Run : Semi de Deauville, itinéraire d’une enfant gâtée

J’ai presque hésité à choisir ce titre mais ce super week-end en mode chabada sur les fameuses planches, que j’ai foulée main dans la main avec Tati en mode cafeuses for ever parce que la vie finalement, c’est comme un film de Lelouch le parrain honorifique du marathon, ça finit souvent bien.

Les uns et les autres

J’avais promis juré à mon ami Éric que pour rien au monde je ne raterais la première édition de son marathon, même si sur le moment je ne réalisais pas Deauville c’était aussi loin… J’avais en tête d’y aller en train évidemment, puisque je privilégie toujours ce transport mais très vite il a fallu se rendre à l’évidence, c’était du grand n’importe quoi. Concrètement il me fallait finir le semi en moins de deux heures, foncer à l’hôtel récupérer ma valise puis foncer encore plus vite à la gare pour choper le train qui allait m’amener à Paris pour attraper le dernier de la journée me ramenant auprès des miens, enfin auprès de Paul et de mes trois chats. Un moindre incident de parcours et j’étais bloquée soit à Deauville (ok y a pire !) soit à Paris (là aussi y a pire) mais comme je n’aime rien tant que de dormir dans mon propre lit, j’ai fini par me résoudre à y aller en voiture, soit 5 bonnes heures de trajet sans inclure les pauses pipi nombreuses, conséquences directes de ma vessie sous-dimensionnée. Lever dès poltron minet samedi matin, je file vers la mer. C’est amusant finalement de faire la route en voiture, tu réalises d’autant plus le changement de région, l’architecture si particulière de Deauville et ses alentours étant bien différente de notre Allier.

J’arrive enfin en ville comme le chanterait Balavoine et je découvre que sans le faire exprès j’ai choisi l’hôtel parfait ! En bonne Accor Girl, j’ai trouvé cette nouvelle adresse sur l’application. Il a ouvert en septembre et se situe idéalement à 400m du retrait des dossards à droite, 400m de la ligne de départ à gauche… Une vraie blague ! Mon seul regret, avoir une nouvelle fois négligé le côté préparation de mon séjour en zappant le fait qu’il y avait une piscine… et un hammam… et un sauna… Je crois qu’il devient absolument nécessaire que je mette systématiquement un maillot de bain dans tous mes sacs de voyage, quelque soit la destination. Sur ces considérations vestimentaires, à peine j’ai franchi l’entrée de l’hôtel que les événements prennent une tournure amicale. Un membre du groupe des Crazy Runners que j’ai croisé à l’occasion lors de dîners ou au départ de courses est aussi dans l’hôtel avec ses enfants. 4 comme moi… ça rapproche forcément ! Deux gentils futurs marathoniens sont là également et je m’incruste à leur table pour le déjeuner. Direction le retrait des dossards pour ce qui sera une des meilleures idées de la journée, à savoir ne pas avoir traîné… Il me faut deux minutes pour récupérer le mien et celui d’une camarade du groupe Paris marathon girls qui avait lancé un appel au secours, ne pouvant pas être en ville avant la fermeture des retraits. Et là commence ce qui ressemble au scénario de la Belle Histoire, je replonge dans mon passé de runneuse…

Adresse à noter ! Et tout là haut au 5ème étage, il y a le restaurant bar avec une vue imprenable sur la mer où l’on peut venir prendre un café l’après midi sans obligation d’y résider 😉

Basilio est là comme bénévole, toujours aussi fantasque et exubérant comme je l’ai toujours connu. Il était à mes côtés pour le dernier marathon de mon tour du monde, déguisé, avec des ballons, en mode déchaîné. Moi qui pensais la jouer discrète, c’était raté mais quelle folie ! Il avait même joué de ses talents de brodeur pour m’offrir mon propre dossard collector. Nous nous sommes croisés au Mont Blanc, sur la Trans’aq, et puis la vie, mon amour du désert nous a un peu éloigné même si grâce à la magie de FB, je prenais toujours de ses nouvelles virtuelles. Je tombe aussi sur Fred et son épouse Christelle qui sont là en mode bénévoles. Avec eux, c’est New York qui refait surface forcément mais aussi les Aiguilles Rouges… Pascal est là lui aussi et c’est l’UTMB mais surtout le marathon des Sables qui resurgit. Quand j’y pense, je crois que je devrais lui demander de venir sur toutes mes courses parce que lorsqu’il est là, ok la météo n’est pas forcément bonne puisqu’à Chamonix on a eu le droit à une version raccourcie et de la grêle dans le désert marocain mais au moins je finis puisque je sais qu’il m’attend sur la ligne d’arrivée. Autre surprise, un apéro avec Logan rencontré sur une plage d’Aquitaine avec lequel j’avais refait le monde en terminant une troisième étape un peu compliquée pour moi… Vous l’aurez compris, je n’ai pas eu de mal à trouver le sommeil ce soir-là, ce bain d’amitié des plus confortables ne pouvait que me faire le plus grand bien !

