Ce portrait était paru dans le numéro 33 de Running pour ELLES, magazine pour lequel je collabore régulièrement. Après un débat passionnant sur la page FB « Bref je fais du trail », plusieurs ont émis le souhait qu’on mette plus à l’honneur les bénévoles, celles et ceux qui en coulisses nous permettent de réaliser notre passion en toute sécurité et avec un maximum de confort. Martine fait partie de ces visages bienveillants et je suis très heureuse de vous la présenter un peu plus aujourd’hui pour celles et ceux qui ne la connaissent pas encore.
Si vous commencez à prendre des dossards régulièrement sur les courses les plus célèbres de France comme le marathon de Paris ou celui du Mont Blanc, en passant par le trail hivernal du Sancy Mont Dore, il y a un visage ou plutôt un sourire que vous ne pouvez pas rater, celui de Martine, notre super bénévole au cœur d’or. Des élites aux derniers d’une course, ils la connaissent tous, elle qui est devenue avec le temps le visage rassurant et réconfortant des moments délicats où l’on cherche son chemin, où l’on stresse à l’idée d’aller chercher son dossard, surtout lorsque c’est le premier. Martine a 61 ans (un peu plus aujourd’hui mais elle ne les fait toujours pas !), qu’elle ne fait pas une seule seconde ! Autre particularité et non des moindres, enfant de la thalidomide (un médicament contre la nausée, donné à de nombreuses futures mamans et qui a engendré de nombreuses malformations sur les petites filles), elle est handicapée de naissance. Son bras absent, elle le compense par un cœur gros comme ça. « J’ai eu de la chance parce qu’à aucun moment, mes parents m’ont élevé différemment de mon frère. J’ai fait du sport en compétition, du tennis, du basket, j’ai fait du ski alpin, du canyoning et même des descentes en rappel ! ». Elle mène une vie professionnelle classique tout en consacrant toutes ses vacances à son autre passion : le bénévolat. Une retraite bien méritée et cette activité occasionnelle devient pour ainsi dire un temps complet.
« Lorsque je faisais de la compétition, c’est en fait le côté orga qui m’a toujours le plus intéressé. Je suis plus « back office » que « devant de la scène » ! J’aime rendre service et le fait d’être derrière permet de donner à tout ça une vraie valeur humaine. Je suis au service du sport et des sportifs ». Que ce soit à la remise des dossards, à la sécurité, à la logistique, Martine est partout et ce quel que soit le sport d’ailleurs, puisqu’il n’est pas rare de la voir sur les parquets des terrains de basket à Clermont Ferrand où elle vit. Et elle ne se contente pas de la France puisqu’elle est partie à Rio de Janeiro pour les Jeux Olympiques. « J’ai été sélectionnée pour partir là-bas et j’y suis rester deux mois puisque j’ai également encadré les Jeux paralympiques ». Attention n’allez pas croire que ce sont des vacances offertes aux frais de la princesse… « On paye son billet pour aller là-bas mais j’ai la chance d’y avoir une amie, donc pour le logement, c’était gratuit ». C’est à l’étranger qu’elle mesure encore plus à quel point le sportif de haut niveau peut être fragile : « lorsqu’ils arrivent parfois après 20h d’avion, ils sont perdus, fatigués… Le fait d’avoir en face d’eux une personne qui parle leur langue, qui est là pour les rassurer et les chouchouter, c’est énorme pour eux. Ils peuvent ensuite se consacrer totalement à ce pour quoi ils sont venus, gagner une médaille ».
« moi aussi comme bénévole
j’ai des courses qui me font rêver ! »
Pourtant la condition de bénévole n’est pas toujours simple… Entre les bougons qui râlent parce que leur inscription n’est pas validée, les nouvelles contraintes de matériel obligatoire, ils sont nombreux à râler. Mais dieu merci, pour quelques râleurs, il y a beaucoup de sourires et de merci. « Le bonheur pour moi, c’est lorsque des coureurs viennent me voir après une course pour me remercier de leur avoir porté chance. J’étais celle qui leur a donné leur dossard, je deviens celle qui porte chance ! Sans parler de ceux qui viennent pleurer dans mes bras après avoir passé la ligne d’arrivée. C’est arrivé encore pour une de mes participations au Trail du Sancy, une participante toute jeune, épuisée de ce qu’elle venait de vivre qui s’est écroulée dans mes bras ». Comme les coureurs, Martine a ses courses préférées et ses courses rêvées. « J’ai adoré encadrer la course des enfants à l’UTMB, un peu moins le reste parce que, comme pour les coureurs, une grosse logistique comme ça perd forcément un peu d’humanité, que ce soit pour les bénévoles et pour les coureurs. Mais c’est le prix à payer pour que tout le monde puisse courir en parfaite sécurité. Je rêve d’aller du côté de la Diagonale des Fous et du Mont Fudji comme dans le désert pour le Marathon des Sables. Et pour le Tor des Géants, ce sera surement l’accompagnement d’un coureur parce que malgré mon handicap je conduis très bien et les petites routes de montagne italiennes ne me font pas peur ! ».
Faire le portrait de Martine c’est avant tout pour nous, coureurs le moyen de pouvoir dire merci à tous ces bénévoles qui prennent de leur temps pour que nous puissions vivre notre passion en toute sécurité et en toute tranquillité. Alors n’oubliez pas de leur dire un petit merci, de sourire même si les muscles font mal, parce qu’ils le valent bien !
Ce sont les autres qui en parlent le mieux !
Titine ? Une merveille de bénévole : je l’ai connue en temps qu’organisatrice de course. Son dévouement, sa gentillesse et son écoute des besoins des coureurs sont exceptionnels. Depuis, je l’ai eu retrouvée sur des courses, toujours avec un grand plaisir.
Valérie LEVAI
Et je vous laisse profiter du superbe album réalisé autour des bénévoles du Marathon du Mont Blanc ici.