Run : MCC 2018 pour Maxi Course avec les Copains

Elle était prévue avant tout pour le travail mais elle s’est transformée en moment ultra convivial et ultra privilégié d’être là tous ensemble à crapahuter sur cette si belle montagne !

A la base, je suis testeuse en chef des courses de montagne de la rédaction de Running pour ELLES. Alors forcément, une petite nouvelle s’annonçant du côté de Chamonix, j’ai levé le doigt en sautillant sur place et en disant « moi, moi, moi ! ». Surtout qu’on m’avait vendu du super roulant, du super cool sur un super parcours… Tu parles Charles ! Du roulant selon Kilian Jornet je veux bien mais selon mes pieds et mon dos qui a bien râlé, on était bien sur une course du niveau UTMB.
Petit rappel : la MCC a été créée avant tout pour permettre aux bénévoles, aux « locaux » mais aussi aux équipes des partenaires d’enfin faire partie de la fête du côté traileur. 40km, un départ de Suisse, Martigny-Combes pour être plus précise, et 2300D+ annoncés, voilà la base. Dans le détail, on peut résumer le parcours à : « je grimpe la Forclaz, je ravitaille, je grimpe le col de la Balme, je ravitaille, je descends à Argentière, je ravitaille et je déroule jusqu’à Chamonix easy » … Enfin ça c’était la théorie ! En pratique, j’arrive donc très tard le dimanche soir aux Houches, au Rocky Pop qui est ma seconde maison dans le coin. L’orga est super parce que j’ai une navette qui passe me prendre juste devant l’hôtel à 7h30 du mat, soit un horaire relativement raisonnable pour la fille en manque de sommeil réparateur que je suis. Vrai petit déjeuner au buffet de l’hôtel même si je reste relativement raisonnable, bien décidée à me venger le lendemain matin. Bus avec passage à Chamonix pour terminer de le remplir et zou direction la Suisse, où je dois retirer mon dossard sur place. Ça aussi, c’est top de pouvoir le faire, puisque dans mon cas, il aurait été impossible de le faire la veille.
Je profite des quelques minutes avant le départ pour boire un thé, faire mon traditionnel pipi de la peur, même pas planquée derrière un bosquet puisqu’il y a des cabines prévues juste à côté de la ligne de départ où il n’y a personne à attendre et qui sont d’une propreté stupéfiante. Déjà, alors que nous ne sommes même pas partis, je ressens une ambiance totalement différente, un petit truc en plus qui va se confirmer tout le reste de la journée. La météo est annoncée superbe, les enfants sont là pour nous saluer et nous encourager comme pour l’OCC, c’est parti mon kiki, enfin vous me comprenez !

Le départ… La balade, ça va on ne se bouscule pas… et le premier ravito !

Je vous dirais bien que j’ai couru à bride abattue pendant 10km histoire de m’échauffer mais très vite nous sommes en mode grimpette et c’est plutôt bâtons marche rapide que sprint les cheveux au vent. A part un petit ralentissement parce qu’on passe d’une trois voies à une seule voie, je ne peux pas dire qu’on ait eu de réels bouchons. Mais ça ne râle pas vraiment, mieux ça plaisante dans les rangs, comme si l’idée était avant tout de faire la fête et le chrono on le met aux oubliettes… Tu me diras vu mon niveau ça tombe plutôt bien ! Quoique j’ai eu un léger stress quand j’ai appris qu’il y avait des barrières horaires, naïve que je suis, je pensais carrément qu’il n’y en avait pas ! Bon elles sont jouables mais de là à trop traîner, il ne faut pas exagérer.

