Lizzy est pour moi associée à vie à l’UTMB. Je n’étais pas encore à Chamonix l’année où elle l’a gagné pour la première fois, je ne savais même pas que cette course existait d’ailleurs mais très vite j’ai entendu son nom, toujours prononcé avec un respect et une émotion qui forcément posait questions… Plusieurs noms ont marqué à jamais cette course, celui de Lizzy Hawker en fait définitivement partie et son livre permet de comprendre pourquoi.
J’ai entendu parler de ce livre il y a quelques temps déjà, priant pour qu’une traduction française soit vite prévue vu mon niveau pathétique en anglais et mon vœu fut exaucé de la plus belle des manières puisque c’est une de mes maisons d’édition préférée qui s’y est collé et surtout un traducteur que je ne présente plus : Jean-Philippe Lefief qui traduit aussi bien qu’il écrit 😊. Ça partait donc sur de bonnes bases cette histoire ! J’avoue que j’avais vraiment envie d’en savoir un peu plus sur cette femme qui semble toujours aussi timide et presque dépassée par sa carrière d’ultra-traileuse exceptionnelle. Je vous laisse regarder les photos que l’on trouve facilement sur internet pour comprendre ma réflexion, elle donne toujours l’impression d’être un animal, un petit animal sauvage effrayé par la lumière des projecteurs et à la lecture de son histoire, je me dis que les images renvoient une certaine part de réalité.
Lizzy est arrivée à Chamonix par hasard… En vacances dans le coin avec des amis, elle avait vu dans un article qu’il y avait une course organisée et comme à l’époque il suffisait de s’inscrire, c’est de façon totalement naturelle qu’elle se retrouve sur la ligne de départ avec son sac d’alpinisme sur le dos, à l’arrière du groupe des coureurs, se demandant ce qu’elle fait là, si elle est bien à sa place. Elle courait déjà forcément mais elle n’avait jamais fait d’ultra trail de sa vie. A Courmayeur, elle est déjà deuxième féminine et il suffira d’une remarque d’un de mes copains luxembourgeois qui accompagnait son épouse la grande Simone Kayzer dont je vous ai déjà parlé, première de la course à ce moment-là, pour que, vexée de n’avoir pas compris le second degré (il faut dire que Mark est très pince sans rire, il faut connaître le personnage pour comprendre !), elle se pique de prendre la première place et d’y rester. C’est donc une totale inconnue dans l’univers du trail qui franchit la ligne d’arrivée, à la surprise générale et à la sienne par la même occasion. Elle a dû demander de l’aide pour rejoindre son camping, arrivée tellement tôt par rapport à ses prévisions, elle n’a plus de train disponible à cette heure tardive !
Je ne vais pas vous raconter toutes les anecdotes qui font le sel de ce livre, ce serait vraiment dommage. Elle vous emmène du trail au bitume, de Chamonix au Népal en passant par l’Antarctique… C’est un vrai tour du monde qu’elle vous offre avec son histoire. Mais je veux vous prévenir d’une chose : si vous vous attendez à sourire à longueur de pages, vous allez être déçu. Ce livre est dur par moment parce que réaliste. Avec les réseaux sociaux on nous vend un peu trop une vision idéaliste de ce sport, zappant la dure réalité du « métier » d’élite, les sacrifices, les douleurs, les doutes… Lizzy raconte tout cela et vraiment par moment je me suis demandée : « pourquoi ? mais pourquoi s’imposer ça ? ». Assez étonnamment j’ai retrouvé par moment la même douleur que j’avais ressenti en lisant le livre de Scott Jurek qui ne fait pas mystère de sa part de vie en mode « dépressif » ou tout du moins de son passé douloureux, que la pratique de l’ultra a aidé pour faire de lui aujourd’hui un homme et un père qui semble heureux de vivre. Comme par hasard, ils ont un peu le même parcours puisque l’un comme l’autre n’ont pas fait le choix du trail mais sont restés sur le bitume en continuant à passer 24h sur une boucle d’un km tel des hamsters. Avec Lizzy vous découvrirez le côté brut de la discipline, aussi dure que les cailloux népalais qui semblent lui avoir apporter la paix qu’elle cherchait. Aujourd’hui elle est organisatrice de course, avec l’Ultra Tour de Monte Rosa, la course qu’elle aurait rêvé courir comme élite. Autant dire qu’elle est déjà sur mon top 10 des trucs à faire avant ma retraite 🙂 !
Désolée c’est en anglais…
Ce livre est en tout cas à lire si vous aimez le trail. Il donne un tout autre regard sur cet discipline, ce qui fait du bien, plus réelle, plus dure sans doute mais tellement plus vraie. Et très sincèrement si vous n’êtes pas pratiquant(e), cette histoire de femme vaut vraiment la peine d’être lue, un peu comme on lirait les aventures d’Alexandra David-Neil. Lizzy est une aventurière qui mérite d’avoir son nom dans cette liste là- aussi.
Bio exprès : Lizzy Hawker est l’une des plus grandes athlètes de l’ultra-distance au
monde, une sorte de « First Lady» de l’endurance. Cette Anglaise est la première
femme à terminer sur le podium du Spartathlon, l’une des les plus difficiles courses
du monde, elle a également remporté cinq fois le légendaire UTMB®. Après deux
expériences en marathon, elle tente son premier ultra avant de devenir, dix-hui mois
plus tard, la championne du monde féminin du 100 kilomètres. En 2011, elle réalise une
performance aux limites de la survie en avalant les 1700 kilomètres du Grand Himalaya
Trail. Lizzy vit aujourd’hui en Suisse.
« Voyage au bout de l’endurance » par Lizzy Hawker- Editions Guérin – 25€