Running Heroes Society : faire du neuf avec du vieux…

Si toi aussi, tu veux savoir comment tes parents couraient, si tu as refait toute ta déco en formica à faire hurler Stéphane Plaza, si la fermeture de la Camif t’a mis les nerfs à vif, si tu cours habillé de la tête aux pieds en Lafuma… Alors ce mag est fait pour toi !

 
Oui, bon ok pour Lafuma je reconnais c’est plutôt pour la rime mais bon de toute façon ils ne font plus de trail alors je peux bien me fâcher avec eux… J’ai donc acheté le dernier mag running sorti sur le marché, marché déjà totalement saturé à mon goût mais puisque c’est un peu mon gagne-pain, je ne vais pas non plus cracher dans la soupe. Soyons très mais alors très clair, même moi la presse spécialisée running n’est pas forcément ma tasse de thé. Lorsque je suis arrivée dans cet univers comme journaliste, j’étais déjà pratiquante et donc lectrice de la presse spécialisée parce que, comme beaucoup de monde, je me suis tournée naturellement vers le papier et l’écrit pour trouver les conseils que je cherchais. Eh oui ma brave dame, c’est que moi internet je l’ai vu arriver… Comme les téléphones portables… Je ne vais pas vous refaire le sketch de Florence Foresti, tout le monde a compris ! J’ai évidemment essayé de proposer un ton différent ce que je lisais et apparemment les retours des lecteurs et lectrices qui me suivent m’ont confortée dans l’idée que j’étais un peu dans le vrai. Seulement j’ai aussi pris la réalité du marché en pleine face et comme pour le rose dans le running, si 20% des filles râlent parce qu’il n’y a que ça en magasin, 80% se tournent immanquablement sur ce coloris même si elles ont le choix. Pour être parfaitement complète, étant vraiment passionnée par le papier (mon mari et son dos ne me disent pas merci quand nous déménageons… conservatrice en plus !) j’ai toujours l’habitude d’acheter la presse running dès que je voyage pour voir ce qu’on peut trouver sous d’autres latitudes, et même lorsque je ne parle pas la langue ! Donc oui je lis presque tout ce qui est en kiosque tous les mois et ça depuis 10 ans. Je pense donc pouvoir être un peu objective, ce qui n’est pas le cas de bon nombres de personnes qui crachent sur les magazines sans jamais les acheter…
Bon revenons-en à ce fameux mag. J’ai comme beaucoup de personnes du métier reçu les informations et bien entendu une invitation pour le pince-fesse de lancement. Mais que voulez-vous, entre aller courir 2 jours dans les Alpes autrichiennes et faire des selfies tout en mangeant un petit-four, le choix fut quand même sacrément vite fait. Et pour être totalement et parfaitement honnête avec vous, j’ai même, lorsque j’ai appris le lancement envoyer un CV et je suis ravie aujourd’hui de n’avoir pas eu de réponse positive. On m’avait tellement vendu un truc différent que forcément ça ne pouvait que faire envie, moi qui à l’époque voulait prendre un peu l’air. Il parait que les mags de sport du groupe sont vraiment intéressants à lire et qu’ils sont devenus une référence. Je ne regarde déjà pas les matchs de foot, alors acheter un mag de foot, faut pas pousser mémé. J’avoue que lorsque j’ai reçu le communiqué de presse annonçant une révolution totale, THE mag ultime qui va renvoyer tous les autres dans les confins de la honte, tellement eux ils sont géniaux que ça m’a un peu énervée. Tu peux avoir envie de faire différent sans pour autant argumenter que la concurrence est « à chier »… Lorsque j’ai vu la couv, j’ai d’abord cru à une blague. Apparemment, c’est censé être l’esprit ultra décalé, nous on ose mettre un mec « gros » en couv avec un jogging des années 80 en synthétique, que le mec s’il veut faire 5km avec il a intérêt à se « noker » de la tête aux pieds s’il ne veut pas finir avec les mamelons en sang mais soit. Lorsque j’ai vu les 4 sujets mis en exergue sur la couv, j’avoue que j’ai vraiment hésité à tendre ma carte bleue à la gentille dame du kiosque à journaux de la gare SNCF de Moulins mais voilà, je respecte trop le travail des journalistes et des photographes pour me contenter de lire le mag en attendant mon train pour le reposer ensuite. Bien mal m’en a pris…
Je ne vais pas vous résumer le mag parce que certains auront peut-être envie de voir si j’exagère ou surtout et c’est le plus important se faire leur propre opinion mais si vous êtes fan de « Retour vers le futur », ce mag est fait pour vous ! Ils ont dû embaucher un archiviste proche de la retraite viré dans la dernière charrette de l’Equipe et qui s’est barré avec tout son stock de photos des années 80, voir 70… Je ne vois pas d’autres explications. Ce qui est à mon goût fort regrettable parce que des photographes plein de talents, jeunes ou pas d’ailleurs, j’en connais pleins. Pour les sujets là aussi c’est carrément sorti du formol, parce qu’ils osent quand même « les dessous du footing Sarko Villepin » dont franchement tout le monde se fout royalement même à l’UMP c’est dire, et qui était de toute façon à l’époque dans Paris Match (oui je lis beaucoup, mais alors beaucoup la presse…et pas de chance j’ai de la mémoire pour ces conneries). Le retro running ? Déjà lu dans Jogging International lors de récents championnats du monde il me semble, je dois encore l’avoir quelque part dans mes propres boites à archives si je cherche. L’article sur Arthur Lydiard est le seul qui pourrait trouver grâce à mes yeux mais je ne sais plus si j’ai lu quelque chose de semblable dans Zatopek ou un Runner’s Word aux US. Attention, parce qu’ils osent tout, eux qui sont dans la provoc et le décalé, y a même des coureurs tous nus finlandais ! Ils auraient pu aller dans les Landes faire le même sujet que Running Attitude il y a au moins 6 ans, ça faisait moins loin et ça économisait leur impact carbone… Un zizi finlandais ou un zizi français en gros plan, pas évident de voir une réelle différence… C’est moche dans les deux cas.

