Lorsque j’ai reçu une invitation pour le press camp de la marque Millet, je me suis demandée si ce n’était pas une blague… Une des plus grandes marques de montagne m’invite moi, la fille qui peste quand ça monte, qui pleure quand ça descend et qui se traine quand c’est plat. Mais bon il y avait Chamonix écrit sur l’invitation et moi j’aime Chamonix même si la ville ne me le rend pas, alors j’ai sauté dans mon cabriolet et j’ai foncé.
Franchement pour moi Millet, c’était juste une marque de sac que j’avais aperçu sur les épaules de randonneurs. N’étant vraiment pas une fille de la montagne, non par goût mais vraiment par éducation, je n’ai strictement aucune connaissance dans ce domaine. En ski, je connais Killy et Grospiron et franchement pas pour ses exploit, juste parce que je le trouvais mignon ! Je n’ai jamais été élevée dans le culte des alpinistes et Frison Roche m’évoque juste un nom vaguement lu quelque part dans un Paris Match dans les toilettes de mes parents. Pour résumer le seul nom que j’associe à l’Everest, c’est celui de ma copine Nathalie Lamoureux… Alors quand je découvre que cela fait presque un siècle que la marque accompagne les alpinistes, je comprends mieux pourquoi la prestigieuse compagnie des Guides de Chamonix l’a choisie pour équiper tous ses membres. Et surtout quand je découvre qu’il va y avoir en 2017 une paire de chaussures destinées aux longues distances qui s’appellent Mont Blanc avec une semelle Michelin, je me dis qu’il n’y a pas de hasard ! Loin de moi l’idée de vous vanter les qualités exceptionnelles de la dite paire, je l’ai juste eu entre les mains, même pas sur les pieds… Mais le modèle semble intéressant à tester quand il sera sur le marché surtout pour sa semelle. Le principe est simple : les ingénieurs Michelin ont transféré la technologie des pneus de VTT de descente sur des semelle de chaussures. La marque annonce un taux d’usure inférieur sur ce modèle par rapport aux semelles vibram qu’ils utilisent d’habitude et surtout un modèle mixte conçu pour aller sur la route si le parcours l’impose (Esprit de la Saintelyon es-tu là ?). Bref tout ça pour dire que si je cours toujours en 2017, je compte bien m’amuser avec elles.
C’est le modèle homme, en espérant que le modèle femme ne sera pas rose…
Pour le reste forcément il y aura une collection textile qui va avec les chaussures et il y a même des jupettes ! Il y aura aussi une veste que j’adore et qui reprend en fait les codes de la danse avec des manches longues façon coupe-vent que l’on peut enlever si la météo change, ou si le départ matinal et frais laisse la place à une journée ensoleillée. Des couvre-épaules quoi ! Ça va être long d’attendre le printemps 2017 mais c’est comme ça, pas le choix. Sinon un peu plus proche pour la fin de l’année la marque s’est lancée dans un très beau projet qui devrait plaire à mon ado de skateur même s’il s’agit là d’escalade. J’ai découvert à l’occasion de cette présentation que l’escalade urbaine était « la » nouveauté qui m’a semblé en fait l’évidence même. Comme le trail en son temps, l’escalade envahit notre espace urbain et quitte les salles de grimpe pour s’attaquer aux ponts et autres zones abandonnées. Un photographe a fait un travail incroyable de mise en lumière de cette nouvelle discipline et la marque s’en est inspirée pour une collection de vêtements pouvant passer directement du bureau à la grimpe.
Le park test, un truc où tu empruntes et tu rends ensuite… Truc de fous !
