J’ai lu : « Eat and Run » de Scott Jurek – Editions Guerin

Avant toute chose pour que tout soit bien clair, je ne suis pas fan ou groupie des coureurs à pied… Je ne pars jamais dans les rues de Chamonix à la chasse aux selfies. Je n’ai pas été élevée dans le mythe du sportif mais plus de l’intellectuel dirons-nous. Cela explique sans doute pourquoi je reste souvent assez imperméable aux discours du « no pain, no gain » et tutti quanti… La souffrance, c’est bon j’en ai ma dose dans ma vie de tous les jours, alors si je peux éviter de remettre une couche avec mon sport, c’est plutôt pas mal. Bref venons-en maintenant à notre cher Scott et son œuvre.
Du républicain au démocrate vegan…
Le livre n’est pas seulement un livre sur le végétalisme et le running, c’est avant tout un livre sur la construction d’un homme, au travers des épreuves de sa vie. Parce que là question épreuves, je vous jure ça frôle le scénar de film américain… On a tout ! Une famille avec des petits moyens, un père chasseur avec une vision de l’éducation qui m’a rappelé celle du père du Snipper (le film), une mère malade… Je verrais tout à fait Russel Crown dans le rôle du papa et Hilary Swank dans le rôle de la mère (oh ça va second degré !). Franchement à un moment je me suis même dit, « non pas ça, là ça fait trop »… Hélas c’est l’entière vérité et sachant cela, on ne regarde plus du tout cet homme de la même façon, il en devient extrêmement attachant. Tu as vraiment envie par moment de le prendre dans tes bras et de dire « allez vas-y pleure un coup parce que là ça va te faire du bien et oui un homme a le droit de pleurer aussi ». Le sport ne s’est jamais envisagé avec la notion de plaisir chez les Jurek et à mon avis, ce n’est toujours pas le cas. On est là pour être le meilleur point barre sinon on reste chez soi. Et il ne faut pas avoir faire 5 ans de psy pour comprendre que le garçon se sert aussi de sa nourriture pour garder le contrôle, comme une façon de se venger de tout ce qu’il n’a pas pu contrôler par le passé.
Attention, je ne suis absolument pas contre le végétalisme ! Il se trouve que j’aime bien manger un peu de viande de temps en temps. Il se trouve aussi surtout que je considère que tout cela reste un problème de riches, que lorsque tu as vraiment faim et que tu dois nourrir tes enfants… Franchement je serai prête à tuer une vache de mes propres mains pour ça. Mais oui, il est clair que nous avons aujourd’hui un problème avec notre nourriture, devenue industrielle et sans contrôle. Il est clair que les plus pauvres sont nourris pire que du bétail et pour le coup, ce n’est hélas même plus une vue de l’esprit. Il est clair que lire le discours d’un homme qui te dit que son alimentation engendre qu’il vit à découvert parce que c’est horriblement cher, je me dis qu’il a bien de la chance de ne pas avoir d’enfants…

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« Ceci est mon quinoa, qui est pour vous. Vous ferez cela en mémoire de moi et vous serez béni… »

Autre point qui me chiffonne et Scott n’est pas le seul dans ce cas-là en ce moment, c’est cette façon d’affirmer qu’ils sont dans le vrai et que nous pauvres cons sommes totalement à côté de la plaque… Le côté « race supérieure » de toute façon, j’ai toujours eu un léger problème… A le lire, on a le sentiment qu’il suffit de bouffer des graines germées et zou on gagne la Badwater ! Tu parles Charles ! Tu gagnes la Badwater parce que tu t’entraines 6 heures par jour au minimum oui !!! En plus comble du paradoxe, il parle de ses vomissements, de ses problèmes gastriques et j’en passe. Mais moi Monsieur je n’ai jamais vomi mes tripes sur aucun ultra ! Alors tu fais quoi ? Tu adoptes mon régime chips et jambon au ravito ? Je reste convaincu que l’homme est peut-être fait pour courir mais pas pour courir un 100 miles à fond les ballons comme il n’est pas fait pour passer de la sédentarité à 2 plans marathons par an, suivi à la lettre. Si c’était le cas, il y aurait 100% de finishers et personne dans les cabinets des kinés…
Alors oui, c’est l’évidence même, manger équilibré, bio, supprimer au maximum les aliments industriels, éviter ce qui est bourré d’antibio et autres pesticides, forcément ça aide à ne pas tomber malade ou à se sentir mieux, merci, ça je m’en serai doutée ! Mais alors expliquez-moi un truc… J’ai eu la chance d’aller en Bolivie, pays qui a interdit il y a des années l’implantation des fast-foods et autres mac do. La nourriture est basée en grande partie sur du quinoa à toutes les sauces (goutez la soupe c’est juste délicieux !), le niveau de vie fait que de toute façon les enfants ne passent pas la journée devant la playstation puisqu’ils n’en ont pas et pourtant le taux d’obésité enfantine est tout simplement sidérant. Alors ? Franchement si quelqu’un peut me trouver une étude médicale qui m’explique cela, je serai ravie, je n’ai pas trouvé pour le moment.

Alors on le lit ou pas ? Eh bien oui, on le lit parce que si vous voulez savoir ce qu’est la vraie vie d’un coureur élite d’ultra marathon, comment il gère ses courses, se prépare, c’est vraiment très intéressant de voir à quel point tout cela nécessite des sacrifices permanents, que ce soit personnel ou professionnel. On ne devient pas élite par hasard et ce livre en est la parfaite illustration et je confirme, je n’ai pas le mental pour vivre un truc pareil moi. Il se lit bien, je ne l’ai quasiment pas posé, c’est dire ! C’est très terre à terre, on ne part pas trop dans des délires philosophiques comme souvent avec les coureurs d’ultra qui considèrent que leurs pensées sont forcément sources d’inspiration pour la terre entière… Mais bon question cuisine vegan et si vous cherchez l’inspiration, je vous conseille Christophe Berg !

Pour le commander c’est ! Et pour ceux qui veulent le voir en vrai et faire un selfie c’est sur le salon du Running à Paris sur le stand Brooks le 9 et 10 avril que ça se passe.