Run : Le tour en Circadie de Valérie !

Nous ouvrons nos portes au récit de Valérie qui est allée du côté de Toulouse pour vivre l’expérience assez unique de la Circadie. Elle vous dit tout : récit, débrief… Pour vous donner à vous aussi l’envie d’aller tourner 24h baskets aux pieds.

Quel joli nom pour parler de ces courses qui font le tour du cadran : 24h d’épreuve en courant ou en marchant même si celles et ceux qui se sont inscrits pour la version course vont quand même marcher… Les 26 et 27 février se déroulaient les 24h de Capitany, à Colomiers près de Toulouse : nouveau grand format 2022 après 4 ans d’existence pour les 12h de Capitany. J’avais participé en 2019 aux 12h : ma première incursion dans les courses horaires. J’y avais apprécié la simplicité, la camaraderie des participants pour la grande majorité fort expérimentés. L’avantage d’une course horaire qu’elle dure 3h, 6h, 12h ou 24h voire plus si affinités c’est que c’est la seule compétition où vous concourrez avec les meilleurs et notamment les futurs vainqueurs. Car la course se fait en boucle sur un circuit fermé soit uniquement sur la piste d’un stade soit sur la piste et du terrain autour. Bref, les meilleurs vous doublent, vous redoublent … Mais dans la majorité des cas ils vous adressent un petit mot d’encouragement. C’est ce que j’ai vécu il y a 3 ans.

Alors en cette fin octobre 2021, alors que je suis allée encourager mes amis sur les 24h d’Albi, je lance un pari en fin de repas à mon frère et ses amis : « venez vous initier aux courses horaires, le 3h est une bonne porte d’entrée ». Il peut aussi servir de sortie longue pour un marathon. Et je rajoute alors que je ferai le 24h. Je ne sais plus trop pourquoi j’ai dit ça mais en même temps je n’allais pas restée sur le format 12h, il fallait que moi aussi je relève un défi audacieux. Et me voilà au matin de ce 26 février, au départ de mon 1er 24h. Nous sommes 49. Nous serons rejoints en cours de journée par le 6h puis le 3h. Enfin le 12h nous accompagnera tout au long de la nuit. 175 participants, coureurs, marcheurs sur une boucle de 1,120 km. Bref on est jamais seul en Circadie !

Evelyne mon amie (elle court aussi son 1er 24h) me dit qu’elle m’a réservée une place sous son barnum : on a des tables des chaises un banc… je n’ai qu’un sac avec un peu de change, des vêtements pour la nuit (il va faire froid), une batterie externe, une trousse à pharmacie, 2 barres protéinées et des Pitch (j’adore les Pitch). Je n’ai pas d’assistance et donc un ravito perso très restreint. Mais pas de panique, on dispose évidemment du ravito de l’organisation qui sera largement suffisant pour moi. Il est très copieux et varié, outre les choses classiques on y trouve des crêpes maison, du jambon blanc, des nouilles, de la soupe de légumes, de la saucisse de Toulouse (forcément !), des tartines de pâté, de Nutella et des fraises Tagada…

J’ai une stratégie qui se décline sous deux formes : la première, je cours un tour puis je marche (dès le début) 100 m histoire de délier les jambes, faire baisser le cœur, ce qui correspond à peu près à la méthode Cyrano alternant marche et course adaptée aux ultras. La seconde, c’est de découper ce 24h en 4x6h et de viser un certain nombre de km pour le 1er, un peu moins pour le 2ème, encore moins pour le 3ème etc. Bref cela va être de plus en plus facile en fait. Génial comme technique non ?😉 Et c’est ce qu’il va se passer, même si par précaution je m’octroie 1 ou 2 km de plus que prévu sur les deux premiers 6h car « ça pourra toujours servir à la fin ». Les premières heures je trouve que les tours passent vite, je ne m’ennuie pas.

L’avantage de ces ultras, c’est qu’ils se font (surtout à mon niveau) en endurance fondamentale et donc … je peux parler 😁. Et c’est que l’on fait avec ma copine Evelyne, mais aussi avec les autres participants. La sono diffuse la musique et continuera même la nuit. Bon ok je crois que la playlist ne doit pas dépasser les deux heures parce que j’ai dû réentendre un certain nombre de chansons (Balavoine, Supertramp, Zazie, Indochine, …). Les bénévoles restent enthousiastes et dynamiques y compris la nuit. Je garde mon rythme d’un tour en courant et mes 100 m en marchant. En fin d’après-midi je suis 2ème fille. Arrivent les 70 km, je passe… 1 ère. J’avoue ne pas y croire, comme on tourne on ne sait pas vraiment si on double ou pas. En tous cas sur le tableau d’affichage je reste 8ème au général et cela va le rester jusqu’au petit matin où un ami coureur Bob me dit : mais non c’est ton numéro de dossard. ! Tu es 6ème et moi 7ème ! Je croise un participant qui tient à la main une cigarette électronique : il vapote !!! je n’en crois pas mes yeux (hallucinations ? Déjà ?) Il finira avec près de 200km le Popol 😯.

