Récit : Verbier 2016, je vais bien finir par y arriver !

Ah Verbier… pourquoi je continue à m’entêter ? Bretonne ou pas, à un moment va falloir se résigner !

 

Pour tout comprendre, il faut déjà faire un petit retour en arrière. Après une expérience réussie sur la Traversée et la découverte d’une région que j’ai immédiatement adorée, je suis en toute logique revenue l’année suivante tenter de faire la boucle, l’X-Alpine histoire d’en prendre encore plus plein les yeux et plein les pattes. Seulement ma santé en décide autrement… En avril je tombe malade, suffisamment pour me retrouver accrochée à une perf aux urgences. Ma thyroïde s’amuse à jouer au yoyo. Le médecin que je vois à ce moment-là me propose deux solutions : la rapide shootée aux médocs, la lente sans mais avec la gestion d’effets secondaires de la maladie parfois pénibles. Comme je préfère laisser faire la nature, j’opte sans hésiter pour la deuxième solution. Je renonce sans souci au marathon de Paris, mais je fais la sourde oreille concernant le Verbier et je l’ai chèrement payé. Oui je sais je l’ai bien cherché, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Je monte dans le bus à la Fouly laissant mon copain Stéphane filer vers l’arrivée. Je suis à la fois malheureuse et furieuse, parce que je sais très bien que jamais je ne devrais prendre le départ d’un ultra quand tous les voyants ne sont pas au vert. Vous croyez que j’en ai tiré des leçons ? Ben non…
2016, Verbier le retour ! En 2015, le parcours a changé, modifié à la demande des ultra-traileurs qui veulent de l’alpin, du vrai. M’a-t-on consulté avant ? Même pas ! C’est un scandale ! Punaise les mecs, si vous voulez de l’alpin, allez faire deux fois le Mont Blanc avec Kiki dans la journée et laissez-moi en paix ! Les copains qui étaient présents l’année dernière n’ont qu’un mot à la bouche : Catogne… voir Catogne et mourir semble à peu près résumer la situation. Pour les non-initiés, sachez tout de même que l’organisation a prévenu : personne ne se lance dans la descente de nuit, c’est trop dangereux. Bon, la probabilité que j’arrive en tête de course étant relativement minime, je pars plutôt rassurée, je ne risque pas d’être bloquée ! Mais voilà, avant même de partir, ça ne s’annonce pas vraiment bien, encore. Petit état des lieux : santé ? Bof… je sors d’un traitement qui n’a rien à voir avec ma pratique sportive, que j’ai mis des mois à accepter étant vous l’avez compris allergique aux médicaments dans leur ensemble. Seulement à un moment il faut bien se résoudre à faire quelque chose… Après deux mois sans souci, je me prends la liste des effets secondaires en pleine face : prise de poids, fatigue totalement indescriptible et même pour m’achever poussée d’acné (à 46 ans sans jamais en avoir eu ado, merci du cadeau !). Cela fait 3 semaines que j’ai arrêté le traitement mais mon corps peine à l’éliminer. Le bilan sanguin que je viens de faire confirme que franchement y a mieux pour aller courir 110 bornes en montagne. Cela impacte forcément l’entrainement mais je tente de tenir un minimum le cap avec 5 fois par semaine des blocs de 3h enchaînant course à pied, vélo et renfo musculaire. Quand la forme n’est vraiment pas là, c’est marche rapide avec dénivelé pour tenter de maintenir un truc qui n’existe pas tellement de toute façon, à savoir un niveau en montagne !

 

