… pendant 30 minutes … assez cependant pour me rendre compte que … (la suite … à la fin de l’article)
A l’occasion du Salon du Running ASICS France a présenté à quelques journalistes et blogueurs sa dernière et exceptionnelle (au sens propre du terme) création running : la MetaRide . J’ai fait partie des chanceux invités et ait même pu tester ce modèle « révolutionnaire » afin de voir si les actes (ie : moi en train de courir) étaient bien conformes aux paroles (celles des responsables de la marque).
Avant que d’aucuns ne poussent des cries d’orfraie sur le prix, comprenez bien, qu’il s’agit comme pour la MetaRun , avant tout d’un concept (dans mon ancien métier, on appelait cela un démonstrateur) qui ne sera vendu qu’à très peu d’exemplaires et qui a pour vocation première d’éprouver in situ un ensemble de technologies sur lesquelles le centre de recherche de la marque nippone travaille depuis plus de 3 ans. La déclinaison à des modèles moins onéreux de la marque se fera progressivement et sans doute … si les remontées clients sont bonnes, ce dont Asics semble certaine.

Les promesses affichés sont alléchantes : une chaussure destinées aux courses de fond (j’y reviendrai car j’ai « tenté » un 30/30 avec …) qui apporterait un gain en énergie de course de 20% au moins (sur la foi de mesures réalisées par un laboratoire indépendant). Vous associez les mots « fond » et « gain en énergie » et vous vous dîtes « la chaussure parfaite pour la performance sur le marathon » …
Et vous avez raison … au moins sur un point : on ne peut courir avec que sur la route (et pas trop sinueuse si possible). Son « principe de base » réside dans la forme bombée de la semelle pour aller plus vite sur l’avant. Ceux qui me suivent depuis longtemps savent que ce n’est pas une nouveauté. Skechers a précédé Asics d’au moins … 5 ans en termes de forme mais avec un matériau hyper souple là où la MetaRide a opté pour le rigide. Airia , petite et éphémère marque suédoise avait, elle aussi, proposé une semelle « adaptée à la forme du pied » mais plus rigide que celle de la MetaRide et surtout sans aucun amorti. Newton a été la pionnière des « chaussures à bascule » avec ses patins. Bref, une idée pas vraiment novatrice en soi mais …
Ici, le problème a été pris dans son ensemble et du point de vue de la biomécanique du coureur et c’est là que la MetaRide devient intéressante sur le papier. Minimiser le temps de pose talon et favoriser une bascule immédiate vers l’avant (diable, mon livre aurait-il était traduit en Japonais ? LOL). Faire en sorte que la cheville ne bouge que dans le sens de la marche. Et, tenez-vous bien, contrairement à son habitude, la marque propose une toebox (presque) large (no kidding !!!), preuve qu’elle a compris que si on fait en sorte d’aller vite vers l’avant et de rendre l’impulsion dynamique, il faut permettre au pied de s’évaser (ce n’est pas trop tôt). Et maintenant, j’espère que vous êtes bien assis dans votre fauteuil : le drop est … de zéro mm et il n’y a pas d’amorti sur l’avant ! Mais, c’est le rêve cette chaussure ! The DREAM ! 🙂

Tout cela, par contre, au prix d’une rigidité extrême de la semelle et de la partie arrière de la chaussure. En gros, vous faites ce qu’elle dit, pas question que votre pied se mette à se tortiller … Voilà pour la théorie, qui, je dois l’avouer honnêtement fait sens biomécaniquement parlant. Parlons un peu de ma (trop brève) pratique.
La MetaRide a été conçue pour des coureurs attaquant du talon mais elle est tolérante à la foulée médio-pied si tant est qu’on n’attaque pas vraiment de l’avant, auquel cas, inutile d’envisager l’achat. Attaquant du plat du pied, ultra-léger pour ma taille, je ne suis pas dans le coeur de cible, néanmoins, j’ai quelques premières idées assez précises à vous partager :
Le temps d’adaptation est voisin de la minute. La chaussure est « facile ». Vous pouvez l’enfiler et partir courir sans avoir besoin de périodes successives et croissantes de prise de connaissance. Elle est confortable même si au milieu du pied on aimerait bien un tout petit peu de souplesse, surtout quand on attaque médio car on tape sur un point dur de la semelle. Par contre, en attaque talon, la fluidité est le maître mot.
On sent vraiment qu’on est poussé vers l’avant mais de manière douce. Ce n’est donc pas qu’un argument marketing. De fait, à allure modérée, je dois avouer que j’ai pris plaisir sur mes foulées, surtout sur de longues lignes droites. L’absence d’amorti ou presque à l’avant et la toebox large m’ont évidemment parlé. Le chaussant est un peu trop présent pour moi mais j’adore les chaussures « molles du mesh ».
J’ai tenté une ligne droite sur piste mais dès les premiers mètres, no way … impossible d’attaquer de l’avant avec. Elle n’est vraiment pas faite pour cela. J’ai fait aussi un peu de zigzags rapides et là aussi ce fut un pensum, la faute à la rigidité de la structure.
Est-ce que j’ai gagné 20% en économie de course ? Difficile de le dire sur une sortie tranquille de 30 minutes. Si j’ai l’occasion de pouvoir tester ce modèle plus longtemps, je pourrais vous en dire plus, mais là ce soir, ce serait de la science-fiction.
La MetaRide est une chaussure intelligemment conçue car pensée dans son ensemble (ce n’est pas « genre » : la semelle qui booste et la toebox riquiqui). Sa zone optimale d’utilisation est très limitée (course de fond sur route et pas trop de virages). Elle est facile et agréable à vitesse modérée et respecte bien sa promesse d’entraîner vers l’avant pour améliorer le dynamisme de la foulée. Par contre, vaut-elle, en secondes potentiellement gagnées sur votre meilleure performance sur marathon, son pesant d’euros ? Honnêtement, je ne me risquerais pas à vous l’affirmer.