Une pour toutes !


C’est bien gentil tout ça mais une de mes principales motivations à traverser la France ou presque, c’était quand même bien de voir les copines présentes, à savoir l’autre Cécile de Courir au féminin, Tatiana alias Tati et Gisèle, la petite nouvelle… Toutes les trois nous sommes engagées sur le semi. Tati devait être sur le marathon mais son niveau d’entraînement insuffisant l’a encouragé à descendre sur le semi, Cécile est en mode family avec ses filles, son gendre, son compagnon en mode pom pom girls, et Gisèle est là pour accompagner seulement, préférant faire 10km en mode free et venir nous rejoindre sur le parcours pour quelques foulées communes. Quel bonheur de les retrouver toutes les trois ce fut pour moi. C’est dingue parce que même si elles ne sont pas présentes, j’ai le sentiment que toutes les « cafeuses » de la première heure sont là autour de nous, même Brinouille qui la connaissant serait forcément venue au moins nous encourager et nous pousser à nous secouer un peu. Nous n’avons pas prévu de courir ensemble, sur le papier nous n’avons officiellement pas le même rythme, c’est donc toutes éparpillées que nous nous lançons pour 21km qui vont se révéler longs… trop longs même !

La dream team !

J’appréhende énormément cette reprise. J’ai dû couper totalement après la Maxi Race. Ma crise d’arthrose s’est révélée longue, très pénible et j’ai bien cru qu’elle ne passerait jamais. Les vacances en famille se sont forcément déroulées en mode « je dors, je mange, je fais semblant de nager pour éliminer et je recommence » … Bref pour résumer, j’ai couru deux fois depuis ma reprise avec une séance de côtes qui s’était moins mal passée que je m’y attendais mais de là à tenir la distance sur 21Km c’est une autre limonade. Pierre, lui aussi ami de longue date est là, bien décidé à m’accompagner jusqu’à la ligne d’arrivée. Evidemment rien ne va se passer comme prévu. Si mon dos me laisse tranquille mes jambes ne sont pas au rendez-vous. Il a beau tenter de me distraire, je n’y arrive pas et chaque kilomètre qui passe devient de plus en plus pénible pour moi. Tenter de rester à son niveau m’épuise et je ne prends plus aucun plaisir. Je siffle la fin de la partie au ravitaillement du 10ème kilomètre, il est grand temps de le libérer pour qu’il retrouve son rythme et moi ma vitesse d’escargot souffreteux. Alors que je suis en train d’installer mes écouteurs, bien décidée à finir en mode pum&up qui me rappellera mes folles nuits chez Régine au casino de Deauville (quoi ? oui j’ai connu les boites de Régine, oui je suis vieille et oui je vous emmerde !).

Alors que je bataille avec les écouteurs qui ne veulent absolument pas de mettre dans mes oreilles comme toujours lorsque j’en ai vraiment besoin, François, coureur d’ultra et finisher récent de l’Ironman de Nice (mon respect éternel !) s’arrête à mon niveau et c’est reparti pour le papotage ! Alors que nous sommes tous les deux en mode « bordel mais pourquoi on s’impose ça alors que le brunch du Normandy est parait-il super bien » que je sens qu’on me tire sur les cheveux. Tati est là, bien décidée à finir avec notre duo. Apparemment ça fait quelques secondes qu’elle crie mon prénom mais entre mon écouteur dans l’oreille droite, François dans l’oreille gauche et il faut croire un début de surdité, qui complète parfaitement le tableau de ma décrépitude actuelle… Notre trio va tenir le rythme, enfin si tant est qu’on puisse parler de rythme jusqu’au 20ème kilomètre je crois où je me retourne mais François n’est plus là. Je me dis qu’il a sans doute décidé d’attendre sa douce pour finir avec elle et je repars de plus belle avec Tati en mode chabada sur les fameuses planches. Gisèle est là à nous attendre, les spectateurs nous encouragent. Cette arrivée est ultra familiale, ultra conviviale et c’est main dans la main que nous finissons enfin ce semi. Christelle est là pour me passer ma médaille autour du cou, je refuse la couverture de survie, je n’ai que 5 minutes à peine à parcourir pour rejoindre mon hôtel, autant la laisser à ceux qui en auront réellement besoin. Au revoir, promesse de se revoir, je file prendre une douche rapide pour filer vers l’Allier, retrouver mon foyer. J’ai passé un excellent moment, rempli de bienveillance, entourée de gens que j’apprécie et qui comptent pour moi. Sincèrement que demander de plus ? Certes le chrono ne fut pas du tout au rendez-vous mais mon dos m’a laissé en paix pour une fois, ce qui est un énorme progrès déjà. Le t-shirt souvenir est rouge, couleur que j’adore, la médaille est aussi jolie que les photos l’annonçaient, tout va bien ! Même si j’ai bien conscience que le marathon ne sera surement pas pour demain, ni même pour après demain d’ailleurs, courir sans souffrir fait le plus grand bien au moral et donne des envies de repartir !