Mais j’avoue, c’est l’esprit rassuré que j’atteins le premier ravitaillement. Je suis bien, j’ai les jambes lourdes de mon petit délire germanique mais ça va. Il fait super beau, la montagne est belle, les gens sont sympas, mais sérieux que demande le peuple ! J’embrasse Pascale, une copine d’ultra sablonneux en charge de la fermeture de la course au passage. Je repars et là croyez-le ou pas, je vous jure que c’est vrai, je me suis fait piquée par une bête… J’avoue que sans les événements du week-end dernier sur l’UTMB et l’abeille de Kilian, je crois que je n’en aurais même pas parlé mais là impossible de ne pas l’évoquer ! Je ne sais pas du tout ce qui m’a piqué au demeurant. Lorsque j’ai senti la brûlure sous le bras, j’ai eu le réflexe de faire fuir l’attaquant de ma main. Je voudrais bien dire que cela explique mon temps plus que moyen à l’arrivée mais je serais d’une mauvaise foi totale… Mais c’est un fait, j’ai fini à la crème à la cortisone en rentrant chez moi, la piqûre prenant une ampleur démesurée 24h après, avec un bras qui avait doublé de volume et une douleur intenable qui m’empêchait même de dormir. Décidément je les attire (voir le Jungle Marathon)

Oh un nid de spectateurs ! 

Enfin bref en attendant, je grimpe au Col de la Balme pour profiter d’une vue à couper le souffle. Je bois une soupe à la santé de la beauté du lieu et j’attaque la descente (oui je sais je suis joueuse !).

Apparemment certains de mes petits camarades ont moyennement apprécié la blague !

Allez savoir pourquoi, j’avais en tête que ce serait super roulant, genre limite bitumée… On m’avait vendu un chemin de 4×4… Je t’en foutrais oui du 4×4 ! Télécommandé et miniaturisé, je veux bien mais même Sébastien Loeb ne passe pas par-là 😊.

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Je t’en foutrais du 4×4 ! 

En attendant, c’est là que ma course prend une tout autre tournure puisque je fais la connaissance de Gilbert bénévole du Lac Combal et de Brigitte locale de l’épreuve qui veut abandonner à Argentière. Elle n’a rien de cassé hormis son mental et je suis bien décidée à l’emmener jusqu’à Chamonix, dussais-je même la porter !

Je n’ai pas de photos avec Brigitte ! 

Arrivés au ravitaillement, je découvre pour mon plus grand bonheur des cookies et des sneakers… quand je vous dis que c’est du grand n’importe quoi ! Je rattrape Brigitte par le bras en la poussant gentiment en dehors du ravitaillement. On est très large avec les barrières horaires, même en marchant cool, on passera, hors de question d’abandonner là !

Sortez moi de ce ravito ou je fais un malheur ! 

Alors que nous cheminons gaiement vers Chamonix évoquant non sans humour nos âges canoniques et nos problèmes d’arthrose, nous entendons derrière nous une voix qui dit « dites je peux me joindre à vous ? je suis jeune mais j’ai un prénom de vieux ! ». Bienvenu Jacques 😊 Notre petit groupe fait connaissance, ça papote, par moment ça court un peu mais pas trop non plus. Alors que nous traversons le Lavancher un ami de Jacques vient à notre rencontre, il est 20 ou 22ème de cette course, je ne sais plus et a eu le temps de rentrer chez lui prendre une douche pour repartir tranquillement assister au podium. Je hais les jeunes ! 😊 Nous passons devant les Chalets de Philippe, grande adresse gastronomique et superbe hôtel s’il en est où, hélas, aucun arrêt au stand n’est prévu… A prévoir l’année prochaine, si l’orga passe par là, ce serait vraiment sympa de leur demander !

Dire qu’on a vu tout ça… 

Nous attaquons enfin les derniers kilomètres et alors que je raconte je ne sais trop quoi encore, un coureur me dit « euh si vous parlez à votre ami, il s’est arrêté il y a quelques minutes, il souffrait trop du dos ». Ok… Donc ça fait 10 minutes que je parle dans le vide en mode monologue et que personne n’osait me le dire ! J’attends un peu mais ne voyant rien venir, je repars, persuadée qu’avec la fougue de sa jeunesse, il va forcément me rattraper. C’était aussi naïf que de croire que j’allais rattraper mon « 3ème âge » qui semble avoir repris du poil de la bête ! Pas grave, voilà une joyeuse tablée qui m’interpelle et je retrouve Martine et Alain, les rois du bénévolat alpin qui sont là. On va dire que ce qui se passe en périphérie de Chamonix reste à Chamonix mais pour faire simple, je me suis fait une « Thévenard » 😊 Je repars, bien décidée à en finir au plus vite et même si les jambes sont moyennement d’accord, je cours vers la ligne d’arrivée.

