Ça va être le CR le plus rapide de mon existence ! Et dieu sait que je suis pourtant bavarde mais quand ça ne veut pas, ça ne veut pas… J’ai un temps pensé ne rien écrire sur le sujet, mais je me suis dit qu’un petit retour sur les coulisses et surtout sur cette version « by UTMB » pourrait vous intéresser.
Le récit
C’est terrible mais je le sentais… Rien n’allait depuis plusieurs jours, voir semaines même. Vous me connaissez, je ne suis pas le genre à ne pas appeler un chat et un chat, et une préménopause une préménopause. Pour ceux qui ne connaîtraient pas et pour celles qui ne connaissent pas encore, le souci avec cette période, c’est que tu peux passer des semaines sans, comme Sœur Anne ne rien voir venir, et paf d’un coup sans prévenir, les Anglais débarquent avec Nelson et toute sa flotte, juste pour le plaisir de te mettre carpette. Je sors de ces jours totalement épuisée, surtout que ça a réveillé mon endométriose endormie qui a eu la riche idée il y a quelques années de migrer vers mes intestins… Je vous passe les détails (vous avez vu, des fois je vous préserve un peu !), mais franchement dans le genre épuisant, ça se pose là et je n’ai plus la force ou le courage de m’entraîner. Si encore j’arrivais à me reposer, mais même pas. Tu rajoutes à ça pas mal de stress au boulot et dans le domaine perso… J’arrive à Verbier absolument ravie de retrouver cette course que j’adore mais franchement en ayant parfaitement conscience que là, si ça passe, c’est carrément un grand méga coup de bol.



Dossard récupéré, superbe sac à dos récupéré, direction l’hôtel Les Chamoix, super hôtel familial et surtout super bien placé dans le centre de Verbier où par le plus grand des hasards au détour d’un couloir je croise des visages connus (je t’ai attendu samedi matin mais à 5h56 je suis allée prendre le dernier bus, je me suis dit que soit tu avais pris le premier, soit tu avais décidé de prendre ceux de 6h30, viens me donner des nouvelles surtout, tu as mon mail !). Diner, nuit compliquée… L’hôtel exceptionnellement a ouvert le petit déjeuner super tôt mais j’arrive à peine à manger. Je n’arrive pas à savoir si c’est mon corps ou mon esprit qui me fait défaut. Je file prendre les navettes et je tombe sur Catherine et Michel Poletti. Je savais que Michel était engagé lui aussi sur la X Traversée, je ne suis donc pas surprise. On s’installe dans le bus et qui je vois t’y pas grimper à l’arrêt au Chable ? Manon Bohard ! Qui vient s’assoir à côté de moi. C’est plus une rangée dans un bus… C’est un carré VIP ! Je me marre en lui disant qu’il y a là la première et la dernière de la X Traversée. Je ne crois pas si bien dire… Comme si à ce moment-là, une petite partie de mon esprit espérait encore voir la ligne d’arrivée.
La Fouly, je file comme toujours prendre un thé à l’auberge des Glaciers, ma cantine ici, avec Tiphaine et Matthieu les gentils organisateurs et cofondateurs de mon trail préféré (merci à vous pour ce petit bijou !). Un bisou à Ludo en passant, je file dans le sas de départ… 5… 4… 3… 2… 1, Partez ! On n’a pas fait 100m que j’ai compris que ça ne passerait pas. Rien ne va, ni les poumons, ni le cardio, ni le dos qui me fait souffrir dès le premier kilomètre. J’essaie de m’accrocher à la beauté du paysage, toujours aussi fascinante mais rien n’y fait. Arrivée au ravito du Grand St Bernard, je me pose la question de m’arrêter là et de profiter de cet endroit tellement beau et reposant mais finalement je repars. Aucun souci avec la barrière horaire, je suis dans les temps, c’est juste que je ne suis pas dans la course. Mon genou gauche me joue des tours et me fait pousser des petits cris de douleur dès que mon appui n’est pas parfait. J’ai l’impression d’être dans un parcours de dominos qui tombent les uns après les autres dans une chute irrémédiable.





