Test : le Cross Fit, la fonte et moi…

A l’occasion de la rédaction d’un article pour les pages « Femme » de Running Attitude que j’écris depuis quelques temps déjà, j’ai décidé d’approfondir mes recherches en testant pour la première fois de ma courte carrière sportive, un wod de Cross Fit…

 

 

Oui on ne dit pas cours ni session, on dit wod ! C’est le premier truc que tu découvres en te renseignant un peu sur le sujet, il va falloir très vite avoir en tête quelques mots sinon tu te retrouveras comme devant ta télé à mater Canal + sans décodeur ou alors en cours de physique en seconde en ce qui me concerne… J’ai vu déferler cette discipline sur mon mur d’actu FB en quelques semaines. J’ai vu des copines se transformer physiquement, souvent carrément en mieux il faut être honnête, celles-ci allant même parfois jusqu’à délaisser totalement le running pour le « soulevage » de fonte dès potron minet. Spontanément l’idée de soulever des pneus de 15 tonnes pour les balancer à l’autre bout de la pièce me paraissait (et me parait toujours) totalement saugrenue mais qui suis-je pour juger ? Traverser le désert avec de la bouffe lyophilisée dans ton sac à dos, en plein cagnard et rationnée en eau n’est guère plus malin, j’en conviens aisément. C’est donc un enchaînement de circonstance qui m’a entraîné vendredi matin à participer à un wod donc dans la salle CrossFit Lutèce. Pourquoi cette salle ? Facile, j’étais en fait invitée à une présentation presse pour le lancement en France d’écouteurs de sport de la marque Jaybird. Tout le monde le sait, je cours toujours en musique, donc dès qu’une nouveauté s’annonce, j’ai toujours tendance à jouer ma curieuse. Alors que seule une présentation est prévue à l’origine, je me dis que ce serait l’occasion rêvée d’aller voir et tester en réel, la discipline sur laquelle je suis en train de plancher pour mon article. La salle offre la possibilité pour tout le monde de tester gratuitement une séance en plus ! Je réserve donc ma place pour la séance de 8h du mat histoire d’être douchée pour ma conférence de presse.

 

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J’arrive en avance, à jeun parce que je n’ai pas eu le courage de me lever trop tôt pour avaler un truc, j’ai juste mon thé vert dans mon thermos. Avec mon dîner japonais bien copieux, logiquement je dois pouvoir tenir sans difficulté. En attendant je m’installe dans un petit coin et j’observe. Forcément je regarde les filles et tout de suite je suis rassurée, elles n’ont pas un physique de camionneuse. C’est couillon à dire mais à force de voir des vidéos de filles soulevant 150kg je finissais par me demander si j’allais trouver ma place. C’est vrai que ma copine Emmanuelle est restée super fine je dois bien le reconnaître. Seule petite inquiétude, je découvre que la fin est composée de 2 enchaînements de corde à sauter (mais super vite la corde, ils appellent ça double under, tu dois faire passer la corde deux fois quoi), burpees (le truc que je déteste le plus au monde… après Trump quand même… et l’inégalité salariale homme femme… et les contractions à l’accouchement… oui enfin bon bref que je n’aime pas trop quoi !) et 400m dehors ! Sérieux les mecs ??? Dehors ??? Ah ben celle-là je ne l’avais pas vu venir et surtout pas du tout anticipé côté tenue. Ok, ce n’est pas l’Antarctique mais le petit débardeur en coton certes TNF spécialement conçu il parait pour le cross fit n’est pas du tout raccord avec la météo. Je prie secrètement pour que mon wod soit différent, je peux vous le dire tout de suite, Dieu avait apparemment autre chose à foutre ce matin-là.

 

 