Pour le reste des présentations, tout ce qui concerne l’alpinisme évidemment je me garderais bien de donner mon avis même si je ne peux m’empêcher de penser qu’une veste imperméable qui te permet d’escalader doit pouvoir te suivre lorsque tu cours. Tout comme le textile destiné à te tenir chaud, comme le mérinos et autre t-shirt en laine mélangé doit bien pouvoir te tenir chaud quand tu fais le tour du Mt Blanc en courant (enfin en courant… je me comprends !). Là où l’après-midi va devenir carrément passionnante, c’est que pour illustrer un peu plus l’engagement de la marque vis-à-vis de ceux qui vivent la montagne au quotidien, nous allons avoir la chance de nous rendre dans la fameuse salle du tour de rôle des Guides de Chamonix dont vous ne verrez aucune photo, aucune image. Il n’y a pourtant rien à voir dans cette salle mais on y ressent un caractère sacré assez impressionnant, même pour moi qui n’y connais rien dans le monde de la montagne. Savoir qu’elle sert également de chapelle ardente pour les hommes morts en montagne n’y est pas pour rien. Nous aurons surtout le droit à une leçon sur cette compagnie née en 1821 pour offrir une structure à ce nouveau métier né de la passion grandissante des français et des voyageurs venant du monde entier dans l’espoir de venir conquérir le sommet du Mt Blanc ou juste de profiter pleinement de cette incroyable espace de jeu. La mer de glace à cette époque ressemble encore à une mer et non à un étang…
La fameuse place vide… pas de Vangelis mais des drapeaux qui ont allés tout là haut…
Le principe de fonctionnement de la Compagnie est à la fois simple et compliqué. Elle se divise en deux structures aujourd’hui totalement indépendantes : un tour de rôle pour la distribution du travail (d’où le nom de la salle) et une caisse de secours qui est là pour l’aide aux victimes qu’elle soit financière ou morale. Tous les guides sont indépendants, libres de travailler ou non, c’est la base même du système : on ne peut obliger un guide à accepter une mission en aucune façon, tout simplement parce qu’il ne peut y avoir de responsable autre que lui-même si ça se passe mal. Autre particularité, en bon indépendant le guide est tout à fait libre d’avoir sa clientèle privée. Il arrive donc qu’un guide reste membre sans prendre la moindre mission pendant des années. Attention guide de la Compagnie ça se mérite ! Il faut d’abord obtenir son diplôme d’état à l’ENSA, puis postuler comme aspirant, puis comme stagiaire… On finit par être guide après acceptation de ses pères (et de ses mères puisqu’il y a des femmes, très peu mais il y en a). C’est là que l’on reçoit sa médaille de guide, le top du top, la légion d’honneur à côté c’est de la roupie de sansonnet ! Elle est remise aux petits nouveaux tous les ans lors de la grande fête du 15 août qu’il faut voir une fois dans sa vie. C’est d’ailleurs cette fête qui permet de récolter des fonds pour la caisse de secours. Forcément Millet ne pouvait pas passer à côté d’une telle expertise et la collaboration va plus loin que le simple partenariat matériel puisque les guides et accompagnateurs testent en amont les produits lors de leur conception. J’ai forcément passé un moment passionnant avec notre interlocuteur et j’ai noté pleins de parcours de randonnées qui devraient m’occuper plusieurs années !
