Oui elle était facile… mais je me devais de la faire ! Surtout que cette course s’est vraiment déroulée dans cet esprit, un bon moment entre copines !
Cette course n’était pas du tout prévue, mais depuis des années, je me dis que je dois y participer. Elle est juste à côté de la maison mais comme toujours je suis ou barrée à l’autre bout du monde ou juste à Paris pour un Paris Versailles ou autre réjouissance du même ordre. Mais là cette année, je décide que j’arrête mon cinéma et je prends un dossard sur une course où j’ai de bonnes chances de revoir tous les copains. Le principe : 43km selon l’organisateur (presque 45 selon les participants…), de St Pourçain charmante petite ville connue pour ses vignes à Moulins, charmante petite ville connue pour son musée du costume de scène où la ligne d’arrivée est même installée. Alors pour dire tout de suite les choses qui intéressent de plus en plus de monde, montant de l’inscription 20€, ce qui comprend des ravitos en mode XXL sur le parcours, un repas à l’arrivée, un t-shirt et 3 bouteilles de pinard si tu finis, voilà c’est dit !
Ma principale motivation n’étant pas de refaire ma cave, je prends le départ avant tout pour vérifier que mon dos est remis de l’OCC avant mon départ pour l’UTAT. Et comme en plus je sais que ma copine Chrystelle est de la partie avec 2 copines sur le relais, ça me motive aussi à me lever tôt un dimanche matin. D’ailleurs je la retrouve vite en arrivant sur zone, difficile de la rater, elle est en rose de la tête aux pieds ! J’apprends également qu’elle prend le premier relais soit 15km, que Rachel prendra le suivant à savoir 12km et que leur avion de chasse j’ai nommé Sylvie finira la balade. Tout de suite je me dis que je vais suivre les deux premiers relais parce que tout de suite je comprends qu’il n’y a aucune chance que je puisse suivre Sylvie. Mais ça me va très bien comme ça !
Briefing, fanfare et c’est parti ! Ah ok… ils ont voulu rendre hommage au Paris Versailles qui se court le même jour en nous mettant la côte des Gardes locale à l’apéro ? Bon on se met très vite en mode papotage avec Chrystelle au fond du bus et c’est parti pour la balade. Nom de dieu c’est pas possible… mais ils boivent quoi dans le coin ? Je vais arrêter de faire ma snob en buvant uniquement du Sancerre pour me mettre à la ficelle (c’est le beaujolais de chez nous) parce qu’ils courent tous hyper vite ! Bon franchement ça me laisse indifférente d’être dans les derniers mais c’est vrai que ça commence à devenir une habitude, faudrait penser à s’entraîner un jour quand même.
Les pinks ladies !
En attendant on visite le coin et même si on n’est pas là pour acheter du terrain, je tombe littéralement amoureuse de Verneuil-en-bourbonnais ! Au ravito je demande où je peux trouver le notaire du coin, je veux vivre dans ce village qui est à tomber à la renverse de beauté. C’est dingue, toutes les maisons sont belles ! Mais ce n’est pas un hasard si je me sens si bien là… En cherchant sur le net des informations j’ai découvert qu’il abrite le musée du lavage et du repassage, ma première passion, bien avant le trail et autres délires désertiques. Moi la reine de la centrale vapeur j’ai enfin trouvé mon paradis !
Bon c’est pas tout ça mais on est toujours bonnes dernières et Chrystelle semble souffrir… Clairement la CCC son grand défi réussi de l’année n’est pas encore un lointain souvenir et il faut se rendre à l’évidence, les derniers km vont être compliqués. Hors de question de la laisser, je suis venue pour courir avec elle, pour le meilleur et pour le pire, on va finir. On finit par alterner course et marche mais on avance et enfin le village où l’on doit passer le relais est en vue. Comme j’ai en tête de repartir avec Rachel, qui va donc en toute logique repartir tout de suite, j’accélère pour aller me ravitailler un peu et je lâche Chrystelle pour les 500 derniers mètres. Je file au ravito pour les solos et j’attends… et j’attends… Ben elle est planquée où ma nouvelle copine ? Je reviens vers la zone des relais et là on m’annonce que de désespoir, ils ont fait partir les derniers relayeurs avant notre arrivée. Ah mince… du coup je repars seule avec un objectif en tête : rattraper Rachel.
