UTMB 2022 – Episode 1 : la MCC, objectif raté…

Difficile pour moi d’écrire un seul et même article pour résumer cette semaine de folie que je viens de vivre ! J’ai une histoire très particulière avec l’UTMB… Un mélange d’amour profond et de haine féroce parce que j’y ai aussi vécu des échecs cuisants que j’ai eu du mal à encaisser et qui étaient des années après toujours un peu à vif dans ma mémoire. 2022 m’a vraiment permis de faire la paix avec ça et rien que pour ces moments incroyables que j’ai vécu là-bas, je ne regrette pas d’avoir très peu dormi pendant 8 jours alors qu’on sait toutes que le sommeil c’est le meilleur médicament pour une beauté éternelle selon ma bible, le magazine ELLE 😁.

Le début de la semaine a pourtant moyennement commencé… Je suis au départ de la MCC, course que j’adore parce que je trouve le parcours vraiment superbe et qu’elle me permet toujours d’être rentrée pour l’apéro à Chamonix (non je ne bois pas de bière moi, je bois un diabolo citron !). La veille du départ, nous avons appris via SMS qu’en raison d’une passerelle écroulée, nous allions devoir courir 2 km de plus pour 250m de D+. 2km sur le papier ce n’est rien évidemment, mais voilà, moi j’arrivais avec l’idée de battre mon record (j’adore écrire ce mot quand tu connais le temps que je visais !) après un gros bloc plutôt bien géré au Colorado. Adieu RP et bonjour dénivelé ! J’arrive la veille tranquillement puisque j’ai prévu de retirer mon dossard directement à Martigny le lundi matin. Diner japonais avec Anne en charge de la team presse française Hoka et d’Adrien notre super coach qui a dû faire avec ma sciatique et mon programme de courses en mode n’importe quoi… La patience qu’il a eue avec moi… Il mérite 10 running stones rien que pour ça ! Il est sur la MCC lui aussi, inutile de préciser qu’il vise un retour pour le goûter, pas le tea time hein ? le goûter…

Evidemment je dors mal mais ça c’est normal. L’avantage d’avoir une navette à 8h du mat c’est que tu peux prendre ton petit déjeuner tranquillou bilou. Je file faire une bise rapide à ma copine Perrine qui part sur la PTL (300k et 25000D+ pour ceux qui ne connaissent pas, sans balisage sinon c’est trop facile) et je fonce à l’arrêt de bus, celui où tous les ans ou presque je suis pour grimper dans la navette. J’arrive et… pas de navette… C’est une blague ??? Deux autres coureurs ont l’air tout aussi dépité que moi. Heureusement un gentil monsieur avec sa chasuble de l’UTMB nous dit « nan cette année ça a changé c’est sur le parking à côté du Carrefour ». Je vois vaguement où c’est mais l’avantage d’une course dont les dossards sont donnés en priorité aux locaux, c’est que mes comparses connaissent le chemin. Je leur emboite le pas et 10 minutes plus tard je suis dans le bus.

J’ouvre une parenthèse à ce sujet, en espérant que des gens de l’orga passent par là. Nous avons reçu un super mail récap baptisé « ta feuille de route » quelques jours avant. Le truc était excessivement bien fait, ultra détaillé pour te rappeler ton heure de retrait de dossard, ta navette, tout ça tout ça… Limite si on ne te disait pas à l’heure à laquelle tu devais aller pisser avant de partir et de penser à te laver les dents. Pourquoi ne pas avoir rajouté une ligne « attention le lieu des navettes a changé ! ». Nous étions pas mal à être déjà venu courir la MCC, ce qui est d’ailleurs une preuve supplémentaire que cette course est top. Nous n’avons évidemment pas pensé à aller chercher cette info. En plus le nouveau lieu est nettement mieux ! C’était un super choix de l’orga de le déplacer, tout le monde y gagne en confort et en sécurité. Voilà c’était juste ma petite remarque du jour

Arrivée à Martigny, je file chercher mon dossard, et kiki va avoir le droit à un contrôle aléatoire du matos obligatoire ? C’est Bibi ! Bon j’ai tout donc évidemment cela ne me pose aucun problème. J’arrive même à faire pipi en 2 min chrono et zou je suis dans le SAS de départ. Je rassure un peu une jeune femme qui est là pour la première fois et qui à juste titre panique un peu. C’est quand même 42km de trail avec un bon KV pour attaquer les hostilités… pas non plus une balade de santé. Ludo met le feu comme d’hab et zou on est parti ! Je connais cette première partie, je sais donc exactement où je mets les pieds. Comme tous les ans je retrouve les enfants sur le bord de la route, comme tous les ans je fais quelques pas avec mon copain Meheza, la base quoi !

Point très positif du nouveau système de vague, nous n’avons pas à subir le seul petit ralentissement du début, ce qui en soit n’était pas très grave, ça permettait de reprendre son souffle avant de monter, mais là du coup plus d’excuse, faut tout de suite sortir les bâtons. Le principe de la première partie est assez simple et peut se résumer à « dré dans le pentu » en direction du col de la Forclaz. Le ravito est juste avant, je prends de l’eau, deux ou trois bouts de pomme (Mangez des pommes il a dit l’autre !) et je file. Même si je ne suis toujours pas un foudre de guerre, je tiens la moyenne que je m’étais fixée. On attaque le chemin en balcon et paf… le balisage nous indique que maintenant il faut piquer à droite toute. Le petit chemin dans la forêt en lacet voit alors s’engouffrer des dizaines de coureurs. Ce ruban en est hypnotique, comme un balancier devant tes yeux. Trient, son église rose et son ravito en construction sont là. Je profite pour reprendre de l’eau à une fontaine et je file.

