Ouaga, vol d’Air France parfait, je rattrape mon retard en navets américains top indispensables à ma culture générale et j’atterris enfin (j’ai lu « L’Express » aussi ça compense ou pas ?). Et je mets un pied sur le tarmac… Et je comprends que là, on va doucement rigoler. Il est 18h et la chaleur est tout bonnement écrasante… Dans le genre légèrement humide pour rajouter à cette sensation qu’on vous écrase… Eh ben… ça promet ! Tun est là à la sortie de la douane et je suis ravie de le voir même si je comprends très vite qu’il n’est pas venu me chercher mais récupérer sa valise qui elle avait décidé de faire un peu de shopping à Paris, avant de le rejoindre en Afrique. Christelle « Madame Organisation » est là aussi, bref comité d’accueil bien sympathique pour ce premier pas au Burkina. Surtout qu’il sera vite suivi d’un apéro autour de la piscine avec les coureurs déjà présents. Je vais par contre leur fausser compagnie pour aller travailler un peu histoire d’envoyer deux textes avant de partir dans la brousse. La clim de ma chambre me donne l’impression qu’un avion est en train de décoller toutes les deux secondes mais elle couvre un peu le bruit de la rue où il doit y avoir une soirée organisée par le David Guetta local juste en-dessous de ma fenêtre… Je vais finir par m’endormir je ne sais toujours pas comment.
Pourtant il faut trouver un peu de temps pour me reposer parce que le lendemain va être une plongée dans un univers totalement dépaysant et agité : les bus burkinabés… Si vous voulez découvrir un pays, n’hésitez pas il n’y a pas mieux ! Vous constaterez que plusieurs scooters rentrent très bien dans le coffre tout comme deux ou trois poules vivantes au demeurant. Vous découvrirez surtout que les enfants sont sages dans ce pays sans pour autant avoir besoin de les assommer à coups d’iPod et autres Playstation (je vais emmener mes enfants en stage là-bas moi !). Autre particularité des plus dépaysantes : les toilettes publiques. Pensez à faire un stock de pièces de 50 F, elles sont payantes. Evidemment accrochez-vous… Aux murs comme au reste d’abord parce qu’elles sont à la turque forcément. Mais le plus drôle c’est lorsque vous comprenez que toutes les théières en plastique à disposition devant ne sont pas là parce que la population a un amour inconsidéré pour le tea time ! Allez, maintenant je vous laisse chercher à quoi elles servent ? Un indice : pensez aussi aux Kleenex… Je découvre les petits gâteaux au sésame locaux dont je vais devenir accro et que la musique africaine pendant 7 heures… ben c’est aussi pénible que la bourrée auvergnate en fait.
Ah question forces en présence du côté des filles, nous avons donc : Kriss d’Afrique du Sud qui a fait podium en Egypte l’année dernière quand j’y étais ; Ingrid d’Italie, militaire de carrière qui rentre d’Afghanistan où elle a fait des stages genre commando rangers aux pieds avec un sac de 20 kg sur le dos dans la montagne (histoire de vous situer le truc…), Marie la Française et Marysia l’Italienne ont elles aussi fait moult 333 et autres 666 à reculons… Mais bien sûr… En gros, sur le papier, je suis la plus nulle ! C’est vous dire si ma présence sur le podium féminin tient du miracle même avec 5 filles au départ seulement. Marysia ne finira pas la course suite à des ampoules totalement hallucinantes. J’ai une photo de ses pieds à l’arrivée mais par respect pour tout le monde, elle va rester de l’ordre du privé. Je ne comprends même pas comment elle pouvait ne serait-ce que marcher pour aller jusqu’à sa tente… Moi je me serais mise en boule en larmes en attendant que quelqu’un vienne me chercher ! Petit aparté purement médical : c’est là d’ailleurs qu’on a pu constater que le degré d’humidité était encore très important dans l’air, les ampoules étant tout de même bien glauques pour des pieds de coureurs pour la plupart habitués au désert bien sec. Comme quoi rien n’est jamais acquis à l’avance, ne l’oublions jamais. L’humilité doit régner en maîtresse femme sur ce type de course.
