Après François d’Haene (à retrouver ici), je suis allée à la rencontre de Camille Bruyas, elle aussi athlète élite de la team Salomon, et elle aussi adepte de la 9 Peak de Suunto. Camille est en route pour les USA, la Western States lui tend les bras et nous lui souhaitons tout le bonheur du monde sur les pistes de Californie.
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore Camille, petite présentation express ! On pourrait dire qu’elle court depuis toujours puisque, comme François d’ailleurs, elle vient de l’athlé avec de belles références sur 3000 (10’20) et 10k (38’00’. Après une arrivée fracassante dans l’univers du trail en restant au départ sur les distances « raisonnables » avec une victoire sur le 42 de l’UT4M en 2015 ou la Mascareigne en 2016, elle monte en puissance, et en km, année après année avec une 5ème place en 2018 sur le Grand Raid de la Réunion et surtout une victoire au Lavaredo en 2021. Sa très belle deuxième place à l’UTMB l’année dernière, dans la foulée de la grande Courtney laisse augurer de belles choses encore cette année.
Crédit photo ouverture : Laura Luce / VVX
Tu as déclaré à Bruno Poirier que l’ultra était pour toi un sport qui demandait de l’humilité et qu’il était impossible d’avoir une totale confiance en soi quand on abordait cette distance. Est-ce l’athlète qui parle ou juste la femme qui souffre du syndrome de la bonne élève ?
Ah mais on attaque directement par la philo ! Je pense sincèrement que ce sont les deux qui parlaient à ce moment là. Je viens d’un métier de la santé, donc forcément, moi j’ai été éduquée pour soigner les gens, les soulager, je garde toujours cela à l’esprit et je commence par m’appliquer les conseils que je donne aux autres. Je pense que j’ai du dire ça post UTMB 😉. Mais je considère vraiment qu’il faut savoir rester très humble par rapport à ce sport et surtout par rapport à ces longues distances. Il peut se passer tellement de choses, rien n’est écrit d’avance ! C’est ce qui fait d’ailleurs la beauté de ce sport.
Est-ce que tu penses que, comme François, ta formation professionnelle change la donne dans ta pratique sportive ?
Oui forcément ! Et puis il n’y a pas que moi qui pense qu’il faut faire attention avec l’ultra distance. Les « physio » comme Guillaume Millet, qui a publié de nombreux articles sur le sujet, démontrent eux aussi dans leurs études scientifiques que l’ultra n’est pas bon pour la santé. Ce qui est bon, c’est l’activité physique, c’est le sport, c’est l’entrainement régulier mais l’ultra en lui-même cela reste démesuré. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut jamais en faire, cela veut tout simplement dire qu’il faut juste apprendre la mesure et rester dans la modération.
Tu abordes souvent dans tes interviews le fait que l’ultra c’est vraiment quelque chose de très particulier, où la souffrance est très présente, alors pourquoi t’infliger ça ? Pourquoi ne pas rester sur des distances plus courtes justement ?
C’est vrai que j’ai d’abord commencé par les distances plus « raisonnables ». Mais avec l’ultra, je vais chercher des choses différentes en fait. Je vais à l’aventure dans tous les sens du terme puisque je vais chercher à découvrir des choses sur moi-même également. Je vais chercher à aller voir de l’autre côté de la vallée… J’aime aussi cet inconnu, on ne sait jamais ce qui va se passer sur un ultra, tout peut arriver, vraiment, même quand on est élite et que l’on cherche avant tout la performance. On peut l’avoir sur distance plus courte et d’ailleurs sur la VVX je suis restée sur le 43 mais c’est évident que sur ultra, on est moins dans la gestion, dans quelque chose de plus calculé. Mais c’est justement parce que j’apprécie autant l’une que l’autre que je veux pouvoir continuer à faire les deux.
Tu pars aux USA pour courir dans quelques semaines, alors qu’en ce moment la mode est à la bien pensance écolo, « l’avion c’est le mal »… Tu réponds quoi à ceux qui ramènent la pratique du trail à une emprunte carbone ?
Bien sur que mon emprunte carbone n’est pas « nickel », j’en ai bien conscience comme beaucoup de personnes d’ailleurs dans notre milieu. Evidemment que c’est plus facile pour quelqu’un comme Xavier de dire qu’il ne prendra plus l’avion, parce que ça fait 10 ans qu’il est à haut niveau et qu’il a fait toutes les courses qu’il rêvait de faire. Moi forcément j’aspire encore à d’autres aventures hors du l’Europe. Maintenant je fais les choses intelligemment. Je pars aux USA un mois et demi, pour participer à la Western States parce qu’une telle opportunité, quand on a la chance de pouvoir la vivre, ça ne se refuse pas mais je pars aussi pour des congés privés. Cela me semble une évidence de faire comme ça, un aller-retour à l’autre bout du monde juste le temps d’un week-end, ça n’a pas de sens. Et je continue à courir beaucoup autour de chez moi. Mon premier trail de la saison était juste à côté de la maison, je suis venue à la VVX mais là aussi on est resté plusieurs jours d’ailleurs pour bien profiter de l’événement. J’aurais pu aller à Madère… J’aurais pu aller à l’étranger déjà plusieurs fois depuis le début de l’année mais je préfère limiter en choisissant bien mes objectifs. Quand je planifie ma saison, évidemment que je pense à tout ça et j’essaie d’en tenir compte. Je ne suis pas parfaite, personne ne l’est vraiment mais j’essaie de faire au mieux.
Quelle relation entretiens-tu avec ta Suunto ?
J’ai la 9 Peak évidemment mais bon j’avoue, je suis quelqu’un qui est tout à fait capable de partir courir sans montre au poignet ou d’oublier de la charger… Donc là, pas le choix il me fallait la 9 Peak qui tient bien la charge pendant une semaine ! Maintenant je dois bien avouer que je ne suis pas du tout accro aux données. Elle me sert surtout en orientation, pour préparer mes traces en amont quand je pars courir mais je ne suis pas du genre à vérifier mon cardio minute par minute. Ce que j’apprécie surtout avec ce nouveau modèle c’est qu’il est vraiment compatible avec mon poignet, elle est beaucoup plus petite que la précédente, c’est tellement plus confortable. Et ils ont vraiment bien gagné en autonomie tout en l’allégeant, ce qui est loin d’être un détail quand tu dois la porter comme nous aussi longtemps. Bon, et puis j’avoue, je la trouve vraiment super jolie !
L’insta de Camille est à retrouver ici / Toutes les infos sur la 9 Peak sont à retrouver ici.
Bon à savoir : Camille est également prof de yoga, elle organise régulièrement des stages trail/yoga, n’hésitez pas à la suivre pour être informé des prochaines dates !
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