Run : petit guide de l’accompagnateur

27/08/2016 UTMB 2016 UTMB CHAMONIX ARRIVAL Ludovic POMMERET (FRA) takes 1st place © UTMB¨ - photo : Pascal Tournaire

Régulièrement le sujet revient sur les forums : intérêt ou non d’avoir un accompagnateur lorsque c’est permis ? Je réponds tout de suite oui ! Surtout lorsqu’il s’agit de courses longues type UTMB®… Après deux expériences d’accompagnatrice et quelques erreurs, voici un retour d’expérience qui pourra aider votre entourage ou vous-même si un jour vous passez en mode « je suis un ultra trail du bas-côté ».

 

Avant la course…

 

Le sac ou même les sacs puisque vous n’êtes plus limité en poids doivent se préparer en commun ou tout du moins être débriefer ensemble. Vous devez savoir exactement ce que le coureur (je reste au masculin mais évidemment c’est mixte !) a prévu. L’intérêt principal d’un accompagnateur, c’est le gain de temps… Il faut être efficace et rapide, pas passer 30 minutes à chercher un truc au fond du sac que l’on n’est même pas sûr d’avoir ! Avoir plusieurs paires de chaussures à disposition, des vêtements de rechange évidemment, c’est la base. Si vous n’avez pas de stock, pensez à avoir de quoi les rincer et les laver entre deux ravitaillements, ça marche aussi très bien ! N’hésitez pas à prévoir des tenues plus chaudes que la météo pourrait encourager. La fatigue au bout de 2 nuits dehors donne froid… Très froid… chaussettes propres parce que s’il faut soigner des pieds, remettre des chaussettes sales n’a pas grand intérêt. Question nourriture, il faut là aussi penser « varié » parce que bon nombre de traileurs se sont retrouvés fort dépourvus lorsque la bise fut venue… Envie de salé alors qu’on avait prévu du sucré et même l’inverse. Là encore le rêve est d’être en indépendance totale, ce qui sous-entend de pouvoir faire chauffer de l’eau pour pouvoir faire une soupe ou même faire cuire des pâtes ou du riz. Soit vous avez une bouilloire de voiture (si ça existe pour les camionneurs et autre camping-car !), soit comme moi, vous cherchez une âme charitable avec une prise de courant aux CP, en pensant aux problèmes d’adaptateurs si pays étrangers.
Préparez une trousse de santé pour être là encore en autonomie et éviter la perte de temps auprès du staff médical pour une petite ampoule. Evidemment je parle de trousse de santé… pas trousse de dopage merci bien ! Personnellement dans la mienne il y avait : de quoi strapper, de quoi soigner une ampoule en mode ultra donc pas de compeed mais seringue, éosine, hépafix pour protéger, du paracétamol, de l’huile de massage arnica, des lingettes compressées (vous savez les petites pastilles qu’on réhydrate dans un bouchon d’eau pour une toilette vite faite). Cela permet de faire face au plus urgent généralement. Jamais et je dis bien jamais d’automédication en matière d’anti-inflammatoires, vos reins vous en remercient !
Un truc très important à prendre en compte : l’accompagnateur ne doit pas s’oublier !!! J’ai fait la bêtise la première fois et je m’en suis mordue les doigts de froid ! Donc duvet, vêtements chauds, de quoi manger parce que vos horaires ne seront peut-être pas compatibles avec ceux des commerces et une chaise de camping confortable pour attendre, sans oublier un livre, des films sur un ordi… bref vous comprendrez très vite que vous allez plus vite que le coureur en voiture, et que l’attente sera longue… très longue ! Ne rigolez pas, si vous voyez le nombre de personnes désespérées qui font les 100 pas en regardant les coureurs pendant 2h ! Pensez à repérer le parcours à l’avance également parce que le vôtre n’est pas balisé ! Je sais, ça a l’air con dit comme ça mais j’ai suffisamment galéré en voiture dans certains coins pour trouver le ravitaillement. Cela veut dire un parcours imprimé à l’avance en plus du GPS qui forcément trouvera logique de vous planter en pleine campagne !

