News : Bio un jour, bio toujours !

Pour ceux qui suivent mon mur FB, ils savent que j’ai traversé récemment la manche pour aller admirer un certain poireau… Ok c’était un peu limite comme blague mais si vous étiez féru d’héraldique, vous auriez compris la référence. C’était bien entendu une référence aux armoiries du pays de Galles où le poireau mais aussi la fleur de chardon sont mis à l’honneur. J’ai eu la chance de pouvoir visiter l’une des fermes du Prince qui, et je crois que peu de français le savent est un fou furieux de bio. La Duchy home Farm fait partie de Highgrove House, maison privée du Prince et connue pour ses incroyables jardins qu’il faut visiter un jour.
Je le raconte souvent mais c’est une réalité, j’ai appris à lire dans « Point de Vue – Images du Monde » qui apparaissait tous les mercredis sur la table du petit déjeuner avec le « Canard Enchaîné », ma mère souhaitant avoir une vision globale du monde… Avec une éducation pareille faut pas s’étonner si je suis imbattable avec les familles royales du monde. Evidemment à l’époque où mes copains de classe collectionnaient les images panini et se battaient pour celle de Platini, je faisais tache dans la cour de récré. Stéphane Bern si tu me lis, je compatis, ta vie, c’était ma vie aussi ! Je me souvenais donc très bien des articles moqueurs sur ce pauvre prince qui à l’époque ne trouvait pas fiancée (Camilla ne faisait que passer par là !) et qui en plus se passionnait pour son potager en faisant écouter du Mozart à ses navets. Evidemment avec des oreilles en choux fleur quoi de plus naturel me direz-vous ! Seulement, ce brave garçon avait des années d’avance sur beaucoup de personnes et était déjà convaincu il y a plus de 40 ans que l’avenir de l’agriculture serait le bio ou ne serait pas. Il a donc décidé d’utiliser une partie de sa fortune personnelle (on ne rentre pas dans le débat de l’origine de sa fortune merci !) pour cultiver, élever vaches, poules, mouton façon bio et tenter ensuite de convaincre ses voisins de faire de même. Il a depuis lancé toute une gamme de produits bio qui sont commercialisés à Londres et dans ses fermes, les bénéfices étant entièrement redistribués à ses différentes fondations. Fin de la minute people ! (pour info si vous avez l’occasion d’en ramener, son fudge bio est juste une tuerie, j’ai du le planquer dans mon bureau, mes enfants voulant me le piquer… faites des gosses tiens).

 

Je voulais le defender… J’ai eu le tracteur !

Alors forcément quand on m’a gentiment proposé de venir voir ça de mes propres yeux, j’ai sauté dans mes bottes Hunter façon Kate Moss, attrapé ma Barbour façon Elisabeth II et foncé prendre l’Eurostar. C’était d’autant plus intéressant lorsque j’ai reçu la liste des invités : entre la fondatrice d’une école de cuisine, des cultivateurs de noix bio de Californie, l’épouse de l’ambassadeur du Danemark et des journalistes de la BBC, je savais que les échanges seraient à coup sûr passionnants. Le but de la rencontre n’était donc pas de nous « vendre » le bio parce que ça on n’en a pas besoin mais plutôt d’échanger et faire un petit tour d’horizon de ce qui se fait ailleurs. La ferme où nous nous sommes rendus est avant tout  une ferme laboratoire. L’idée est clairement de tester en grandeur réelle et ainsi pouvoir ensuite offrir aux agriculteurs qui souhaitent suivre ce mode de culture un maximum d’informations. Je vais faire très court : en voyant les champs de taille réduite, les haies arborées, on se serait cru au 19ème siècle. J’attendais l’arrivée du propriétaire des lieux sur son cheval, seul moyen de transport acceptable dans de tels paysages. Plusieurs agriculteurs d’ailleurs sont aussi présents et je tombe des nues en apprenant que pour eux, le bio ça tient plus du bénévolat qu’autre chose… Alors qu’en France, on nous présente régulièrement des agriculteurs heureux et surtout plus « riches » après avoir basculé dans ce type de culture, la Grande Bretagne semble beaucoup plus en retard dans ce domaine. Très clairement le système de commercialisation directe ou circuit court peine vraiment à se mettre en place et la grande distribution n’a pas l’air de suivre le mouvement. Evidemment les gens « riches » et « informés » trouvent et consomment mais trouver du bio en supermarché à un tarif abordable semble relever de la gageure. Ce qui n’encourage pas les agriculteurs à se lancer évidemment. Pour les cantines scolaires là aussi c’est la guerre… Jamie Oliver tente bien de convaincre les petits anglais que nuggets de poulet tous les midi y a mieux mais pour le moment il semble surtout faire le show à la télé plus qu’autre chose, le gouvernement n’en faisant pas du tout une priorité.

