Run : Un Kinder dans le désert ! Le récit du Half MDS au Pérou par l’autre Cécile – (épisode 5 et épilogue)

Voilà… C’est fini… Dernier épisode de la série qui vous aura occupé en cette fin d’année 2022 ! J’espère sincèrement qu’elle vous aura donné envie de vous aussi vous lancer dans l’aventure des courses désertiques parce qu’il se passe là bas des choses qui se passent nulle part ailleurs… Alors n’hésitez pas, prenez votre pelle, votre seau et votre râteau et venez plonger dans le bac à sable avec nous, quoiqu’il arrive, vous ne le regretterez pas !

EPISODE 5

The last but but not the last…

Il est 2h30 ce matin du 7 décembre. La nuit a été courte et agitée, tant je suis excitée par cette dernière étape. J’ai somnolé depuis minuit. Le petit dej est vite avalé, dernier pliage de matelas, maintenant je gère. Le sac allégé est du coup beaucoup plus simple à préparer et à fermer ! On démonte les tentes en 2-2 avec un Binôme du Désert au taquet ! Moi chsuis pas du matin, j’ai les yeux encore collés. A 3h30 on est tous dans le sas de départ, Cyril et Guillaume sont chauds comme la braise, ils dansent dans le 4×4 au son hurlant d’ACDC. Une étape de 28km nous attend, avec un départ de nuit donc, à la frontale. J’avais peur d’avoir froid mais j’ai finalement rangé mon coupe-vent car malgré l’heure matinale il fait déjà bon pour partir. Il est 3h30 on est déjà tartinés de crème solaire car ça va taper encore ! 4h top départ ! Une nuée de petites loupiottes s’élance dans l’obscurité, et donc sans vraiment savoir où elle va, si ce n’est vers la grosse dune du 2e jour

Le chemin s’oriente plus sur la gauche, et ça commence malgré tout à grimper direct ! L’avantage d’être dans la nuit, c’est qu’on ne voit pas la dune, on ne voit pas ce qui nous attend. Et finalement c’est peut être pas plus mal. A mesure qu’on avance, le brouillard se fait plus épais. Je suis les loupiottes, ça ressemble à une retraite aux flambeaux, sauf que là on est sur une retraite aux frontales dans le brouillard, c’est moins romantique. Mais voilà qu’au bout d’un moment, la nuée de loupiottes s’étiole, et que je me retrouve sans personne à suivre. Je tente de me fier aux traces de pas dans le sable mais assez rapidement je constate avec effroi que je ne vois que des traces de pneus de 4×4. Je ne distingue plus de traces de pas. J’avance. Derrière moi, la queue de peloton me suit, ignorant que je suis hors circuit. Car oui, il faut se rendre à l’évidence : je me suis perdue ! Je commence à stresser, je cherche les traces de pas mais… y’en a pas. Derrière moi arrive Arzelle, des Fly Angels, elle me dit « Chsuis perdue ! »… A ce moment là ça me soulage d’être avec une tête connue même si on est paumées.

La petite blague dure encore 5 bonnes minutes où j’avoue que j’ai beau me dire qu’on a une balise GPS accrochée au sac, je stresse un peu. Tout d’un coup on aperçoit des loupiottes de voiture et des gilets lumineux qui nous font des signes ! Nous sommes sauvés ! Les gilets bleus nous remettent sur le bon chemin et avec Arzelle nous décidons de surveiller la distance et donc les balises ! Dès qu’on en voit une, on crie « baliiiiiise » ! Le jour se lève lentement, le brouillard aussi, la dune est semble-t-il montée et on peut éteindre les frontales. Je suis toujours en compagnie d’Arzelle. On a aussi récupéré Carole des Fly Angels, Stéphanie (la 3e co-équipière) est partie avec les élites. On papote, on se raconte nos vies, on alterne marche et course. Le terrain s’y prête, cette étape s’annonce beaucoup plus roulante que la précédente et le sable est bien plus portant. Nous arrivons dans un paysage lunaire ! Incroyable comme le paysage peut changer radicalement en quelques minutes.

La lumière du lever du jour donne une ambiance de film de science fiction. Nous longeons le Pacifique, c’est sublime. Le CP1 approche, au km9. Ambiance de dingue, musique à fond, on se trémousse avec Arzelle et Carole. A peine l’avons nous franchi que Yoann la bombe nous dépasse allègrement. On a fait le tiers de cette étape et je me dis que cette étape-là c’est du plaisir en barre car il n’y a pas de difficulté majeure pour le moment (exception faite du petit coup de stress de la fausse route). Il commence à faire chaud. On avance toujours avec Arzelle, on a un peu de distance avec Carole. Arzelle c’est une warrior, qui a vaincu un cancer du sein et qui court pour promouvoir le sport thérapie. Et là, au milieu du désert, à 10 000km de nos vies, elle se raconte. Les chimios, le sport, son rage de vivre, son combat, ses autres courses de barjot… et en plus elle est drôle. Comme on discuterait entre vieilles copines autour d’un café gourmand, sauf que là, on se connaît depuis 3 jours et on est en train de marcher sur la Lune (ou presque).