Mais comme je ne suis pas devenue Wonder Woman en tournant très vite sur moi-même, je vais mettre un peu de temps pour enfin la rattraper, enfin les rattraper parce qu’elle court avec une autre participante. Nous sommes donc trois jusqu’au ravito où je prends officiellement mon rôle de coach d’un jour. J’ai quelques infos importantes sur Rachel à vous donner pour que vous compreniez bien pourquoi il était important pour moi de la rattraper et surtout de l’accompagner. Elle doit faire 12km mais n’en a pas couru plus de 8 depuis très, trop longtemps… Un cancer, quelques opérations, ont eu raison de son entraînement pendant quelques années et c’est son premier vrai défi. Elle a repris la marche nordique mais la course à pied c’est autre chose.
Nous allons donc faire les quelques km qui nous restent tranquillement mais surement. Il fait très chaud même pour moi, c’est dire ! Le parcours n’est pas roulant mais plutôt une succession de petits coups de cul à donner qui fatiguent bien… Alors je raconte ma vie comme je sais si bien le faire quand il s’agit d’occuper l’esprit et de faire passer le temps. Je vois bien que ce n’est pas facile pour Rachel mais elle ne lâche rien ! Elle tente plusieurs fois de me pousser à partir mais je refuse de la laisser. J’ai dit que je restais jusqu’au relais, je reste jusqu’au relais.
Enfin son arrivée est là ! Elle retrouve Chrystelle et je file à mon propre ravito pour reprendre un peu de force. Je suis forcément bonne dernière et se pose alors le problème de continuer ou pas… Je m’explique avant que vous ne déduisiez trop vite que je fais ma pétasse et que finir dernière me pose un problème métaphysique, rapport à mon image ou quelque chose dans ce goût-là… Pour des questions d’organisation, forcément je mobilise pour me suivre deux suiveurs en vélo et un camion de secours qui reste toujours dans le coin… ce qui est atrocement gênant bien évidemment. Surtout qu’avec la chaleur, je pense que certains coureurs devant ont surement beaucoup plus besoin d’aide que moi. En deux secondes ma décision est prise, je rends mon dossard mais je continue en off. Chrystelle me passe sa gourde parce que je suis limite pour faire 15 km avec cette chaleur et le peu d’eau que j’ai sur moi et je repars discrètement…
J’avais observé que le débalisage n’était pas immédiat, ce qui m’arrange vu que je ne connais pas le coin, je suis donc parfaitement rassurée. Je préviens la famille que tout va bien et je repars tranquillement, bien décidée à profiter au maximum de ma petite balade. N’ayant pas prévu mes écouteurs puisque je savais que je papoterais j’opte pour la radio en mode « à fond les ballons » au milieu des vignes et des champs. Non je n’écoute pas David Ghetta mais Raphaël Enthoven qui débat sur le thème PMA et GPA… Je vous jure que c’est vrai ! Ce fut d’ailleurs comme souvent avec lui brillant et passionnant à écouter. Et j’enchaîne avec la 8ème croisade et le siège de Tunis…
Tout se passe bien jusqu’à ce que je me fasse gauler… A 3km de l’arrivée environ si j’en crois mon garmin, un bénévole qui assurait la circulation me repaire alors qu’il vient de quitter son poste en voiture et fait demi-tour pour venir voir ce que je fais là. On papote quelques minutes et je le sens quand même bien embêté de me laisser toute seule. J’ai plus de 40km au compteur, largement suffisant pour ma sortie longue du dimanche matin, j’ai un sac à la consigne qui va finir par attirer l’attention… Je finis par accepter qu’il me ramène à Moulins. Dans la voiture j’apprendrais qu’en réalité le dernier venait de passer mais c’est trop tard. De toute façon je n’étais plus classée, alors aucun regret. Je retrouve les filles, je récupère mon sac et je file au mac do parce que j’ai les crocs ! La routine quoi…
Alors oui me direz-vous je n’ai pas fini mais franchement je m’en fous comme de ma première culotte h&M. J’ai passé un super moment avec des filles incroyables, j’ai profité de la nature, du soleil, j’ai découvert un village superbe, j’ai appris pleins de choses en me cultivant, sérieux que demander de plus je vous le demande ??? Pour moi le trail ou le running en général, ce n’est pas et ça n’a jamais été une série de chiffres sur une bestiole qui bip et vibre à mon poignet et ce n’est pas prêt d’arriver. Aucun regret et il y a même pas mal de chance qu’on me revoit l’année prochaine à Vin’scène parce qu’une orga pareille mérite d’être encouragée !