Run : Etna Trail – Episode 2

De nouveau un petit retour en arrière s’impose : j’ai fait en début de semaine 3 jours de rando en montagne et mes chaussures m’ont explosées les talons et j’ai dormi une heure la veille de la course dans une fiat 500 (à lire ici !). A l’heure où j’écris ses lignes, nous sommes mardi, nous sommes 2 jours après la course et mettre des chaussures fermées me filent toujours la nausée… Alors que faire ? Il y a une randonnée de 12km organisée au même moment que ma course. L’organisation m’a gentiment indiqué que je pouvais choisir au croisement d’aller à droite ou à gauche comme je le désirais. C’est donc avec en tête un plan B que je décide de me rendre au départ.

En prévision de la course, j’ai prévu des compeed et une espèce de bande spéciale ampoules que j’ai trouvé au supermarché juste avant de prendre l’avion. Autant le pied droit est clairement en cours de guérison, autant le gauche m’inquiète toujours. La plaie suinte toujours beaucoup trop à mon goût alors que je laisse le pied à l’air pour qu’il guérisse au plus vite. Intérieurement je peste après moi qui ai en plus oublié de prendre mes guêtres… Quand on voit notre terrain de jeu matinal avec la roche volcanique qui va prendre un malin plaisir à rentrer dans mes chaussures, façon pierre ponce… Par moment je me désespère moi-même. Enfin bref, j’emballe le tout, je glisse mes pieds dans mes chaussures, je crie un coup… Je serre mes chaussures, je re-crie un coup… Et je me mets debout avant de me rasseoir sur mon lit, cisaillée par la douleur. Bon ben, c’est pas gagné cette histoire.

Maintenant ces douleurs je les connais, je les ai vécues dans mes courses à la con dans le désert, alors je serre les dents, je me relève et j’avance. Ana a tapé à ma porte pour me demander si j’étais prête pour un petit café. Perso là tout de suite maintenant je me ferais plutôt un shot de vodka mais allons-y pour un croissant thé vert bien mérité et absolument parfait pour une alimentation riche en gras et en gluten. Je la sens un peu perplexe de me voir tout à fait décidée à aller courir alors que je boite à côté d’elle dans la rue… Et moi de la rassurer : « t’inquiète, ça va chauffer et la douleur va passer ». Sincèrement au fond de moi-même, je me dis qu’il serait grand temps d’appeler un psy et de commencer dare dare une thérapie. Ok je suis là pour le boulot mais suis-je assez payée pour souffrir autant ? La réponse est NAN ! Seulement voilà, ma dernière course s’est finie par un abandon et mon égo mal placé ce jour-là me force à me lancer dans l’aventure, ce qui est totalement débile je le concède aisément.

La ligne a juste été délocalisée pour le petit format au pied de l’Etna !

L’un des membres de l’organisation me voit débarquer sur la ligne de départ plutôt atterré. Il a vu l’étendue des dégâts et me demande ce que je fous là. Ouais je sais… Marie part s’échauffer (lire chapitre 1 😊), elle est là pour gagner et forcément elle est un peu plus sérieuse que moi. Je vais me contenter d’aller me soulager la vessie avant de rejoindre la ligne de départ. Le briefing est fait en italien et en anglais. Je note deux ou trois infos au vol, sans le savoir, je vais retenir un truc qui va sacrément m’aider mais ça je ne le sais pas encore. Un truc que je sais déjà c’est que le départ est plutôt roulant et en descente. Bref pour faire court, il faut courir. Génial… Tout ce que j’aime ! J’attends ce moment magique où logiquement mon ampoule chauffée à mort ne me fera plus trop souffrir mais j’avoue qu’elle a bien pris son temps.

Premier ravito, avec bonheur je trouve melon et pastèque. Je recharge en eau et je file sans demander mon reste. Je sais qu’on va bientôt se séparer entre le 12 et le 24 et qu’il va falloir vite faire un choix. Devant le panneau, après deux secondes d’arrêt je mets le cligno vers le 24, persuadée que je fais une bêtise mais nous sommes au 8ème kilomètre dans mes souvenirs et je sais que je peux faire un peu plus que 4km supplémentaires. Maintenant le reste c’est une autre histoire… En attendant j’avance en attendant désespérément le moment où ça va enfin monter pour que je puisse enfin marcher. Oui je sais c’est mal… Je suis une traileuse, pas une randonneuse et tout et tout mais bordel, là j’ai mal hein ? Et marcher peut me soulager un peu.