Le CP2 se rapproche. Arzelle me fait pleurer de rire. Elle m’explique qu’elle a un problème de logistique de papier toilette (en gros elle est à sec…) et qu’elle est « tendue des sphincters » (cette phrase va rester aussi, comme les mantras de Bastien). Je lui file mon rouleau, je n’en ai plus besoin. Elle attend le CP avec impatience pour s’offrir une « escale technique ». C’est là qu’on va se quitter. Elle attendra Carole pour finir avec elle, moi je continue. Arzelle a illuminé mon étape de sa bonne humeur et de son énergie positive. Ça fait partie de l’aventure HMDS ces belles rencontres. Je passe le CP2. Je réalise que c’est le dernier. Prochain stop c’est la ligne d’arrivée. Je me gave de ces paysages, on longe toujours le Pacifique. Le sable a encore changé de couleur. On aura vu toutes les couleurs de sable : jaune, orange, blanc, gris, noir, rose… Je regarde partout pour ne rien oublier de cet endroit incroyable. Je filme et je réalise que je ne cesse de répéter les mêmes adjectifs : « sublime, exceptionnel, incroyable ».

J’ai trouvé ici ce que j’étais venue chercher : la solitude, l’immensité, du temps pour penser, être coupée du monde et perdre la notion du temps, me retrouver face à Moi, à mes peurs, me dépasser physiquement, me tester mentalement… Mais avant de franchir la ligne, il nous reste UNE dune, la dernière, une bonne grosse dune comme on les aime… C’est reparti : grimpe, grimpe, grimpe. Je suis seule, mais les mantras de Bastien résonnent dans ma tête « petits pas lents et réguliers ». Et en haut, la récompense ultime : encore un paysage incroyable ! Tout ça va s’arrêter dans quelques kilomètres. Je stoppe un moment et je profite ! Je respire à fond et remplis mes poumons comme si je pouvais emmagasiner un peu de tout ça ! A quoi je pense à ce moment-là, si près de la fin ? Qui aurait pu un jour me faire croire que je ferai un tel voyage, seule, au milieu du désert, et que j’y prendrai autant de plaisir ? On me l’aurait prédit, je n’y aurai jamais cru. Moi la flipette pas sportive qui préférait voyager dans ses bouquins. J’ai peur du noir, j’ai peur toute seule chez moi, j’aime pas le camping, je sais même pas allumer un feu, je suis incapable de me servir d’une boussole et j’ai peur des bêtes. Et me voilà à finir un ultra-trail de 85km en autonomie alimentaire dans le désert, où j’ai passé 80% de mes étapes toute seule, j’ai dormi sous une tente et renoncé à mon confort. J’avoue que je suis bien sortie de ma zone de confort et j’en suis plutôt fière !Tout est possible finalement, il suffit de le vouloir et de croire en soi.

« Ta seule limite, c’est toi ! »

Il reste 3km. Maintenant tout n’est que descente ! Je me mets à trottiner, je suis bien, j’ai mal aux épaules mais mes jambes sont top ! Soudain, j’entends la musique au loin, même si je ne vois pas encore l’arche rouge. L’arrivée est proche, le parcours est dingue, on se rapproche du Pacifique. Ça va être un finish en apothéose. J’entends Guillaume et Cyril accueillir quelqu’un, ça y est : je vois l’arche. Je me rapproche. Je cours, Cyril a repéré mon dossard et pour la dernière fois me prépare un accueil de championne. Je vois Fabrice, mon Binôme du Désert : il m’a attendue et il vient à ma rencontre pour prendre des photos. J’arrive à son niveau, je lui prends la main et je lui dis « Viens, on passe la ligne ensemble ! ». Et me voilà au bout de ce challenge, je fais une révérence à Cyril avant qu’il ne me mette ma médaille autour du cou ! 28.2km en 5h17mn Un petit 500m de D+… Je suis finisher du Half Marathon des Sables du Pérou 2022. J’en ai tellement rêvé ! Ca y est : je l’ai fait ! Je suis remplie de joie, de fierté, de ces paysages et de cette sérénité que m’a donné le désert ! Je prends le temps de réaliser, on fait quelques photos, je récupère de l’eau car il fait chaud. Nous attendons Arzelle et Carole pour les accueillir avec bruit et les applaudir ! Puis nous montons dans le bus qui va nous ramener à Paracas, à 2h30 d’ici. Le Hilton 5 étoiles nous attend, avec pour commencer une douche salvatrice, la première depuis 4 jours. Le reste de l’après midi sera consacré à une récup de course assez traditionnelle : un hamburger frites avec une bonne bière locale bien fraîche. (Le gras c’est la vie…) Puis la cérémonie de remise des prix et un dîner de gala. J’avoue que je ne ferai pas de folie sur le dancefloor, le matelas moelleux m’ayant fait de l’œil à l’instant où je l’ai vu. Je vais profiter d’une bonne nuit de sommeil réparatrice. Demain c’est retour à Lima, pour retrouver mon SuperGG qui m’attend depuis dimanche.