 

 

Alors oui, il n’y a pas de plan d’entrainement, pas de shopping mais quand même un comparatif des produits énergétiques parce que bon, apparemment on court différent avec eux mais toujours en mangeant du gatosport et en gobant des gels… Mais bon c’est François Simon, le critique gastro du Figaro qui en parle alors c’est tout de suite plus fun (je vais finir par vérifier que je ne me suis pas retrouvée membre de l’UMP par inadvertance en achetant ce mag quand même moi…). Et je ne vous parle pas des placements produits type publireportages. Parce que bon, je suis du métier alors les grosses ficelles je les vois quand même. Vous l’aurez compris, l’attente est à la hauteur de la déception… Moi qui m’attendais à une révolution fracassante, ou au moins quelque chose de réellement différent, j’ai eu le sentiment d’avoir un mag qui ne correspond pas du tout à la réalité du terrain, à la réalité du monde du running actuel, celui que je fréquente tous les dimanches, dossard accroché au t-shirt, la boule au ventre d’aller se mesurer aux autres et à soi-même. Si vous voulez du vieux mais du quali, faites les brocantes et achetez-vous un stock de « Spiridon » ! Et je ne parle même pas du fait que je connaissais pour les avoir lu ailleurs 90% des articles… Cela intéressera forcément quelques lecteurs et oui j’ose le dire, plutôt des urbains vivant dans des arrondissements à gros potentiel mais déjà hors de prix au m2 à Paris, je n’ai aucun doute là-dessus mais franchement s’ils atteignent vraiment plus de 80 000 exemplaires pour le numéro 2, promis je reconnais que je me suis trompée ! Il est vrai qu’avec une force de frappe d’un gros groupe de presse cela changera quand même totalement la donne. Suite au prochain épisode ! Pas au prochain numéro par contre, c’est bon avec mes 10€ je vais aller m’offrir une place de ciné et le pop-corn qui va avec…