Fun : La Mouette va vous chambouler…

Vous avez surement dû voir la bande annonce du dernier film d’Eric Lavaine avec Alexandra Lamy et José Garcia. Il se trouve que derrière ce film, il y a avant tout une femme, un homme, une famille, une histoire et un livre, livre que j’ai lu à sa sortie qui avait donné lieu à un article dans Running pour ELLES parce que je voulais absolument parler de Barbara, marathonienne comme moi, mère de famille nombreuse comme moi. Je profite de l’occasion et de l’actualité pour le republier.

Son histoire, cette histoire ne laisse vraiment pas indifférent et amène à réfléchir sur la vie, la mort mais surtout la survie. Comment gérer un drame pareil ? On évoque souvent le handicap physique… J’ai dans mon entourage des couples qui ont vu débarquer un fauteuil envahissant dans leur quotidien mais l’autre était toujours là, son âme, tout ce qui fait sa personne, ses souvenirs étaient toujours là. Mais quand l’accident vous enlève ça aussi… Comment peut-on vivre à côté d’un être que l’on a aimé follement mais qui n’est plus et ne sera surtout jamais plus le même ? C’est cette histoire vraie que Barbara nous raconte dans ce livre, sans détour, sans faux semblant. Forcément cette vérité, cette franchise sont parfois difficiles à entendre, à lire mais je vous en prie, si vous allez voir le film, ce que je souhaite parce qu’il s’annonce formidable, prenez le temps de lire aussi les mots de Barbara. Le livre ressort en format poche aux éditions du Point en plus 😉

Pour être totalement complète et puisque vous l’aurez compris, Barbara est une grande sportive, sachez que le circuit « les 10km de l’Hexagone » est né justement de la volonté de ses amis de faire quelque chose pour l’UNAFTC –Union Nationale des Associations de Familles de Traumatisés Crâniens et de Cérébro-lésés- et que tous les ans elle est là avec sa famille et son mari pour participer et collecter des fonds.

Barbara ou l’envol d’une femme…

Il y a des femmes qui forcent le respect mais qui forcent aussi le destin. Lorsqu’il arrive un drame dans une vie, il y a deux façons de réagir : soit on se met en boule, soit on se relève et on décide d’en faire une force. Barbara se range dans la deuxième catégorie. Elle a décidé qu’il fallait agir et tout faire pour que la cause qu’elle défend devienne la cause de ses amis et c’est réussi !

On nait aussi sportive !

J’ai 43 ans et je suis à la tête d’une grande famille avec 5 enfants dont 4 garçons : des jumeaux de 17 ans, 15 ans, 12 ans, 7 ans. Je suis également directrice commerciale d’une agence d’hôtesses, je travaille dans l’Evénementiel. Alors forcément l’organisation je n’ai pas le choix, c’est une question de survie. Je suis tombée dans la marmite du sport depuis toute petite. Je viens d’une famille de sportifs, mes frères sont même rugbymen de haut niveau, ma mère est professeur de tennis, bref les chiens ne font pas des chats ! J’ai touché à tout au début comme souvent : dance, équitation athlétisme et c’est ce sport qui est devenu une vraie passion depuis mes 10 ans. Je devais avoir des prédispositions ! Et d’ailleurs c’est génétique puisque mes enfants sont pareils.

La mouette est née après un drame de la vie qui peut toucher tout le monde : un enfant renversé à la sortie de l’école, un adolescent qui oublie de mettre son casque pour faire du ski ou du skate… Mon mari a eu un grave accident de scooter en 2008 avec un traumatisme crânien sévère. S’en sont suivis 2 ans d’hospitalisation. Aujourd’hui encore, cet ancien tennisman du Racing Club de Paris est toujours lourdement handicapé et c’est pour lui, mais aussi pour parler et promouvoir l’action de l’AFTC (Association de familles de traumatisés crâniens et cérébrolésés) que la mouette est née. Nous préparions le marathon de NY au moment où c’est arrivé. J’ai pensé que ce serait une bonne idée d’associer course à pied et récolte de fonds pour l’association. J’ai alors regroupé 50 coureurs volontaires pour le marathon de Paris le 7 avril 2013, des débutants et des aguerris avec des sorties longues le dimanche au départ due mon club, le Lagardére Pars Racing. Nous avons partagé 3 mois d’entrainements pour nous motiver, aider les débutants avec les conseils des « anciens » qui les prenaient sous leur aile. J’organise également des diners et des collectes pour aider à la création d’hébergements pour les traumatisés, acheter des fauteuils et soutenir les familles.

Regarder vers l’avenir, toujours…

Evidemment tout cela demande du temps et de l’énergie parce qu’il faut du temps pour s’entrainer. Je travaille désormais à mi-temps et je planifie mes entrainements comme des rendez-vous professionnels. Aujourd’hui mon rêve serait de faire courir mon époux qui remarche mais qui est atteint d’une cécité corticale et de graves séquelles cognitives. Je voudrais grimper l’Himalaya, faire St Jacques, que sais je encore ! Ce n’est pas forcément de la course à pied, ça n’a pas d’importance, seul le chemin accompli compte ! Et je suis inscrite à NY 2014, un rêve de petite fille qui va enfin se réaliser. La course à pied et le sport en général est une soupape d’oxygène, une hygiène de vie à inscrire dans les programmes professionnels, elle permet de surmonter des épreuves. Mon mari, le sport l’a sauvé, l’esprit de compétition qu’il avait en lui lui a permis de surmonter tout ça. C’est un miraculé grâce au sport et je souhaite que son histoire, notre histoire serve aux autres familles concernées par cette pathologie.

PS : Aujourd’hui les enfants ont grandi, poursuivent leur vie, leurs études. Barbara a passé son diplôme yoga vinyasa depuis un an et continue de courir une ou deux fois par semaine. Elle n’a pas de marathon prévu cette année mais 2 triathlons : Deauville en juin et Porquerolles en septembre. Elle est la co-scénariste du film avec le réalisateur qui est avant tout un ami de la famille, bien avant l’accident.