Run : Pitié, pas dès le lycée…

Je sais que cet article va surprendre mais je vous demande avant d’émettre un avis de le lire dans son intégralité et de réagir ensuite. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi je suis furax qu’on organise une nouvelle fois La Lycéenne, un circuit de courses féminines réservées aux filles comme son nom l’indique si bien au sein de l’UNSS.

Petit rappel pour celles et ceux qui auraient oublié, l’UNSS pour Union Nationale de Sport Scolaire. Cette organisation permet à nos enfants de pratiquer le sport au sein même de leur établissement scolaire. On peut faire toute sorte de sport co et de sports individuels dont l’athlétisme. Cela peut aller de la compétition départemental aux Championnats du monde, bref que du bon lorsque l’on sait que notre ministre de l’Education envisage de faire encore plus de place au sport au sein de l’école. Mais là n’est pas le sujet. Il se trouve que dans le cadre de mon métier, j’ai été amenée à assister à une grande conférence à Paris qui avait pour but de réfléchir à l’avenir de l’UNSS. J’y étais comme journaliste évidemment, pas comme intervenante 😉. Ayant été dispensée de sport à l’école, je me voyais mal donner mon avis sur le sujet, mais écouter, ça je sais faire et ça s’annonçait passionnnant ! Un grand sondage et des ateliers de réflexion avaient été réalisés au sein de tous les licencié(e)s où l’on trouve 42% de filles, c’est important de le noter, et un point revenait régulièrement : ils voulaient que la mixité perdure plus longtemps. Que ce soit les filles ou les garçons, ils ne voyaient pas l’intérêt de séparer aussi rapidement les deux sexes, et ce, même dans des sports collectifs. J’étais sortie de là optimiste, en me disant « c’est bon, le travail des aîné(e)s commence à payer et les lignes commencent à bouger ».

C’est là qu’il faut que je m’explique sur un point. Si vous me suivez, vous savez que j’ai débuté par la Parisienne et que je défends cette course avant tout par attachement sentimental. C’est un fait, je l’assume totalement, quand j’ai du prendre mon premier dossard, j’ai choisi une course féminine. Pourquoi ? Ce qui est terrible, c’est que je cherche toujours mais je pense que cela était en grande partie lié à mon passif avec le sport, ce truc que j’ai détesté au collège… Et je sais pour en avoir souvent discuté avec les participantes que nous sommes nombreuses les traumatisées du cross et du sport à l’école, c’est un fait. Débattre là-dessus ne servirait à rien, parler du passé ne sert à rien, penser à l’avenir, c’est ce qui m’intéresse le plus. Alors oui, j’ai choisi cette course pas uniquement parce qu’elle était entre filles, mais plutôt parce qu’elle offrait une distance qui ne voulait pas dire grande chose, un 10 Km m’aurait fait peur je pense à l’époque. Parce qu’on parlait bonheur, convivialité et pas performance, ce qui pour un premier dossard me rassurait. Est-ce qu’aujourd’hui je ferai le même choix ? Non, c’est certain mais je ne peux pas refaire l’histoire. Je ne peux pas revenir sur le fait qu’à ce moment-là j’ignorais totalement que les femmes avaient du se battre pour pouvoir prendre un dossard sous leur vrai nom à Boston. Aujourd’hui ma propre fille qui n’a que très peu pris de dossards à ce jour parce qu’elle déteste courir a commencé avec une course mixte, c’était l’évidence même pour elle, comme pour moi.

C’est là que je reviens à mon sujet premier : l’UNSS organise donc un circuit de courses réservées aux lycéennes… Et là je me dis (désolée je vais être vulgaire) : »mais bordel de dieu, on ne va jamais sortir du sable ? ». C’est quoi l’intérêt là ? Alors que cette population de filles a clairement demandé la mixité lors de la pratique sportive, on leur redit qu’il faut courir entre elles. On les encourage à courir déguisées ou maquillées en mode Color Run, on fait gagner des tenues histoire de bien leur rappeler qu’elles sont des filles et que le dressing ça doit rester leur pièce de la maison préférée… Comment voulez-vous qu’on avance là ? Il est où le progrès ? On a déjà les cross qui sont séparés (franchement ça je cherche toujours pourquoi mais bon), les épreuves d’athlé et maintenant les courses hors stade. On est bien d’accord, ces courses sont organisées pour des filles qui sont déjà licenciées en athlé hein ? Vous voyez ce que je veux dire ? Pour moi, si des courses féminines* existent toujours, c’est pour permettre aux femmes de ma génération qui n’ont pas forcément bénéficié des mêmes encouragements ou qui ont souffert de remarques suffisamment sexistes pour se décourager de se lancer, de dédramatiser le premier dossard, de permettre de reprendre le sport et basta. C’est pour permettre à l’ancienne génération dont je fais partie de monter dans le train du futur piloté par les plus jeunes que j’espérais TGV mais qui est plutôt Intercités… Ce n’est pas pour vocation que cela dure dans le temps. J’ai toujours pensé que la génération de ma fille ou au pire celle de mon petit dernier qui a 13 ans, verrait la fin de ce type d’événements, pas son apogée en commençant dès le lycée. Bref tout ça pour dire que cette annonce m’a désespérée et que le succès de la première édition qui entraîne une seconde cette année encore plus… Oui, je sais… Vous allez dire que je passe mon temps à râler et que sur ce sujet je suis sacrément culottée vu mon passé mais je compte bien continuer à donner mon avis sur les sujets qui me touchent et ce n’est pas parce que je suis une « Parisienne » que je veux que cela continue avec les « Lycéennes » !

*Volontairement je n’évoque pas les courses féminines humanitaires parce que là c’est un autre sujet 😉