Run : OCC en mode trempée…

edf

Vous l’aurez remarqué je suis très Chamonix en ce moment… Entre le Mont Blanc qu’on grimpe et celui dont on fait le tour, j’ai le sentiment d’avoir passé mon été avec le plus haut sommet d’Europe en fond d’écran !

 

Je voudrais bien vous dire que j’ai vécu la course de ma vie, que c’était génial de bout en bout mais ce serait mentir, et ça avec les années qui passent (et les dossards qui trépassent) j’ai de plus en plus de mal à le faire… En programmant un sommet à 4800m la semaine qui précédait je pouvais me douter que cela ne serait pas une sinécure. Ok ce n’est pas un ultra au sens strict du terme mais je reste une sportive de piètre niveau et l’effort que j’ai dû fournir pour grimper tout là-haut a forcément laissé quelques traces. Entre la fatigue et quelques soucis d’ordre technique du genre dos tout pourri, je me pose sérieusement la question de prendre le départ. Surtout que la météo n’y met pas du tout du sien… Autant j’aime le sable et la chaleur, autant je déteste la boue et le froid. Oui je sais j’ai participé à des courses de boue à la con mais ça n’a rien à voir. Déjà celle-là dure presque 60 km… ce qui n’est pas une mince affaire ! Et surtout les trucs à escalader sont nettement moins rigolos et y a généralement personne pour te pousser.

 

 

Je vais vous épargner le récit km par km parce que franchement ça n’a absolument aucun intérêt. Par contre je vais vous raconter quelques anecdotes qui résument assez bien cette journée un peu folle. En fait elle a commencé la veille lors du retrait des dossards. J’y vais avec mes petits camarades de la team Garmin puisque c’est dans ce cadre que je suis au départ pour une nouvelle fois d’une course que j’avais adorée en 2016 pour ma première participation. Apparemment tout Chamonix s’est donné rendez-vous sur place… Mais croyez-le ou pas, j’y retrouve Thomas (chapitre 2 – Sables émouvants) qui vient retirer son dossard pour l’UTMB mais surtout et là accrochez-vous je vous jure que c’est vrai, Tim Tollefson. Toutes les copines du service presse le savent et même les photographes présents sur la ligne d’arrivée l’année dernière, je suis tombée amoureuse (en tout bien tout honneur évidemment !) de son sourire ultra blanc à l’américaine. Il a fini 3ème après une très belle remontée et il nous avait fait un show incroyable qui nous avait permis de sécher nos larmes après l’arrivée de Ludovic Pommeret soutenu par sa fille. Et là miracle de la vie, il est juste derrière moi avec sa bannette et sa feuille de contrôle de matos. Et vous savez quoi ? En plus il me parle ! Il me demande juste de l’aide pour être sûr d’avoir bien compris ce qu’il doit présenter et j’en profite pour lui dire toute mon admiration. Ce n’est pas parce que j’ai mon téléphone que je passe en mode selfie pour autant. Je me contente juste de lui dire que je l’attends de pied ferme sur la ligne d’arrivée avec une place sur le podium à n’en pas douter. Il me sourit… Ok je peux mourir maintenant !

 

DSC_1604

Mon nouveau fond d’écran… Merci Olivier pour mon cadeau !

Jour J : nuit correcte, ce qui me surprend énormément mais c’est toujours ça de gagner. Navette avec mon copain Nicolas de Jogging International et Val qui court pour la première fois à Chamonix. Direction Orsières, son parvis devant l’église où je prends maintenant traditionnellement mon petit déjeuner, son cimetière où je profite des voitures pour me cacher et faire pipi discretos avant de rejoindre la ligne de départ où je retrouve mon Ludo, le plus grand speaker de tous les temps pour mon traditionnel bisou pré-course. Je retrouve aussi Stéphane Chassignol un ami lyonnais qui semble un peu stressé par son manque de préparation dû en grande partie à un été souffrant mais qui reste totalement confiant (j’admire sa zénitude). Ah ben comme ça on est deux à prendre le départ avec un handicap ! J’aperçois dans la foule une calvitie précoce que je reconnais immédiatement ! Dossard 512 au rapport ! Yohann Metay n’est pas mieux que nous… Après l’UTMB, l’OCC… on va tous finir à l’YCC au rythme où on va, histoire de faire encore moins de km ! Départ donné et il faut se résoudre à l’accepter : cette édition se fera en mode mouillée et détrempée.

