Run : mon avis sur la Maxi

J’ai mis un peu de temps à réagir à la polémique concernant la Maxi Race qui agite les réseaux sociaux depuis dimanche dernier. A grands renforts de photos et de posts plus ou moins agressifs, c’est toute la sphère du trail running qui s’agite, qui crie et vilipende à tour de bras. Comme j’y étais, je vais me permettre de rappeler quelques faits et de donner mon avis.

Quelques chiffres d’abord : en 2018, il y avait 1776 partants et seulement 59 abandons en cours de route, les stats ne précisent pas s’ils étaient tous volontaires ou si les personnes ont été arrêtées par les barrières horaires mais ça donne une idée. En 2019, il y a 1991 partants pour 1928 arrivants soit 63 abandons dont je fais partie, sachez-le. Si on fait le calcul, ça fait 215 coureurs de plus sur un parcours d’environ 40km. Parler de flambée des inscriptions me semble quand même un tout petit peu exagéré…

Le départ est organisé par sas où normalement le niveau devrait être respecté : les plus rapides devant, les lents à l’arrière, logique. Soyons parfaitement clair, puisque j’y étais, nous n’étions pas contrôlés à l’entrée des sas, enfin personnellement je ne l’ai pas été. Bon comme je suis sage, je me suis rangée dans celui qui m’était destiné mais plusieurs coureurs ont évoqué le fait avec moi qu’ils avaient vu des petits groupes qui refusaient de se séparer, d’autres qui évoquaient un TGV à prendre l’après-midi, bref pour résumer, nous avons eu le même comportement que nous voyons sur le marathon de Paris, où certains coureurs visant 4h30 se rangent dans le sas des 3h30 pour partir plus tôt. Au demeurant et je tiens à le signaler parce que pour le coup, ça, moi je n’ai pas compris, les coureurs de la XL et la XXL étaient rangés dans la deuxième vague alors que nous avions soit 45km, soit 75km dans les pattes… Je ne suis déjà pas rapide mais là forcément encore moins ! 😉

Il y a des sas donc et ensuite un départ en vague, sans parler des premiers km, presque 4 qui se font sur du plat et du bitume pour allonger le peloton et là encore faire une sélection « naturelle ». Et c’est là à mon avis qu’il faudrait peut-être déjà chercher un début d’explication… Peut-être faudrait-il espacer encore plus les vagues pour laisser le temps au peloton de s’allonger encore plus ? Je ne sais pas mais c’est une piste. Pour ceux qui me suivent, ils le savent déjà, je ne suis pas allée au bout de la course, pour une multitude de raisons qui vont de « j’avais mal au dos » et « j’en avais plein le dos » … Il n’y a rien d’agréable d’être à l’arrêt complet dans une montée, il n’y a rien d’agréable de devoir se mettre en danger pour doubler (oui ça m’arrive aussi de devoir le faire !), il n’y a rien d’agréable d’entendre les gens se crier dessus avec une agressivité qui est loin mais alors très loin de l’esprit trail comme on l’appelle.

Maintenant, pour toutes celles et ceux qui hurlent après l’organisation, puisque j’ai rappelé les chiffres, je voudrais bien qu’ils m’expliquent comment 200 coureurs de plus sur un parcours avec 4 ou 5 vagues je ne sais plus, ont pu nous offrir ce spectacle désolant ? Le parcours est le même, les conditions étaient plutôt bonnes, même s’il y avait un peu de boue mais rien de quoi publier, ce qui n’était pas le cas la veille, croyez-moi. Les derniers km étaient compliqués mais là pas de bouchon évidemment. Et si au lieu de hurler après l’organisation, on se demandait un peu si le problème venait aussi également des coureurs. Je sais que je ne vais pas me faire des amis en écrivant ça, mais j’ai toujours été plutôt honnête dans mes propos vous le savez bien. Cela fait finalement peu d’années que je cours, 12 ans sur route et sur trail encore moins. Mais prenons un autre exemple, une autre course… quand j’ai fait ma première 6000D il fallait passer la ligne d’arrivée en moins de 10h. Aujourd’hui, il faut arriver en moins de 11h30 au dernier ravito, pour être sûr d’être classé. Tu peux mettre 3h pour faire les dix derniers kilomètres et c’est bon. Pour les marathons, même constat, quand j’ai débuté, finir en 4h30 c’était souvent synonyme de finir avec la voiture balai aux fesses ou presque. Aujourd’hui après une révolte sur les réseaux sociaux (encore eux), la ligne d’arrivée du marathon de Paris reste ouverte après les 6h30 réglementaires pendant une bonne heure pour accueillir les derniers finishers. Ce n’est absolument une critique d’une situation, ce n’est ni plus ni moins un simple constat. Le public du trail est en train de changer comme celui du marathon l’a fait il y a quelques années. L’idée n’est pas de dire que c’est bien ou c’est mal, c’est juste une réalité qu’il va falloir prendre en compte.

