Run : Lucie Jamsin, une ultra girl numéro Ain !

Forcément en vivant dans l’Ain, Lucie ne pouvait pas rater l’Ultra 01 où elle s’est illustrée de la plus belle des manières en le gagnant tout simplement. Rencontre avec une athlète connue qui gagne à être encore plus reconnue !

Ok j’avoue à la base, je devais m’aligner sur l’Ultra de Cap Town à la fin de l’année avec la covid, qu’on soit amateur ou élite, on a tous vu notre programme largement perturbé et il a bien fallu s’adapter. A la base surtout je ne devais pas « monter » sur ultra aussi vite mais voilà, tu passes ton confinement sur ton home trainer, devant les reportages de l’Ultra Trail Word Tour et là tu te dis que finalement sur un malentendu ça pourrait passer… Surtout que finalement cette année s’est retrouvée idéale pour préparer son premier ultra avec tous les objectifs prévus qui étaient tombés à l’eau et par la force des choses un peu de temps pour récupérer avant d’attaquer la prépa de la Saintélyon qui pour l’instant, on croise les doigts reste d’actualité.


En réalité je rêvais depuis longtemps de m’engager sur un long format, j’en rêvais comme beaucoup d’entre nous mais il fallait que je fasse sauter les verrous « mentaux ». Peur de courir 24h, peur de passer la nuit dehors… Sincèrement je doutais de mes capacités pour y arriver. Encaisser une grosse charge d’entrainement, ça je savais que je pouvais faire mais là on parlait d’une autre dimension. Et finalement j’ai plongé dans le grand bain en m’engageant sur l’Ultra 01 ! J’ai pris le temps d’augmenter le volume en suivant mon propre plan puisque je suis coach moi-même. C’était aussi un test pour mon activité professionnelle parallèle à mon métier de pompier. Si j’arrivais à boucler cet ultra, je pourrais aussi me lancer dans l’accompagnement d’autres personnes sur ce type de distance.

J’ai vraiment veillé à la prépa mentale qui est pour moi primordiale et souvent un peu trop négligée par le coureur « amateur » qui considère à tort que ce genre de chose est réservée aux pros. Mais une prépa mentale c’est aussi et avant tout savoir s’entourer des bonnes personnes, de la famille ou tout simplement des amis qui croiront en vous presque plus que vous-même. J’ai un souci avec un tendon récalcitrant qui me fait souffrir régulièrement. Sans mon entourage, mes ami(e)s qui me font l’assistance et qui sont là pour m’encourager et me soutenir à chaque instant, je sais que ce foutu tendon pourrait prendre le dessus pendant mes courses.

Sur l’Ultra 01, j’ai pris chaque tronçon l’un après l’autre puisque de toute façon j’avançais dans l’inconnu. J’ai comme tout le monde eu des coups de moins bien, surtout après 130km. Ça a duré 10km mais je savais à ce moment-là que quoiqu’il arrive, de toute façon je rentrais au stade. Comme c’est souvent le cas sur ce type d’épreuve, je suis sortie du creux de la vague et je finis en dessous de 24h mon objectif. Alors que franchement les premiers kilomètres j’ai eu des doutes… Je savais que je devais partir plus lentement que d’habitude mais 2h30 pour faire 20km, ça fait bizarre quand même ! Evidemment c’était la stratégie à adopter mais je me suis quand même dit « ah ouais… ça va être sacrément long ce truc en fait ! ».

Si je devais donner 3 conseils pour se lancer sur ultra ?

  • Ne jamais courir en force, trouver sa vitesse de confort, celle où tu es « tout en souplesse, en légèreté ». Cela implique de courir pour soi et surtout pas de tenter de suivre quelqu’un, un truc à être soit en sur-régime, soit et c’est tout aussi dangereux en sous-régime.
  • Travailler la notion d’acceptation, d’inconfort qui arrivera forcément à un moment ou un autre. Il faut s’écouter et écouter son corps en se disant que s’il nous envoie une alerte, il faut l’accepter et l’accompagner (note personnelle de Cécile : ça m’a amusé parce que Lucie a utilisé des mots qui m’ont fait penser à ceux que j’utilise souvent pour raconter mes accouchements sans péridurale… Accepter la douleur parce qu’elle va arriver, c’est obligé et ne pas se braquer. Préparer son mental en se disant tout simplement « ok la douleur fait partie du jeu, je vais m’en servir pour aller au bout à savoir dans mon cas précis mettre au monde mon bébé ». En fait coach mental pour ultra c’est un peu être une sage-femme !).
  • Vraiment bien anticiper et préparer tout ce qui est hydratation et alimentation. Evidemment certains ont de la chance et peuvent arriver sur un ravito, prendre ce qu’il y a ou ce qui leur fait envie mais c’est loin d’être la majorité, et ce mode de fonctionnement n’est pas forcément concluant. Si les élites ont des protocoles aussi précis, ce n’est pas non plus un hasard. C’est aussi là que le rôle de l’assistance est capital en anticipant, en gérant pour toi ta boisson énergétique parfaitement dosée, en s’occupant de ta frontale et j’en passe. Parce que bon, soyons parfaitement honnête sur des courses au-delà de 80km, la perte d’énergie pour gérer soi-même son ravitaillement est énorme.

Alors forcément avec cette victoire et cette course qui s’est franchement plutôt bien passée, je me suis mise à rêver… UTMB, Diagonale des Fous, je ne vais pas forcément attendre aussi longtemps que je l’avais envisagé avant de me lancer. L’année prochaine si tout se passe bien ce sera 90km du Mont Blanc et TDS. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas forcément d’attirance pour les courses légendaires aux USA ou le MDS parce que courir avec un sac aussi lourd… ça doit être quand même être sacrément compliqué. Pour moi avant tout c’est la destination qui compte parce que je ne pars jamais seule et que je veux absolument y partir en vacances. C’est tout de suite plus facile de motiver la famille ou les copains à venir faire mon assistance ! Mais en attendant je vais surtout continuer à m’entraîner et à entraîner les autres, d’ailleurs n’hésitez pas à me contacter, j’ai une ou deux places qui viennent de se libérer

Crédit photos : à préciser