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Question perso parce que ça joue quand même un peu ce truc là en ultra, nous vivons un « drame » à la maison… Ceux qui me suivent sur FB le savent, nous avons eu récemment une portée de chatons, pas vraiment prévue, la petite dernière de la tribu ayant été un peu trop rapide à notre goût, nous n’avions pas eu le temps de la faire opérer. 5 chatons sont nés et maintenant avec le recul, nous aurions dû nous douter qu’il se passait quelque chose… Mais refaire l’histoire ne sert pas à grand-chose… J’ai découvert un peu violemment la réalité du coryza qui n’était qu’un mot pour moi alors que j’ai toujours grandi entourée de chats. En 5 jours nous avons perdu les 5 chatons. La veille de mon départ, j’ai passé la journée et une très grande partie de la nuit à tenter de sauver la deuxième, après avoir perdu le premier « par surprise » en quelques heures à peine. Je la nourris, la veille, tente de la réchauffer pour la voir partir en pleine nuit. Je dois me lever à 4h45 du matin pour partir… Je sais ce sont des chatons mais franchement j’ai le cœur lourd de laisser ces bébés que je ne reverrai pas vivants, je le sais déjà. Je tente de récupérer un peu de sommeil dans le train vendredi matin mais ce n’est pas simple non plus. Le départ de la course est samedi matin à 1h du mat…
Je rejoins mon ami Stéphane à Genève où il me récupère à la gare pour que nous fassions route commune vers Verbier. Cela m’évite les deux trains supplémentaires pour rejoindre Verbier et nous permet de papoter après deux ans sans se voir en vrai. Rien que le temps de rattraper le temps perdu, nous sommes arrivés. Dossard retiré, il me faut maintenant rejoindre le camp de base où je suis logée pendant mon séjour mais surtout trouver une paire de chaussettes parce qu’avec tout ça, j’ai quand même oublié un truc. Premier magasin, ils n’ont que du 34/36… Ils sont adeptes des femmes aux pieds bandés de la Chine Impériale ou quoi ? Heureusement comble de bonheur, je découvre qu’il y a un magasin de sport carrément dans le camp de base où je loge avec une paire de chaussettes qui vont bien. Ok on est bon… Je prépare mes petites affaires et je décide de partir sur un dîner tardif plutôt qu’un petit déjeuner à minuit. Je reste au calme dans ma chambrette qui me rappelle le pensionnat, mes affaires sont prêtes, je tente de me reposer à défaut de vraiment dormir. Un coureur qui loge au même endroit que moi va jouer les taxis pour m’emmener sur la ligne de départ, ce qui m’évitera de faire du stop… C’est toujours du stress en moins !
Je retrouve les copains sur la petite place du village, Arthur et sa bande, Jessica que je n’ai pas vue depuis la Norvège et son amie, et Stéphane qui semble quand même aussi inquiet que moi, même s’il me répète en souriant « c’est dans le mental, tout est dans le mental ». Cette fois, pas question de me faire avoir comme à Annecy, j’ai noté toutes les barrières horaires derrière mon dossard parce qu’il faut que j’arrête de faire confiance aux autres. Je sais aussi que je vais d’abord devoir monter un peu, descendre vers Sembrancher où nous attend le premier ravitaillement avant d’attaquer le monstre… Catogne. Au bout d’une heure seulement de course, je comprends vite un truc, il va faire chaud… Il est 2h du mat, nous sommes en altitude et c’est déjà très, trop lourd. Stéphane, à ma grande surprise ne semble pas décidé à me laisser tranquille. On papote un peu mais sans plus. C’est marrant parce que je trouve le troupeau très calme, trop calme pour un début de course. Je crois que tout le monde a bien en tête qu’il n’est pas sur n’importe quelle course et que celle-là, entrainé ou pas elle va faire mal. Le premier arrêt au stand se fait rapidement, je charge à plein ma poche à eau, et nous repartons.

 

