Run : Quelques conseils de sécurité

Un jour, alors que je courais dans mon village, une voiture aux vitres fumées a ralenti à mon niveau… Elle a fini par accélérer, a fait le tour du pâté de maison et elle est revenue à mon niveau, toujours au ralenti… J’ai fait celle qui ne la voyait pas, j’ai sprinté comme une dingue mais en mode « je fais ça naturellement » et je suis rentrée chez moi. Dieu merci il se trouve que c’est arrivé pas trop loin de la maison et j’ai pu me mettre en sécurité sans problème. Ce jour-là, j’ai réalisé que je n’étais pas à l’abri, alors que moi naïvement je pensais qu’en vivant à la campagne, dans un coin plutôt tranquille, je pouvais tout faire ou presque. J’ai réinvesti mon tapis ce jour-là et même si aujourd’hui je ne peux pas dire que j’ai peur lorsque je cours, j’ai quand même modifié ma façon d’y aller.

Il se trouve qu’à une époque, étant à la tête de la première communauté de femmes pratiquant le running grâce au site « courir au féminin », je me suis parfois retrouvée sur des plateaux de télé ou dans des studios de radio en tant que « grand témoin » et un jour malgré mes réticences, j’ai fini par discuter « sécurité » alors qu’un drame venait encore de secouer la France. Avant d’aller plus loin je veux mettre une chose au clair : je hais ces accroches de la « joggeuse » assassinée… Ce n’est pas une joggeuse, c’est une femme, une victime, qui au moment des faits courait. Elle aurait très bien pu être en train de promener son chien, de ramasser des champignons que sais-je encore ? Il est quand même bon de rappeler à tout le monde qu’une femme a une plus grande probabilité de rencontrer son « prédateur » dans son propre salon ou sa cuisine qu’au détour du chemin… Bref tout ça pour dire qu’en aucun cas, cet article n’a pour but de faire passer le message que courir seule est dangereux et qu’il faut arrêter de le faire tout de suite. Maintenant c’est comme pour la randonnée en montagne, il y a quelques règles, quelques conseils qui sont toujours intéressants à suivre.

Maintenant que les choses sont dites, j’en reviens à mon sujet. Lors d’une émission de radio, l’autre témoin était une gendarme qui avait eu à enquêter sur une affaire de meurtre. Comme elle était elle-même runneuse et plutôt d’un bon niveau, forcément tout cela l’avait interpelée. Elle s’était donc penchée sur le sujet d’une façon différente et en avait sorti une série de conseils que je trouve très intéressants :

  • La fameuse bombe au poivre est à éviter autant que possible. Il arrive souvent qu’elle soit retournée contre la victime qui panique en la sortant. C’est donc prendre un risque trop important pour peu de résultats.
  • Un sifflet est beaucoup plus efficace, ou mieux une alarme bien stridente. Il en existe même aujourd’hui des systèmes qui permettent en même temps l’envoi d’un message via sms avec géolocalisation. Cela entraîne le paiement d’un abonnement mensuel mais si ça peut vous rassurer et surtout rassurer votre entourage pour qu’il vous laisse courir tranquille, l’idée est loin d’être mauvaise.
  • Evidemment on ne court pas avec la musique à fond sur les oreilles ! On ne doit pas être isolée des bruits environnants. Vous me direz ce conseil vaut pour les hommes et pour la sécurité routière. On n’est pas obligé de courir avec un casque à conduction osseuse pour autant, il suffit juste de baisser le son. Et votre ORL vous dit lui aussi merci.
  • On oublie la queue de cheval si l’on part courir seule et on privilégie le chignon. J’avoue qu’étant porteuse de cheveux longs, c’est un truc qui m’a marqué parce que je n’y avais jamais pensé. De nombreux agresseurs s’en servent pour faire basculer leur victime en arrière. Allongée par terre sur le dos vous êtes totalement à sa merci. Le temps que vous réalisiez ce qu’il vous est arrivé, il est sur vous et vous maîtrise de tout son poids. Vous êtes une pauvre tortue retournée sur sa carapace…
  • A l’heure des réseaux sociaux, on ne publie jamais son parcours ou des infos sur son parcours en amont surtout si son profil est public. On essaye justement de changer régulièrement de parcours et d’horaires. Comme on ne donne jamais rendez-vous à un contact FB ou autre pour aller courir autrement que dans un lieu vraiment public. L’idéal reste par exemple une course pour un premier contact. Vous trouvez ça idiot comme conseil ? Figurez-vous que plusieurs « connaissances » se sont retrouvées face à un homme alors qu’elles étaient persuadées que la personne avec laquelle elles papotaient sur un groupe FB était une femme… Il ne s’est rien passé de grave mais c’est une réalité qu’il faut prendre en compte.

Ce ne sont que quelques conseils qui sont avant tout basés sur le bon sens mais il faut parfois les rappeler. Comme je le dis dans la première partie de mon article, en aucun cas je ne souhaite faire autre chose que d’informer ou plutôt transmettre l’information puisque dans le cas présent elle ne vient pas de moi. J’ai toujours regretté de ne pas avoir eu le réflexe de noter son nom d’ailleurs, cela me permettrait de rendre à César ce qui lui appartient. Une runneuse avertie en vaut deux et à deux on est tout de suite beaucoup plus forte pour se défendre et on se sent beaucoup moins seule !