Sur le parcours je tombe sur Serge Moro, le rédacteur en chef d’Esprit Trail et grand coureur s’il en est, qui tente de me remonter un peu le moral. Photo souvenir, je repars. Quelques centaines de mètres plus loin, je croise qui redescend, un grand gaillard vêtu d’une veste UTMB bleu turquoise superbe qu’on ne peut pas rater. Et là, ça commence à faire son chemin dans ma tête. Je n’ai pas demandé à Serge comment il était venu mais si c’était l’orga qui gérait tout ça ? Quand je tombe sur deux charmantes randonneuses avec autour de leur cou, un badge presse, je les arrête. En une fraction de seconde j’ai eu une idée : « dites vous faites bien parties d’un suivi presse ? Oui ? super ! Et par le plus grand des hasards, vous auriez une place dans la voiture ? ». « Mais oui il manque un journaliste qui n’est finalement pas venu, en se serrant à l’arrière ça va le faire ! ». Ni une ni deux, j’opère un demi-tour et je file sans demander mon reste, avant surtout de changer d’avis. Je fais alors la connaissance de Natacha, journaliste et Marie Jeanne guide qui est là pour chapeauter tout ce petit monde. J’apprends que le garçon que j’ai croisé précédemment fait bien partie du groupe et c’est tout simplement Matthieu, l’attaché de presse avec lequel je conserve via mail depuis pas mal de temps.
Sur le chemin du retour nous tombons sur un coureur qui ne semble vraiment pas bien assis sur son caillou. Bien entendu, je m’arrête et je fais la connaissance avec Jim, chinois qui vit en Norvège et qui est professeur d’Economie, ça ne s’invente pas. Il sait qu’il ne passera pas la barrière à Bourg St Pierre et je sais que le col qui l’attend devant va être dangereux pour lui. Je lui propose de le ramener au ravito précédent et nous voilà partis tous les deux à papoter. Il me parle de la petite maison qu’il s’est fait construire sur une île perdue des Lofoten (épouse moi Jim !)… Je lui parle des déserts que j’ai traversé, au sens propre comme au figuré. Arrivés au ravito, je le confie au bon samaritain (c’est comme ça qu’on appelle les infirmiers en Suisse, j’adore !) et après quelques échanges j’apprends qu’il doit prendre la ligne de bus officielle pour retourner à Orsières où il loge. Je l’emmène prendre son bus et je retrouve Serge, à la fois déçu de me voir là mais ravi de pouvoir papoter trail avec moi (tu étais bien ravi hein Serge dis-moi ?) !


Voilà c’est fini ! J’ai rebasculé dans ma vie de journaliste. Je voudrais bien vous dire que je regrette ma décision, seulement ce n’est pas le cas… J’ai fait la connaissance de Natacha qui a rouvert en moi un dossier que j’avais presque décidé de fermer. J’ai fait la connaissance de Marie Jeanne femme formidable et adorable qui organise des randos (son site est ici, foncez !) dans son beau pays. J’ai enfin fait la connaissance de Matthieu et ça change tout de pouvoir enfin mettre un visage et une voix sur un nom. J’ai pu vivre la victoire de Manon, vivre l’émotion de ses parents et les larmes de Ludo.
J’ai pu vivre l’arrivée triomphale d’Emily Vaudan sur la X Alpine confirmant ce jour-là, si besoin était la championne qu’elle est. Si je regrette une seule chose, c’est en réalité de ne pas avoir pris la décision avant, de ne pas avoir renoncé la veille, même si c’est tellement plus facile à dire qu’à faire. Mais quand on n’est pas solide sur ses pattes arrière, au dossard en amont, il vaut mieux renoncer.
C’est quand même bien ça le sujet le plus intéressant là-dedans… Qu’est-ce que ça change pour le Trail Verbier St Bernard d’être maintenant by UTMB ? En réalité pour le coureur pas grand-chose… On peut même dire qu’il a gagné deux ou trois trucs au passage. Déjà l’arrivée ! Les organisateurs ont enfin pu obtenir l’arrivée dans la rue de la Poste et c’est très bête à dire mais ça change tout. La dotation était franchement top et si j’avais su qu’on avait un super sweat à capuche à l’arrivée, ça m’aurait surement motivée, en bonne fashion victime du running que je suis ! Question ravito, fléchage, et j’en passe, rien de nouveau sous le soleil, c’est toujours aussi parfait, ce n’était pas la 13ème édition pour rien. Les organisateurs n’ont rien à apprendre de ce côté-là, ils maîtrisent parfaitement leur sujet. Les bénévoles sont comme toujours des amours.
On pourra regretter que Catogne ne soit plus au programme… Je l’ai entendu ici ou là, et c’est finalement presque le truc qui faisait le plus parlé. Certains considéraient que cela rendrait la course « plus facile » mais les chiffres prouvent le contraire puisque finalement on compte en 2022 57% de finishers pour 56% en 2021… Et le passage à Panossière est tellement beau qu’il était dommage de le réserver uniquement à la X Traversée finalement non ?



Autre nouveauté la X Plore du dimanche matin, un 26km destiné à performer ou à venir découvrir Verbier, c’est vous qui choisissez ! La vue est à couper le souffle, je sais, je suis allée dimanche encourager les premiers sur le parcours au point culminant de la balade.
Je sais que je vais surement choquée en écrivant ces mots mais je pense vraiment que le Trail Verbier St Bernard est de toutes les courses du nouveau circuit celui qui était le plus évident. Le lien historique qui lie les deux organisations, le lieu puisque les deux courses partagent même un ravito commun avec la Fouly… Si tu ne veux pas payer la vignette autoroute, tu passes par Chamonix et le poste de douane du Chatelard avant de grimper le col de la Forclaz et de tourner à droite toute au rond-point à l’entrée de Martigny où le départ de la MCC sera donné dans quelques semaines. Mais attention, cette association n’en fait pas pour autant deux clones (enfin pour le moment). L’esprit, l’ambiance plus intime et familiale du Verbier St Bernard est toujours là et c’est bien le principal finalement. On verra avec les années si cela change et comptez sur moi pour aller le vérifier, je suis accro à Verbier, ce n’est plus un secret.