Run : CCC 2023, le récit de Stéphane

Il n’y a pas que le Dacia UTMB Mont Blanc dans la vie, y a la CCC aussi ! Stéphane qui fait partie depuis quelques semaines déjà de notre équipe de « supers testeurs » était sur la CCC et bien entendu, il nous a fait son débrief en toute objectivité et sincérité !

CCC

102 km 6000 D+

Un seul mot pour définir et caractériser ce qui nous donne tous envie d’y aller, ou d’y retourner : la CCC c’est un véritable ascenseur émotionnel ! Je vous avais fait un retour d’expérience le marathon du mont blanc 2023 (à lire ou relire ici) qui me servait de répétition avant cette finale de l’UTMB. J’étais loin d’imaginer l’importance d’avoir fait cette course en Juin dernier, la CCC empruntant la fin du parcours du marathon du mont blanc de vallorcine à Chamonix .

Vendredi 1er septembre 2023

09H00 – Courmayeur, Italie. Présentation des Elites, sympa de croiser des visages que l’on voit au travers des magazines, Catherine Poletti fondatrice de l’UTMB Mont Blanc avec son époux Michel qui est là sur presque tous les départs, Thibaut Baronian, un coureur de la Team Salomon toujours dans top 10 des courses. Hymnes nationaux, italien, suisse et français… On se dit que c’est une journée particulière, une course unique, un évènement envié (et décrié, le dernier sponsor Titre Dacia a fait couler beaucoup d’encre les jours suivants l’annonce).

Je suis dans la vague 3. Départ très rapide pour essayer d’éviter les traditionnel bouchons et c’est parti pour une montée de 9km, 1400D+ jusque la « tête de la Tronche ». Les conditions sont parfaites, autant pour la TDS en début de semaine il neigeait alors que pour nous c’était soleil avec un temps légèrement frais aux passages de cols.

Montée effectuée sans problème, premier ravitaillement au refuge Bertonne puis une traversée de Balcon (assez interminable) jusqu’à Arnouvaz. Montée magnifique vers cet endroit connu de l’UTMB, le grand col ferret, il est déjà 16h30. Puis une grande descente vers La Fouly et arrivée à Champex-lac.

21H00 Champex Lac – km 54 – 4200MD+

Ma femme m’attend accompagnée de mon fidèle ami Gérard, excellent montagnard qui me suit et me conseille depuis 2 ans. Le plus difficile à ce ravitaillement avec assistance est de parer à l’essentiel. Se restaurer, s’équiper pour la nuit, frontale, sortir la goretex Salomon, échanger deux ou trois mots mais surtout ne pas trainer car il reste encore un gros morceau, à savoir la partie de nuit et un col que je redoute particulièrement, la montée aux Tzeppes.

Tout s’enchaine sur un rythme qui devient un peu plus lent, il y a de moins en moins de coureurs (abandons, barrières horaires notamment celle de Champex-lac), la Giète, Trient, ces points sont passés sans trop d’encombre même si arrive en même temps le classique coup de barre de milieu de nuit (il est 3H du matin) et la montée aux Tzeppes que je redoutais. J’avais eu beaucoup de mal à y monter sur l’OCC en 2021, d’où une grosse appréhension de ma part à l’idée d’y retourner.

Je me retrouve en plein ascenseur émotionnel à avoir passé 70% du parcours et me dire que la fin est proche, tout en me retrouvant bloqué en plein montée, plus de jambes, envie de dormir, peu de coureur, pas de copains à qui parler (à ce moment je suis entouré d’américain, d’indonésiens, de Coréens) et des portions à 20% en pleine nuit. Pire, une partie des coureurs est en train de dormir dans le fossé, sur un caillou, avec une barrière horaire qui elle continue d’avancer. J’ai serré les dents, c’était horrible et pendant ces 4 heures, je ne pensais qu’à un bon lit, qu’on arrête de maltraiter mon corps. Je ne supportais plus d’être en permanence en équilibre, à trouver une solution pour placer correctement mes bâtons et avancer.

Je m’accroche, et de toute façon pour abandonner, il me faut rejoindre Vallorcine que j’atteindrai au petit matin après une descente catastrophique, où mettre un pied devant l’autre devenait un vrai calvaire (ampoules, pas de chance, le changement de chaussette à Champex n’avait pas été une bonne idée).

06H45 Vallorcine – km 82 – 5374MD+

Au bout du compte, « I DID IT » ! Vallorcine est le lieu parfait pour abandonner. Le train qui va à Chamonix est juste à gauche du ravitaillement et il est chauffé. Mais ça serait tirer une croix sur un projet de 2 ans et les heures d’entrainements effectuées avec les copains et les sacrifices, les absences imposés à mes proches. Je n’ai pas vraiment de douleur, j’ai plus d’une heure d’avance sur la barrière horaire, je connais par cœur la fin du parcours dont j’avais la reconnaissance en Juin dernier alors pas le choix, on continue !

Montée au Béchar, puis sa descente infernale, dernière montée vers la Flégère et son raidillon de la piste de ski, descente vers Chamonix que j’essaie de savourer – mais surprise, des centaines de traileurs sont en train de converger pour accueillir les premiers de l’UTMB et tout le monde est généreux en mots d’encouragement. A nouveau, je me sens pris par l’émotion de vivre cette course unique, cette entraide, ce partage de passionnés et me dirige vers la ligne d’arrivée.

Traditionnel tour de ville, dernier virage et… La place du triangle de l’amitié tant attendue que je franchirai au bout de 26 heures d’effort, à savourer et détester, à m’émerveiller de ces paysages, de ces visages de coureurs, des sourires des bénévoles tout au long de la nuit, la gentillesse des médecins, staff que l’on croise aux ravitaillements et cette tristesse mélangée de joie. Ce projet UTMB est réalisé mais aussi bel et bien terminé. Leur nouveau système de qualification est devenu trop complexe et m’imposerait de refaire trop de courses labélisées pour espérer être tiré au sort en 2024.

Merci, merci à toute cette bienveillance pour que nous, coureurs, puissions vivre notre passion, notre amour de la montagne et du sport en général . Merci aux bénévoles engagés de faire vivre cet évènement, une semaine unique à Chamonix qui restera gravée avant de nouvelles aventures, qui sait, de courses à étapes – de parcours en off pour tout simplement profiter, prendre le temps, sans barrières horaires.

Merci merci aux bénévoles, médecins, infirmières croisés sur le parcours bienveillants, pour beaucoup coureurs et généreux en mots d’encouragements !
Merci aux bénévoles présents toute la semaine du retrait des dossards, aux bases de vies, aux ravitaillements le jour et en pleine nuit !