Run : Mais où est donc arnica ?

Lorsque j’ai reçu un jour l’invitation de Weleda pour assister à la cueillette de l’arnica, j’ai réalisé une chose : je n’avais absolument aucune idée de la tête que pouvait bien avoir cette plante dont je me badigeonne pourtant allègrement les jambes avant et après chaque course que je fais. Oui oui, même avant, en frictions efficaces pour préparer les jambes. Je me suis retrouvée comme un petit parisien qui se demande si les fraises poussent dans des arbres et si les poissons sont carrés… Arnica ? Mais quelle tête ça a ? Wikipédia me voilà ! Je découvre donc que les fameuses fleurs jaunes qu’on peut voir sur les publicités ne sont pas là que pour la déco mais bien parce que c’est une plante qui pousse surtout dans les Vosges et que c’est un peu plus compliqué que je ne l’imaginais.

champs

Un champ d’arnica c’est ça !

Direction les Vosges et le site du Markstein. Il faut monter sur les chaumes pour découvrir les fameuses fleurs jaunes qui attendent sagement le feu vert des autorités pour être ramassées par environ 15 cueilleurs sur la zone où nous sommes, dont c’est le métier. Même si ce n’est pas forcément une sinécure, je trouve qu’être cueilleurs de fleurs c’est quand même le métier le plus poétique du monde ! Mais je suis là pour apprendre et pas pour sentir les fleurs qui d’ailleurs ne sentent pas grand-chose, soyons honnête… Le principe est assez simple : 4h du matin, tout le monde est là pour ramasser environ 350 kg de fleurs fraîches sachant qu’on prend la plante entière avec un petit bout du rhizome. Là je vous vois bondir : mais si on arrache un morceau du rhizome ça ne repousse pas !!! Mais si ça repousse, c’est même fait exprès. Le développement principal se fait par le sous-sol et la cueillette entretient le développement. On laisse une fleur sur 10 pour respecter la charte du bon cueilleur.

Il faut savoir qu’il y a jusqu’à 53 cueilleurs qui ramassent pour 6 laboratoires différents. Mais tout n’est pas simple au beau pays de l’arnica puisqu’on assiste à une régression de la pousse naturelle de ces fleurs à cause de la pression agricole. Les terres où pousse la fleur sont partagées avec des agriculteurs qui laissent leurs bêtes pâturer. L’urbanisation des vallées a déplacé les animaux au bénéfice des constructions. Il a fallu leur trouver une place et elles sont naturellement monter en altitude. Ce qui est bon pour elles et leur lait, l’est moins pour les plantes qui doivent pousser sur un sol de plus en plus « pollué ». Même s’il s’agit de « pollution naturelle », cela bouleverse tout un équilibre naturel.

cueilleur

Et un cueilleur ça ressemble à ça !

Weleda tente aujourd’hui de faire pousser l’arnica dans des fermes mais ce n’est pas simple parce que madame est quelque peu capricieuse, une vraie fille… Il lui faut du soleil mais pas trop, de l’humidité et 800m d’altitude minimum. S’il faut trop chaud au printemps, ce n’est pas bon pour la floraison non plus. Il y a aussi une mouche qui pond dans le bouton floral et rend la fleur impropre à la cueillette.

Pour organiser tout ça, les autorités ont créé Natura 2000, un réseau européen pour la préservation de la biodiversité. Les Chaumes des Vosges se sont portées candidates et logiquement elles ont été retenues. Grâce à ça, la récolte s’est organisée de façon intelligente pour préserver les ressources naturelles de la région, mettant laboratoires, municipalités, agriculteurs et cueilleurs autour d’une table. Tout le monde a vite compris qu’il était de l’intérêt général de travailler ensemble et qu’il y avait une vraie force économique avec les plantes.

Mais pourquoi l’arnica me direz vous ? Et au fait ça marche ??? Depuis toujours les paysans ramassaient cette fleur qu’ils conservaient dans une bouteille avec de l’alcool. Dès qu’il y avait un bleu, un coup, on se frottait avec la préparation. Les fleurs entières servent à la préparation des fameuses granules, la fleur seule sert pour la fameuse huile si connue des sportifs. Les principes actifs de la plante sont les lactones qui rentrent dans le métabolisme anti-inflammatoire. L’intérêt de l’huile contenant cette plante est qu’elle traverse la barrière cutanée. Il faut 8kg de fleurs fraîches pour faire 1kg de fleurs séchées. Pour faire face à la demande grandissante, les fleurs viennent d’autres horizons que les Vosges avec nos amis allemands de l’autre côté de la frontière mais aussi en France l’Auvergne. On va même jusqu’en Roumanie pour trouver la fleur qui fait du bien.

Un petit truc piqué à la masseuse de l’Institut Weleda à Paris (à tester si vous ne connaissez pas d’ailleurs !), l’huile est encore plus efficace si elle est légèrement chauffée. Elle utilise un chauffe biberon pour ça ! Comme ça aucun risque de brûlure comme ça peut être le cas si on a recours au bain marie ou pire au micro-ondes !

Voilà j’espère que vous en saurez un peu plus sur cette fameuse plante et que vous ne regarderez plus jamais le fameux flacon de la même façon !

Ps : bien entendu j’ai demandé s’il était possible de nous prévoir un flacon autre que celui en verre, lourd et pas forcément très pratique. Mais il va falloir se faire une raison, ce conditionnement a été choisi pour permettre à l’huile de garder toutes ses vertus optimales. J’ai appris aussi l’existence d’un arnica gel plus concentré mais qui ne permet pas le massage confortable de l’huile. Ce sera plus dans le cadre d’un usage « médical » classique. Aujourd’hui la marque commercialise également un gel douche mais surtout un bain pour la récupération à l’arnica très efficace et très pratique.