Run : Un Kinder dans le désert ! Le récit du Half MDS au Pérou par l’autre Cécile – (épisode 2)

Qui est « l’autre Cécile », notre héroïne du jour ? 46 ans, 2 grands enfants, j’ai commencé le running en 2014 histoire de me bouger la couenne pour pouvoir manger du chocolat et boire du vin sans devoir changer ma taille de jean… J’ai commencé par des Spartan Race puis semi… puis Marathon… puis un peu de trail. Mais je suis surtout une sportive du dimanche ! Place maintenant à la course et à la première étape 😉

Episode 2

La première étape… Enfin !

Mais bien évidemment que nous arrivons sur la ligne de départ !!! Nos chauffeurs sont des professionnels de la dune pardi ! Ils te manœuvrent un bus chargé à bloc dans une dune comme toi tu garerais une Smart sur une place handicapés du parking de Carrouf : easy ! Il est midi. Les bus se sont arrêtés au milieu du désert. La fameuse arche rouge de départ est érigée et le stress monte encore d’un cran. Jamais on a été si près du but ! Je suis survoltée. Des années que je rêve de ce moment. J’y suis !
Descente du bus.
La chaleur nous saute au visage avec le vent. Chacun arrange son sac, ses bâtons, son buff. C’est le moment de se tartiner de crème solaire car ça tape. On s’encourage, on se regarde du coin de l’œil. Certains ont l’air tellement aguerris et sereins… On entre dans le sas, après avoir fait scanner notre dossard et notre balise. Petit selfie avec mon Binôme avant le briefing. Chacun va faire sa course, on se reverra au bivouac. Cyril nous briefe et nous chauffe. Il nous dit que cette première étape doit être vue comme une étape d’adaptation. Et ce sera tout à fait vrai… Il nous dit aussi qu’il va y avoir beaucoup de vent, et nous encourage à boire très régulièrement car même si le vent nous donne l’impression qu’il fait meilleur, le soleil brûle et nous déshydrate. Il nous annonce qu’on va partir tranquillement, dans du sable dur…. mais que ça ne va pas durer. Musique d’ambiance. C’est le feu sur la ligne de départ, on est tous au taquet.

Et ça y est : c’est parti pour 25km !
Je vais découvrir dès la première étape que le roadbook qui nous a été donné n’est pas fiable, ni sur la distance ni sur le dénivelé. Y’a tromperie ahahaha ! Le CheckPoint 1 est annoncé à 9km et le CP2 à 18km. Ce sont les seules données fiables ! 12h30 : c’est parti ! Les 115 concurrents survoltés s’élancent dans le désert d’Ica pour 3 étapes de dingue. Pour se repérer, il y a des balises tous les 150/200m environ. Mais l’avantage d’être une tortue, c’est qu’il suffit de suivre les traces de pieds des autres Très vite on est dans cette ambiance désert. Des espaces immenses, du sable, beaucoup de vent. Petit à petit les concurrents se dispersent au fur et à mesure que chacun trouve son rythme. Je me suis entrainée à marcher des heures avec les bâtons et clairement, sur cette course, si tu ne cours pas, les bâtons sont indispensables. Je vais m’en rendre compte très vite. Je vois aussi tout de suite la différence entre l’entraînement dans ma Seine-et-Marne et la réalité du désert.
La chaleur, atténuée par le vent, n’est pas encore trop difficile à gérer, mais le sable c’est une autre affaire. Je comprends tout de suite que c’est ce qui sera mon point faible au niveau de la prépa : le sable ! Les kilomètres défilent, le type de sable change, tantôt dur tantôt mou. Sur le parcours on croise plein de concurrents, on s’encourage, on discute ensemble. Je fais tout une partie de l’étape avec un groupe de Canadiens. Oh que cet accent m’avait manqué !!!! Délicieux et rafraichissant au milieu du désert… Je discute beaucoup avec Marie qui me confie ses appréhensions sur « la Longue » de demain (la même Marie qui finira 3e de l’épreuve 70 km, qui en vrai fait 85km ).

Le vent se fait plus violent. Je perds ma casquette et je me retrouve à devoir lui courir après pendant un moment. Il fait chaud, il faut boire. Je n’ai pas mis ma boisson d’effort dans les gourdes. J’ai eu beau la tester à l’entrainement, je n’ai jamais réussi à m’y faire. Du coup je suis à l’eau. Et au final je resterai à l’eau pendant 4 jours et me débarrasserai de mes dosettes pour m’alléger. La chaleur se gère, le vent permet de la supporter, par contre le buff est indispensable, on se prend des grosses rafales, et donc autant de sable dans les yeux, les cheveux, le nez…
1h30 de course, 9km, premier CP : pointage de la balise, on refait le plein d’eau, les gilets bleus nous arrosent si besoin, il y a aussi à chaque CP des gilets oranges (assistance médicale). Ils sont adorables, nous encouragent. Après une petite grimpette, on se retrouve dans une grande descente qui va nous emmener jusqu’au CP2 (enfin un peu avant). Les paysages sont somptueux !
Je voulais ces grands espaces, je voulais cette sensation d’être minuscule dans l’immensité, je voulais du sable, je suis servie ! C’est incroyable ! Je me répète : « C’est sublime, c’est tellement beau… ». Le vent s’intensifie. Je me rends compte que l’allure d’entrainement n’a rien à voir avec mon allure en course. Je suis beaucoup plus lente, le sable étant difficile à gérer.