Je crois que tout le monde a pris la même photo si j’en crois les réseaux sociaux !

PS : il est difficile pour moi de passer sous silence certains points soulevés sur les réseaux sociaux après le marathon. Si je ne parle pas de problème de ravitaillements, c’est que je n’en ai pas eu, pour la simple raison que je cours toujours en autonomie ou presque, encore plus lorsque je suis sur ce type de distance. J’ai juste pris le prétexte de boire un gobelet d’eau pour avoir une excuse à deux balles pour pouvoir marcher mais j’avais mes propres ravitaillements comme je le fais toujours. Etant allergique à la banane, je n’ai pas le choix de toute façon. Autre point important qui joue forcément, j’ai très vite couru des marathons à l’étranger, où les ravitos solides n’existent pas, eau, gatorade ou autre boisson énergétique, il arrive parfois qu’on distribue un gel au 30ème sur les marathons ayant un partenaire de ce type de produits mais jamais rien de plus et comme souvent les goûts sont improbables, vous vous doutez bien que j’évite d’y avoir recours. Il faut aussi savoir qu’il n’y a pas si longtemps, on ne trouvait au mieux d’une pauvre assiette en plastique avec un kilo de sucre en morceau à disposition. Et on faisait avec 😊. Pour les marathoniens, il n’était pas prévu de ravitos solides avant le 20ème kilomètre, et l’organisation, à tort, s’est inspirée de sa propre expérience d’autonomie quasi-totale pour ce type de course. Mais voilà les mentalités ont changé… l’attente des coureurs aussi. Pour en avoir parlé longuement avec eux, afin d’avoir leur version des faits, cela sera corrigé sans faute l’année prochaine. Il ne s’agissait pas d’un manquement mais juste d’une erreur d’appréciation qui sera rectifiée. Comme sera corrigé le ravitaillement de l’arrivée. Là encore, je ne peux pas témoigner puisque j’ai filé à mon hôtel, je n’ai même pas été voir à quoi ils ressemblaient. Là encore l’organisation avait fait le choix de ne pas bloquer les familles qui pouvaient rejoindre leur héros ou héroïne du jour dès la ligne passée. Le problème c’est que les bénévoles ont eu le droit à une nuée de sauterelles certes adorables puisqu’il s’agissait souvent d’enfants mais qui ont pillé les tables. Ce n’est pas aux bénévoles de faire la police… Là aussi l’année prochaine, l’organisation de l’arrivée sera modifiée pour réserver l’accès des tables uniquement aux coureurs, comme cela est fait maintenant sur la plupart des marathons. Il est regrettable que certains comportements gâchent un peu la fête… Il suffit de voir la quantité d’ordures ramassées par les formidables bénévoles après le passage des coureurs, alors que de nombreuses poubelles étaient bien présentes à chaque ravitaillement. Au demeurant, ce qui est fut ramassé provient tout autant des participants que des spectateurs… Il faut croire que Greta a encore un sacré travail de prise de conscience à faire 😊. Alors oui, tout n’a pas été parfait, mais les leçons ont été tirées et la deuxième édition devrait l’être à n’en pas douter. Maintenant que ma voiture connait le chemin, il n’est pas exclu que comme « un homme et une femme », il y ait une suite prochainement sur vos écrans !

Le retour de Fred sur le marathon est ici !