Je ne pensais pas vous reparler de ce sujet à cette période un peu particulière de l’année où, tous autant que nous sommes, nous n’avons toujours pas de réelle visibilité sur l’année 2021, question running. Mais si justement on profitait de cette période un peu calme pour réfléchir ? Et si on reparlait de la non-mixité de certains événements ?
Je suis tombée sur cette vidéo totalement par hasard sur un post FB. Même si je connaissais Camille et Justine pour d’autres publications, je ne suis pas pour autant abonnée à leur compte, je ne suis pas fan de tout leur travail, même si j’avoue que très souvent certaines de leurs idées ont fait tilt dans mon esprit. Je tenais vraiment à partager leur dernière vidéo parce qu’elles y abordent à leur manière bien particulière, qui peut plaire ou pas, un sujet qui est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait de prime abord. Je vous demande donc vraiment de le regarder jusqu’au bout, avant de lire la suite de mon article. C’est certes un peu long mais elle en vaut vraiment la peine.
Même si elles n’abordent évidemment pas le sujet des courses féminines, il n’est pas difficile pour moi d’extrapoler un peu sur un sujet que je connais bien. Bien entendu, nous parlons là de quelque chose de moins grave que le harcèlement sexuel ou du racisme… Ce n’est pas pour autant qu’il faille s’interdire d’y penser. Il serait quand même aussi intéressant de se poser la question suivante : pourquoi en 2021 de tels événements continuent d’exister, et ça partout dans le monde ? Est-ce qu’à la vue de la fameuse vidéo, il ne serait pas intéressant de remettre tout ça en perspective justement ? Cela fait des années que je suis « dans le milieu », et ça fait des années donc que j’entends toujours la même chose. Nous sommes nombreuses à évoquer des remarques sexistes sous couvert d’humour évidemment, des remarques dignes du patriarcat des plus crasses. Malgré un CV relativement étoffé, on me demande toujours si mon mari court, comme si je ne pouvais pas faire tout ce que je fais sans qu’il soit présent à mes côtés. On me demande moins ce que je fais de mes enfants puisqu’ils sont grands aujourd’hui et largement autonomes mais je vous laisse imaginer ce que j’ai entendu à chacun de mes déplacements. Et ça ce n’est que le haut de l’iceberg ! Si vous me suivez, vous savez très bien que j’ai du répondant et que je n’hésite pas à claquer le beignet de mon interlocuteur. Seulement pour une grande gueule comme moi, combien de femmes s’écrasent devant leur homme, leur entourage et j’en passe ? Moi même, lorsqu’il a fallu choisir mon premier dossard, je ne me suis pas posée de question et c’est une course 100% féminine que j’ai choisi, parce que ça avait un côté rassurant pour moi, sans vraiment savoir pourquoi à l’époque, mais c’est une réalité.
Lors d’un événement sportif (les Sybelles Aventurières pour ne pas le nommer) j’ai eu la chance de faire la connaissance avec Clémentine JUNIQUE, alpiniste et fondatrice de « Girls to the top ». J’ai alors découvert que dans le monde de l’escalade, là encore la mixité posait finalement plus de problèmes qu’on ne le pensait. Le club qu’elle a lancé a permis à pleins de femmes d’oser se lancer sans être sous le regard permanent de leur copain, de leur frère, de leur père… Elle reconnaissait avec ses petites camarades qu’inconsciemment, le fait qu’un homme soit présent à leur côté modifiait leur façon de grimper. Et je parle là de nanas qui sont même parfois guides, donc des pros dans le métier. De découvrir que des « jeunettes » en étaient toujours là où nous en étions 20 ans auparavant m’a un peu filé une claque j’avoue.
Et afin d’aller encore un peu plus loin dans la réflexion, je voulais soulever une chose qui me choque toujours autant : le manque de solidarité entre femmes qui voit le jour dès qu’on parle « course féminine » sur les réseaux sociaux. Nombreuses sont celles qui crachent sur ce type d’organisation et donc indirectement sur d’autres femmes moins en confiance qu’elles. Je vais prendre une image très forte, trop peut-être mais on pourrait comparer ça aux femmes qui, parlant de celles qui restent sous les coups d’un mari violent, disent « attends elle pourrait partir quand même non ? Le divorce ça existe, c’est pas fait pour les chiens ». Je fais exprès d’être un peu extrême dans ma réflexion pour vous encouragez à réagir et à réfléchir. Au lieu de critiquer, il serait peut-être plus constructif de proposer, d’encourager et de rassurer. Plus que de féminisme je voudrais parler sororité (solidarité entre femmes pour celles et ceux qui ne connaissent pas ce mot, trop peu utilisé à mon avis), cette notion un peu obscure pour trop de personnes. Entre un : « t’es vraiment une pauvre conne d’avoir donné de l’argent pour un truc pareil, tu aurais du faire les 10k de Trifouilli les olivettes », et un : « bon c’est top, c’était ta première course, maintenant, tu peux te lancer sur une distance un peu plus longue, une course mixte, un 10k et si tu veux je peux te donner des conseils pour t’y aider », il y a un gouffre non ? J’espère que le visionnage de cette vidéo vous fera peut-être évoluer dans votre façon de penser, pour celles et ceux qui sont foncièrement contre la non-mixité. En aucun cas je prône pour qu’elle soit systématique, bien entendu, mais qu’on lui laisse une petite place le temps que les mentalités avancent, sans y voir le mal pourrait être déjà un premier pas constructif.