Ok, fini de mater, c’est à moi de jouer maintenant. Ah mince, y a pas de filles… génial… je suis la seule débutante, je suis la seule fille et je suis la seule à avoir des chaussettes montantes jaune fluo genre collégienne perverse japonaise. Eh ben avec ça pour s’intégrer dans le paysage c’est nickel… Le coach présente le programme, il pourrait parler en japonais justement que je le comprendrais tout autant. Je fais genre « j’ai tout compris » et je m’empresse de copier sur mes voisins ! Rien que l’échauffement, enfin le warm up… Comment vous dire ? Je voulais demander grâce ! Bon pour être sérieuse deux secondes, j’ai vraiment été rassuré justement qu’on ait le droit à un vrai échauffement en règle et pas un truc bâclé. On réveille tous les muscles ou presque, on réveille le cardio et je découvre dépitée que je suis la plus nulle en corde à sauter… ça la fout mal quand même, y a que des mecs ! Le double machin truc là, franchement je ne visualise pas le concept ! Il faut combien de mois pour maîtriser ça ? Punaise au lieu de lire dans la cour de récrée, si j’avais su qu’un jour ça me servirait de savoir sauter à la corde… Heureusement ou malheureusement, tout dépend de quel côté on se place, je peux aussi faire le double de mes petits camarades de jeu. Passons maintenant à un truc que j’appréhende grandement : les fentes avec barre ou les nulles ou poids pour les habitués… Ayant des bras d’anorexique m’interdisant toute ouverture de pot à confiture, c’est peu de dire que je panique. Heureusement on me demande au départ de commencer avec la barre non chargée. Ah mince, c’était avant de la soulever cette saloperie de barre…

 

 

Il y a quand même un avantage à être la seule débutante et la seule fille, c’est que je vais m’installer toute seule dans mon coin et que le coach va gentiment de donner une leçon individuelle. Franchement c’est absolument tout sauf naturel comme mouvement, comme positionnement. Et que je dois trouver le creux (le mieux doit encore y avoir du gras, je ne vois que ça…), et que je dois tenir mais pas crocheter… Bon je me sens quelque peu ridicule avec ma barre vide de tout poids mais il faut forcément en passer par là lorsqu’on débute. Super fière de mes deux premières séries, je rigole moins lorsque je vois le coach revenir avec deux poids. Ok petits les poids mais quand même ! J’essaye au maximum de rester bien positionnée et gainée parce que je dois protéger mon dos qui n’a pas demandé qu’on le traite aussi mal de bon matin. Il est temps de passer à ce foutu cardio qui me fait d’autant plus peur que cela fait déjà quelques temps que je m’entraîne là. J’ai eu le droit à un petit cours de burpees pour les nuls et me voilà partie pour l’enfer. Sincèrement si la première session ressemble encore à un truc, la deuxième va être carrément laborieuse ! Je crois que je cours mon dernier 400m moins vite qu’après avoir fait plus de 100 bornes dans le désert… Mais bon je finis et ne regrette finalement pas tant que ça d’être à jeun, j’ai comme ça évité de vomir devant témoin…

 

Faut que je m’y mette toutes les marques de running se sont lancées dans le créneau !

Voilà j’ai fini… Sous l’œil goguenard de mon collègue Nicolas qui vient d’arriver. J’ai le cœur au bord de l’explosion mais franchement je me suis bien marrée.

 

Ce que je retiens de tout ça ? Que l’effet de groupe fonctionne comme souvent à plein régime. Sérieusement seule, avec la théorie sur le papier, jamais je ne me serai lancée dans la dernière série, à aller chercher la poubelle devant la boulangerie pour en faire le tour. Autre point et c’est à mon avis le plus important : il ne faut surtout pas faire ce genre de rigolade seule ! Ou dans une salle sans un coach compétent avec l’œil sur vous à tout instant. C’est vraiment des gestuels, des mouvements qui demandent de faire gaffe si on ne veut pas se blesser. Mais je comprends que l’on puisse devenir addict avec ce genre de truc parce que le côté dépassement de soi est quand même bien excitant. De même, il me semble évident que cette discipline soit complémentaire du running parce qu’elle permet un renforcement complet du corps et surtout des jambes. A mon avis en montée, tu fais 3 mois de trucs comme ça et tu exploses tes chronos à Chamonix (et là le Nicolas il sera nettement moins goguenard…) ! Bon dans mon cas je crois que je vais continuer à m’entraîner bien sagement dans ma cave avec mes petites haltères parce que de toute façon je n’ai pas de box dans mon village. Mais je ne dis pas que de temps en temps quand j’en aurais marre de ma télé, le cross fit redeviendra d’actualité. C’est la première fois depuis fort longtemps que je n’avais eu des courbatures dans l’heure qui a suivi l’entraînement en tout cas !

 

Merci à l’équipe du Crossfit Lutèce pour l’accueil, plus particulièrement à Matthieu qui a été un coach parfait pour cette initiation et merci à tous mes petits camarades de jeu ce jour-là qui ne m’ont pas trop fait sentir que j’étais la blonde de service !