Une chose que j’ai toujours entendu dire pour un 24h c’est qu’il faut rester au maximum sur la piste notamment la nuit, aussi je n’ai emmené ni sac de couchage ni tapis de sol ou matelas pour aller dormir ou m’allonger en salle de repos chauffée. Pourtant c’est tentant il doit faire -1°C vers 4 ou 5h du matin. Le 3ème 6H se boucle plus difficilement heureusement que j’avais 2-3 km d’avance sur ma feuille de route. Je lis les messages que certains amis insomniaques m’envoient en pleine nuit : ça fait chaud au cœur. Je me pose 15 min pour m’habiller plus chaudement (doudoune, bonnet, gants) et manger un Pitch et une barre protéinée.

Les km s’accumulent quand même et juste avant que le jour ne se lève les dormeurs reviennent sur la piste. Je me dis que si les filles derrière moi se sont bien reposées, elles vont courir bien plus vite que moi. Surtout que le speaker va attendre 8h du matin pour faire un point sur les écarts. Mais moi toute la nuit et jusqu’au matin j’ai essayé de creuser l’écart au cas où et puis en courant on a moins froid. Toutefois vers 5h-5h30 je sens que je vacille un peu, je manque de lucidité il me faut faire une pause impérativement : je décide d’aller dans le bâtiment des toilettes qui est chauffé : une aubaine 😉. Là je retrouve deux autres participants côté vestiaires qui se sont posés aussi, il y a des bancs et il fait chaud : le luxe ! J’enlève des couches de vêtement, je m’allonge sur le banc (étroit) 15 min et je me donne 10 min pour une micro-sieste : 9 min après j’ouvre les yeux. Il me faut vite sortir car on est trop bien ici. Et c’est reparti ! Il ne me reste que 4h30 grand max de course.

Un peu plus tard, je retrouve mon copain Bob qui me dit soudain qu’il a la possibilité d’atteindre les 170 km : il est 7e et moi 6eme, si lui le peut, je peux aussi essayer ? Les 160km sont acquis et c’était mon grand objectif : un 100 miles en 24h. Il se met courir. Une fusée ! Et me voilà à essayer de faire de même, je cours u tour puis deux, sans faire ma pause marchée… Mais c’est trop difficile. Je décide de revenir à mon tour en courant et ma marche sur 100m, sauf que je cours maintenant à 7 km/h et non plus à 9km/h. Je suis toujours en tête mais je ne veux pas penser à cela, je veux continuer à cumuler de la distance pour atteindre ces 170km. Dernière heure, dernière demi-heure je n’arrête pas de calculer : 167, 168, 169 km… Si proche des 170 km moi aussi. Une marque particulière car chez les femmes elle vous rend éligible au tirage au sort pour le Spartathlon (l’équivalent du kona de Hawaï pour les triathlètes).

Evelyne me retrouve sur le dernier tour, on se dit « on finit ensemble » , elle a atteint son objectif de 160 km. Un coup de pistolet retentit, c’est la dernière minute ! La règle veut que l’on doit finir son tour mais nous sommes presque en face de l’arche. Je me dis que c’est sans doute mon dernier 24H, je n’aurais plus cette occasion. Evelyne me dit qu’elle ne fera pas un tour supplémentaire. Alors je sprinte, je passe l’arche et quelques secondes après le second coup de pistolet qui annonce la fin du 24h mais je peux finir mon tour et ce sera un dernier tour complet : donc 170 km et des poussières ! Je lève les bras au ciel, l’émotion me submerge car je ne faisais pas cette course que pour moi, mais aussi pour elle, pour elles, pour eux… ceux qui nous ont quittés, qui nous manquent ou qui se battent encore ou qui sont désormais des survivants. Elle, je l’ai vue et revue presque à chaque tour, car elle se tenait près de La Tribune il y’a 3 ans lors de mon 12h. Elle était venue pour moi. Ce dernier tour je le savoure je sais que ce moment est unique. Et je retrouve une dernière fois les bénévoles du ravito j’esquisse quelques pas de danse et je les remercie.

Je suis heureuse de finir en forme, pas cassée et d’avoir, malgré tout, je pense fait de mon mieux. 24h c’est long et c’est court à la fois car ce n’est qu’un jour dans une vie. J’ai reçu pas mal de questions sur la course : aussi bien la prépa, que la gestion, l’organisation, l’aspect mental ou bien la récup. Je vous proposerai dans le prochain article de répondre à ces questions selon ces différents thèmes. Toutefois, je vous livre dès à présent quelques aspects importants qui m’ont aidée : la stratégie des 4x6h que je dois à mon ami Gilles Palaruello, mes entraînements à basse fréquence cardiaque, les messages reçus et que j’ai lus au cours de la nuit et le fabuleux combo crêpes/fraises tagada 😁.

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