Mais c’est quoi encore cette descente qui semble immense là ? Je croyais qu’on montait moi ? Du coup je m’arrête, je regarde autour de moi et je vois un chemin avec une rubalise. Ah ah, ils croyaient m’avoir hein ? Enfin ça grimpe, enfin je marche les mains sur les genoux pour aller plus vite mais je marche quand même. Je suis tellement en mode déchaîné que je double un italien d’un certain âge et deux jeunes qui semblent être ses fils. Enfin bon je ne leur ai pas demandé leur arbre généalogique, je me suis juste contentée de les doubler en leur lançant un souriant « grazie mille ».
Après un petit passage dans un champ de lave séché et un coucou à Lionel qui est là pour immortaliser l’instant, je file au ravito suivant : le refuge Citelli que j’avais vu la nuit. C’est fou comme cela change totalement la perception des lieux. En attendant j’avale du melon, bois un verre de coca et je file sans demander mon reste. Je sais que je passe en mode sérieux là puisqu’on part à l’assaut du volcan et que ça risque d’être long… Très ou trop long même. En fait courir sur les pentes d’un volcan rappelle quand même grandement les sensations sur une dune mais en mode petits cailloux qui font mal en réalité 😊. En attendant j’avance et chaque kilomètre est un kilomètre de gagné.

Après la verdure, le volcan… ses cailloux et ses coussins de belle mère, le nom donné aux gros coussins verts épineux !

Alors que je suis dans une partie un peu « roulante » j’aperçois Cyril Cointre, représentant l’orga de la Maxi Race sur cette course qui me dit : « ah ben qu’est-ce que tu fais là ? Je pensais que c’était toi la journaliste qui s’est paumée ». Ah ben sympa la réputation… Ben non je ne me suis pas paumée, j’ai hésité deux fois mais je me suis arrêtée, j’ai regardé et j’ai trouvé mes rubalises, pourquoi cette question ? On trottine un peu ensemble, je lui demande à quoi ressemble la suite du parcours parce que je vais avoir besoin de m’arrêter pour vider les cailloux qui me gênent de plus en plus et là il me sort un truc de dingue : « tu sais que tu es dans les 10 premières là, 6 ou 7ème même je dirais ». Euh tu te fous ma gueule ??? Il y avait pleins de filles au départ, d’où je peux être à un niveau pareil ???
Bon classement ou pas classement, je m’arrête une première fois pour un vidage de chaussures vite fait mais mal fait justement. Je repars, bien décidée du coup à tenter de garder une place qui me semble totalement dingue. A 3km de l’arrivée il y a un point d’eau et j’aperçois une traileuse qui fait le plein. Mince, je fais quoi là ? J’ai mal aux pieds, j’ai besoin de vider correctement ma chaussure gauche mais j’ai l’occasion de la doubler quand même. Mais d’un autre côté elle a été devant moi toute la course non ? Enfin bref je vois un caillou, je m’assois et en toute logique elle me rattrape. Je comprends à son regard qu’elle n’avait pas prévu que je débarque tout d’un coup et qu’elle veut se battre.

Ok, on est parti mais clairement en montée elle assure plus que moi. Je me mets en embuscade et je ne lâche rien. Sérieusement, il y a 2 heures j’envisageais sérieusement à passer en mode randonnée et là je suis en train de tenter de courser une fille pour une hypothétique place dans un classement… Par moment je me fais vraiment peur ! Nan mais c’est quoi encore cette grimpette ??? Je croyais qu’on descendait jusqu’à l’arrivée moi ? Il fait super chaud en plus et comme j’ai trouvé intelligent de tracer plutôt que de reprendre de l’eau, je commence à être limite. Ben tiens… Pieds explosés, déshydratée, ah ben elle est belle la traileuse d’opérette tiens ! Ah enfin ça descend ! Le sol est bien instable mais je m’accroche je sais que l’arrivée est à 500m à peine. Mince alors qu’est-ce qu’elle fait ? Nan mais ne ralentis pas pour embrasser tes enfants, tu vas me faire culpabiliser de te doubler là… Ah ben voilà, je culpabilise… Et je la laisse finir à deux secondes devant moi.

Des pieds tous « cracra » et du lemon soda… Sympa l’Etna !

Je récupère ma médaille, je chope du melon (j’adore le melon des fois que vous n’auriez pas compris 😊) et je file rejoindre Marie qui attend sagement sur un muret. Je suis persuadée qu’elle m’attend depuis des heures, mais j’aperçois alors sa cheville bandée. Ah mince… entorse et abandon suite à une erreur de parcours. Et là surtout j’apprends le pourquoi du comment de ma 4ème place surprise. Lorsque j’ai hésité la première fois sur le parcours devant une descente qui me paraissait suspecte, le groupe de tête lui n’a pas hésité et a foncé sans hésiter, surtout que très vite ils sont tombés sur du balisage, et ont donc, en toute logique, continué. Sauf que c’était celui du 54 de la veille, pas encore enlevé et pas celui du 24. Cette erreur globale a fait pleins d’heureux puisque les 2ème et 3ème garçon sont dans le même cas que moi. Ils ont pris le bon chemin et même en s’arrêtant prendre des photos, ils finissent sur le podium. On se marre en attendant la remise des prix totalement improbable mais désolée, il est hors de question de ne pas profiter de l’instant. C’est le jeu ma brave Lucette 😊

Si le cœur vous en dit le site de la course est ici !

Crédit photo ouverture : Lionel Montico