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Plus de 1000m de D+ à encaisser, pas après pas… Il faut poser son souffle, ses pieds, tenter de trouver un rythme correct mais sans non plus se griller tout de suite parce qu’il y encore une centaine de km derrière, une paille quoi ! Je suis attentive à tous les signes que mon corps peut m’envoyer, je bois le plus régulièrement possible, je grignote aussi, histoire de ne pas me retrouver à plat comme souvent. Je n’ai pas mis ma musique pour une fois, pourtant je pourrais, personne ne parle ou presque. Le long serpentin de coureurs avance sans un bruit. L’alpage de Catogne aux deux-tiers du parcours permet un petit verre de coca bien réconfortant. L’un des bénévoles est parti chercher de l’eau et ça râle un peu autour de moi parce que le « service » n’est pas assez rapide… Non mais je rêve !!! Je remarque à cette occasion le nombre de coureurs autour de moi qui n’ont clairement pas sur eux la quantité d’eau exigée dans le règlement. C’est bien gentil le système des flasques, surement très pratique quand tu t’appelles Xavier ou François et que tu grimpes Catogne à 14km/h mais quand tu marches à 3 à l’heure, ça va tout de suite moins vite et il faut plus d’eau que deux simples flasques de 400ml…
Nous repartons parce qu’il le faut bien, sincèrement, au fond de moi, je m’accroche à l’idée qu’après avoir passé ce truc, je vais trouver la grimpette de la Chaux super facile. Mais oui ma fille… Encore faut-il que tu y arrives à la Chaux ! Nous n’avions pas le droit de descendre Catogne de nuit, je vous rassure, évidemment j’y suis bien arrivée de jour avec un lever du soleil qui te fait comprendre en quelques secondes pourquoi tu t’imposes tout ça. On m’avait prévenu, cette descente est comme dire… « spéciale » … Je suis une buse en descente en plus, cela n’a rien d’un scoop et si tant est que j’ai pu un jour assurer un peu, une certaine nuit passée sur le Tor des Géants m’a traumatisée à jamais. Après être resté avec moi un petit moment, je finis enfin par me débarrasser de Zébulon, j’ai nommé Stéphane qui file s’amuser à sauter sur les cailloux, pendant que moi accrochée à mes bâtons je tente de ne pas tomber. Je vais le retrouver quelques minutes seulement après, alors qu’il est en train de porter secours à un coureur qui vient de dévaler sur 30m des cailloux tout sauf confortables (Saint Bernard un jour, Saint Bernard toujours !). Le mec est sonné mais conscient, sa tête n’ayant finalement pas heurté de plein fouet le gros caillou qui lui était destiné. Dans la série « ça te calme », ce genre d’incident est dans le top five… Ce sera toujours un problème pour moi, pour être une bonne descendeuse il faut aimer prendre des risques et j’ai horreur de prendre des risques. Où que je sois, je pense aux conséquences, je ne parle même pas de carrément te tuer parce que ça, évidemment c’est une issue plutôt radicale mais moi je suis indep, si je suis incapable de travailler parce que j’ai les deux bras dans le plâtre, je n’ai que mes yeux pour pleurer. J’ai des enfants, je dois assurer aussi pour eux. Bref le trail c’est bien gentil mais ce n’est pas ma vie, alors tant pis, j’y vais doucement et puis c’est tout.
Les premiers commencent à nous rattraper et bien entendu nous faisons tout pour les laisser passer et qu’ils continuent leur course sans être gênés. Ils sont d’ailleurs plutôt sympathiques. J’ai d’ailleurs une petite histoire qui m’a été raconté par mon amie Jessica, qui galérait avec un genou douloureux, dans la descente. Le premier la rattrape et au lieu de la doubler, constatant qu’elle était souffrante, a pris quelques instants pour s’arrêter auprès d’elle, prendre des nouvelles, lui demandant si elle avait besoin d’aide ou si elle voulait qu’il prévienne l’orga pour lui faire envoyer les secours. Conclusion ? L’esprit trail existe bien finalement ! Suffit juste de bien le chercher ! J’arrive enfin à Champeix et assez naïvement je suis plutôt contente de moi… Je suis dans les temps, même largement par rapport à d’habitude. Je prends le temps de manger et nous repartons. Je sais que ça va encore grimper et descendre mais comme personne ne m’avait parlé de la réalité d’Orny, pour le moment personne je ne maudis… Eloignez les enfants de l’écran, je vais être vulgaire ! Putain de bordel mais qui a eu l’idée de foutre ça sur le parcours je vous le demande !!! Ok, la vue est incroyable, je le concède aisément mais là j’ai quand même bien cru que j’allais y laisser mes mollets, mon cœur et mes poumons… Tout ça pour aller voir une cabane posée sur un caillou avec un faux cabri en métal pour faire joli… Je t’en foutrais moi de la Cabane d’Orny ! Même Stéphane est à la peine, c’est dire si ça prend une tournure de retraite de Russie cette histoire. De temps en temps tu as un coureur échoué sur son caillou, comme un pauvre manchot abandonné sur son iceberg. Il faut avancer, pas le choix, mais à ce moment-là, je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est cuit pour moi.