Épilogue

Après une nuit réparatrice sur le divin matelas du lit Queen size du Hilton, et malgré un réveil matinal, je me sens déjà bien reposée. Nous migrons vers le petit dej gargantuesque où nous nous retrouvons avec mon Binôme, les Fly Angels et d’autres encore pour nous en mettre plein la panse et échanger sur notre belle aventure. Nous n’avons rien d’autre à faire qu’à buller, le départ en bus pour Lima étant prévu en début d’après-midi. Nous apprenons qu’un coup d’état a eu lieu à Lima mais qu’a priori la situation est sous contrôle. Certains profitent de la piscine, d’autres de la plage, quelques uns du bar… A 13h30 départ pour 5h de bus jusqu’à Lima, avec un mauvais point pour l’organisation qui, ayant sans doute voulu économiser un bus, va nous faire faire un crochet par l’aéroport (en passant juste à côté de l’hôtel) pour déposer une partie des coureurs, avant de revenir à l’hôtel (bilan 1h45 perdue à mariner dans le bus). Le trafic est infernal et nous trépignons.
19h00 : enfin nous voilà arrivés à l’hôtel où je retrouve mon SuperGG. Il n’a pas lambiné en mon absence, puisqu’il a arpenté Lima en long, en large et en travers et cumulé lui aussi 80km de marche sur sa semaine. Un HMDS sans dénivelé et tout confort quoi, avec des ravitos au Pisco Sour Nous allons dîner avec Fabrice dans un petit restau local. Le bruit de Lima me saute aux tympans, m’agresse… après des jours de silence dans le désert, toute cette agitation est perturbante. Rassénérés par un repas bien local et une bière bien fraîche nous allons pouvoir nous retrouver un peu avec mon SuperGG, le maître de Lima qui n’a rien vu du coup d’état lol. Nous passons notre dernière nuit à Lima, nous aurons la journée pour faire un petit tour autour de Miraflores avant de reprendre le chemin de l’aéroport. Cette fois-ci pas de mauvaise blague pour rentrer. Nous rentrons à nouveau en business (les joies du GP, sur des sièges non commercialisables car défaillants pour le son, mais pour dormir après 1 semaine de nuits compliquées c’est parfait…). Pas de problème technique, pas de demi-tour, pas de bagage perdu…. Un retour tranquille, je décline donc le rôle du Chat Noir ! (C’est pas moi….)

Le HMDS…
Des années à rêver cette aventure.
Des mois d’entraînement et de sacrifices. C’est difficile d’expliquer à quelqu’un qui ne connaît pas l’aventure d’une prépa Marathon ou d’un ultra ce qu’on ressent après, quand c’est fini. Ce sont des sentiments complémentaires mais ambivalents. Une sensation d’euphorie, de plénitude, et en même temps un grand vide. Et après ? Qu’est ce qu’on fait après ? Un peu de repos est nécessaire
J’ai beaucoup dormi, car c’est (je pense) le manque de sommeil qui a été le plus difficile pour mon corps finalement. Les jambes vont bien, les pieds aussi. Mais je suis fatiguée. Je vais profiter à mon retour à Paris d’un massage de 3h par une amie qui cherchait un cobaye pour s’entraîner. Un vrai bonheur ! 3h de shiatsu et de massage suédois qui auront le dernier mot sur mes douleurs aux épaules. Merci Et puis…. évidemment, il y a l’envie de trouver un nouveau défi. Mais lequel ? Où ? Comment ? J’ai quelques idées, qui vont mijoter et mûrir, et on verra ce que me réserve 2023. Maintenant il faut reprendre le cours de la Vie, je mets un peu de temps à revenir à ma réalité. Il est évident que le Désert aura laissé dans mon cœur une jolie marque indélébile et des souvenirs incroyables.

Le site de l’organisation est ici et leur insta là.

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