Run : le jour d’après…

Voilà nous sommes officiellement déconfinés, nous avons le droit d’aller courir sans présenter nos papiers et surtout d’y aller aussi longtemps que l’on veut. Mais le jour d’après risque d’être légèrement plus compliqué qu’il n’y parait…

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous donner la liste précise de toutes les courses qui ont été annulées, reportées, vous n’avez pas besoin de moi pour ça. Mon agenda s’est vidé à la vitesse de la lumière alors qu’il était exceptionnel cette année. Très égoïstement j’avais prévu un calendrier spécial « j’ai 50 ans alors j’en profite à mort » pour découvrir de nouveaux horizons mais surtout pour m’offrir une sorte de baroud d’honneur de quelques-unes de mes courses préférées avant de peut être quitter cet univers pour en explorer un autre. Voilà c’est foutu… Alors quoi faire ? Tout décaler d’un an ? C’est peut-être une idée mais ce qu’on nous annonce m’emballe très moyen…

Courir avec un dossard après le covid… Une sacrée organisation qui gâchera la fête à n’en pas douter…


Pouvoir trouver du gel hydroalcoolique sur tous les ravitos, ça c’est une bonne chose et d’ailleurs dans bon nombre de pays que j’ai découvert trails aux pieds, c’était déjà le cas bien avant que le covid dicte sa loi. Aux USA ou en Asie, ils n’ont pas attendu une épidémie pour ça. Mieux, la plupart du temps il était même dans le matos obligatoire. Mais me retrouver face à des bénévoles toujours masqués, ne plus pouvoir voir leur sourire, pouvoir papoter avec eux quelques minutes parce qu’il faudra laisser la place aux coureurs suivants pour respecter les distances de sécurité. Je ne parle même pas du départ totalement impossible à organiser. Prenons mon préféré, l’UTMB : ces milliers de coureurs entassés sur cette place minuscule, entourés par une foule compacte qui ressent leur peur, leur émotion d’être enfin là. Ça vaut évidemment aussi pour l’arrivée. Allons nous pouvoir retrouver ces moments-là sans nous poser la question d’un potentiel virus qui traîne dans les coins ? Allons-nous paniquer lorsque nous entendrons un coureur chinois tousser ou un italien éternuer ? Courir la peur au ventre, charmante perspective que voilà !


Certains organisateurs commencent à se poser la question du jour d’après, de la logistique que cela impliquerait, mais si c’est pour courir en autonomie complète, avec juste quelques points d’eau, autant y aller en off en ce qui me concerne. Mais pour moi une course, c’est avant tout une ambiance, des moments où les gestes de sécurité n’auront jamais leur place au risque de tout gâcher :

  • Le retrait des dossards où tu retrouves les ami(e)s à qui tu files un legging parce qu’elle a oublié de prendre un truc chaud et qu’il caille au Sancy sans te soucier du fait qu’il a bien été désinfecté… (spéciale dédicace à Cricri !)
  • La bise porte bonheur à Martine sinon ce n’est plus un trail…
  • Les photos de groupe en mode selfie « on ne va jamais tous tenir sur la photo »…
  • Le briefing qu’on écoute sans l’écouter parce qu’on a déjà perdu ses copines et qu’on est là à sautiller sur place pour les apercevoir dans cette foule compacte avant de se faufiler entre les coureurs pour les retrouver…
  • Cet(te) inconnu(e) qui est assis sur son caillou l’air désespéré à qui tu tends une compote, des m&m’s avant de lui tendre la main pour l’aider à se relever et l’emmener dans tes pas…
  • Cet(te) inconnu(e) avec qui on passe la ligne d’arrivée en se tenant la main avant de tomber dans les bras l’un de l’autre parce que ça fait des heures qu’on ne s’est pas lâché…
  • Le câlin à Ludo qui t’a offert avec son micro une arrivée digne des premiers…

Si on m’enlève tout ça, je crois que je préfère rester chez moi !

Crédit photo : Peignée Verticale