Run : Maxi Race South Africa, faudra revenir une prochaine fois !

Maxi Race South Africa… Rien que le nom fait rêver… Mais pour moi ce fut plutôt chronique d’un échec finalement pas si annoncé que ça, ce qui rend le truc d’autant plus difficile à encaisser. Avant de vous parler de mon voyage, je commence par le côté négatif de mon aventure sud-africaine, mon dossard décroché.

Petit retour en arrière pour expliquer le pourquoi du comment : dans le cadre de mon activité de journaliste j’ai la chance de pouvoir participer à la Maxi Race South Africa. J’ai aussi la possibilité de choisir la distance que je souhaite parcourir. Volontairement, j’attends de voir comment se passe la MCC pour me décider. Ok, je ne claque pas une performance loin de là mais je finis bien, même très bien. Les premiers résultats de l’étude clinique à laquelle je participe confirment d’ailleurs cela. Du coup, je me lance sur le 68km, bien décidée à voir si mon corps mis au repos volontairement du côté ultra cette année est enfin prêt à repartir sur du plus long. Le Grand Trail de Clermont se passe la aussi plutôt pas mal, je l’ai géré en sortie longue donc sans forcer mais mon dos me laisse tranquille malgré un dénivelé négatif conséquent et des passages bitumés. J’en viens à croire que mes séances d’ostéo portent leurs fruits. J’ai aussi mis toutes les chances de mon côté en adoptant autant que possible une alimentation préventive pour mon arthrose. Sincèrement tous les feux sont au vert, si l’on oublie mon raté avec ce qui aurait dû être ma dernière sortie longue. Pour la première fois de ma vie, je rate un départ de course de façon totalement inexplicable mais bon on ne va pas refaire l’histoire, j’avais de toute façon remplacé ce 42 par un entraînement croisé running vélo.

Coup de chance, j’arrive à avoir deux sièges dans l’avion, je suis donc même à l’aise et je peux allonger mes jambes tranquillement avec mes pieds dans des chaussettes de compression, évidemment. Aucun jet lag pour cette destination, je choisis même de visiter Cape Town en bus et de la jouer touriste à fond en montant à Table Mountain en téléphérique. Journée safari le lendemain, tout aussi reposante pour les jambes puisqu’on n’a pas vraiment l’autorisation de descendre du 4×4 pour aller caresser les rhinos et les hippos 😊. Je dors comme un bébé alors que d’habitude dès que tu me changes de lit, je suis en mode insomnie. Régime alimentaire ultra sain et surtout facilité puisque j’ai la surprise d’avoir une cuisine dans ma chambre. Tout ça pour vous dire que vraiment j’avais mis toutes les chances de mon côté et que sur le papier tout aurait dû bien se passer, surtout pour un 68km, distance que j’ai maintes et maintes fois parcourue et même largement dépassée.

Le départ de la course est à 5h du matin, l’organisation a prévu une navette pour nous emmener sur la ligne de départ qui est à une trentaine de kilomètres de Stellenbosh. Evidemment la nuit qui précède la course est agitée mais c’est le propre de ces nuits-là et je ne m’inquiète pas du tout. Je retrouve Philippe autre coureur français qui est là après avoir gagné son dossard lors de la Maxi Race à Annecy. J’avoue que c’était génial de l’avoir sur place, ainsi que son épouse, parce que déjà ils sont absolument adorables mais aussi parce que c’est toujours sympa de pas être seule tout le temps comme c’est souvent le cas lors de mes déplacements pro. Franchhoek tout le monde descend ! Oui des fois que vous n’auriez pas encore tout compris, on sent une grande influence hollandaise du côté des noms de villes dans le coin… Pipi de la peur, derniers ajustements, on rejoint la ligne de départ avec une pensée émue pour tous ceux qui vivent là et qui se prennent la musique à fond les ballons à 5h du mat. Pour vous présenter un peu le parcours, les 27 premiers kilomètres sont annoncés montagneux à souhait avec de l’eau au 5ème km et au 22ème, le premier ravito solide n’arrivant donc qu’au 27ème km qui se situe en réalité dans la ville d’où nous partons. Vous l’aurez donc compris, nous partons pour une boucle dans le parc naturel de Mont Rochelle (y a aussi pleins de noms français !).

Bien entendu je laisse partir Philippe au milieu de fumigènes rouges, l’organisation nous offrant le même départ que celui de la maison mère à Annecy (je vous explique tout dans un autre article !). On part pour 2 petits kilomètres pour sortir de la ville et pénétrer dans ledit parc. La température est parfaite pour courir, on ne souffre d’aucun ralentissement du fait, soyons honnête, du peu de participants au départ, bref là encore sur le papier tout est au vert et pourtant dès le départ, ça ne va pas. Jambes lourdes, foulée lourde, dès qu’on attaque la première difficulté j’ai un goût de sang dans la bouche comme je l’avais eu lors de mon KV à Chamonix, alors qu’il n’y a absolument aucune raison que ça arrive. Ça monte ok mais faut pas pousser mémé ! Et comble de désespoir mon dos me fait déjà des siennes alors qu’on vient juste de partir. Je n’ai pas de bâtons puisque lorsque je voyage en avion, je privilégie des bagages cabines mais j’ai déjà fait un 80 dans des conditions dantesques en Patagonie sans bâtons. Je ne comprends pas ce qui m’arrive et je pense que le stress influence immédiatement mon cardio qui monte dans les tours. Premier ravito, un peu trop tôt à mon goût mais je complète juste ma flasque tout juste entamée avant de repartir pour ce qui va être une longue agonie. Heureusement que les paysages sont à tomber à la renverse de beauté !