Autre rencontre et non des moindres, deux membres du GMHM sont là et resteront diner avec nous. Comment vous dire… Le Groupe Militaire de Haute Montagne, c’est juste une légende ! Elle est issue de l’Ecole Militaire de Haute Montagne née à Chamonix en 1932. Dans les années 70, l’armée décide de créer une structure visant à accueillir et former une élite d’alpinistes militaires dans le but de réaliser des ascensions sur les massifs du monde entier. C’est là que rentre dans l’histoire le fameux Capitaine Marmier, avec lequel j’ai un jour partagé une assiette de risotto dans une chapelle désacralisée en Italie sur le parcours de la PTL, son bébé. Ils sont seulement 10 à continuer et perpétuer son œuvre. Et comme le Groenland fait partie de leur terrain de jeu, forcément ça aide à la conversation. J’essaye juste de ne me transformer en groupie de base pour ces hommes qui, il faut bien le dire sans vouloir les vexer, ressemblent vraiment à monsieur tout le monde. J’ai la même impression que lorsque je me suis retrouvée face à Kilian qui est la simplicité incarnée. Et puis on a quand même un point commun parce qu’ils ont réalisé le challenge des 7 continents. Ok on parle d’escalade libre et pas vraiment de marathon mais bon forcément ça me parle. Pouvoir dire que je suis allée deux fois en Antarctique, ça me donne un peu de contenance et je me sens un peu moins ridicule et petite chose insignifiante face à ces hommes qui ont souvent leur vie au bout de leurs doigts…
C’est la tête pleine d’images d’Everest et autres Annapurna que je vais me coucher parce que ce n’est pas tout ça mais moi demain j’ai escalade sur glace ! J’avoue quand j’ai entendu les mots « mer de glace », j’ai immédiatement levé la main. Sans réaliser vraiment qu’à un moment j’allais me retrouver accrochée à deux piolets avec des crampons aux pieds pensant à une seule chose « tes genoux ne doivent pas toucher la paroi ! ». Mais sérieux qu’est-ce qui m’a encore pris d’aller m’embarquer là-dedans… Je prends le fameux petit train rouge avec mon sac à dos rempli de trucs que je n’ai pas l’habitude de balader en montagne. Alors que je suis à Chamonix plusieurs fois par an je n’ai jamais fait l’effort d’aller voir la fameuse mer de glace. Je ne la connais que via des reportages vus à la télé qui évoque sa tragique disparition. L’occasion est trop belle d’aller voir de mes propres yeux la folie humaine qui jour après jour fait disparaître cet océan glacé. Le plus impressionnant reste de suivre les pancartes qui indiquent le niveau en fonction des années. C’est même terrifiant en fait. Nous avançons dans les pas de notre guide qui finit par nous conseiller de mettre nos crampons. Ça ressemble à de vieux patins à roulettes les roues étant remplacées par des pointes métalliques qu’il faut éviter de se prendre dans la tête à mon avis ! Sincèrement je suis vite rassurée par l’accroche sur la glace et c’est reparti pour la balade. C’est quand je vais me retrouver face à un mur de glace que je vais comprendre que ça ne va pas être aussi simple que je le pensais…
Pour une Sainte enneigée je peux te dire qu’avec ça aux pieds, ça ne glisse pas !
Pour résumer les choses je pense que je suis vraiment la seule à n’avoir jamais grimper le moindre caillou. Mes petits camarades maîtrisent le langage, les nœuds, bref je me sens bien seule. Je vais attendre le 3ème passage pour me lancer, encouragée par le guide qui semble bien décidé à me faire arriver tout là-haut à la force de mes petits bras d’anorexique chétive. Il est absolument adorable avec moi et m’accompagne au départ parce que franchement ce n’est pas évident de se retrouver comme ça, au-dessus du vide seulement accrochée avec des pointes et mes deux piolets. Je pense avoir fait la grimpette la moins académique qui soit mais je finis quand même par me retrouver en haut, sacrément soulagée d’y être arrivée. Le souci avec moi c’est la descente… Comment vous dire… Le côté on s’installe en arrière dans son baudrier et on confie sa vie à un inconnu certes charmant mais inconnu quand même pour se jeter dans le vide, accrochée à un pauvre mousqueton… ben j’aime pas… Le « lâcher prise » est une notion qui m’est totalement inconnue, je ne suis clairement pas née avec ce gène. Je fermerai bien les yeux mais à mon avis ce n’est pas l’idée du siècle non plus. J’arrive en bas, le cardio au bord de l’explosion, c’est bon j’ai survécu, punaise mais qu’on me serve un malibu !
Vous n’avez pas le son… c’est bien dommage !
Ce que je retiens de cette expérience et de la découverte de cette marque ? C’est que ça change tout lorsque ce sont des passionnés qui sont aux commandes. Vous les auriez vu sur la mer de glace, on aurait dit des gamins ravis d’aller s’amuser un peu. On sent très vite qu’ils ne sont pas là parce qu’ils ont vu de la lumière mais bien parce que la montagne est une passion. Et à titre perso, cela a conforté mon idée d’aller là-haut, voir si la vue du Mont Blanc est aussi belle qu’on le dit.