Sandrine notre autre plume (d’ailleurs va falloir faire les présentations correctement un jour !) nous revient avec un nouveau texte et un nouveau dossard !
Quand j’ai fait un billet sur mon premier 10 km à 43 ans (et demi), Cécile, l’hôtesse de ces murs, m’a dit « fais gaffe, tu vas finir comme moi ! ». Ben, comment dire, ça m’étonnerait. Parce que moi, au lieu de rajouter des kilomètres… j’en enlève. Et pourtant avec mes 10 kilomètres de départ, je n’ai pas un gros capital. Je suis en quelque sorte une coureuse « raisonnable », tout dans la mesure quoi, et j’y vais tranquille (un peu comme ma vitesse de croisière voyez-vous). On se rassure comme on peut. Bref. C’était aussi l’occasion de participer à une course à côté de chez moi et je me suis donc dis qu’un petit 9 kilomètres, ça ne devrait pas poser de problèmes (petite erreur d’appréciation).
Tout s’annonçait bien. Il faisait beau en ce dimanche d’automne et j’avais la pêche. Il y avait une bonne ambiance sur la ligne de départ. Comme d’habitude, famille et amis étaient venus me soutenir. J’avais bien l’intention de les épater un minimum cette fois… (ben oui, 9 km au lieu de 10, je voulais faire un peu d’esbroufe). Je me suis placée parmi la foule sur le départ, avec juste ce qu’il faut de stress positif. Ça allait, je n’avais pas (encore) l’impression d’être un éléphant dans un magasin de porcelaine. Tout roulait ma foi. Les 10 premières minutes ont été idylliques, ou presque. J’étais bien dans le peloton, je n’avais pas l’impression d’être complètement larguée comme cela m’est déjà arrivé (à peine le départ donné). Du plat, un peu de descente, une traversée de parking dans les cailloux… ma foi, ça se gérait. Et puis je ne sais pas ce qu’il s’est passé…
C’est au moment où il a fallu attaquer une énorme (immense, démentielle, incroyable… je pèse mes mots) côte, que j’ai due être transportée dans une autre dimension. Parce que quand je suis revenue dans notre monde (sur la côte donc, après ma petite escapade dans la 4ème dimension), suante et suffocante, les mollets en béton… il n’y avait plus personne sur la route. J’ai bien vue une malheureuse coureuse loin devant moi… qui marchait. Mais je faisais quoi alors moi ? Marche arrière ? Cette côte a duré des siècles (au moins). Vu que je ne cours que sur du plat (et pas vite), j’aime autant vous dire que j’ai connu là la souffrance, la vraie. J’ai quand même réussi à aller au bout de cette fichue côte, j’ai dépassé la marcheuse… mais le mal était largement fait. Plus personne devant, seule au monde, avec les premiers coureurs que je croisais en sens inverse. J’avais fait un tiers du parcours, ils avaient parcouru la boucle et revenaient pour le finish. A ce moment-là, pour tout vous dire, j’ai un petit coup de blues. Surtout que sur le parcours, les quelques spectateurs lançaient « c’est la dernière » (euh non, y encore une marcheuse derrière).
Comme je ne suis pas du genre à abandonner (il ne manquerait plus que ça !), je me suis accrochée (y’avait plus de côte, c’était la fête) et j’ai retrouvé le plaisir dans la portion plus « trail ». Vignes, bois, chemin… j’ai doublé deux autres coureuses en ayant l’impression d’être la reine du monde. Ravitaillement ok (mais pourquoi proposer des gobelets d’eau ? Vous avez déjà essayé de boire au gobelet en courant ?). J’ai encore doublé deux coureuses après les avoir eu longtemps dans ma ligne de mire. Jubilation. Je sentais que je revenais à mon top niveau (c’est peu dire). Avec le secret espoir de doubler encore quelques traînards avant la ligne d’arrivée… Et là paf, je me suis retrouvée à nouveau devant une côte. Beaucoup plus courte, certes, mais bien pentue quand même. Re coup de blues, j’avais eu mon quota de côte pour la journée. Ce qui m’a fait tenir ? Entendre les voix de celles que j’avais doublées se rapprocher, et recompter et recompter encore ceux qui étaient derrière moi. Parce que croyez-le ou non, je suis une bien piètre coureuse… mais j’aime « gagner » (je sais, c’est incohérent… et totalement inaccessible). J’ai fini. Rincée et un rien dépitée. J’ai dû zigzaguer entre les passants qui avaient réinvesti la route, pensant que la course était finie. Et le plus dur ? Je n’ai même pas eu la chance d’avoir mon nom dans le classement ! Tous ceux qui avaient mis plus d’une heure étaient purement et simplement inexistants. Pourtant je persiste et je signe : « je suis une coureuse ! ».
Rendez-vous dans 4 ans pour que je vous raconte mon premier 5 km ? Non j’ai compris la leçon. Je me dis qu’il serait peut-être plus malin de faire plus de kilomètres. Car je ne vais pas vite, certes, mais je pense que je dois être résistante (ceci dit, je n’ai jamais vérifié !). Je vais peut-être finir comme Cécile finalement (mais faudrait que je me dépêche d’enclencher la seconde !). Et si je tentais une folie cette année ? Un 20 km. Fera ? Fera pas ? Suspens…