 

J’ai hésité entre adopter une vache ou me barrer avec le chien…

Je crois que l’échange le plus drôle que j’ai eu pendant cette journée fut avec le californien qui s’est spécialisé dans tout ce qui est culture de ce que j’appelle les graines : noix de toutes sortes, pistaches… et j’en passe. Tout ça est bio évidemment et là encore, il a associé grâce à sa femme professeur d’économie à l’Université proche de chez eux, le côté éducatif en fournissant aux agriculteurs qui souhaitent se lancer des plans, des chiffres, bref tout ce dont on a besoin pour convaincre une banque de vous suivre. La Californie est très avancée dans le domaine du bio et pas uniquement grâce aux instagrameuses qui nous inondent de photos de smoothies verts et autres graines germées. Il y a une véritable volonté du gouverneur d’aller dans ce sens et les moyens semblent mis pour passer la seconde. Revenons-en à ma petite histoire ! Il se rend dans le Périgord pour aller à la rencontre de ceux qui sont pour lui une référence dans le domaine de la noix, évidemment. Il veut surtout apprendre tous les secrets de la fabrication de l’huile à la française. On lui recommande un nom, il s’y rend et passe la matinée avec discuter avec un monsieur très fière de son huile 100% bio. Mais très vite, notre californien fait ses calculs et comprend que la production d’huile ne colle pas avec la production de noix de l’exploitation… Il pose la question, on lui répond fermement que tout provient d’ici même. Mais notre californien est filou… il profite d’un moment où il est seul pour se balader sur la zone de fabrication et tombe nez à nez avec des sacs de noix, ses sacs de noix… Notre français fait donc venir de Californie des noix bio pour fabriquer son huile bio, sa propre production ne suffisant pas. Bonjour l’empreinte carbone de la rigolade !

Le charme de la campagne anglaise… 

Mon échange le plus surréaliste ? Avec Madame l’Ambassadrice du Danemark qui parle français suite à un séjour de plusieurs années dans notre capitale. Elle me confirme ce que nous savons tous, le pays est plutôt bien placé dans le monde du bio. Proche de la nature, ce peuple continue dans son assiette à faire son possible même si là aussi il y a forcément encore des améliorations à faire, surtout du côté du poisson. En parlant de poisson, elle me raconte sa vie quand elle rentre chez elle. Elle vit dans une île où il y a 900 habitants et aucune poissonnerie… Alors le poisson si elle en veut, pas le choix elle doit le pécher elle-même tous les jours et c’est son grand plaisir. Et tiens puisque j’y suis, vous savez quel est le pays le plus en avance question bio ? Le Bhoutan ! Ce pays perdu dans les confins de l’Himalaya a décidé par la voix de son roi de devenir en 2020 le premier pays 100% bio du monde, puisque pour eux c’est la suite logique de leur BIB, leur bonheur intérieur brut qui sert de référence, en opposition à notre PIB. Energie hydraulique, air pur, tout est là pour y arriver. Mais surtout il y a une conscience bien réelle de la part des autorités parce que la plupart des ministres sont eux même fermiers… Le ministre de l’Agriculture avait déclaré en 2013 : « Notre terrain est montagneux. Lorsque nous utilisons des produits chimiques, ils ruissèlent et contaminent l’eau et les plantes. Nous avons besoin de prendre en compte l’ensemble de l’environnement. La plupart de nos pratiques sont issues de l’agriculture traditionnelle, nous sommes donc déjà majoritairement biologiques de toute façon. Nous sommes Bouddhistes et nous croyons en la possibilité de vivre en harmonie avec la nature. Les animaux ont le droit de vivre, nous aimons voir les plantes heureuses et les insectes heureux. » Et tant qu’on y est, « jeudi piéton » dans les villes obligatoire, pas de fast-foods, pas de tabac et pas d’alcool ou peu parce que les taxes sont tellement fortes que ça limite la consommation. Le tourisme de masse est interdit car jugé destructeur. Et ça marche pourquoi ? Parce que l’état s’engage vraiment…

 

Au lieu de perdre notre temps avec de nouvelles nomenclatures, avec des codes ou des logos tellement compliqués qu’il faut 2h maintenant pour réussir à remplir son caddy… Pourquoi à notre époque avons-nous 4 catégories d’œufs ? Au lieu de les classer, on devrait imposer un seul et unique mode d’élevage point barre. Ce n’est pas au consommateur de faire le boulot, c’est à ceux qui ont choisi de nous représenter de le faire ! Parce que ce sont toujours les plus faibles et les plus pauvres qui trinquent en premier… Et c’est de l’intérêt national d’offrir à tout le monde une alimentation de bonne qualité, on le sait l’impact sur la santé est colossal. Je ne suis pas vegan, je mange de la viande mais je veille autant que possible à en connaître parfaitement l’origine. Je fais ce que je peux  mais je suis bien consciente que j’ai de la chance d’avoir à proximité des agriculteurs bio qui vendent sur le marché le samedi à des prix très raisonnables. En attendant, je vais vous faire un article très rapidement sur tous les logos bio pour vous aider à vous y retrouver un peu, parce que je ne sais pas vous mais moi je suis paumée…