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Pourtant je m’accroche, de toute façon il n’y a pas vraiment le choix non plus. Chaque mètre parcouru est un mètre gagné ! J’aperçois enfin cette foutue cabane qui me semble à l’autre bout du monde. En plus il y a de la neige partout et moi la neige, je n’aime pas… Mais bon l’avantage quand tu arrives dans les derniers, c’est qu’il suffit de grimper l’escalier, ce qui rend tout de suite la chose plus aisée. Je remercie les premiers qui ont dû galérer à faire la trace ! Je m’échoue heureuse sur ce petit caillou perdu au milieu de l’immensité. Ils n’annonçaient que du liquide mais comble de joie, il y a du chocolat ! Et rudement bon en plus. Je grignote un biscuit, je vais faire pipi et hop je dis au revoir à la Cabane d’Orny. Ce n’est pas tout ça mais moi je dois aller à la Fouly. Mais là rien ne se passe comme prévu. Arthur, où que tu sois, je te maudis ! Pourquoi tu ne m’as rien dit ? La descente fut un enfer sur terre… Déjà parce que j’ai tout simplement peur. C’est à la verticale et sans mes bâtons je ne vois même pas comment j’aurais pu arriver au bout. Ok, au début, c’est rigolo puisqu’il y a encore de la neige et que ça se transforme en séance de luge sans luge mais très vite ce n’est plus la même limonade. Du pierrier, encore du pierrier, toujours du pierrier… Pour vous donner une idée du truc, je vais suivre une trace de sang frais pendant un bon km. Ça te met tout de suite dans l’ambiance ! Quand enfin tu penses que c’est terminé, le monotrace, en V, ne me permet jamais de poser les pieds à plat. Mes appuis sont tordus, mon bassin n’apprécie pas, mon dos non plus. J’enrage parce que je vois les minutes qui s’envolent et la barrière horaire de la Fouly qui me nargue. Je ne vous poste pas de photos de mes bleus mais oui, moi aussi je suis tombée et pas qu’un peu.
J’essaye de faire ce que je peux avec ce que j’ai mais vraiment j’ai eu le sentiment que ça ne finirait jamais. Enfin la rivière, enfin le plat et oh miracle, un calcul vite fait, bien fait me rend l’espoir d’avoir cette foutue barrière suffisamment tôt pour pouvoir m’arrêter un peu, manger, souffler et repartir à l’attaque du Col St Bernard. Mais très vite je déchante. C’est fou comme l’esprit oublie… Pourtant je devrais me rappeler que j’en avais déjà bavé il y a deux ans sur cette longue ligne droite qui n’en finit jamais, pestant contre tous les promeneurs qui te disent « c’est à 5 min ». Nan mais sérieux, c’est quoi cette foutue précision suisse dont tout le monde nous parle ? Enfin, enfin je passe le petit pont de bois, tente d’avoir l’air d’un truc lucide devant les campeurs qui doivent quand même bien se demander ce qu’on a fait dans une vie antérieure pour s’imposer un truc pareil et comble du ridicule, je trouve même le moyen de trottiner pour rejoindre le ravito ! Pauv’fille va… ça fait 60 bornes que tu marches… Je salue rapidement des visages amis adorables avec moi, donnant rendez-vous le lendemain midi à Verbier… Pauv’fille va, tu as vraiment cru que tu allais terminer ? En attendant je vais me poser, attraper un bol de soupe (oui Elisa je suis joueuse des fois !) et attendre Stéphane qui après avoir fait le zébulon m’a semblé bien dépourvu quand le plat fut venu.
Arthur est là lui aussi et semble légèrement proche de l’agonie. On va dire que l’ensemble des coureurs présents ne ressemblent plus à grand-chose, sans vouloir ne vexer personne puisque de toute façon je me classe dans le lot. Le pire c’est que je suis contente. Je suis ravigotée par mon avance sur la foutue barrière horaire, je suis tout à fait en état de manger, aucune ampoule à signaler, aucune douleur qui pourrait supposer l’arrivée prochaine d’une blessure. C’est terrible à dire, mais quand je quitte la Fouly, j’ai le sentiment que ça va le faire. Stéphane m’a honteusement abandonné pour sauter dans le bus qui venait d’être annoncé. Je pars donc seule, rassurée de me penser en terrain connu. Mais bien sûr… J’ai juste zappé une information qui a tout de même une légère importance : la dernière fois que je suis venue là c’était le départ pour moi ! Il fait chaud mais je suis rassurée parce que le vent s’est levé, pas trop, juste assez pour me garder à température ambiante et me déshydrater à la vitesse grand V… Au bout de 45 min de grimpette, je suis collée au sol, je n’avance plus, j’ai la gorge sèche, je viens de comprendre que ça va être légèrement plus compliqué que prévu. Je passe mon temps à boire dès qu’un ruisseau apparait sur le parcours. Je bois de l’eau glacée que mon estomac finit par moyennement apprécier, je bois tellement que je finis par vomir. Assez bizarrement, je vomis juste le trop plein (désolée pour le détail mais ça a son importance !). Je peux continuer à m’alimenter et à boire sans réel souci, mais ça ne suffit plus.