Un peu de bitume, du chemin 4×4 et le début des problèmes commence. Nous voilà de nouveau en mode « dré dans le pentu » pour aller retrouver ce foutu chemin que nous avons dû quitter. Et là c’est le drame… Je suis au bout de ma vie et je me maudis. J’avance comme je peux, il fait chaud, mes jambes sont lourdes, mon cardio trop haut… Je vois mon chrono qui s’envole et ça me fout carrément le bourdon. Heureusement que je croise totalement par hasard Théo (à lire ici, décidemment le monde est trop petit !) qui semble au mieux de sa forme ! On arrive enfin à un petit refuge qui n’était pas du tout préparer à voir débarquer une foule assoiffée. Ça fait la queue à la seule fontaine du lieu, je décide de filer sans attendre. Dans mes souvenirs, il y a une cascade un peu plus loin, je sais qu’il n’est jamais prudent de boire l’eau de la montagne comme ça mais j’ai l’habitude de le faire et j’ai l’amour du risque de toute façon.

J’ai perdu 10 places au classement pour poser pour cette photo là ! Merci Franck Oddoux !!!

Ce qui est assez rassurant (désolée les autres !), c’est que clairement je ne suis pas la seule à avoir souffert. Ce foutu refuge du col de Balme semble là tout près mais tu as toujours l’impression qu’il recule au fur et à mesure que tu avances vers lui. Enfin cette foutue tente blanche est devant moi. Je me pose deux minutes sur un banc pour soulager mon dos qui commence à me rappeler douloureusement que je n’ai plus 20 ans et qu’il serait grand temps que je le ménage un peu. Je repars et j’attaque la descente vers le village du Tour. Je n’ai plus le mental pour me faire mal, je gère juste comme je peux en évitant les chutes, j’en vois trop autour de moi pour lâcher les chevaux et prendre le moindre risque. Je suis avant tout là pour une chose, faire l’assistance d’Alex en fin de semaine et le faire avec des béquilles, tu oublies.

A partir du Tour, il faut juste gérer. Plus de vraies difficultés, juste des petits coups de cul à donner, quand tu es en forme il faut juste dérouler. Pour oublier mon objectif raté, j’écoute ma musique (merci Clara Luciani de m’avoir sauvé la vie !), ça me change les idées. Argentière, son ravito, son traditionnel sneaker et sa super ambiance sont déjà là. J’évite de trop trainer quand même, parce que bon, on n’est pas là non plus pour papoter, je repars en continuant de manger tout en marchant. C’est le seul point positif de la journée, aucun problème gastrique, je n’ai pas vomi partout dans la montagne, c’est déjà ça ! J’envoie mon seul message de la journée à Anne de la team Hoka pour la prévenir que : non je ne suis pas blessée, oui je vais bien arriver à Chamonix mais plutôt pour le diner et que si elle pouvait avoir la gentillesse de m’apporter de l’Orangina sur la ligne d’arrivée, elle ferait de moi la plus heureuse des femmes… Dire qu’il y a quelques années, je rêvais d’un 3 carats au doigt… Maintenant un Orangine suffit à ma joie ! C’est mon mari qui se réjouit !

A quelques kilomètres de l’arrivée je remarque que je passe mon temps à faire le yoyo avec une jeune femme. Elle me semble super jeune et je finis par lui demander son âge. « J’ai 22 ans ». Ah mais je pourrais donc bien être sa mère ! C’est mon truc de la semaine ça… J’ai passé ma semaine à adopter des enfants qui n’étaient pas à moi ! Je lui propose de finir avec elle, vu qu’il n’y a absolument aucune chance que je finisse un jour un trail avec ma propre fille. Et elle accepte ! Elle a eu son dossard parce que l’année précédente elle était venue comme bénévole. Elle me dit qu’elle adore être au service des autres sur les grands événements sportifs comme celui-là. Voilà comment Elise m’a réconcilié avec ma MCC en une fraction de seconde. Une autre coureuse nous demande si elle peut nous suivre et c’est à 3 que nous rentrons dans Chamonix. Je suis tellement focus sur mes poussins que je n’entends même pas un copain qui m’encourage sur le parcours. Comme il m’a dit « je me suis pris le vent de folie » ! Dans les petites rues de la ville, je passe devant, je demande aux tables de faire du bruit, il faut qu’Elise vive l’expérience UTMB à fond ! Je la vois qui commence à pleurer, inutile de dire que j’ai évidemment fait de même. A la vue de la ligne, je passe derrière elle et je lui dis juste « allez va la chercher ta ligne d’arrivée, tu l’as tellement méritée ».

Mon héroïne du jour !

Un câlin, un au revoir et je file chercher ma médaille, elle est entre de bonnes mains. Je récupère évidemment ma bouteille d’Orangina et je me traine à mon hôtel prendre une douche. Bon, j’ai explosé mon chrono dans le mauvais sens du terme mais c’est encore l’heure de l’apéro ! Un petit Mc Do à emporter et je file me coucher parce que demain commence un autre combat… que je vais vous raconter demain, alors ne bougez pas, je reviens !

On ne le dira jamais assez mais l’important c’est quand même bien la taille… de la bouteille d’Orangina !

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