Run : Londres 2015, #thankspaula !

Parce qu’elle sera au départ du marathon de Londres, parmi tous les coureurs, et non parmi les élites histoire de boucler la boucle… Parce que j’ai eu l’immense honneur de la rencontrer, et mieux, de déjeuner avec elle à New York, voici juste pour le plaisir l’interview publiée dans Running pour ELLES pour moi aussi dire : Thanks Paula !

Paula Radcliffe, une femme avant tout

Des records comme s’ils en pleuvaient, une carrière brillante à laquelle il ne manque maintenant qu’une médaille olympique, une vie de femme et de mère accomplie, Running pour Elles devait la rencontrer pour vous présenter Paula Radcliffe, la légende vivante du marathon contemporain.

Pour celles qui ne la connaissent pas, Paula Radcliffe est la femme qui détient depuis 2003 le record du monde sur la distance marathon. Pour moi, elle est la femme qui gagnait le marathon de New York alors que je le courais pour la première fois. Ma carrière de « coureuse » avait commencé uniquement pour celui là et jamais je n’oublierais cette femme passant la ligne d’arrivée victorieuse sa petite fille dans les bras. Alors on pouvait être championne de marathon sans être née au Kenya, sans avoir renoncé à toute sa vie de femme ? Elle m’a ouvert de tels horizons, de telles perspectives qu’il était incontournable qu’un jour Running pour Elles vous offre une rencontre avec cette femme tellement rayonnante qu’on ne peut que tomber sous le charme.

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Comment tout cela a commencé ?
Je partais avec de sacrés handicaps parce que je suis asthmatique. Mon père courait à un niveau amateur et je suis allée un jour le voir courir le marathon de Londres. J’étais sur la ligne d’arrivée quand la première femme est arrivée. Jamais je n’oublierais ce moment, l’émotion ressentie quand on assiste à ce genre d’évènements, alors que pourtant je n’étais qu’une enfant. Lorsque mon père est arrivé, longtemps, beaucoup plus longtemps après, je lui ai tout de suite dit que j’allais courir un marathon avec lui un jour. Je n’imaginais pas à ce moment que je le ferai seule et que je gagnerai ! Mais j’ai mis du temps à me décider en fait. J’étais persuadée que si je me lançais sur le long je perdrais de la vitesse sur le court et je souhaitais aller le plus loin possible de ce côté-là. C’était idiot puisqu’en fait j’ai battu des records sur courte distance alors je courrais déjà des marathons… Comme quoi !

Une vie de championne ça ressemble à quoi ?
Je vais être très honnête, je m’entraîne beaucoup… vraiment beaucoup ! Entre les 2 séances par jour de piste ou sortie longue, la préparation physique spécifique, les kinés et autres c’est en fait un travail à temps complet que je fais. Mais j’ai la chance de pouvoir le faire avec mon mari qui est mon coach. Il travaille conjointement avec mon entraîneur de toujours, celui qui me suit depuis que je suis adolescente. Aujourd’hui il a 75 ans mais il établit toujours mes plans. C’est mon mari qui est sur le terrain avec moi qui adapte en fonction de ma forme du moment. Mais nous avons une règle à laquelle nous ne dérogeons jamais : la course à pied reste sur la palier de la maison. Lorsque nous rentrons tous les 2 chez nous, nous redevenons un couple, une famille et nous ne parlons jamais entraînement. C’est vital pour mon équilibre. Je me dis souvent que sans tout ça, je n’aurais peut être pas aussi bien vécue les périodes de doutes, de blessures qui sont forcément très douloureuses à vivre pour une championne.

Une vie de maman championne ça ressemble à quoi ?
J’ai toujours voulu avoir des enfants et j’ai toujours su que je n’attendrais pas la fin de ma carrière pour ça. Je suis une femme avant toute chose et ma vie personnelle a toujours compté plus que tout. J’ai continué mes études universitaires tout en m’entraînant au niveau international, je pouvais aussi avoir des enfants non ? J’ai fait le choix de continuer à m’entraîner pendant ma grossesse sachant que je privilégiais le travail du cardio. J’ai couru très tard mais j’ai très vite associé d’autres disciplines comme l’aquajogging pour limiter les risques au maximum. J’étais évidemment très suivi au niveau gynécologique pour ne prendre aucun risque. Et j’étais très à l’écoute de mon corps. Jamais il ne me serait venu à l’esprit de courir un marathon enceinte ! Mes 2 grossesses ont été différentes en fait : la première avec une fin un peu difficile et la seconde tout l’inverse. J’ai fait aussi le choix d’allaiter mes enfants le plus tard possible pour limiter les risques avec l’asthme. On apprend à congeler son lait pour faire face aux déplacements, comme toute maman qui mène une carrière professionnelle classique en fait. Mais c’est aussi pour eux que je souhaite mettre un terme à ma carrière après les JO de Londres en 2012 (ce qu’elle ne pourra pas faire finalement, puisque blessée). Préparer ce type d’épreuve nécessite trop d’absence de la maison. Je vais faire un stage d’un mois en Ethiopie comme je le fais régulièrement. Avant la famille pouvait me suivre mais maintenant ma fille est scolarisée et partir seule aussi longtemps… Je le fais une dernière fois parce que j’ai vraiment une histoire particulière avec les Jeux et après je raccroche !

