Swiss Peak trail 2021 : épisode 3 – Eric Lacroix

Continuant mes rencontres sur le thème « mettre toutes les chances de mon côté pour réussir à finir la « Swiss Peaks Trail » en septembre prochain, j’ai eu la chance de m’entretenir longuement avec Eric Lacroix que beaucoup connaissent déjà.

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas Eric, une petite idée de son CV : Il est professeur agrégé d’éducation physique et sportive hors classe et directeur du SUAPS de La Réunion. Titulaire d’un master en histoire contemporaine (forcément ça ne pouvait que me plaire !), il est également entraîneur fédéral d’athlétisme (demi-fond) et entraîneur national hors stade (3e degré). Il a été l’entraîneur national du team Asics en trail jusqu’en 2014. Il a entraîné de 2006 à 2020 des grands noms de la course de montagne et du trail comme Thomas Lorblanchet, Xavier Thévenard, Émilie Lecomte, Yoann Stuck, Andrea Huser, Diego Pazos, Seb Camus, Raymond Fontaine, Thierry Chambry, Clément Petitjean, Benoît Girondel, Nathalie Mauclair. Depuis 2020, il s’intéresse davantage à la préparation mentale, sous toutes ses formes (diplôme d’accompagnant mental avec la société Trans Faire). Il intervient en entreprise comme coach mental et conférencier.

Pour celles et ceux qui n’auraient pas le courage d’écouter la bande son qui n’est pas d’une qualité exceptionnelle (je m’en excuse platement mais La Réunion l’Allier, c’est quand même super loin !), voici les infos les plus importantes que j’ai retenu de notre « papotage »:

Déterminer le moment où on peut se lancer sur ultra est loin d’être d’une simplicité mathématique : C’est toujours le même problème… Il y a pleins de critères qui rentrent en jeu, comme l’expérience mais aussi la vie que l’on a eu avant de se lancer dans l’ultra. Entre un très grand randonneur qui fait des balades de plusieurs jours depuis l’adolescence et un sédentaire qui commence le sport à 40 ans, la progressivité n’aura bien entendu rien à voir.

Travailler la fatigue, toutes les fatigues : il y a la fatigue physique évidemment mais aussi la fatigue mentale, d’où l’intérêt d’une préparation mentale justement pour te donner des outils à utiliser au moment opportun. Mais on néglige aussi trop souvent la fatigue « alimentaire » où tu te retrouves à avoir des difficultés à t’alimenter correctement et même la fatigue « hydrique ». C’est pour ça qu’il y a plus d’intérêt à prévoir des blocs sur plusieurs jours que des sorties XXL.

De l’intérêt de l’eau : « la force de l’eau vient de la source » est un proverbe persan qui illustre bien cette recommandation. On a toujours tendance à négliger la qualité de l’eau qu’on boit pendant une course. On se contente trop souvent de celle qu’on nous sert au ravitaillement. Idéalement il faudrait veiller à même alterner différents types d’eaux pour bénéficier de tous leurs bienfaits. Il y a aussi les petites bouteilles de Quinton ou l’Hydroxydase (c’est l’eau de Xavier Thevenard pour info, enfin celle que je l’ai vu boire consciencieusement à chaque ravitaillement quand j’ai fait son suivi sur le dernier UTMB) qui sont un concentré minéral naturel intéressant pour une double action drainante et anti-fatigue.

L’entrainement croisé a un réel intérêt : il peut vraiment être varié et même une sortie rando à un rythme « cool » a un intérêt puisque là encore, l’idée est d’apprendre à son corps à encaisser la fatigue. On peut aussi tout à fait avoir recours à des séances de cross fit, courtes et explosives pour le côté musculaire évidemment mais aussi pour « sortir » de sa zone de confort. Pour faire simple, tout est bon à prendre, tant que l’on se bouge !

Créer la carence pour un effet waouh le jour J : on voit de plus en plus de coureurs se priver de café ou de sucre pendant plusieurs semaines avant la course pour booster leurs effets pendant la course et c’est loin d’être une idée inintéressante. Mais il faut faire attention à ne pas non plus stresser son corps en modifiant son assiette du tout au tout pour la première fois juste avant un objectif important. Toujours tester en amont lors de la préparation en profitant des blocs programmés pendant la prépatation.

Je tenais à finir sur un échange qui n’a rien à voir avec notre sujet principal mais je voulais l’avis d’Eric sur un thème récurrent aujourd’hui : « les femmes sont elles meilleures que les hommes sur ultra ? » (je caricature un peu ma question !). Personnellement, parce que je suis une femme et donc je peux me permettre d’exprimer mon opinion, je considère (tout comme Eric d’ailleurs) qu’il est beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Il y a déjà et avant tout un problème purement statistique. Les femmes étaient quasiment absentes de ces distances extrêmes, quand on arrive à 10, 15% au départ, on peut sabrer le champagne. Mais année après année, ce % augmente et va forcément modifier la donne. On verra de plus en plus de femmes grapiller des places dans les classements généraux et régulièrement arriver sur les plus hautes places du podium. Mais de là à en conclure des généralités… Il est urgent d’attendre. Et puis l’urgence n’est pas à ce que les femmes soient toujours premières au scratch, l’urgence c’est que déjà nous ayons la parité sur la ligne de départ !

Je ne peux que vous encourager à aller vous plonger dans les articles du site d’Eric qui est très riche en enseignement, quelque soit votre niveau et vos projets trail, avec j’avoue, un gros coup de cœur pour sa trilogie sur le running et les femmes (le premier est ici). Eric est aussi l’auteur de deux ouvrages aux Editions Amphora avec les illustrations de notre cher Matthieu, le pinceau derrière « des Bosses et des Bulles » (volume 1 et volume 2 plus axé sur l’entrainement et la planification)