« Le vent nous portera »

Il y a beaucoup de dévers, nos pieds sont sans arrêt en travers. Je me dis que ça va être un festival d’ampoules… 3h30 de course, ça commence à grimper sec, en dévers toujours, avec un vent d’enfer. Je vois la dune qui nous attend, je vois les petits points minuscules que sont mes compagnons de course plus rapides, et là je me dis que je suis dans la panade ahahaha ! La dune est quasi verticale, il fait un vent à décorner les bœufs, bénis soient les bâtons ! L’ascension de cette dune va me prendre plus d’une heure. Le vent souffle par rafales à 70-80 km/h. Je peine à rester debout, je prends du sable plein les yeux, malgré le buff et les lunettes. Le sable avec le vent nous fouette, littéralement. Cette pente est tellement raide, par chance c’est du sable dur, je me dis qu’avec du sable mou je n’aurais jamais pu monter. On a beau s’encourager les uns les autres, c’est hyper physique. Bienvenue dans la course !*

J’en vois pas le bout, le vent est de face, pas moyen de lever la tête sans se prendre une rafale de sable, je me dis que le CP doit être en haut de cette dune, mais impossible de le voir. Je n’avance pas. Je souffre, là. C’est raide… Et presqu’en haut, là où le vent souffle plus que jamais, des gilets oranges descendent vers nous, pour nous encourager à finir de monter. Que ça m’a fait du bien ! Les filles sont là, elles nous épaulent (merci Sixtine pour tes mots, c’est grâce à toi que j’ai pu finir cette ascension). Elles ont chanté, nous ont encouragés, applaudis, j’en prenais plein la tronche, je ne sentais plus mes jambes, c’était le pire moment de l’épreuve. J’ai demandé à Sixtine « Ca y est ? On a fini de monter ? » . Elle a répondu « Presque… » Je lui en veux un peu, ahahah car le « presque » s’est transformé en quelques kilomètres supplémentaires. Mais quand même moins exigeants que LA dune ! Après cette ascension mémorable, tout ne sera plus que descente… presque « facile ». Le bivouac étant situé sur la plage, je le sais, il faut donc aller vers la mer et descendre ! A nouveau, les paysages sont à couper le souffle, le vent s’est calmé, c’est sublime, il n’y a qu’à profiter de ce magnifique cadeau que nous offre le désert. Le sable a encore changé d’aspect et de couleur, et la lumière n’est plus la même car le jour commence à tomber.
Le spectacle est exceptionnel.

Je me sens tellement vivante à ce moment précis, sensation incroyable. Je profite, j’avance tranquille pour emmagasiner ces images et apprécier le moment. Je me rapproche toujours plus du bivouac au fur et à mesure que le jour décroît et que je descends. Enfin je l’aperçois ! J’ai encore une dune à descendre pour y accéder. Je pense à toi Sony, et je cours dans ce sable archi mou (sans me rouler dedans, hein tu m’en voudras pas ). Je vais m’offrir une arrivée au soleil couchant, la lumière est sublime. J’entends au loin la musique et la voix de Cyril qui accueille chacun d’entre nous à l’arrivée. L’arche d’arrivée se rapproche, Cyril a repéré mon dossard aux jumelles et me réserve un accueil digne d’une championne. Je kiffe ! Je termine cette première étape de 25.9km en 5h28mn et je lui tombe dans les bras !

Je suis dans ce désert dont j’ai tant rêvé, j’ai vaincu seule comme une grande la première étape de cette course de dingue malgré un vent d’enfer et mes premiers pas dans le sable ! Je passe récupérer mes 2 bouteilles d’eau pour la soirée et le départ de demain, et je vais découvrir ma tente sur l’alvéole 16, où mon Binôme du Désert est déjà installé. Je prends une tente avec vue mer hein, tant qu’à faire… Maintenant mon angoisse, ce sont mes pieds ! Combien d’ampoules ?
Je retire les guêtres (indispensables), puis les manchons de compression, et enfin les chaussettes. Et là… ô miracle : PAS UNE AMPOULE ! Incroyable ! Je nettoie bien mes pieds, je m’installe rapidement (gonflage du matelas, installation du duvet), je me change pendant que mon Binôme me prépare gentiment un bouillon chaud de KubOr. Je réalise alors que sur toute mon étape, j’ai rien bouffé ou presque (1 barre de céréales et 50g de bœuf séché en tout et pour tout… soit à la louche 350kcal). Et là tout de suite, ben j’ai pas faim. Je suis rincée, épuisée de mon étape, de mon voyage et de mes dernières nuits sans sommeil. Je vais avaler mon bouillon, j’ai même pas envie d’un lyophilisé, je suis morte, je vais me brosser les dents et préparer mes affaires pour demain, parce que demain, c’est « La Longue », celle qu’on redoute. Et à 19h30, Mamie Kinder est déjà au lit ! Pas eu besoin de berceuse, j’ai fermé les yeux et j’ai rêvé de mes dunes.

*Sur la vidéo de l’organisation on voit des participants à ce moment-là, et on pourrait croire qu’il y a un effet visuel de ralenti, mais en fait non, on était vraiment au ralenti, parce qu’il était super dur de monter.

Le site de l’organisation est ici et leur insta là.

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