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C’est terrible d’en arriver là parce que sincèrement j’étais plutôt bien, mais voilà les jambes ne voulaient plus faire leur job. Impossible d’avancer plus vite, plus d’énergie. J’ai essayé de trouver une explication plausible et franchement je pense que mon anémie est certainement en partie responsable de tout ça. J’arrive à gérer une journée mais pas plus. Je vois la barrière horaire qui s’éloigne et ma volonté qui faiblit autant que mes jambes. De toute façon, si je passe la BH suivante, c’est à quelques minutes pour ne pas dire secondes et j’ai encore le col des Chevaux derrière à passer surement seule de nuit. Et qui dit col dit forcément descente derrière. A un moment faut savoir arrêter les conneries… J’ai en vue devant moi depuis longtemps une participante qui tenait depuis le début un bon rythme. Je pensais qu’elle y arriverait, de justesse mais qu’elle passerait. Et je la vois s’asseoir sur un caillou… Ok, elle démissionne elle aussi. Je finis par la rattraper et nous faisons connaissance. Un truc de dingue, elle me connait pour avoir lu mon premier livre qu’on lui avait prêté ! ça fait un bien fou de finir avec elle, surtout que franchement, même la descente vers St Bernard est quand même bien pénible. On traverse bon nombre de petites rivières bien glacées qui mouillent les pieds jusqu’à la cheville. Autant dans la journée quand il fait chaud c’est sympa, autant à la nuit tombée c’est tout de suite moins rigolo. J’ai d’ailleurs sorti ma veste Gore Tex parce que le vent me glace littéralement. Ses enfants et son mari nous rejoignent avec des mots toujours aussi drôles qui me rappellent la maison : « ben pourquoi t’es pas allée plus vite ? »… Ben oui tiens, c’est vrai ça, pourquoi ! Nous arrivons ensemble au ravitaillement que les bénévoles sont déjà en train de démonter. Game Over… Le bus est là mais doit attendre les fous qui se sont lancés derrière moi. Adorable, ma petite tribu me propose de se serrer pour me faire une place et me ramener directement au camp de base. Un SMS pour prévenir chez moi que tout va bien, une douche chaude et je me couche enfin. Le plus dingue c’est que je vais dormir comme une masse, comme si je ne voulais pas avoir à penser à ce qui vient d’arriver.
La conclusion de tout ça ? Le nouveau parcours est clairement un trop gros morceau pour moi. Je ne vis pas en montagne, ce qui limite la possibilité des entraînements en conditions réelles. Je n’ai pas du tout la volonté de sacrifier 6 mois, mes week-ends ou mes congés pour venir m’entraîner en montagne. Le trail, j’aime mais ce n’est pas du tout ma vie et il est hors de question que je la sacrifie pour une course. L’ancien parcours, je pouvais gérer, le nouveau non. Pas la peine de se rouler par terre et de faire un caprice de gamine pourrie gâtée, c’est la réalité. Il est aussi évident qu’il va falloir attendre que tous les voyants santé repassent au vert avant de se lancer dans un nouvel ultra, si nouvel ultra il y a. C’est assez marrant parce que j’ai passé un petit moment avec un autre traileur qui comme moi galérait un peu. Il m’a dit « voilà ça fait 10 ans que je fais ça et je suis arrivé à la fin du cycle, maintenant j’ai vraiment envie de faire autre chose ». Et sincèrement je le comprends parce que je suis de plus en plus dans le même état d’esprit. J’ai vraiment envie d’aller explorer d’autres activités… J’ai toujours en tête d’aller voir le Mt Blanc d’en haut plutôt que de tenter de faire le tour… J’ai envie de retrouver le plaisir uniquement de faire du sport sans aucune pression qu’elle vienne de moi ou de l’entourage. On verra ce que l’avenir nous dira, en tout cas pour le moment c’est vacances en famille, golf, piscine et tutti quanti, ce qui est très bien aussi.

 

Merci à l’organisation pour sa confiance

Copyright photos : TVSB / M.Dalmasso