 

 

Très vite, j’ai compris que mon dernier petit délire avait laissé des traces et qu’il allait falloir l’accepter surtout en montée. A mon arrivée à Trient, je dois prendre une décision. Entre le fait que je sois en mode escargot et le fait que mon dos me fait souffrir, j’ai deux options qui s’offrent à moi : stop ou encore… Alors que mon côté raisonnable vote à la majorité écrasante pour un abandon pur et simple, le gouvernement brandit à ma grande surprise le 49.3 en la personne de Stéphane qui fait son entrée dans le ravito et m’emmène avec lui direction Chamonix. L’idée est simple : on va au moins à Vallorcine et là on décide. Ok… montée en mode pénible, plat en mode glaçon et descente en mode Brian Joubert… Un vrai bonheur ! Mais voilà, Vallorcine est là, les filles de la team Garmin aussi venues voir comment j’allais, inquiètes de mes temps de passage assez pathétiques. Et là je décide que finalement, puisque les BH ne sont pas du tout une menace, de continuer dans ma lancée. Ok, je souffre toujours autant mais que je sois assise, allongée, debout, rien ne semble y faire quelque chose. Oui je sais… promis je m’occupe de tout ça à la rentrée mais là faut bien avancer vers la ligne d’arrivée.

 

Repartir va avoir plusieurs points positifs : déjà question mental, vaut mieux ça qu’un nouvel abandon… Ensuite je vais avoir la chance de croiser deux personnes qui m’ont « fait ma journée » comme on dit. La première je ne connais pas son nom mais ces mots resteront gravés à jamais. Un coureur arrive à mon niveau et m’accoste pour me dire qu’il tient à me remercier parce que s’il est là aujourd’hui c’est un peu grâce à moi, mes textes qui l’ont motivé à s’inscrire d’abord sur un marathon et ensuite sur des trails. Il me dit que je dois continuer à partager mes expériences parce qu’elles touchent les gens et qu’ils osent ensuite se lancer à leur tour. J’avoue que ça m’a bouleversé parce que je suis à un moment de ma vie où je me pose des questions sur ma légitimité dans ce milieu.  Il faut comprendre que si je fais tout ça, raconter ma vie mon oeuvre, c’est avant tout pour donner envie, rien de plus. Je m’en fous de ce que pensent les gens, du fait que pour certains je ne mérite pas mes sponsors. Si j’en suis là, c’est aussi parce que je me suis bougée et que j’ai fait ce qu’il fallait. Rien n’interdit à personne de faire de même ! Bref tout ça pour dire qu’il m’a mis du baume au cœur et que l’idée même d’abandonner s’est littéralement envolée avec lui au sens propre comme au figuré parce qu’il a accéléré et laisser sur place.

 

 

J’ai également fait la connaissance de Florian, un petit jeune qui pourrait être mon fils avec qui je vais papoter en fonction des montées ou des descentes. Dans les premières je suis devant, dans les dernières, ben je suis dernière ! Si par le plus grand des hasards, il lit ce texte, je voulais qu’il sache que je suis vraiment désolée de l’avoir perdu dans la montée de la Flégère. Je l’ai guetté pendant toute la descente espérant le voir revenir pour passer la ligne d’arrivée avec moi mais cela ne s’est pas fait. Le principal c’est que nous ayons tous les deux vus Chamonix !

 

Parce que oui, je vais finir par voir Chamonix… Ok j’ai explosé mon chrono en arrivant pour le dîner et non pour l’apéro, ce qui n’est franchement pas terrible question moyenne horaire mais je ne me suis rien cassée, je n’ai pas souffert plus que de raison pour y arriver et j’étais en forme pour le suivi des élites le lendemain. Après je ne vais pas vous mentir, j’ai subi cette course de bout en bout parce que bon moi la boue… Mais bon, c’est le jeu ma brave Lucette, même dans le désert un jour tu as eu de la grêle alors ne te plains pas… Et puis, bon il fallait bien rentabiliser ma nouvelle veste de pluie Columbia et tester mes MT de Kalenji !

 

Crédit photos : photos personnelles et photos officielles organisation UTMB – Franck Oddoux