Question course à proprement parler : la chaleur était l’ennemie numéro un de cette balade. Dès les premières foulées j’ai compris que là j’allais vraiment devoir gérer. Dire que mon organisme souffre est en-dessous de la vérité… J’ai l’impression de peser huit tonnes… Bon je pèse huit tonnes d’ailleurs… Mon médecin généraliste m’a fait monter sur la balance de force et il s’en est manqué de peu pour que je la lui balance à la tête ! Non mais il y a un complot de Terraillon contre moi ou quoi ? Et à tous ceux qui pensent que je dis ça pour m’entendre dire : « Mais non ma chérie, tu n’as jamais été aussi mince », j’ai par-devers moi les photos des frottements entre mes cuisses des deux premiers jours… J’avoue, c’est la première fois que j’ai ça… Enfin bref, tout ça pour dire qu’il fait chaud mais qu’on l’a bien cherché aussi. Je n’avais qu’à aller courir dans le Grand Nord canadien au lieu de me plaindre. La première conséquence : je dois gérer l’eau au mieux même si mon côté « chameau » a l’air toujours plutôt d’actualité. La deuxième conséquence est nettement moins sympathique (enfin surtout pour mon coloc !), je pue… Voilà c’est dit ! Dans le genre, je n’ai jamais senti aussi mauvais de ma vie, vu que dès que je cours je trempe mon T-shirt (technique mes fesses, oui !), ma jupe et j’en passe… On dirait que je joue à un concours de Springbreaker toute la sainte journée, la bière en moins ! Le souci c’est que j’ai beau rincer mes fringues le soir avec un peu d’eau, ça devient l’enfer de s’habiller tous les matins. Ah ben ça les moustiques ils ne risquent plus de venir, ils sont asphyxiés, atomisés, éparpillés façon puzzle même (hommage… merci, Monsieur Lautner) !
Sur le terrain, j’ai géré ça tranquille de chez tranquille, ayant toujours en tête cette foutue thyroïde capricieuse qui reprend un peu du poil de la bête. Il ne s’agissait pas de foutre en l’air tout le travail de cicatrisation en faisant l’idiote. Concrètement j’ai beaucoup marché, couru de temps à autre genre « cyrano » aléatoire et profité de la chance inouïe d’être là bas. J’ai dû dire 15 000 fois « bonjour ça va ? » avec l’accent. J’ai papoté ou tout du moins échangé quelques mots dès que possible. J’ai même chanté « Don’t cry for me Argentina » en haut de la « montagne » (enfin colline…) aux coureurs argentins qui eux étaient en bas, totalement morts de rire. Mais bon il fallait arrêter Jamon qui est nettement plus bavard que moi, je devais bien quand même bien montrer qui était le patron, non mais ! J’ai vraiment cherché à profiter de chaque instant de cette course unique parce qu’il ne faut jamais oublier pourquoi on est là. Et puis quand j’ai vu que je pouvais monter sur la troisième place du podium, je me suis légèrement bougé le popotin mais pas trop non plus puisque j’ai continué à prendre des photos et admirer les paysages. J’ai pu rapporter une superbe assiette en terre cuite à la maison en souvenir et m’entendre dire, alors que je la sortais triomphante le jour de mon retour à la maison de ma valise : « Ah ben c’est con que tu n’aies pas gagné un bol plutôt, Thomas en a cassé un juste avant que tu arrives. Et les lessives, tu comptes les faire quand ? »…
Question remerciements : allez, on est parti pour mon quart d’heure Miss France !
Avant tout merci à Jérôme Lollier d’avoir l’idée d’organiser des courses pareilles dans des endroits pareils. Après l’Inde où je m’étais régalée, j’avoue que je ne m’attendais pas à vivre un truc aussi fort au Burkina. Merci d’avoir un peu insisté !!!
Merci évidemment à Christelle et Christine, nos 2 C de l’organisation, les reines du ravito efficace, de l’orga, de la traduction simultanée… Bref merci pour tout !
Merci à Isange, notre maman Marabout à toutes et à tous. T’as vu, je t’ai fait quand même une ampoule histoire de te montrer mes pieds parce que venir aussi loin et repartir sans cette vue inoubliable ça aurait été quand même bête non ?
Merci aux coureurs pour leur présence toute la semaine. Forcément quand on est aussi peu, ça change la donne… Il faut vraiment que l’esprit d’équipe soit une réalité sinon ça n’a plus aucun intérêt. Et un grand merci à André pour sa gentillesse et son sens inouï de l’organisation ! Alors que je prenais ma première vraie douche, il a organisé un déjeuner inoubliable où j’ai pu montrer ma dextérité à avaler un poulet bicyclette plus vite que mon ombre, assiette de frites incluse… J’en ai rêvé pendant 5 jours, tu l’as fait André !!! Et Tun ? je ne vais pas encore te remercier, ça va devenir gênant ! (dis t’en as ??? allez juste un petit… même la moitié d’un j’en prends !).