Le 27 août dernier, Pau Capell vainqueur de l’édition 2019 de l’UTMB© s’élançait de la petite place de la mairie de Chamonix pour tenter de battre le record du tracé de la célèbre course. Je voulais juste partager avec vous le fruit de ma réflexion sur ce sujet, ayant eu la chance d’être présente sur les lieux et d’avoir pu le rencontrer après son projet fou.
Le calendrier des ultra courses étant ce qu’il est cette année, il n’est pas difficile à comprendre que les élites se retrouvèrent à la sortie du confinement tel des cigales voyant l’hiver arrivé fort dépourvus de projets un peu excitants… Entre Xavier Thevenard qui s’occupe sur le GR20, Patrick Bohard qui joue les hamsters en mode « dré dans le pentu » (avec succès d’ailleurs c’est important de le préciser !), chacun a cherché à occuper son temps mais aussi le temps médiatique. L’Event Pau Capell fut à mon sens l’apothéose de cet été si particulier. Il ne s’agit en aucun cas de revenir sur la gestion de sa course. Vous connaissez mon niveau de trail en montagne, je vais éviter les remarques en mode « il aurait dû partir moins vite » ou « s’il avait mangé 4 barres par heure au lieu de 2 il n’aurait pas souffert à partir de Champeix… Je vais laisser ce type de remarques aux personnes légitimes sur ce genre de sujet. Ma réflexion, ou tout du moins les questions que je me pose aujourd’hui sont issues de cet événement et non une analyse de cet événement.
Avant toute chose, même si je sais que beaucoup risquent de me tomber dessus en mode « mais t’es qui toi, t’as fait quoi dans ta vie pour te permettre de juger quoique ce soit », ce fut pour moi l’illustration parfaite du lien de dépendance de plus en plus fort entre les athlètes et leurs partenaires. Je comprends tout à fait que les marques ne sont pas là pour l’humanitaire et je suis toujours surprise de voir la naïveté de pas mal de pratiquants. Non, les marques ne sont pas là pour la beauté du geste, elles sont là avant tout parce qu’il y a de l’argent à se faire, ce qui est normal puisque ce sont avant tout des entreprises capitalistes il me semble non ? C’est un peu un secret de polichinelle mais beaucoup savent que le « breaking20 » comme on dit pour faire genre (c’est surtout qu’il faut absolument créer un # pour les réseaux sociaux) avait pour premier objectif le retour de la marque The North Face dans l’univers du trail (enfin ils ne sont pas non plus tout à fait partis hein ? Mais je pense que vous comprendrez ce que je veux dire). Il suffisait de voir l’armada de schtroumpfs blancs qui étaient là pour accompagner Pau mais surtout pour le filmer quasi pendant toute sa course pour occuper l’espace médiatique et les réseaux sociaux à l’instant T mais évidemment aussi à posteriori grâce à la vidéo et aux nombreuses photos prises à l’occasion.

En soi évidemment, cela ne me dérange pas, mais je pose la question suivante : ne sommes-nous pas aujourd’hui devant les débuts d’une nouvelle ère ? Une ère où les marques auront tout intérêt à multiplier ce genre d’événements de communication sportifs propres où leur poulain (ou pouliche) se retrouve par la force des choses au centre de l’attention puisqu’il est seul au monde sans aucune concurrence. Même si je n’imagine pas une seule seconde un monde sans courses comme celles que nous connaissions (et que j’espère nous allons très vite retrouver), j’avoue que j’étais tout de même relativement perplexe, surtout quand on voit l’enthousiasme que cet événement pourtant axé sur un seul coureur a engendré. Alors que les conditions météo n’étaient vraiment pas favorables, alors qu’on nous avait prestement demandé de ne pas être présents à son arrivée, la foule des grands jours était pourtant là au rendez-vous, pour accueillir un seul homme qui dans l’absolu pour parler de façon brutale venait en plus de rater son objectif. L’engouement qu’il y a eu autour du GR20 de Xavier était du même ordre si l’on en croit là aussi les photos et les vidéos qui ont été diffusées. Si tu rajoutes à ça le fait qu’il devient compliqué d’organiser des événements de masse et qu’on pourrait un jour s’orienter sait-on jamais vers des courses à l’américaine, 300 péquins au départ grand max, au tirage au sort ou au résultat… Ou pourquoi pas, et c’est là où je veux en venir, à des Event en mode « la team Salomon sur le parcours de la Western States » qui se tire la bourre entre eux pour lancer le nouveau sac ou le nouveau bob qui va bien.
Je ne souhaite pas polémiquer en mode « on annule les courses et on laisse se dérouler un truc pareil » ou « j’ai vu un mec sans masque sur la ligne d’arrivée », ma réflexion n’est pas sur la crise de la Covid que nous traversons tous en ce moment mais bien sur l’avenir du trail en tant que discipline sportive. Si vous avez un avis, je le lis avec plaisir, alors n’hésitez pas à commenter !
PS : bien entendu Pau a toute mon admiration pour son 21h…, ayant une vague idée de la difficulté du parcours, de la vitesse qu’il faut tenir pour garder un rythme pareil et j’aurais été absolument ravie pour lui qu’il réussisse son pari. Je ne me réjouis jamais au grand jamais d’un échec, je ne connais que trop bien la souffrance que cela peut engendrer ensuite pour ça.