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Une vie de femme championne ça ressemble à quoi ?
Je ne suis pas de régime alimentaire particulier. Je cours suffisamment pour ne pas en plus faire attention à la balance !!! J’ai eu aussi la chance d’avoir un entraîneur très intelligent qui ne m’a jamais parlé poids lorsque j’étais adolescente. Lorsque je rentrais de vacances et que par la force des choses j’avais pris un peu de poids par manque de sport, il me disait toujours : « super, on va pouvoir s’entraîner plus fort ». J’ai vu tellement de filles plongées dans une restriction alimentaire telle qu’elles ne tenaient pas longtemps le choc. Elles duraient 2 ou 3 ans et disparaissaient. J’aime manger et mon corps en a besoin. Je fais même partie des rares athlètes qui éprouvent le besoin de manger dès que je passe la ligne d’arrivée d’un marathon. Une anecdote ? Je venais de gagner un marathon et j’attendais comme c’est la règle le contrôle anti-dopage. Je demande à mon mari d’aller me chercher une assiette de quelque chose parce que là vraiment j’avais trop faim. Il revient avec ce qu’il a trouvé, du saumon, des légumes verts et autres réjouissances. Je lui ai juste dit : « je peux avoir de la vraie nourriture là ? ». Je suis anglaise et moi c’est plutôt frites au vinaigre que brocolis et il faut éviter de laisser traîner une boite de chocolat devant moi… Maintenant évidemment pendant les jours qui précèdent une course je vais faire attention en privilégiant tout ce qui n’irrite pas le système digestif. Si je mange du riz ou des pâtes c’est sans sauce.
J’ai eu la chance également de n’avoir aucune incidence sur mon cycle hormonal et je pense que les 2 choses sont liées également même si je pense que le facteur stress joue beaucoup. Les seules périodes de ma vie où j’ai souffert d’aménorrhée, j’étais à la fac et je tentais de mener de front un entraînement intensif et mes examens. Ça faisait beaucoup même pour moi… Mais dès que c’est redevenu plus calme, tout est rentré dans l’ordre. Je n’ai jamais cherché à jouer avec mon cycle de façon artificiel. D’ailleurs ce sont plutôt les jours qui précèdent qui sont problématiques pour moi parce qu’ils sont souvent douloureux. Mais j’ai gagné un marathon alors que mes règles venaient juste de commencer, alors il ne faut surtout pas y voir une fatalité. Il faut juste vivre avec.

Une conclusion ?
Il faut croire en ses rêves. J’ai toujours su qu’un jour je courais un marathon et je l’ai fait. L’esprit de compétition n’est pas le propre de l’homme, nous avons des capacités en nous qu’il faut savoir aller chercher. Nous ne serons peut être jamais aussi rapides que les hommes mais nous nous rapprochons d’eux et surtout nous leur démontrons que nous sommes nous aussi capables d’encaisser des efforts violents tout en conciliant notre vie de famille et notre vie de femme. Croyez en vous-même !

Le clip réalisé par Nike pour remercier Paula de tout ce qu’elle a apporté au running est ici !