Le lever de soleil qu’on m’avait promis est à la hauteur de mes espérances et je prends l’excuse de photos pour m’arrêter quelques instants. La végétation est luxuriante, la montagne est en fleurs, pas un nuage, tout est parfait hormis mon dos qui râle autant qu’il le peut. Plus j’ai mal, plus je me contracte, plus je me contracte, plus je respire mal et plus je respire mal, plus mon cardio explose. C’est un cercle vicieux que je n’arrive absolument pas à interrompre. Histoire de rajouter à mon stress, le serre file m’a rejointe, histoire de bien enfoncer le clou. Je ne suis pas short avec les BH, je suis juste dernière tout simplement. Bon en soit ça ne me dérange pas du tout, c’est le jeu ma brave Lucette et il en faut toujours un ou une mais ce que je ne supporte pas en réalité c’est d’avoir quelqu’un qui assiste à ma décrépitude 😊. Il est pourtant adorable, ne sait pas quoi faire pour m’encourager mais rien n’y fait, j’ai mal et je suis dans ma bulle.

Ravitaillement du 22ème km où dieu merci ils ont eu la riche idée de mettre des glaçons dans l’eau. La chaleur est déjà là et ça fait un bien fou. Je dois bien être une des rares à adorer l’eau glacée pendant une course, et comme mes intestins sont bien un des rares trucs qui ne me lâchent pas ce jour-là, j’en profite un maximum. Il n’y a plus qu’à descendre vers le premier gros ravito qui est à 5km de là. Inutile de vous préciser que mon dos n’apprécie pas plus les montées qu’il n’apprécie les chocs en descente. J’ai parfois tellement mal que j’en ai le souffle coupé, comme si on m’enfonçait des lames dans les lombaires en veillant à bien les tourner pour être bien sûr que je ressente la douleur vive à souhait. Je suis furax, je sais ce qui va se passer, je sais bien que je n’ai pas le choix mais à ce moment -là, je me refuse à l’admettre. Trop tôt, trop peu de kilomètres, c’est vraiment trop injuste ! Je ne pleure pas de rage mais je passe quand même en mode warrior dans une espèce de baroud d’honneur totalement risible. Je rattrape une concurrente que j’avais en vue depuis pas mal de temps, pire, je la dépasse. Les derniers kilomètres en ville sur le bitume donc forcément sont un véritable enfer. Enfin le ravitaillement est là et je suis accueillie par pleins de bénévoles aux petits soins pour moi. Je m’affale sur une chaise et je tente de reprendre mes esprits. Le panneau avec le profil de la course est là devant mes yeux, la prochaine barrière horaire est au 63ème kilomètre donc clairement à l’arrivée, surtout que j’ai 3h pour faire les 5 derniers km. En théorie, c’est largement jouable mais à condition de trouver une solution pour calmer la douleur et cela signifie pour moi de prendre les cachets que j’ai d’ailleurs dans mon sac. Seulement je ne peux me résoudre à faire une course shootée… Le médecin vient me voir lorsque j’annonce que mon dos me fait trop souffrir pour envisager continuer la course. Il m’examine et constate que j’ai les lombaires prises dans un étau de muscles tellement contractés et douloureux qu’en dehors d’une solution médicamenteuse, même les kinés n’auront pas le temps de décontracter tout ça pour m’espérer faire 40km sans problème.

J’annonce officiellement que j’arrête là et dans la foulée, l’autre concurrente fait de même. J’essaye de l’encourager à repartir, les BH ne sont pas encore tombées, et c’est jouable mais elle semble découragée. C’est là que c’est pénible de ne pas assez bien parler anglais d’ailleurs parce que je n’avais pas suffisamment de mots pour la motiver. Une gentille bénévole me propose de me ramener à mon hôtel, je n’ai donc pas le temps de trop réfléchir à ma décision. Je grimpe dans sa voiture juste assommée parce que je viens de vivre. Pourtant à chaque mouvement mon dos se rappelle à mon bon souvenir, ce qui me confirmer que j’ai pris la seule décision qui s’imposait mais sincèrement je l’ai vraiment en travers la gorge. Je refais le match dans ma tête quand je suis dans mon bain chaud sans réussir à trouver ce qui a bien pu se passer pour que tout parte en vrille aussi vite. Pour tout vous dire, nous sommes jeudi et je souffre toujours. Cet échec remet en cause tous mes projets sur 2020, autant dire que pour le moment je tente juste de digérer la nouvelle. Octobre devait être un mois axé sur la famille après mon retour d’Afrique du Sud, je vais donc prendre le temps de réfléchir à ce que je veux faire et ce que je peux faire. En attendant je vous prépare au plus vite deux articles, un axé uniquement sur toute la logistique de la course et l’autre sur la partie tourisme pur.