Nous sommes bien d’accord en aucun cas, je n’ai la solution idéale loin sans faut. Je suis en partie responsable, sans aucune prétention, à ce phénomène qui attire de plus en plus de personnes. Je le sais parce qu’on me le dit souvent sur des lignes de départ, ou même sur le parcours lorsqu’on me reconnait. Je pense sincèrement que vous auriez mis 2000 traileurs il y a 15 ans sur le même parcours, vous n’auriez pas eu un bouchon parce que le public était différent, vaguement un ralentissement et encore. Demandez autour de vous, à ceux qui pratiquaient il y a 20 ans si ça leur serait venu à l’idée de partir avec un appareil photo à défaut de portable qui n’existaient de toute façon pas encore, vous verrez leur réponse. J’ai moi-même pris le départ de mon premier trail de montagne (le marathon du Mont Blanc pour ne pas le citer) parce qu’il tombait le week-end de mon anniversaire et que pleins de copains y allaient. Je n’avais jamais mais alors jamais foutu les pieds sur le moindre caillou alpin de ma vie ! Ok, il se trouve que je m’en suis plutôt bien sortie, mais c’est un sacré coup de chance et j’en ai parfaitement conscience. J’ai entendu sur le parcours du 90km du Mont Blanc des personnes me sortir « j’ai juste fait l’Ecotrail l’année dernière… en fait je voulais faire le marathon mais comme c’est plus dur de décrocher un dossard au tirage au sort, je me suis inscrit au 90 ». Je lis tous les jours des messages de personnes blessées ou qui n’ont pas pu s’entraîner correctement et qui sont encouragés par d’autres sur le thème « sur un malentendu ça peut passer, et puis tu marcheras, t’inquiète c’est du trail et les BH sont larges ». Je croise régulièrement sur des courses des personnes encore plus nulles que moi en descente (et pourtant je vous jure que la barre est haute question nullité en ce qui me concerne) qui sont bloquées au milieu d’un chemin et qui par la force des choses bloquent des personnes derrière, engendrant parfois sans le vouloir bien entendu un ralentissement. On sait tous comment le phénomène de bouchons commence sur route, il en est de même sur chemin.

Ma propre photo prise au premier gros blocage, quelques km avant que je grimpe dans la navette 🙂

C’est une réalité et les organisateurs vont devoir décider de ce qu’ils font face à ça, comment ils adaptent leur parcours, leur barrière horaire ou leur sélection au départ. Le public est-il prêt à accepter que toutes les courses soient limitées à 500 coureurs grand max, sélectionnés soit par un tirage au sort, soit par leur niveau mais dans ce cas comment estime-t-on le dit niveau ? Ou soit parce qu’ils ont été plus rapides sur leur clavier à défaut d’avoir le niveau requis ? Les organisateurs de la Maxirace sont des vrais traileurs, de vrais passionnés qui aiment leurs montagnes, ceux qui les connaissent le savent. Au lieu de hurler avec les loups, je pense qu’il serait beaucoup intéressant d’être force d’analyse et de propositions constructives pour que nous ne puissions plus jamais voir ce type de photos désolantes sur les réseaux sociaux. Alors à vous de jouer, je vous laisse commenter avec des idées concrètes ou des expériences vécues pour faire avancer et non plus juste se défouler et insulter.

Ps : j’ai volontairement occulté de parler de la Maxi Race puisque j’étais sur la XL, nous sommes donc partis plus tard et sur un parcours différent au départ. Nous avons rejoint le parcours classique un peu avant le Semnoz où nous avons vécu un bon ralentissement mais je considère que le terrain (neige verglacée) explique cela. Plusieurs personnes autour de moi ont évoqué des ralentissements avant mais personnellement nous n’en avons pas eu de notre côté. J’ai également lu qu’il n’y avait rien à manger au premier ravitaillement, parce que les coureurs de l’ultra partis à minuit avaient vidé les stocks. Personnellement j’ai trouvé de quoi boire que ce soit coca, eau gazeuse ou eau plate évidemment et j’ai grignoté un morceau de pain d’épice. J’étais en autonomie comme toujours, donc je n’ai pas vu de problème de mon côté. C’est sur les réseaux sociaux que j’ai découvert qu’il y avait eu un problème pour certains. Peut être suis-je passée après une livraison, sincèrement je ne sais pas.