Fiche d’identité

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Paula Radcliffe est née le 17 novembre 1973 en Grande Bretagne. Elle est la détentrice du record du monde féminin du marathon avec un temps de 2 h 15 min 25 s obtenu lors du Marathon de Londres en 2003. Bien que souffrant d’asthme et d’anémie durant ses jeunes années, elle débute la course à sept ans, encouragée par son père, qui pratique le marathon en tant qu’amateur. Elle a un niveau universitaire, n’ayant jamais cessé sa scolarité pour sa carrière. Elle fait ses débuts internationaux en cross-country, discipline où elle remporte un titre de championne du monde junior en 1992. Elle continue de disputer des compétitions de cross-country et lors des jeux olympiques d’Atlanta, elle dispute le 5 000 m, épreuve qui succède au 3 000 m au programme des jeux où elle remporte la 5ème place.
La saison suivante, elle remporte sa première médaille dans une épreuve de cross country chez les seniors en terminant seconde des mondiaux de Turin, derrière l’Éthiopienne Derartu Tulu1. Pour ses troisièmes championnats du monde d’athlétisme, elle termine à la quatrième place lors des mondiaux d’Athènes. En 1998, elle remporte une nouvelle médaille d’argent aux mondiaux de cross-country mais surtout elle établit un nouveau record de Grande-Bretagne du 10 000 m. Puis, souffrant d’un virus, elle ne termine qu’à la cinquième place sur cette même distance aux championnats d’Europe de Budapest. Lors des mondiaux d’Edmonton en 2001, elle termine à la quatrième place du 10 000 m. Mais elle marque également les esprits pour sa prestation dans les tribunes lors des séries du 5 000 m: elle brandit une pancarte « EPO cheats out » (Les tricheurs à l’EPO, dehors) lors de la course de Olga Yegorova qui avait été contrôlée positive puis finalement autorisée à concourir en raison d’un vice de procédure.
Lors des mondiaux de cross de Dublin, elle confirme son titre mondial de l’année précédente en remportant le cross long. Elle continue sa saison en remportant un titre sur une nouvelle discipline, le marathon. Pour sa première tentative sur la distance, elle remporte le marathon de Londres. Elle poursuit par un nouveau marathon, le marathon de Chicago. Avec 2 h 17 min 18 s, elle établit un nouveau record du monde de la discipline. Sa saison 2003 débute par une nouvelle victoire au marathon de Londres où elle établit un nouveau record du monde de la discipline en 2 h 15 min 25 s7. Elle avait auparavant préparé cette course en établissant une nouvelle meilleure performance mondiale sur 10 kilomètres. La même année, elle établit également, avec 1 h 05 min 40 s, la meilleure performance mondiale de semi-marathon lors de la Great North Run, course entre Newcastle et South Shields.
Lors de la saison 2004, elle se blesse lors des séances d’entraînements précédents les jeux. Cette blessure est soignée par des anti-inflammatoires, mais devant le manque d’effets positifs, ce traitement est accentué, avec un effet secondaire au niveau de l’estomac. Ces douleurs, ainsi que sa blessure, la contraignent à l’abandon au 36ème kilomètre. Quelques mois plus tard, elle dispute le marathon de New-York un en 2 h 23 min 10, trois minutes plus rapide que le temps des jeux d’Athènes. En 2005, elle retrouve le marathon de Londres et cette course a fait la une des médias car sous l’effet de crampes d’estomac, elle a été contrainte de s’arrêter sur le bord de la route pour satisfaire des besoins naturels… Elle met au monde une fille prénommée Isla le 17 janvier 2007. Pour son retour sur marathon, elle remporte le marathon de New York dans le temps de 2 h 23 min 09 s11. Elle déclare forfait pour le marathon de Londres 2008 en raison d’une blessure au pied. Sa préparation pour les jeux olympiques de Pékin est perturbée par une blessure à la hanche. Celle-ci, initialement diagnostiquée comme une blessure musculaire, s’avère finalement être une fracture du fémur.
Comme quatre ans auparavant, elle se console en remportant pour la troisième fois le marathon de New-York. Elle déclare de nouveau forfait pour le marathon de Londres, en raison d’une fracture d’un orteil. Elle se fait opérer d’on oignon au pied qui est selon les médecins la cause de ses blessures. Elle est obligée de déclarer forfait pour le marathon des championnats du monde 2009 de Berlin par manque de préparation à la suite de son opération au pied. Elle se donne alors l’objectif de continuer jusqu’aux jeux olympiques de Londres, pour finir sa carrière sportive chez elle. 2010 est l’année de la naissance de Raphaël son fils.
Elle perd son record du monde le 9 septembre 2011, L’IAAF a invalidé le record du monde qu’elle détenait depuis 2003 suite à la modification des règles d’homologation. L’IAAF a décidé qu’il fallait qu’un record féminin soit battu dans une course exclusivement féminine, afin d’éviter que les concurrentes ne profitent de lièvres masculins. Le 21 septembre 2011, l’IAAF rétablit néanmoins ce record. La règle indiquant qu’un record féminin doit être établi dans une course exclusivement féminine demeure valable, mais sans effet rétroactif sur les records déjà homologués. Paula est membre du club des Champions de la Paix, un collectif de 54 athlètes de haut niveau créé par Peace and Sport, organisation internationale basée à Monaco et œuvrant pour la construction d’une paix durable grâce au sport.