Run : La Spine Race selon Claire Bannwarth, le débrief

Forcément j’ai voulu en savoir un peu plus sur la superbe nouvelle victoire de Claire Bannwarth qui s’impose chez les féminines en 97h39 sur une des courses qui méritent pour le coup réellement l’appellation « course parmi les plus dures au monde ». La Spine Race écrit sa légende autant qu’elle écrit la légende des hommes et des femmes qui ont le courage de prendre son départ. Claire nous dit tout de sa prépa et débriefe avec nous ses erreurs et surtout ses bons choix.

Pourquoi la Spine Race ?

Pourquoi la Spine ? je me suis inscrite en 2020 en pleine crise du covid parce que c’était à ce moment là la seule course qui s’annonçait comme toujours organisée. Evidemment elle a fini par être annulée, report en 2021… et nouvelle annulation avec un report en 2023 ! Et franchement aucun regret de ces différents reports parce que clairement en 2020 je n’aurais pas du tout été prête pour cette course. J’ai vraiment eu besoin de mon expérience acquise lors de ces deux dernières années pour la gérer de bout en bout.

Ta prépa ça donnait quoi ?

Question prépa je n’ai rien changé à mes bonnes habitudes : volume… volume… et encore volume. Entre noël et le jour de l’an, j’ai couru 50km par jour et voilà ! Ce n’était pas tellement la distance qui me faisait peur mais bien les conditions météo. Avec le mois de décembre ultra doux que l’on a eu, j’ai fait tous mes entraînements en short et t-shirt… Pas vraiment de quoi me préparer à la météo anglaise du mois de janvier… Je n’ai pas non plus fait d’entrainement avec un sac chargé sur le dos, ça m’a tout de suite gonflé, j’ai décidé de garder cette expérience pour la course en elle-même. J’ai fait une année 2022 avec un gros déficit en fer avec une très belle anémie. On l’a pris en charge médicalement parlant et je fais beaucoup plus attention aussi du côté alimentation en mangeant un peu plus de viande. Et surtout j’ai intégré le fait qu’être autant fatiguée que je l’étais n’est pas normal et qu’il ne faut pas laisser s’installer des carences qui seront forcément plus longues à traiter si on les a bien creusées en s’acharnant bêtement. Question logistique, pour se rendre au départ de la Spine, c’est finalement facile il faut déjà aller à Manchester et après un train suffit. Le village est très petit donc sur place on n’a pas besoin de voiture. Pour le retour là aussi c’est un train pour rejoindre Edimbourg où on a soit un train soit un avion pour rentrer chez soi.

La Spine Race c’est quoi pour toutes celles et ceux qui ne connaîtraient pas ?

La Spine race c’est 430km avec 14000D+ mais la grosse difficulté c’est quand même la météo qu’on peut sans souci qualifiée de dégueulasse… Pluie, neige, boue… tout y passe mais c’est presque le vent qui peut être le plus compliqué à gérer. Il est tellement incontournable qu’il y a même des lunettes prévues dans le matos obligatoire pour protéger nos yeux ! La boue peut monter jusqu’aux genoux, voir même jusqu’aux hanches !!! C’est clairement à ce jour celui que je considère comme le trail le plus dur que j’ai eu à faire et pourtant j’en ai fait des « bien » réputés. La liste du matos obligatoire fait 3 pages ! On part carrément en camping avec duvet, réchaud et j’en passe. Le mien (un Raidlight, je suis d’ailleurs leur ambassadrice 😉) bien optimisé faisait 5kg sans la bouffe et l’eau, donc j’étais en moyenne à un minimum de 7kg sur le dos. Eh oui tu as raison, je suis prête pour le MDS !

Erreurs, bons choix ? Finalement ça donne quoi ?

On a eu un peu de chance finalement parce qu’il n’a plu que le premier jour, le reste du temps on n’a juste eu à lutter contre le froid et le vent avec des températures ressenties pouvant aller jusqu’à -19°C. J’avais 5 couches sur moi… Et il n’en manquait pas une ! Avec le recul je considère que finalement je n’ai pas trop fait d’erreurs. J’aurais dû partir tout de suite avec une vraie veste et pas ma petite veste de trail qui n’a pas résistée aux 70km et aux nombreuses chutes dans la boue que j’ai pu faire. Dès la première base de vie, je suis passée à plus épais et plus résistant surtout. J’ai plutôt bien géré mes pieds qui sont mouillés quasiment tout le temps. Beaucoup finissent avec des ampoules monstrueuses. Merci mon sponsor chaussures et chaussettes imperméables, elles ont clairement fait le job !

Tu n’en as pas marre qu’on te ramène toujours à Luca ?

Et pour répondre à ta question qui pique… Oui j’avoue qu’aujourd’hui j’en ai marre qu’on me parle toujours de Luca Papi. C’est un ami et c’est un excellent traileur, la question ne se pose même pas mais je pense que j’ai aussi prouvé avec les années ma valeur et il ne viendrait à personne à l’idée d’aller voir Kilian pour lui parler uniquement de François d’Haene non ? Ben voilà, moi c’est pareil.

Crédit photos : organisation

Le site de la course est à retrouver ici, si jamais vous aviez des velléités d’inscription !

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