 

Pendant la course…

 
On passe en mode coach, cela veut dire que pendant quelques minutes c’est vous qui devez donner le rythme. A vous de voir le plan de route avec votre coureur mais si vous partez sur des pauses de 15 minutes par exemple, c’est à vous de contrôler le temps, pas à lui. Préparez tout ce dont vous allez avoir besoin avant son arrivée, ce qui se résume à « sortez tout ! », d’où le bonheur d’avoir plutôt des sacs type sac de supermarché, grande ouverture, bonne visibilité, hyper efficacité. Si vous préparez une soupe ou autre truc chaud, pensez justement à le faire un peu avant histoire que ce soit à la bonne température et qu’il ne perde pas de temps. Apprenez à remplir la poche à eau en amont… Ne rigolez pas, ce n’est pas toujours d’une simplicité déconcertante ces trucs-là quand vous n’êtes pas traileur ou que vous ne connaissez pas la marque. On n’est pas là pour se raconter sa vie ni pour faire le débrief de la course qui vient de s’écouler, on fait pratique, simple et rapide. Vous vous raconterez votre vie devant une bière à l’arrivée. Vous êtes un roc, vous n’êtes pas là pour commencer à dire « ça va ? pas trop dur ? tu veux arrêter ? ». Non, vous êtes là pour le remettre d’aplomb et le virer au plus vite de la tente ! Mais vous êtes là aussi pour être sûr que tout va bien et qu’il est vraiment en état de repartir en toute sécurité justement. Les 3 mantras de l’accompagnateur ? Rassurer, assurer et bienveillance. On évite les questions du genre « tu penses arriver à quelle heure au prochain ravito ? », C’est aussi con que de demander à un bénévole combien de km il reste avant le prochain ravito ! le coureur n’en sait rien, il fait ce qu’il peut comme il le peut. Donc vous rangez votre petit bazar et vous filez au ravito suivant l’attendre point barre. On fait du tourisme un autre jour ! C’est compris ? Aujourd’hui les applications donnent de très bonnes indications sur les moyennes et ça aide à s’organiser, n’hésitez pas à les charger sur votre smartphone. Le point le plus important pour finir : un ultra c’est comme une salle de travail un jour d’accouchement… Tout ce qui est dit ou entendu doit immédiatement s’oublier lorsqu’on passe la ligne d’arrivée ! On reste sourd au « tu ne me toucheras plus jamais de toute ton existence » comme on reste sourd au « mais pourquoi je fais de l’ultra ? ». Même si par moment on ne rêve que de dire « putain tu nous as fait chié avec ta connerie de course toute une année, alors t’as intérêt à finir même en rampant sinon c’est moi qui t’achève à coup de bâtons 3 brins », on reste zen, on fait comme si on n’avait pas entendu et on le pousse gentiment jusqu’à la sortie avec un sourire rassurant et confiant.
Voilà, ça vous donnera déjà quelques pistes de réflexion pour vous préparer. A chacun d’adapter en fonction de la course et de la personne concernée ! Personnellement je trouve qu’il est plus facile de faire ça avec des personnes pour lesquelles on n’est pas impliqué émotivement parlant. Je sais que cela surprend mais c’est ainsi. Si ça se passe mal et que c’est le conjoint qui est impliqué… cela peut avoir des conséquences qui vont beaucoup plus loin qu’une course ratée. Pensez-y ! Après faites comme vous le voulez mais franchement si vous pouviez éviter d’imposer à des enfants en bas âge cette galère, ce serait une bonne chose… J’ai vu des enfants dans des états de fatigue inouïs à Vallorcine qui n’avaient rien à faire là. A l’arrivée oui, mais sur tout le parcours, franchement ils sont mieux au chaud dans un lit… Pensez-y aussi !

PS : je vous ai fait un petit article complémentaire sur l’UTMB® uniquement ici.