Enfin je cours… tout dépend ce qu’on appelle courir cela va sans dire. Disons que j’avance un peu plus vite qu’en marchant ! Alors que j’arrive en ville, je découvre un coureur qui remonte le courant comme un saumon avec un truc qui brille autour du cou… Mince alors on va avoir une médaille, la première médaille d’une course UTMB ! Cool !!! Je suis très « truc qui brille », plus que « truc qui gratte et qui est d’une couleur improbable » et là je vais être servie. Arrive enfin le centre-ville où je suis encouragée par tous les coureurs qui vont chercher leur dossard et leur famille. Je me retrouve tout d’un coup devant une passerelle… Sérieux les gars ? ça rapporte combien de points ITRA la blague là ? Alors que je retrouve le plancher des vaches, une jeune femme spectatrice m’encourage et me demande « ça va ? apparemment plus dur que prévu non ? ». Je commence à lui répondre mais je ne suis pas décidée à marcher pour autant. Pas grave, elle se met à courir elle-aussi pour continuer à me parler et me sort une phrase totalement improbable « je viens avec vous, je vais à la pharmacie et c’est sur votre chemin » !

Je perds ma colloc de trottinage devant la pharmacie donc et je continue toute seule comme une grande. J’avoue, j’ai un peu fait le show… J’encourage tout le monde à m’applaudir et ça tape à tout va sur les pancartes des barrières. Je passe la ligne d’arrivée en mode hyper fière de moi, c’est bien simple, tu vois les photos tu as l’impression que j’ai gagné l’UTMB 😊 Je retrouve mes petits camarades de jeu pour mon plus grand plaisir, je les avais en visu mais je n’avais pas la force d’accélérer à ce point. Gilbert vient me remercier en me disant que les phrases que je lui ai dites lui ont permises d’avancer et que cela lui a donné la force de finir et Brigitte me remercie de l’avoir poussé hors du ravito. Jacques est arrivé comme je le prévoyais quelques instants après.

Voilà la première édition de la MCC est finie pour moi et sincèrement j’ai adoré ! C’était un peu une folie de vouloir enchaîner les deux dossards mais aucun regret parce que je me suis régalée de bout en bout avec des paysages toujours aussi beaux et qui expliquent à eux seuls pourquoi je suis accro. Je ne peux pas vous expliquer pourquoi mais toutes les personnes avec qui j’en ai parlé, ont-elles aussi évoqué une ambiance particulière, un truc en plus, qu’il faut avoir vécu pour comprendre, un sentiment d’euphorie de personnes ravies d’être là pour vivre ça ensemble… Comme une fête du trail ! Je venais pour le travail avant tout mais c’est clairement le plaisir de participer qui a prédominé. Je profite de ce texte pour remercier justement publiquement tous les bénévoles qui ont décroché leur dossard pour rejoindre leur poste et assuré auprès des coureurs les jours qui ont suivi. Vous avez mon plus profond respect, sachez-le et ma plus profonde amitié !

Epilogue : tant que j’y suis dans l’imitation des élites UTMB et puisqu’on se dit tout, sachez qu’à peine arrivée à mon hôtel, je vomissais mes tripes, juste le temps d’imiter Jim… Aucune intox alimentaire là-dedans, je crois qu’il faut juste mettre ça sur la chaleur de la journée et le bus hyper chargé que j’ai pris pour le retour à l’hôtel. Ce qui ne m’a pas empêché de faire sa fête à ma pizza quelques minutes plus tard !

Et les photos de mon copain Franck Oddoux pour vous donner encore plus envie ici

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